Papaver somniferum (Pavot à Opium), effets, risques, témoignages

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Le pavot somnifère, Papaver somniferum, également parfois appelé « pavot des jardins » ou « pavot à opium », est une espèce du genre Papaver (pavot) bien connue pour les vertus psychotropes de ses sucs, riches en divers alcaloïdes opiacés tels que la morphine et la codéine. Il est cultivé dans les pays occidentaux afin d'alimenter l'industrie pharmaceutique en matières premières pour la fabrication de morphine et de divers opioïdes semi-synthétiques à des fins médicales, mais aussi pour la production de graines de pavot utilisées en pâtisserie et en boulangerie. Il existe également une forte production dans certains pays d'Asie pour fabriquer l'opium, utilisé pour alimenter les laboratoires clandestins synthétisant l'héroïne et ainsi approvisionner le trafique international. La culture à but ornemental est tolérée dans la plupart des pays et, à cette fin, de nombreux cultivars obtenus par croisements on été développés.

Pour ce qui est des usages illicites, le pavot est essentiellement consommé sous forme d'opium (latex séché), de rachacha (obtenu par évaporation d'une décoction) ou d'infusion de capsules séchées. Certains usagers consomment également un « thé » obtenu par infusion de graines. Toute préparation « maison » à base de pavot ou de latex de pavot comporte des risques de surdosage liés à la grande variabilité de la concentration en substances psychoactives d'une plante à l'autre.


Histoire brève

L'espèce Papaver somniferum est originaire d'Europe méridionale et d'Afrique du Nord. Des graines et des capsules ont été retrouvées dans des habitats néolithiques européens datant de cinq mille ans avant notre ère. La plante était bien connue de nombreuses civilisations antiques telles que la civilisation égyptienne et la Grèce antique. On pense d'ailleurs que le Népenthès décrite par Homère dans l'Odyssée, mystérieuse boisson dont l'ingestion procure l'oubli de tous les soucis associés aux contingences du monde matériel, contenait des sucs de pavot. La fameuse « cigüe » dont l'ingestion a été fatale à Socrate était en fait un poison, fréquemment utilisé à l'époque, composé d’un mélange de plusieurs plantes dont la cigüe, le datura et le pavot. La plante aurait été par la suite propagée en Asie du Sud lors des conquêtes d'Alexandre le Grand, trois siècles avant notre ère, bien que sa culture ne s'y soit pas développée avant le IXème siècle[1]. C'est au XVIIIème siècle, avec l'invention du célèbre "laudanum", solution alcoolique d'opium très épurée, que voient le jour les premières préparations médicamenteuses « modernes ». L'usage de ces divers préparation à base d'opium se répand alors parmi toutes les couches sociales et, bien que faisant déjà l'objet d'un commerce relativement conséquent depuis l'antiquité, le marché de l'opium prend une telle importance qu'éclate une série de guerres entre la Chine et plusieurs pays occidentaux visant à déstabiliser d'anciens monopôles et à en assoir de nouveaux : les "guerres de l'opium"[2]. Une consommation d'opium se développe au XIXème dans les cercles artistiques de l'époque romantique au sein desquels la drogue est vue comme un formidable outil pour oublier les tracas les plus triviaux de l'existence et pouvoir ainsi se consacrer pleinement à la création esthétique (H. Berlioz, E.A. Poe, T. de Quincey, etc… )[3]. C'est aussi le cas de certaines personnalités scientifiques de l'époque, telle que le mathématicien Pierre-Laurent Wantzel dont la mort par surmenage était certainement liée à ses abus de café et d'opium[4]. Pour certains, cette substance est autant une merveilleuse source de jouissances hédonistes qu'un poison redouté :

"la fiole de laudanum; une vieille et terrible amie; comme toutes les amies, hélas! féconde en caresses et en traîtrises.'’ C. Baudelaire, La chambre Double, Le Spleen de Paris

Au vingtième siècle, avec l'apparition de produits dérivés de l'opium toujours plus puissants tels que les sels de morphine, puis l'héroïne des laboratoires Bayer, dont on espère à chaque fois qu'ils vont apporter la solution aux troubles addictifs causés par la précédente génération de morphiniques, il est décidé sous la pression des Etats-Unis d'Amérique de réguler la libre circulation de l'opium et ses dérivés à l'échelle internationale : c'est la convention internationale de l'opium de 1912. Initialement opposés à cette loi, les pays européens vont peu à peu s'incliner à mesure que ceux-ci perdront la souveraineté sur leurs colonies productrices. Cette régulation sera par la suite progressivement adaptée aux réglementations nationales pour finalement aboutir à la ratification de la Convention Unique sur les Stupéfiants de 1961.

