Méthadone et grossesse

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Méthadone au cours de la grossesse

Il ne faut pas arrêter sa substitution durant la grossesse, mais au contraire il faut maintenir des posologies adaptées, quelles qu’en soit le niveau, voire augmenter la posologie (des chutes de méthadonémie sont possible et peuvent devenir suffisamment basses pour entraîner une souffrance foetale). Différentes études ont montré l’intérêt d’un traitement de substitution par méthadone par rapport à l’absence de prise en charge médicamenteuse au cours de la grossesse. [1] :

  • Protection du fœtus contre les effets délétères des épisodes répétés de sevrage,
  • Prévention des risques de transmissions virales (VIH, VHB, VHC,…),
  • Amélioration du suivi médical de la grossesse,
  • Prévention de la prématurité et du retard de croissance intra-utérin,
  • Prévention des rechutes de consommation d’héroïne et d’autres produits d’addiction.

Il est aussi important de signaler à son gynécologue que l'on est sous méthadone, et de ne pas hésiter à lui demander s'il s'y connaît; mais dans le cas contraire, il serait bon de mettre en liaison votre médecin prescripteur de méthadone avec le gynéco, afin que le suivi soit optimal pour votre bien être et celui du bébé.

Médicalement, pour le bébé à venir, on ne note pas de risque d'anormalité, ni de pathologies qui seraient spécifiques à la prise de méthadone pendant la grossesse; on peut lire dans la littérature médicale, un poids plus petit par rapport à la moyenne, et une dépendance du bébé qui sera variable et qui n'est pas dose-dépendant.

Allaitement et méthadone

L'allaitement n'est pas contre-indiqué si vous prenez de la méthadone. Au contraire, il est important de le faire si vous souhaitez le faire. Il n’existe pas d’effet malformatif de la méthadone, et le passage dans le lait maternel est très faible, notamment lorsque la méthadonémie se situe dans les fourchettes thérapeutiques habituelles. Les quantités de méthadone dans le lait maternel sont trop faibles pour intoxiquer le bébé, ou pour prendre en charge le syndrome d’abstinence néonatale.[2]

« Les filles, les bienfaits naturels de notre lait doivent être pris en compte. Il y a tellement d'avantages, tant sur le plan santé que sur le plan relationnel, que ça vaut le coup d'allaiter un bébé en syndrome de sevrage. »
-(Source, Shaolin, Psychoactif)

Sevrage du nourrisson

Le syndrome de sevrage du nourrisson est l'ensemble des manifestations cliniques que risque de présenter le nouveau-né du fait de l'arrêt brutal des opiacés. Ce syndrome apparaît dans des délais et à des degrés variables, de quelques heures à quelques jours après la naissance, et n'est pas automatique (fréquence de 55 à 94 % selon les études).[3]

La gestion de la dépendance du bébé va se faire assez rapidement après sa naissance; aussi il est important d'y être préparer psychologiquement, afin de ne pas vous sentir "coupable"de l'avoir "accrocher", ni d'être sensible à l'attitude parfois un peu "désobligeante" de certains personnels qui vous font sentir leur désapprobation morale; ce qui compte en fin de compte n'est pas leur morale ni ce qu'ils en pensent eux, mais bien la réalité de ce que vit votre bébé.

« A la maternité, nous avons tout de suite été catalogué et traité comme des toxicos incapables de prendre une bonne décision et complètement irresponsable de mettre un enfant au monde! "les parents méthadone ou le bébé méthadone", nous appelait les sages femmes et le médecin de la maternité. Mon bébé à peine né, ils me l'ont laissé dans les bras le temps de finir ce qu'elles ont à faire, puis il est partit avec son père dans une salle pour les examens obligatoires. et là déjà ca à commencé. -"mais il est en manque ce petit bébé! c'est quoi ces cris plaintifs?!" »
-(Source, Alix, Psychoactif)

