Les complications liées à l'injection intraveineuse

Dans cette page, nous ne parlerons que des complications sanitaires liées à l'injection. Nous n'aborderons pas les complications dues à la stigmatisation des personnes qui injectent (honte, culpabilité, stress, dépression...)

Les infections bactériennes et fongiques ou inflammatoires

Les poussières

Après une injection, il peut arriver d’avoir des réactions de la part du corps qui sont inhabituelles, et qu'on appelle poussière. Parfois, cela ressemble à un syndrome grippal qui survient quelques minutes à quelques heures après une injection : de la fièvre, des tremblements, des frissons, des douleurs, des maux de tête et une sensation d’oppression respiratoire. On peut ressentir juste un symptôme ou plusieurs à la fois et ils disparaissent en quelques heures, parfois après 24 heures.

Nous savons peu de choses sur les poussières et elle ne sont pas forcément liée à l’injection malencontreuse d’une particule (comme une poussière), contrairement à ce qu'on entend souvent. En anglais, le terme est « cotton fever » qui signifie « fièvre du coton », mais là aussi le lien n’est pas établi entre l’injection de particule de coton et ce syndrome.

Peu d’articles ont été publiés sur les poussières. Le premier article à ce propos date de 1978 (Shragg 1978) et depuis, ce sont surtout des rapports de cas qui ont été documentés. La cause exacte des poussières n'est pas bien comprise, mais trois théories ont été proposées dans ces rapports de cas (Geedipally et al. 2022).

  • La théorie pharmacologique suggère que les extraits de coton contiennent des substances pyrogènes pouvant provoquer de la fièvre.
  • La théorie immunologique suggère que les individus peuvent avoir des anticorps contre le coton, mais il n'y a aucune preuve pour étayer cette théorie.
  • La théorie des endotoxines suggère qu’une poussière peut résulter de la libération d'endotoxines provenant de bactéries à Gram négatif telles que Enterobacter agglomerans, connue pour coloniser le coton et montrée chez les travailleurs récoltant la plante (Rylander and Lundholm 1978). Une analyse des rapports de cas a montré une infection sanguine à E. agglomerans, ce qui appuie cette théorie (Ferguson, Feeney, and Chirurgi 1993).

Seules deux études épidémiologiques ont permis de connaitre la prévalence de ce phénomène et les facteurs associés. L’une en Australie a montré que les poussières concernaient 68% des personnes injectrices au cours de leur vie et que les facteurs significativement protecteurs étaient le fait d’utiliser de l’eau stérile pour faire la préparation de la substance et le fait de s’injecter soi-même (ne pas se faire injecter par quelqu’un d’autre) (Dwyer et al. 2009).

L’autre en France a montré que les poussières touchaient 54% des personnes au cours de leur vie et que les facteurs significativement associés à leur survenue étaient l’injection de crack, une durée plus longue de la consommation d'opioïdes (plus de risques à chaque année supplémentaire de consommation) et le fait de filtrer principalement avec des filtres en coton (par rapport à des filtres membranaires) (Mezaache et al. 2020).



Les conséquences des poussières peuvent varier d'intensité. Cela peut aller de quelques frissons avec mal de tête jusqu'à la crise spectaculaire durant une nuit entière avec fièvre de plus de 40°C. On en sort toujours d'une poussière abattu, lessivé, courbaturé. Parfois le mal de tête persiste longtemps et il faut plusieurs jours pour s'en remettre. Une poussière peut également affaiblir l'organisme au point de déclencher d'autres pathologies (éruption d'herpès, mycoses, endocardites (infection du cœur), complications pulmonaires.....

Ne pas re-shooter par dessus. Que ce soit de l'eau, de la dope ou quoi que soit d'autre. Cela ne sert à rien et présente un gros risque d'augmenter la quantité de germes (virus, bactéries) dans un organisme déjà affaibli, dont toutes les défenses sont mobilisées pour lutter. Prendre du paracétamol dès les premiers symptômes. Rester couché au calme, dans la pénombre, au chaud sous des couvertures. En principe la phase aiguë avec fièvres, maux de tête, vomissements ... ne dure pas plus de quelques heures. Si les symptômes persistent appelez un médecin d'urgence.

Pour se protéger des poussières, utiliser le filtre Toupie, le seul filtre qui retient les bactéries, les champignons et autres excipients de cachets.

