Le protoxyde d'azote est un composé gazeux de formule N2O ayant des propriétés psychotropes (euphorisantes et dissociatives). Il ne faut pas le confondre avec le monoxyde d'azote (NO ou oxyde nitrique, neurotransmetteur), ni avec le dioxyde d'azote (NO2, polluant irritant).

Le protoxyde d'azote n'est pas classé sur la liste des stupéfiants en France[1]

Formule du N2O


Bref historique

Le protoxyde d'azote a été découvert en 1772 par Joseph Priestley (pasteur et chimiste). En 1798, Humphry Davy (chimiste) découvre ses propriété euphorisantes en l'essayant sur lui-même. Il sera ensuite utilisé en tant que gaz hilarant dans les foires dès la fin du XVIII° siècle. En 1844, le dentiste Horace Wells découvre ses propriétés anesthésiantes (lui-aussi par auto-administration) mais ne réussira pas à convaincre ses collègues. Plus tard, Colton (montreur de spectacle) et Smith (dentiste) monteront une clinique à New York et remettront à l'honneur le protoxyde d'azote[2].


Qu'est ce que c'est ?

Aspect

Le protoxyde d'azote se présente, dans les conditions normales de température et de pression, sous forme gazeuse.

Le gaz est incolore et présente une saveur et une odeur légèrement sucrées. Il n'est pas inflammable mais présente des propriétés comburantes[3].

Autres noms

Il répond à plusieurs autres dénominations : monoxyde de diazote, oxyde nitreux (nitrous oxide), gaz hilarant (laughing gas), "proto" ou encore hippie crack.

Identification

Son numéro CAS est le 10024-97-2, et son code européen le E942. Son numéro CAS est le 10024-97-2, et son code européen le E942.


Usages

Le protoxyde d'azote fait l'objet de plusieurs applications[2] :

  • Usage industriel :
    • Dans les moteurs à combustion,
    • Comme gaz propulseur dans certains aérosols (crème chantilly, bombes d'air sec),
  • Usage en cuisine, dans les cartouches pour siphon à chantilly,
  • Usage en médecine, en tant qu'antalgique et anesthésique,
  • Usage récréatif, à des fins euphorisantes ou hallucinatoires/dissociatives.


Mode de consommation

Obtention

Les usagers n'ayant généralement pas accès aux grosses bonbonnes utilisées dans le milieu médical, ils se tournent alors vers des produits commercialisés dans le grand public, comme les cartouches pour siphon ou les aérosols d'air sec (dépoussiérants) :

 
Siphon à chantilly avec cartouches de N2O
  • Dépoussiérant à air sec :

Le protoxyde d'azote est parfois utilisé comme gaz propulseur, ces aérosols peuvent aussi ne pas en contenir et contiennent généralement d'autres gaz potentiellement nocifs. Cette solution n'est donc pas conseillée.

  • Cartouches de gaz alimentaire :

Plusieurs types de cartouches existent : les cartouches pour sodas qui contiennent du CO2 et les cartouches pour siphon à chantilly qui contiennent du N2O. Ce sont ces dernières qu'il faut choisir. Contrairement aux cartouches pour sodas qui sont de couleur or, les cartouches pour siphon sont de couleur argent.

Déconditionnement du gaz

Une fois en possession des cartouches, il faut en extraire le protoxyde d'azote. Pour cela, il faut transférer le gaz des cartouches vers un autre contenant permettant l'inhalation.

Deux types de dispositifs permettent cette manipulation :

 
N2O Cracker
  • le siphon à chantilly (pour lequel la cartouche est normalement prévue) : la cartouche est vissée dans le compartiment adéquat et vidée dans le siphon vide. Le gaz contenu dans le siphon est ensuite généralement transféré dans un ballon de baudruche pour être inhalé.
  • le nitrous oxide cracker : c'est un dispositif plus ou moins cylindrique, en deux parties, au sein duquel on insère la cartouche. A l’extrémité percée on fixe un ballon de baudruche. Lors du vissage des deux moitiés du cracker, la cartouche est percée, le gaz s'échappe par les trous vers le ballon de baudruche.


Ces manipulations consistent à détendre un gaz, elle s'accompagnent donc d'un refroidissement important. Pour éviter tout risque de brûlure par le froid, il est vivement déconseillé d'inhaler le gaz directement en sortie de cartouche, de siphon ou de cracker, mais de toujours passer par l'intermédiaire d'un ballon de baudruche. Il faudra également éviter de tenir le cracker à mains nues.


Inhalation

Le gaz pourra ensuite être inhalé à partir du ballon de baudruche.

Le gaz issu des cartouches étant principalement composé de protoxyde d'azote, la concentration du mélange inhalé sera relativement importante. Il et donc conseillé d'alterner les inhalations de protoxyde d'azote avec des inhalation d'air pour minimiser les risques d'asphyxie (par manque d'oxygène) ou de perte de connaissance (anesthésie, par trop forte concentration de protoxyde d'azote). L'inhalation est circuit continu également est à éviter.