Aujourd'hui, de nombreux pays industrialisés cultivent le pavot sur leur territoire pour subvenir aux besoins en morphines et précurseurs pour la fabrication d'autres analgésiques morphiniques. En termes d’usages illicites, le pavot et ses dérivées directs (opium, rachacha, etc…) font l'objet d'une consommation anecdotique dans les pays occidentaux où l'Héroïne ou les différentes spécialités médicamenteuses sont plus largement utilisées par les consommateurs d'opiacés. La plante continue cependant à être utilisée pour ses remarquables propriétés médicinales dans des pays abritant des productions officieuses, plus particulièrement dans les zones rurales n'ayant pas ou peu accès à la médecine moderne.


Qu'est-ce que c'est?

Aspect - A quoi ça ressemble?

Le pavot somnifère est une plante herbacée annuelle dont la tige principale peut mesurer jusqu'à 1m50. Papaver somniferum se décline en deux variétés.

Papaver somniferum var. album - le « pavot blanc » ou « pavot à opium ». Fleurs à corolles blanches et à fruit indéhiscent (dont les graines ne peuvent être libérées sans destruction du fruit) contenant des graines d’un blanc jaunâtre. Très riche en morphine, il s'agit de la variété de pavot cultivée pour en extraire le latex servant de base à la fabrication d'opium puis d'héroïne.

Papaver somniferum var. nigrum - le « pavot noir », « pavot œillette » ou encore « pavot bleu », utilisé dans les cultures officiellement destinées aux laboratoires pharmaceutiques, mais aussi cultivé pour ses graines et ses qualités esthétiques. Ce dernier se décline d’ailleurs en une multitude de cultivars offrant une large palette de couleurs, de formes des pétales et tailles des capsules, et est ainsi très apprécié des jardiniers. L'un de ces cultivars remarquable est le papaver giganteum dont les capsules particulièrement grosses peuvent atteindre jusqu'à 8cm de diamètre. Il est très apprécié des fleuristes qui les ajoutent parfois dans leurs compositions.

Toutes les sous variétés de papaver somniferum contiennent des alcaloïdes opiacés, dans des proportions qui, bien que variables, restent toujours significatives.[5].

La raison pour laquelle le véritable pavot à opium (Papaver somniferum var. album) n’est pas utilisé dans les cultures officiels est probablement la volonté de ne pas laisser en accès libre des plantes à haut potentiel psychoactif. Ce choix permet également de récupérer et commercialiser les graines de la plante, celle de la variété album présentant un potentiel nutritionnel moindre[6].

Confusions possibles

Il est possible de confondre le pavot somnifère avec d'autres espèces de pavots (genre papaveraceae). Le pavot d'Orient (Papaver orientale), espèce vivace, ressemble beaucoup au pavot somnifère. Il est cependant facile de distinguer le pavot d'Orient par ses feuilles poilues, presque duveteuse, et ses capsules de plus petite taille et de forme plus allongée. La feuille de Papaver somniferum étant plutôt glabre (lisse) avec quelques poils répartis sur la nervure centrale et sa ses capsules en général plus arrondies et ramassées sur elles même. Le pavot d’orient est relativement pauvre en morphine mais riche en thébaïne et codéine. La thébaïne, bien qu'utilisée comme précurseur pour la synthèse de nombreux opioïdes synthétiques (buprénorphine, etorphine, oxycodone, naloxone, etc…) et structurellement proche de la morphine ou de la codéine, n'a pas les effets des opiacés sur le système nerveux central. Ingérée en grande quantité, elle peut occasionnée des convulsions potentiellement mortelles, la consommation du pavot d'Orient est donc dangereuse.

L’espèce de pavot sauvage Papaver setigerum, l’un des pavots les plus primitifs, est parfois considérée comme une sous-espèce de Papaver somniferum bien que ce classement ne fasse pas l’unanimité. On peut le reconnaître à sa taille modeste, ses fleurs violet très clair et ses pistils jaunes. Son feuillage glabre, légèrement « gras » possède une teinte vaguement bleutée. La sève de cette espèce contient en général très peu d’alcaloïdes morphiniques (moins de 0.1% de la masse totale[7]). Cette espèce est notamment exposée au Jardin Des Plantes à Paris avec l’indication trompeuse « Papaver somniferum ».