« Après avoir utilisé des cotons pourtant secs et j' aurais pensé non contaminé par des bactéries, environ 15/20min après les avoir pris en IV j' ai été pris d' une douleur trés vive partant des reins jusqu' à la nuque comme si je prenais des coups de "jus" tout le long de la colonne vertébrale !!!

Quelques grammes de paracétamol et quelques heures après tout était terminé !!!

»
-(Source, Chris, Psychoactif)


« Il y a quelques jours une amie en rade de prod' chez elle s est mis en tête de récupérer tout ses cotons (ils dataient de presque 1an) pour se faire un taquet.

Après avoir préparé sa "mixture", elle l a filtré avec une toupie et s est envoyé le tout. Alors pour vous dire, déjà qu'elle n'a absolument rien senti (on les avaient déjà faits il y a qq temps) elle s'est retrouvé avec un petit mal de ventre (jusque-là rien d'alarmant (en même temps shooter de l'eau).

Quelques minutes après (peu être 20min) et suite a sa frustration nous sommes allés nous coucher. C est la que ça à commencé à tourner au vinaigre. Tout d'abord elle me reportait avoir comme un 'point' douloureux au niveau des poumons. Pour la suite, le mieux est que je vous cite la description qu'elle m'en a faite.

Je sentais comme un serrement au niveau de la poitrine Bouffée de chaleurs, j'me sentais glacée en même temps, j'avais des crampes et je me contractais, je devais prendre des grosses respirations et la mon mal de tête a débuté d'un coup et ça m'a prit tout le crâne jusqu'au fond de la langue j'avais mal et ça m'a prit toute la tête donc j'ai paniqué et en pleurant ça m'a fait encore plus mal je sentais mon poule dans ma tête et j'ai eu envie de vomir, après que tu m'ai apporté la casserole j'ai vomi et même quand j'avais plus rien je vomissais ça m'a brûlé la gorge et ça a accentué mon mal de tête. Apres j'ai eu des petits coups d'électricité ou alors des fourmillements dans les jambes je sais pas trop comment appeler ça, et tu m'a dit de m'allonger donc j'ai étiré mes jambes et je me suis allongée après ça ça s'est calmé j'avais encore mal a la tête mais j'ai essayé de le calmer et après je me suis endormie.

»
-(Source, Error, Psychoactif)

Les abcès

Il existe deux sortes d’abcès consécutifs à une injection : les abcès d’origine infectieuse, provoqués par des bactéries qui pénètrent sous la peau, à cause de conditions d’hygiène insuffisantes. Les abcès causés par un corps étranger – particules d’excipients insolubles, poils, fibres de coton...

Les uns, généralement mous, chauds et douloureux, ont tendance à gonfler et à suppurer abondamment, tandis que les autres forment plutôt une boule dure, moins chaude, qui se transforme en kyste. Cette distinction est importante : la plupart des abcès dus à un corps étranger s’infectent et se mettent à suppurer, allant jusqu’à causer une gangrène des tissus.

Dans tous les cas, celui-ci se manifeste au bout de quelques heures (un jour et demi au maximum) par une rougeur enflée, chaude et douloureuse au point d’injection. Il continue d’enfler jusqu’à atteindre parfois la taille d’une balle de ping-pong. Dans les cas extrêmes (pas soignés à temps), c’est tout le membre concerné qui peut enfler démesurément, causant des élancements insup­portables et une fièvre de cheval. À ce stade, la seule solution est le service des urgences de l’hôpital le plus proche...

Pour ne pas en arriver là, le mieux est de prévenir le risque d’abcès aussitôt après le shoot raté, en scotchant sur le point d’injection une compresse imbibée d’Hexomédine Transcutanée* qu’on changera deux fois par jour jusqu’à résorption de l’enflure. Pour un abcès déjà formé (48 h ou plus), gonflé et douloureux, d’une sale couleur rouge violacée, une seule solution : le médecin. Selon le degré d’évolution de l’abcès, il pourra soit vous prescrire un traitement à base d’antibiotiques (contre l’infection), d’applications de poches de glace et de compresses d’Hexomédine, soit inciser et drainer l’abcès. Même chose en cas d’éclosion spontanée de l’abcès : nettoyez l’essentiel du pus, collez un pansement alcoolisé et allez vite faire drainer le reste !