Le terme qui correspond le mieux à cette situation de "déccro" du bébé est : négociation; il s'agit pour vous d'anticiper ce qui vase passer, avec l'équipe soignante; osez aborder cette question assez tot afin de ne pas être prise au dépourvu et de vivre ce sevrage comme quelque chose de dure car imposé;

« On a visité la néonat avec mon homme et la sage femme qui dirige le service. Les bons points : le passage en néonat sera noté sur le carnet de santé mais pas la raison, et si syndrome il y a le pédiatre trouvera une "excuse" à donner à la famille.. Mais franchement j'espère de tout mon cœur qu'il n'y aura pas de sevrage... Je ne supporterai pas de voir ma puce souffrir par ma faute.. J'arrive bientôt à la fin , je pense que le stress plus les hormones qui s'agitent n'aident pas au moral mais dés que je pense sevrage j'ai envie de pleurer... »
-(Source, Pounettedesbois, Psychoactif)

Chez le nourrisson, différents symptômes orientent le pédiatre vers le diagnostic de syndrome de sevrage aux opiacés. Aujourd'hui, l'évaluation la plus utilisée pour évaluer la sévérité du syndrome de sevrage est le score de FINNEGAN.

« L'après midi, l'interne de néonat est montée nous voir. Entre temps, il y avait eu un autre Finnegan à 9, et une fièvre à 38°5. L'interne a commencé à examiner ma fille, et l'a trouvé direct très tendue: impossible de lui plier les jambes ! La fièvre était toujours là, les trémulations et les éternuements aussi. Puis vint le moment de la pesée : 2k185kg, alors que la veille, elle faisait 2,550kg. C'est le poids qu'elle aurait dû perdre en 3-4 jours. L'interne s'est tournée vers moi et m'a dit ce que je redoutais tant d'entendre : néonat de suite. »
-(Source, Shaolin, Psychoactif)

Le nouveau-né est généralement traité par de la morphine per os, qui pour des raisons de simplicité d'emploi et de maniabilité a été globalement préféré aux autres traitements médicamenteux ; les posologies sont adaptées en fonction de l'expression des signes cliniques et par le biais des scores.

« l'interne de garde avait décidé de descendre l'Oramorph alors que ça faisait seulement 24h qu'on avait baissé d'un palier. Du coup, ma puce n'était pas bien du tout, et après 2 finnegan à 9, ils ont voulu revoir le dosage. La procédure veut que normalement, on remonte, voire double la dose ! Mais la puer leur a expliqué que c'était la descente trop rapide qui avait entraîné ces résultats, et qu'il fallait simplement reprendre la dose de la veille et respecter les délais. Ouf, heureusement qu'elle était là cette infirmière !! Sinon, on repartait pour 0.32mg d'oramorph alors qu'on était descendu à 0.16, et qu'il ne restait que quelques jours de traitement! »
-(Source, Shaolin, Psychoactif)

Le rôle des parents est essentiel à la prise en charge du nouveau-né lors du sevrage (voire nursing spécifique au nouveau-né lors du sevrage), mais aussi une fois le syndrome résolu.

« c'est surtout caler les bras le long du corps qui importe vraiment, afin qu'ils ne puissent pas avoir de gestes désordonnés (dûs au syndrome) les perturbant. Le fait de se sentir contenu les aident énormément. Enfin pour ma fille ça marchait nickel! »
-(Source, Shaolin, Psychoactif)


Références

  1. Ward J,et al., Role of maintenance treatment in opioid dependence. Lancet 1999 ; 353 : 221-6.
  2. Méthadone et grossesse, revue de la littérature et données récentes - Dr Laure NACACHE (a) , Dr Béatrice CHERRIH (b), Dr Angelina DARREYE (c), Pr Claude LEJEUNE (d)
  3. LE SYNDROME DE SEVRAGE CHEZ LE NOUVEAU-NÉ DE MÈRE DÉPENDANTE AUX OPIACÉS Anne-Clotilde DEMAN, Lille - Le Flyer JUIN/JUILLET 2003 - Hors-série n°1.

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