Confondre Papaver somniferum avec le coquelicot (Papaver rhoeas) est plus improbable mais néanmoins possible. Ici encore, la différentiation se fait par inspection du feuillage, plus ramifié et velu pour le coquelicot, et par la taille des fruits et de la corole, définitivement plus petits que ceux du pavot à opium. Il est a noter que la couleurs rouge intense des fleurs de coquelicot et de pavot d'Orient se rencontre rarement sur un pavot somnifère.

Les alcaloïdes du pavot somnifère

La sève du pavot somnifère, souvent qualifiée de latex de par sa texture épaisse et sa couleur blanchâtre lorsqu'elle est fraîche, contient divers alcaloïdes dont certains bénéficient d’une action sur le système nerveux central. On énumère une trentaine[8] de ces molécules qui se divisent en deux groupes selon leur structure chimique : des phénanthrènes, qui correspondent à la morphine, la codéine et la thébaine, ainsi que quelques autre molécule présentent en plus faible proportions. La plupart de ces molécules ont des propriétés morphinomimétiques et sont en général présents en plus grandes proportions dans les parties les plus aériennes de la plante, plus spécifiquement dans les fruits mûrissant [9]. Le second groupe structurel est celui des isoquinolines telles que la papavérine et la noscapine, qui n'ont pas d'effet significatif sur le système nerveux central. La richesse en alcaloïde varie beaucoup d'une sous-espèce à l'autre[9] mais également, à espèce constante, d'une plante à l'autre, et même entre les parties d'un même plant[9]. Cette grande variabilité est à l'origine de nombreuses intoxications, parfois mortelles, la morphine contenue dans la plante pouvant causer une dépression respiratoire fatale. Même un usager avec une grande tolérance aux opiacés n'est pas à l'abri d’une surdose franche. Les proportions relatives entre les différents alcaloïdes varient elles aussi beaucoup d’un cultivar à l’autre (certains produirons plus morphine, d’autres plus de thébaïne ou encore de codéine, etc...). Bien que la plupart des trente alcaloïdes du pavot n’aient qu’une faible activité sur le SNC s’ils sont pris séparément, il est probable que leur association soit à l’origine de synergies, de modification du métabolisme et/ou de potentialisation des effets de la morphine et de la codéine. On observe effectivement une certaine différence des effets entrainés par l'ingestion d'opium ou de préparations directement obtenues à partir de la plante, comparés à ceux que procure l'ingestion de morphine pure, notamment au niveau de leur durée. L'inhalation des vapeurs aboutira elle aussi des effets différents car la dégradation spécifique par la chaleur de certaines molécules modifiera subtilement la palette des sensations causées par le « cocktail » d’alcaloïdes.

Les plantes de la sous-espèce Papaver somniferum var. album renferment en général une plus grande quantité de morphine que les autres. Lorsque la sève de cette variété est séchée pour obtenir l'opium, la morphine représente 10% à 16% du poids total du produit final[2]. Les variétés cultivées pour leurs qualités ornementales sont en général plus pauvres en alcaloïdes[9].

Statut légal

En France, l'arrêté du 22 février 1990 fixant la liste des substances classées comme stupéfiants indique que tout "concentré de paille de pavot ou matière obtenue lorsque la paille de pavot a subi un traitement en vue de la concentration de ses alcaloïdes (capsules, tiges)" est considéré comme stupéfiant[10]. Est également considéré comme stupéfiant toute "préparation à base de papaver somniferum remfermant jusqu'à 20% de morphine calculée en base anhydre"[10]. Divers alcaloïdes du pavot somnifère figurent également dans la liste des stupéfiants dont, bien entendu, la morphine. Le statut légal de la plante est donc ambigüe, puisque le texte n'établit pas formellement l'interdiction de la culture de la plante qui est en pratique tolérée. Les variétés les plus pauvres en morphiniques semblent même pouvoir faire l’objet d’un commerce puisque de nombreux fleuristes commercialisent des capsules de pavot, fraîches ou séchées. Quoiqu'il en soit, s'il est établit qu'une personne cultive des pavots dans le but de les consommer pour leurs effets psychotropes, il y aura bel et bien infraction à la législation sur les stupéfiants avec des peines similaires à celles encourues pour la culture de cannabis ou la fabrication de tout autre stupéfiant[11].