Les infections fongiques

Ce sont essentiellement à Candida, rencontrées le plus souvent chez des personnes qui utilisent du citron pour dissoudre leur héroïne ou leur crack. Cette infection se traduit presque systématiquement par des nodules et des pustules en zone pileuse : barbe, pubis, cuir chevelu, aisselle. Le Candida peut se fixer sur la cornée ou n'importe quelle partie de l'oeil, et s'il n'est pas traité, peut vous faire perdre l'oeil. [1]

Pour éviter les infection fongiques, il faut utiliser de l'acide ascorbique ou citrique en sachet mono-dosé. Vous pouvez utiliser également pour filtrer la solution, le filtre Toupie, le seul filtre capable de filtrer les bactéries et champignon.

Les infections générales

Ce sont les septicémies (qui, si elles ne sont pas traitées, peuvent conduire à un choc septique, les endocardites (infection d’une valve du cœur), les embolies pulmonaires…

« Mon copain est actuellement hospitalisé dans un état critique. Étant donné qu'il est arrivé aux urgences désorienté, incohérent, confu et agité, ils ont du provoquer un coma artificiel grâce à une anesthésie générale pour pouvoir procéder aux examens (ponction lombaire, scanner, entre autres). Ils soupçonnaient au départ une méningite. Après plusieurs jours d'examens variés ils ont enfin pu établir un diagnostique jeudi soir. Il a contracté une endocardite infectieuse à staphylocoque doré (staphylococcus aureus...) ( inflammation "du coeur" à cause d'une contamination par cette bactérie). L'infection s'est propagée du coeur vers le sang, la rate, le foie, les reins, et l'occiput (partie à l'arrière en bas du crâne pour vulgariser). Il a des problèmes neurologiques à cause de cette dernière. Ils ont pu mieux cibler les antibios nécessaires et ont entamé le traitement. Malheureusement son état s'est aggravé, l'infection a gagné du terrain (il était malade depuis 4j déjà à son arrivée aux urgences, mais les symptômes n'étant pas particulièrement alarmants à ses yeux jusque là (maux de tête, nausées, vomissements, fièvre, fatigue...), il a laissé traîner...). Sa température est montée jusqu'à 40 degrés... Avant de baisser aux environs de 39 actuellement. Les médecins ont du le garder dans le coma pour l'instant, il est trop agité et neurologiquement il "ne répond pas" à des ordres simples... Je ne peux qu'attendre, impuissante, jours après jours... Je ne sais pas s'il va s'en sortir, les médecins sont très réservés, et encore moins s'il s'en sortira sans séquelles...

Tout ça à cause du shoot..

»
-(Source, Stelli, Psychoactif)

Les pathologies inflammatoires

le « syndrome de Popeye »  ou « gant de boxe »

C'est une pathologie inflammatoire qui se manifeste par le gonflement des deux côtés des avant-bras, suite à des injections répétées de comprimés (comme la BHD) mal filtrés. Une des explications de ces manifestations serait que l’amidon de maïs (ou d’autres additifs talc, silice) présent dans les comprimés, provoquerait un blocage des petits réseaux veineux et entraînerait une inflammation chronique des tissus et du réseau lymphatique.

« j'ai arrêté les iv de sub il y a 4 ans et j'ai toujours les mains gonflées et rouges (surtout les doigts), même si ça s'améliore lentement.J'ai fait des examens à l'hôpital, vu plusieurs spécialistes. A priori, il y a 2 raisons à cela : d'une part une mauvaise circulation veineuse (retour veineux très déficient) qui explique mes mains rouges qui virent parfois au violet en hiver quand il fait froid. D'autre part, le fait d'avoir abîmé mon réseau lymphatique (multiplication des injections et toxicité des produits injectés), ce qui produit des œdèmes permanents dans les mains (la lymphe s'évacue mal).

J'ai testé plusieurs médocs qui n'ont pas donné grand-chose. pourtant c'est assez "handicapant" : quand il fait chaud mes mains sont comme des patates et en hiver elles sont constamment glacées. dès que je marche longtemps ou fais un peu de sport, elles gonflent et me gênent. et puis d'un point de vue purement esthétique, c'est parfois un peu compliqué à gérer. Le seul truc un peu efficace, ce sont les gants de contention. un peu comme des bas pour les varices, mais faits sur mesure pour les mains. c'est parfois contraignant mais ça soulage vraiment. j'en ai toujours 2 paires : une pour la journée sous forme de mitaines et une pour la nuit avec le bout des doigts fermés. En plus de ça, je me fais régulièrement des sessions chez le kiné pour faire du drainage lymphatique. mais on peut aussi le faire chez soi (toujours masser du bout des doigts jusqu'à l'épaule), l'idéal est de se prendre 10 min tous les soirs pour le faire.

»
-(Source, modka, Psychoactif)

Les infections virales : VIH, hépatites C et B

Ne partage jamais son matériel d'injection : seringue, bidon d'eau, filtre, cuillère, Stéricup®, tampon d'alcool et tampon sec, garrot... La transmission des hépatites (B et C) se fait également par le matériel d'injection. De plus, le virus peut être transmis par les doigts lors de la manipulation de la seringue, de la désinfection de la peau etc..), c'est ce qu'on appelle le manu-portage !!!

Consommation à plusieurs

La plupart des contaminations ont lieu quand on injecte à plusieurs. La moindre micro-goutte de sang peut transmettre l’hépatite C...

 
  • Quand tu injectes une autre personne ou qu'une autre personne t'injecte, il faut redoubler de précaution ! fais très attention au contact avec les doigts, le garrot ...
  • Une seringue = un shoot. Mais si tu la réutilises, voici quelques idées pour ne pas se tromper :
    • Délimiter votre espace,...avec un champs de soin si possible
    • Marquer sa seringue : en y collant un petit morceau de scotch avec vos initiales par exemple, ou brûler le piston de la seringue
    • Utiliser les seringues et des Stéricups® de couleurs (disponible dans certains Caarud)

Que faire lorsqu'on a pris un risque avec l'hépatite C ou VHC

  • L'hépatite C est une maladie qui reste silencieuse pendant environ 20 ans, puis elle provoque cirrhose (destruction irréversible du foie) et cancer du foie. Elle est provoquée par un virus appelé VHC qui est présent dans le sang des personnes contaminées et qui se transmet très facilement lors de l'injection. Elle tue chaque année de nombreuses personnes. On estime à plus de 70%, le pourcentage des injecteurs contaminés, et après les deux premières années de pratique plus de 50% des usagers sont contaminés.
  • Avec le VHC, il ne suffit plus de prendre une seringue neuve pour chaque injection. Le virus est beaucoup plus résistant que le VIH, il est résistant à l'air libre (environ 7 jours). Il se transmet par contact avec d'infime quantité de sang contaminés (manuportage, garrot) mais aussi en partageant du petit matériel (filtre, eau, tampon d'alcool). À chaque injection, tout le petit matériel doit être également changé !
  • Les traitements médicaux permettent de guérir le VHC dans plus de 98% des cas[2]. Ils peuvent être prescrits par un médecin généraliste depuis le 20 mai 2019. Le dépistage est prescrit par un médecin généraliste ou fait directement dans un CDAG (Centre de dépistage anonyme et gratuit). Etant donné que l'hépatite C est une maladie silencieuse avant de devenir extrêmement grave, et que le traitement est efficace à presque 100%, le dépistage semble crucial. Faites-le une ou deux fois par an, et n'oubliez pas d'aller chercher les résultats. Vous pouvez parfois, à cette occasion, vous faire accompagner d'un professionnel de CAARUD.

Traitement d'urgence du VIH

  • En cas de risque de contamination VIH (partage de la seringue), il faut vous rendre au service des urgences les plus proche, dans un délais de 48h, pour qu'ils puissent évaluer le risque que vous avez pris et recevoir si nécessaire un traitement prophylactique d'un mois. (C'est le même traitement que pour le VIH, mais sur un mois). Ce traitement peut, si vous avez été réellement contaminé, éliminer le virus du VIH avant qu'il devienne chronique.
  • Si le délai peut être de 48 heures, il est préférable de débuter le traitement dans les 4 heures qui ont suivi la prise de risques. Le service des urgences ne peut vous refuser ce traitement. Par contre, vous devez absolument le suivre pendant un mois, et revenir à la fin du mois pour une dernière consultation.