Modes de consommation

Le pavot est principalement consommé sous forme d'opium ou de rachacha, ces deux préparations pouvant être soit fumées, soit ingérées, éventuellement après avoir été dissoud dans de l'eau. Les alcaloïdes opiacés sont bien absorbés par la muqueuse rectale et l’on trouve parfois dans certains forums spécialisés des témoignages d’usagers qui dilueraient une petite quantité d'opium ou de rachacha avant de l'introduire dans la cavité anale. Sniffer ces produits est difficile et peu confortable, quant à l'injection intraveineuse, elle est extrêmement dangereuse et est à proscrire puisque ces produits contiennent près de 80% d'impuretés. La consommation d'infusions et de décoctions directement préparées à partir de la plante, et plus particulièrement des capsules, est assez fréquente : c'est le fameux "poppy pod tea" (en français, thé de capsules de pavot). Notons enfin l'émergence d'une mode plus récente consistant à préparer une infusion de graines : le "poppy seed tea". Ces dernières ne contenant pas d'alcaloïdes, la présence d'opiacés dans ces préparations est très discutables et dans les cas où elles est avérée, aléatoire, celle-ci étant due le plus souvent à la présence par erreur de minuscules morceaux de capsules séchées ou de latex déshydraté parmi les graines.

« Après la floraison, attendre 1 à 2 semaines avant la récolte de l'opium. Cette récolte se fera par scarification peu profonde (avec un couteau très coupant) des boules à semences. Tu verras perler l'opium par les scarifications, tu les récoltes et il est prêt à être consommé. Si tu trouves que la récolte boule par boule est trop longue, tu peux carrément couper les boules à la base et en faire un thé (couper en tranches horizontales et faire bouillir dans un poêllon avec , si possible un peu d'acide ascorbique (vitamine c en vrac) ou de vinaigre pendant 8 minutes après ébullition). Tu peux le boire en rajoutant beaucoup de sucre, à cause de l'amertume de l'opium. Voilà, sâche quand même qu'il faut bien une dizaine de pipes d'opium avant de sentir quelquechose, alors que le thé est efficace avec bcp moins d'opium, tu peux également le manger si tu veux. »
-(Source, gromit, Psychoactif)

L'opium

L'opium est obtenu par incision des capsules mûrissante peu après la chute des pétales. Celles-ci exsudent alors rapidement un épais latex blanc qui s'assombri en quelques heures à mesure que celui-ci se dessèche au soleil. Lorsque cette sève est brune, les capsules sont raclées à l'aide d'une lame pour la récupérer : c'est de l'opium brut pur. A l'époque colonial et pendant les guerres de l'opium, une préparation complexe à base de cet opium pur était fabriquée pour offrir aux amateurs d'opium un produit délicat et subtil dont la consommation constituait une véritable dégustation, à l'image d'un verre de vin ou d'un bon cigare : le chandoo[2]. Sa confection nécessitait plusieurs phases de cuissons, séchages et fermentation afin d'affiner le goût de ses vapeurs. Ce produit était alors fumé à l'aide de pipe spécialement conçues à cette fin et qui permettaient de vaporiser l'opium sans produire de combustion[12].

« la préparation est longue, vs devez prendre une petite boulette grosse comme un petit pois, vous la mettez sur une aiguille, vous prenez une bougie, ne mettez jamais la boulette en contact avec la flamme! (et ne le fumer jamais en joint, vous foutez tout en l'air! j'explique pk aprés.) vs placez donc la boulette a environ 5cm de la flamme, l'opium est gras (c'est du chandoo) elle ne doit jamais bouillir ou bruler, juste vous la chauffez, un fois ça, vs la malaxer (avec vos doigt!!) formez une boule et vous recommencez, plusieurs fois, jusqu'a ce que l'opium, soit moins gras, facile à petrir, vous pouvez le fumer. si vous avez une pipe a opium (un long bambou et un foyer en relief avec un tout petit trou, faut la trouver ou la faire si vous etes un passioné! ) vous placez l'opium dessus, avec une braise (jamais de flamme direct!) de bambou par exemple, ou une aiguille chaufée a blanc, vous brulez la boulette, une fumée se degage, vous, vous aspirez et ahhh!

vous recommencez jusqu'a la fin de la boulette, du bon opium en trois ou quatre pipe, vs êtes grave stone! (je parle pour les usagers d'opiacés) si vous n'avez pas de pipe a op, vous mettez la boulette au bout d'une aiguille, avec une autre aiguille placée au bout d'un bambou ou d'un crayon, vous chauffez l'aiguille a blanc, faites une paille en alu, et appliquez l'aiguille chauffée sur la boulette, aspirez et ahhh!!!!