Attention, les médecins des urgences sont souvent "sous pression", avec beaucoup de malades partout, et ils risquent de sous estimer votre problème, surtout si vous évitez de donner des détails (ce que vous risquez de faire pour protéger votre entourage). Le secret médical interdit de diffuser les informations que vous transmettez aux médecins. Tout ce que vous dites est gardé strictement confidentiel, et dans le cas contraire, le médecin risque un procès et une radiation de l'ordre. Le médecin n'a pas le droit d'avertir la police. [3] Documentez donc bien les facteurs de risque. Notamment, le médecin demandera ce que vous savez du statut sérologique des personnes qui ont participé à l'échange de seringues. Si l'un connait sa séropositivité il faut bien le signaler. S'il y a seulement des doutes le service d'urgences peut faire un test rapide sur une ou plusieurs personnes pour évaluer le risque. Il est aussi important de bien documenter quel a été le partage effectif de matériel et de seringues. Une bonne documentation, par vous, du risque et de la nécessité de la prévention incitera le service d'urgences à prendre votre demande au sérieux.

L'overdose, comment éviter, que faire en cas d'OD

Le risque d'overdose est possible avec presque tous les produits psychotropes (médicaments, héroïne, cocaïne, alcool, ecstasy, méthadone...). Il varie en fonction de l'âge, du poids, de la dépendance du consommateur, et de la qualité du produit consommé.

Comment l'éviter

  • Teste ton produit à chaque fois qu'il est nouveau et surtout dans les cas suivants :
    • quand tu changes de dealer
    • quand tu trouves que la poudre n'a pas un aspect habituel
    • quand tu as arrêté ou consommé moins pendant quelques temps (sortie de prison, sortie de cure)
  • Avoir une dose de naloxone (Prenoxad, Nyxoid) sur soi. Ces médicaments qui inversent les overdoses, sont disponibles dans les structures de réduction des risques (CSAPA et CAARUD)
  • Les mélanges, en particulier à base d'alcool et de médicament, augmentent les risques d'overdose avec les opiacés (héroïne, morphine, méthadone...). En particulier, beaucoup de consommateurs meurent deux ou trois heures après l'injection d'héroïne, spécialement quand ils ont pris un mélange d'alcool et de médicaments avec de l'héroïne, de la méthadone, ou de la buprénorphine. Ceci est dû au fait que les drogues avalées prennent du temps avant d'être absorbées.

Que faire en cas d'OD ?

Si vous pensez avoir fait une overdose et êtes seul, appelez les secours (15) le plus vite possible.

Si vous arrivez devant une personne qui fait une overdose, n'avez pas fait de secourisme et êtes trop stressé pour penser à quoi que ce soit, commencez par vous calmer et appeler les secours (15), mettez votre téléphone en haut-parleur à côté de vous et posez-le pour avoir les mains libres. Sinon, prenez le temps d'évaluer la situation rapidement juste avant. Ne restez pas seul. Mieux vaut prendre 15-20 secondes à se calmer que perdre 5 minutes à s'agiter de manière inefficace.

  • Si la personne est inconsciente, mais respire, mettez-la en position latérale de sécurité (PLS). Il ne faut jamais laisser une personne sur le dos, elle risque de s'étouffer. Le but de la position latérale de sécurité est de garder une personne sur le côté en attendant qu'elle se réveille, pour que, si elle vomit, elle ne s'étouffe pas dedans.
La position latérale de sécurité
 

Commencez par vérifier l'état de conscience de la victime en l'appelant d'une voix forte. Si elle ne répond pas, secouez-la. Si elle ne répond toujours pas, donnez-lui votre main et demandez-lui de la serrer. Si elle ne répond toujours pas, elle est inconsciente.

  • 1) Agenouillez-vous à côté de la victime (au niveau de sa taille), desserrez sa cravate, son col, sa ceinture et retirez-lui ses lunettes. Mettez-la sur le dos.
  • 2) Observez la respiration 10 secondes = d'abord au niveau du thorax et de la partie supérieure de l'abdomen qui doit bouger régulièrement. Ecoutez la respiration en approchant votre oreille de la bouche de la personne inconsciente. Si elle est en train de s'étouffer, cherchez le corps étranger dans sa bouche/gorge et retirez-le (en utilisant un mouchoir, un linge, etc. pour éviter une morsure). Si c'est impossible (vomi/corps étranger non vu), que la personne est inconsciente et que la respiration est inefficace, commencez le massage cardiaque.
  • 3) Si la respiration est calme, mettez la personne sur le côté, en position stable : PLS (cf image).

Méthode : prenez la délicatement par une épaule et par la hanche et basculez la doucement sur le côté. Le thorax doit être perpendiculaire au sol ou légèrement en avant. Mettez si possible un petit oreiller ou équivalent pour que la tête soit dans l'axe du corps ou légèrement pendante. Placez les jambes et les bras pour que la position soit à peu près stable (en général jambe inférieure pliée).

Attendre les secours en maintenant la position et en vérifiant la respiration sans arrêt.

  • Si la personne arrête de respirer, prévenez les secours (qui sont normalement toujours au téléphone) et commencez le massage cardiaque. Si une autre personne est présente pour vous aider, dites-lui d'aller chercher un défibrillateur.

L'utilité du massage cardiaque est de remplacer le rôle du coeur qui s'est arrêté. Le but est d'éviter que le cerveau passe du temps sans oxygène, qui est apporté par le sang grâce au coeur. Sinon, il s'abîme très vite. On considère que le coeur est arrêté si une personne inconsciente ne respire pas. Prendre le pouls est difficile si on n'a pas l'habitude, stressant, et inutile, donc une perte de temps. Le massage cardiaque est une solution temporaire en attendant les secours. Si vous ne les avez pas appelés, il est donc inutile. Le massage cardiaque ne doit pas être trop lent (inefficace) ni trop rapide (inefficace car le coeur n'a pas le temps de se remplir). Le bon rythme est celui de Staying alive des Bee Gees. Le bouche à bouche est utile mais facultatif. Si vous ne l'avez jamais fait / ne vous en rappelez plus / ... ne le faites pas. On considère que le massage cardiaque permet de comprimer aussi le poumon, et de renouveler suffisamment l'air à l'intérieur. Même si vous ne savez pas faire un massage cardiaque, mieux vaut essayer quitte à faire des bêtises. Si vous ne faites rien, il y a danger de mort. La plus grosse bêtise à faire est une fracture de côte, dont on ne vous tiendra pas rigueur.

Le massage cardiaque

Pour pratiquer le massage cardiaque (la personne doit être sur le dos et sur un plan dur : au sol ou au moins ferme, par exemple un lit assez ferme):

  • 1) Trouvez l'endroit ou la cage thoracique rencontrent le sternum et y placer deux doigts.
  • 2) Placez le talon de votre autre main sur son sternum, juste au dessus de vos deux doigts.
  • 3) Mettez votre première main au dessus de cette main, en entrecroisant les doigts des deux mains
  • 4) Tenez vos épaules au dessus du centre de la poitrine de la victime, et vos bras droits, pressez sur la poitrine sur 4 à 5 cm.
  • 5) Relâchez la pression, mais gardez vos mains là où elles sont. Ceci est un massage cardiaque.
  • 6) Faites 30 massages cardiaques à une allure de 100 massages par minute (au rythme de Staying alive des Bee Gees). Cela prendra environ 20 secondes.
  • 7) Faites 2 respirations en bouche à bouche
  • 8) Continuez le bouche à bouche et le massage cardiaque (30 massages, deux bouche à bouche) jusqu'à l'arrivée des secours.


Le bouche à bouche
  • 1) Mettez la personne sur le dos, sur un plan dur
  • 2) Enlevez les chewing-gums ou autres objets de sa bouche
  • 3) Pincer son nez avec l'index et le pouce
  • 4) Respirez profondément et couvrez sa bouche avec la votre
  • 5) Soufflez constamment, jusqu'à sa poitrine se soulève
  • 6) Otez la bouche et laisser la poitrine descendre
  • 7) Répétez l'opération de 3) à 6)

L'efficacité du bouche à bouche est appréciée sur le bon soulèvement du thorax (regardez le "du coin de l'œil") et sur la sortie de l'air à l'expiration. Évitez d'insuffler une trop grande quantité d'air pour ne pas "gonfler l'estomac" et susciter des vomissements.

Qu'est ce qu'il ne faut pas faire

  • Ne jamais injecter de l'eau salée, et ne pas faire vomir.
  • Ne jamais faire prendre un bain d'eau froide pour réveiller la personne. Cela ne sert à rien si la personne a pris une dose létale, et ils risquent de se noyer ou de mourir de froid.
  • Ne pas la faire marcher : elle peut tomber, et il est possible aussi que les drogues soient absorbée plus rapidement.
  • Ne pas frapper, ou brûler les personnes pour tenter de les réveiller.