»
-(Source, ceci n'est pas un pipe, Psychoactif)

Le rachacha

Le rachacha est frabiqué par décoction des capsules de pavot séchées et concassées dans de l'eau, parfois légèrement acidifiée pour favoriser la libération des alcaloïdes. Une fois filtrée, la décoction est laissée à évaporer pour obtenir une pâte brun foncé, collante, voir liquide selon le degré de déshydratation. Le mélange peut éventuellement être chauffé pour faciliter la libération des alcaloïdes pendant la phase de décoction, ou pour accélérer la phase de séchage. Augmenter la température nécessite cependant un certain savoir-faire, de nombreux usagers des forums anglo-saxons prétendant que la morphine pourrait être dégradée lorsque la température est portée à plus de 80°C[13].


« La rashasha apporte souvent une confusion avec l'opium, mais en vérité : c'est facile 50x moins fort que de l'opium brut patiemment "gratté" sur des bulbes de pavot (saignée a la lame de rasoir sur les bulbes pour laisser couler le latex "lait de pavot" pur et le laisser sécher sur le bulbe (il colle toute façon) la rashasha étant simplement des pieds de pavot entier bouilli dans un bain d'eau et d'alcool qui extrait tout les liquides de la plante mais ne concentre que faiblement ses opioïdes »
-(Source, enshubé, Psychoactif)

Les infusions de capsules

Mode de consommation le plus direct (ou presque), le "poppy pod tea" est confectionné par décoction des capsules séchées puis broyées dans une eau chaude légèrement acidifiée[13]. Ici encore, certains usagers conseil d'éviter les températures proches de celle de l’ébullition. Le breuvage obtenu est plus ou moins amer selon sa teneur en alcaloïdes, cette amertume constitue un indicateur de puissance relativement fiable, bien que non infaillible, pour l’usager initié.

Infusions à base de graines

Une mode récente consiste à faire infuser une grande quantité de graines dans de l’eau (là encore acidifiée) afin de récupérer toutes traces d'alcaloïdes qui se seraient retrouvés conditionnés avec celles-ci. Compte tenu du mode de conditionnement, il est en effet possible que de petites quantités de paille de capsule se retrouvent dans les paquets de graines. On peu également imaginer qu'une plante endommagée par les intempéries aurait pu exsuder un peu de latex qui aurait séché en croûte noirâtre sur la capsule, ce morceau d'opium pourrait alors se retrouver lui aussi conditionné avec les graines. Quoiqu'il en soit, les graines seules ne contiennent pas d'alcaloïdes morphiniques, cette méthode consiste donc à les laver en espérant que les impuretés contiennent les molécules tant convoitées. Le breuvage obtenu par cette méthode est en général peu puissant, voir tout à fait inoffensif, bien qu’il existe des cas de dépendances spécifiques à ce produit[14][15]. Mais il peut à l'inverse arriver que thé de graines se révèle extrêmement puissant, la quantité de morphine par unité de masse de graines pouvant varier d'un facteur 150[16]! On relate quelques cas de surdosage mortels, dont la mort d'un adolescent de 17 ans[17].


Doses

Que ce soit pour l'opium et le rachacha, fumés ou ingérés, mais aussi pour les infusions de pavot, il est en général difficile de donner des indications de dosages fiables tant les concentrations en alcaloïdes sont variables. Il est par contre certain qu'un surdosage est plus facile à éviter lorsque le produit est fumé puisque les effets se feront ressentir beaucoup plus rapidement (voir section effets). Les fourchettes de dosages suivantes sont données à titre purement indicatif, chaque personne réagissant différemment, de même que chaque plante ayant son propre dosage en alcaloïdes. A noter qu'il s'agit de dosages pour des personnes naïves aux opiacés.

  • opium et rachacha: l'usage est de fumer dans une pipe une petite boule de la taille d'un pois chiche (environ 0.1g)[2], l'opération pouvant éventuellement être répétée quelques dizaines de minutes après pour obtenir les effets désirés. Pour l'ingestion par voix oral, les usagers suggèrent une dose de départ de 0.3 ou 0.5g[18], mais il serait sans doute plus prudent, lorsque l'on ne connait pas encore la puissance du produit ou lorsque l’on n’a jamais consommé d’opiacés, de commencer avec un dosage bien plus faible, quitte à ajuster celui-ci une ou deux heures plus tard.
  • Infusions de capsules: Le dosage est ici tributaire de la variété utilisée, une ou deux capsules de Papaver somniferum var. album sont en général largement suffisantes pour une première expérience. Pour la variété nigrum, celle des fleuristes et des champs de pavots à usage médical, en moyenne quatre à six capsules sont nécessaires. Cela dit, quelle que soit la variété, la quantité d'alcaloïdes présents dans la plante est sujette à de grande variations, il se peut donc que ces quatre ou six capsules ne procurent aucun effet, tout comme il se peut que ce soit définitivement trop, il est donc déconseillé de boire la totalité du thé d'un seul coup. Les usagers expérimentés conseillent d’en avaler une petite fraction, puis d’ajuster en conséquence une à deux heures plus tard. Il faut également garder à l'esprit que la monté des effets du thé de capsules est extrêmement longue et il est parfois nécessaire d'attendre jusqu'à trois heures pour en ressentir les pleins effets.
  • Thé de graines:Il est impossible de donner d'indication de dosage pour l'infusion des graines puisque, comme il a été dit, la quantité de morphine contenu dans un sac de graines peut varier entre 2 et 300 micro grammes par gramme. Une préparation à partir de 1.5kg peut aussi bien ne pas faire effets que se révéler fatale et ce même si les graines proviennent de la même marque[17]. Quoiqu'il en soit, la quantité de graines nécessaire se chiffrera en kilogramme et, pour ce mode de consommation, il est plus que jamais nécessaire de consommer le breuvage par fractions, avec un intervalle d'au moins une heure entre chaque prise.

Effets

Les effets du pavot et de ses dérivés directs sont ceux des opioïdes en général incluant : euphorie, analgésie, sédation, réduction de l'anxiété, effet calmant sur la toux. La consommation entraîne également un myosis (pupilles resserrées), sueurs, d'éventuelles nausées (surtout par voie orale, le produit étant très amer), somnolences, insomnies, difficultés à uriner, dépression et difficultés respiratoires (potentiellement fatale en cas de surdosage), constipation. Comme tous les opioïdes, le pavot perturbe également la libido, pouvant retarder voir empêcher l'orgasme lors du coït. Chez la femme, celui-ci est susceptible de perturber les cycles menstruels. Les démangeaisons sont fréquentes lors de la consommation de pavot. Ces effets se font ressentir dans la minute pour le fumeur d'opium et durent quelques heures. Pour une préparation consommée oralement, il peut s'écouler plusieurs heures avant que l'on ne ressente les pleins effets, en moyenne deux, ceux-ci se prolongent alors pendant 8 à 36 heures selon les doses, la méthode de consommation et le métabolisme de l’usager.

« pour moi le bon opium, bien préparé est même meilleur que l'hero, dans le sens où plusieurs principes actifs fonctionnent en synergie dont la morphine (anti douleur, la bonne vielle!) la thebaine (analgesique, c'est ce qui vous donne ce "rêve éveillé" de l'opim, et dont est aussi issu le subutex.) la papaverine (qui fait bander, d'ailleurs vous pouvez avoir de putain d'erection avec l'op, mais stone impossible de bouger!!!) mais surtout c'est drogue du rêve, un narcotique puissant, avec l'hero (qui est souvent coupé à la cafeine, en autre.) il me faut plus de produit pour "entrer" dans la 'zone de rêve' alors qu'avec l'opium c'est plus rapide. »
-(Source, ceci n'est pas une pipe., Psychoactif)

Une consommation chronique expose l'utilisateur au développement d'une tolérance aux effets du pavot, caractérisée par le besoin de consommer des doses plus importantes pour obtenir des effets similaires aux premières prises avec, à terme, une impossibilité de ressentir les pleins effets de la plante. Ce phénomène s'accompagne de l'apparition des symptômes de sevrage classiques des opiacés en cas d'arrêt soudain de la consommation.

Lors d'une ingestion par voie orale, les effets persistent beaucoup plus longtemps que ceux occasionnés par l'inhalation de fumés ou lors de la prise oral de morphine pure. Certains usagers témoignent d'effets se prolongeant pendant plus de 24 heures, avec apparition des symptômes de sevrages pour les personnes dépendantes seulement 48 heures après la dernière prise. Pourtant, contrairement aux opioïdes à longue demi-vie tels que la méthadone et la buprénorphine, la phase aigüe du sevrage ne semble pas être plus longue que celle des molécules à plus courte durée d'action (morphine, héroïne, codéine, etc…), ce qui suggère que la persistance des effets du pavot ingéré oralement seraient dus à des interactions synergiques entre les différents alcaloïdes de la plantes et/ou une modification du métabolisme de la morphine plutôt qu'à une longue rétention dans l'organisme.

Risques liés à la consommation

Risques à court terme

Overdose et empoisonnement à la thébaïne

Le danger le plus immédiat causé par la consommation de préparations à base de pavot est, comme pour la plupart des opiacés les plus puissants, un risque d'overdose. Ce risque est majoré lors de l'ingestion orale puisque les effets nécessitent un temps relativement longs pour se faire ressentir. Tout usager d'une de ces préparations doit donc se montré très prudent et consommer petit à petit toute nouvelle préparation dont il ne connait pas la puissance. Le risque létal est bien entendu moindre qu’avec une injection intraveineuse de morphine ou d’héroïne mais cependant non négligeable. De plus, même lorsque se conclusion n’est pas aussi sinistre, une surdose reste un épreuve pénible (nausées sévères, anxiété).

Il existe aussi un risque de consommer une plante qui se révèlerait trop riche en thébaïne, notamment en cas de confusion avec le pavot oriental. C'est moins probable avec les plantes de l'espèce somniferum mais il peut tout de même arriver que certains plants en contiennent une quantité anormalement élevée. L'intoxication à la thébaïne serait alors semblable à un empoisonnement à la strychnine, causant convulsions et/ou spasmes musculaires, là encore potentiellement fatals. Le témoignage suivant relate peut-être une telle intoxication, bien qu'il soit impossible d'en être certain :

« Il m' est arivé une expérience bizarre et très pénible suite à l' ingestion d' opium (pas de la rachacha) qu' un ami m' avait donné: étant déjà à la metha j' ai gobé un bon 3 ou 4g et là après une montèe gratouillante classique c' est parti très, très fort, tête qui tournait comme si j' avais abusé gràve de l' alcool, puissante montée d' angoisse et le pire je me suis retrouvé carrémént paralysé! j' était tétanisé de la tête au pieds, dès que j' essayais de me lever de mon plumard, mes muscles se crispaient me condamnant à un immobilisme total, , j' avais l' impression que j' allais claquer et même pas en douceur. J' ai déjà fait des ods d' opiacés mais jamais ressenti un truc pareil.Au bout d' a peu près 4 très longues heures j' ai recommencé à pouvoit bouger mais je suis resté hyper speed et tendu jusqu' au lendemain matin. »
-(Source, ji air, Psychoactif)

La rumeur selon laquelle les champs destinés à l'industrie pharmaceutique seraient le plus souvent composés de variétés de Papaver somniferum manipulées pour donner plus de thébaïne est en partie due au fait que l'administration Nixon avait en son temps proposé d'utiliser le pavot orientale plutôt que le somnifère puisque celui-ci contient moins de morphiniques et était donc moins susceptible d'être directement détourné. Le projet avait été abandonné compte tenu de la relative facilité avec laquelle la thébaïne permet de synthétiser des morphiniques très puissants tels que l'étorphine et l'oripavine.

Autres risques à court terme

La consommation de pavot expose l'usager à tous les autres risques liés à la consommation d'opiacés. En particulier les personnes amenées à conduire un véhicule ou à pratiquer toute activité nécessitant une certaine concentration après avoir consommé des produits à base de pavot doivent être très prudentes en raison des fortes somnolences qu'ils induisent.

Le risque d'impaction fécale lors d'un usage répété sur plusieurs jours ne doit par ailleurs pas être négligé. Certains usagers conseillent, pour ne pas finir comme le poète et journaliste Jules Boissières[3], de ne pas consommer avant un premier passage concluant à la selle. Rappelons que les médecins recommandent de bien s'hydrater et de manger fruits et légumes en quantité lors d'un traitement analgésique opiacé (même si ces mesures ont un impacte discutable pour les consommations hédonistes). Il est surtout important de ne pas consommer d'aliments favorisant la constipation : chocolat à forte teneur en cacao, céréales raffinées (non complètes), aliments astringents, etc


Risques à long terme

Il est difficile de vivre sans l'opium après l'avoir connu parce qu'il est difficile, après avoir connu l'opium, de prendre la terre au sérieux. Et à moins d'être un saint, il est difficile de vivre sans prendre la terre au sérieux.

Après la désintoxication. Le pire moment, le pire danger. La santé avec ce trou et une tristesse immense. Les docteurs vous confient loyalement au suicide. <r>Jean Cocteau, Opium</r>

Tolérance et dépendance

Comme toutes les substances agissant sur le système nerveux central par le biais des récepteurs opioïdes, un usage répété de préparations à base de pavot est susceptible de créer une accoutumance et une forte dépendance tant psychique que physique. Un arrêt brutal après une consommation quotidienne d'une dizaine de jours suffit à produire les symptômes classiques d'un sevrage opiacé : fatigue intense, perte d'appétit, nausées, vomissements, diarrhées, douleurs, akathisie (sentiment d'inconfort impérieux lorsque l'on tente de rester dans la même positon), insomnie, bâillements, larmoiements, rhinorrhée, transpiration, mydriase, hypertension, tachycardie, alternance entre frissons et bouffées de chaleur, douleurs, etc… Ces symptômes physiques peuvent être accompagnés d'une détresse psychique plus ou moins intense se caractérisant par une profonde dépression, dysphorie, pensées obsessionnelles centrées sur le produit, anxiété, etc… La phase aigüe d'un sevrage du pavot, caractérisée par la présence des symptômes physiques, peut durer entre cinq et dix jours (le plus souvent sept). Si les symptômes psychiques sont eux aussi fortement atténué à la fin de cette période, ils peuvent se prolonger plus ou moins longuement dans le temps selon la durée de la consommation et le passé psychologique de l'usager. Une vingtaine de jours sont en général nécessaire pour recouvrer des sensations s'approchant de celles de l'état "normal" bien qu'une rémission complète de ces symptômes nécessite beaucoup plus de temps selon les personnes.

Etant donné que l'action du pavot sur l'organisme est essentiellement causée par la morphine, se sevrer d'une consommation au long cours de pavot peut être une expérience difficile et éprouvante, avec un malaise particulièrement intense. Il est donc conseillé, si possible, de réduire progressivement les doses pour amener la consommation à un niveau auquel l'arrêt complet est supportable. Ne pas hésiter à rechercher de l'aide auprès des professionnels de santé lorsque la consommation reste problématique en dépit des tentatives pour la maîtriser.

Interactions avec d'autres drogues ou médicaments

Les alcaloïdes du pavot sont des morphiniques, ce qui implique d'être particulièrement vigilant lors de l'utilisation conjointe avec d'autres opioïdes (morphine, codéine, oxycodone, etc…) dont les actions se potentialiseraient avec risques de surdose. En particulier, les personnes substituées à la méthadone doivent être très prudente. L'association avec la buprénorphine est formellement contre-indiquée pour les mêmes raisons qu'avec n'importe quel autre opiacé (incompatibilité entre les effets antagonistes de la buprénorphine et les effets agonistes des alcaloïdes du pavot).

L'association avec les benzodiazépines ou tout autre médicament dépresseur du système nerveux central est contre-indiquée car le mélange majore les risques de dépression respiratoire fatale. Cet avertissement est aussi valable pour l'alcool dont l'association avec le pavot est à proscrire.

Résumé Réduction des Risques

  • Les dosage en morphinique des préparations à base de pavot sont très aléatoires, consommer avec la plus grande prudence lorsque la puissance n'est pas encore évaluée, en cas d'ingestion orale, attendre au moins 90 minutes avant d'ajuster la dose
  • Savoir que les effets du pavot peuvent se faire ressentir jusqu'à trente six heures après la prise lorsqu'il est consommé oralement.
  • Consommer sporadiquement en observant des intervalles d'abstinence d'au moins une semaine entre chaque prise pour éviter le développement d'une dépendance physique
  • Ne pas conduire ou entreprendre de tâche pour laquelle les somnolences peuvent se révéler dangereuses
  • Opium et rachacha ne s'injectent en aucun cas! Sans parler des infusions de capsules…
  • Ne pas associer aux benzodiazépines et à l'alcool, attention à l'association avec un traitement de substitution ou d'autres morphiniques

Références

Liens