Effets

Les effets surviennent très rapidement après le début de l'inhalation et s'estompent également très rapidement à l'arrêt de l'administration, pour disparaitre en quelques minutes.


Selon Erowid[4], les effets du protoxyde d'azote sont les suivants :

  • Effets positifs :
    • hilarité, fous rires
    • augmentation de l'humeur, euphorie, ivresse
    • état onirique
    • distorsions auditives
    • distorsions visuelles, hallucinations
  • Effets neutres :
    • réduction des stimuli externes
    • maladresse, diminution de la dextérité et de l'équilibre
    • analgésie
    • bourdonnement dans les nerfs périphériques
  • Effets négatifs :
    • nausées (surtout associé à l'alcool ou si utilisé sur de longues périodes)
    • maux de tête lorsque les effets diminuent (surtout si utilisé sans oxygène)
    • diminution des taux de vitamine B12, notamment lors d'un usage régulier
    • engourdissement des extrémités lors d'une utilisation importante et régulière


Effet en fonction de la concentration en N2O du gaz inhalé[5] :

  • Concentration < 40 % : anlagésie légère à modérée
  • 40 à 60% : effet analgésique optimal, sans perte de conscience
  • 60 à 70% : Somnolence discrète puis perte de conscience
  • 80 à 90% : Stade d'anesthésie, avec dépression cardio-vasculaire par hypoxie en cas d'administration prolongée
  • 100% : Perte de conscience obtenue en 1 minute, puis paralysie bulbaire, apnée et arrêt cardio-vasculaire.


NB : le protoxyde d'azote utilisé à des fins analgésiques dans le milieu médical correspond en fait à un mélange O2/N2O à 50-50 (mélange équimolaire d'oxygène et de protoxyde d'azote ou MEOPA).


Risques

Plusieurs risques sont associés à l'usage de protoxyde d'azote :

  • A court-terme :
    • Risque d'hypoxie, voire d'asphyxie, notamment quand le mélange inhalé est fortement concentré en protoxyde d'azote (manque d'oxygène)
    • Risque de perte de connaissance, notamment quand le mélange inhalé est fortement concentré en protoxyde d'azote (anesthésie)
    • Risque de chute
    • Risque de brûlure par le froid à la détente du gaz (voir plus loin).
  • A plus long-terme :
    • Carence en vitamine B12, avec toutes les conséquences qu'elle peut entrainer (anémie macrocytaire, troubles neurologiques, atteinte de la moelle...)[6]
    • Addiction : certains usagers présenteraient un usage compulsif pouvant conduire à l'addiction[7].

Interactions

  • L'association avec l'alcool semble favoriser les nausées.
  • L'association avec des hallucinogènes augmente lourdement les effets de ces derniers.[7]

Réduction Des Risques

  • Obtention du protoxyde d'azote : toujours préférer une source médicale si possible (rarement), sinon alimentaire (cartouche pour siphon à chantilly). Éviter les sources "bureautiques" (bombes à air sec, de composition aléatoire) ou industrielles.
  • Risque de brûlure par le froid :
    • Ne JAMAIS inhaler en sortie de détendeur (risque de brûlure de la face, des tissus pulmonaires)
    • Se protéger les mains pour tenir la cartouche ou le cracker lors de la détente du gaz
  • Consommation :
    • Comme toujours, éviter de consommer seul
    • Ne pas consommer en position debout : risque de chute
    • Ne pas inhaler en circuit continu : risque d'asphyxie (manque d'oxygène) ou de perte de connaissance (anesthésie, gaz trop concentré en N2O)
    • Essayer d'alterner les inhalations de gaz et d'air pour réduire ce risque
    • Ne pas conduire sous l'emprise de protoxyde d'azote, évidemment
    • S'en tenir, si possible, à une consommation ponctuelle occasionnelle


Témoignages

« Il m'est déjà arriver d'en prendre en soirée (rave). Les effets étaient vraiment variables, selon la quantité. Quand je prenais un ballon avec une seule cartouche dedans, les effets durait à peine 2 minutes. Un peu euphorique, des sortes de vagues devant les yeux, les oreilles qui bourdonnent et une perte d'équilibre.

Par contre quand j'en prenais deux voire trois cartouches dans un balloon, c'était plus intense. Je rigolais pour rien pendant 10 minutes, un voile gris devant les yeux, mais surtout, le pire, c'était les oreilles qui bourdonnaient, et la nausée. C'était pas mal comme délire, mais vu le temps que ca durait, le prix, et les effets secondaires, ca valait pas autant le coup je trouve.

»
-(Source, PtiDav, Psychoactif)


« Comme PtiDav l'as déjà dit, avec une seule cartouche l'effet étant un peu court, et vu que nous avions 2 machines, et des gros ballons, du coup on en faisais avec plusieurs cartouches pour augmenter l'effet, et il y a quelques fois ou je suis parti un peu loin (du moins pour du N2O).

Impression de sortir de mon corps (surement du au propriété antalgique/anesthésiante du gaz), de ne plus être dans la même dimension que mon pote, et de ne pas arriver a communiquer avec lui et de balancer des phrases que lui me racontais ensuite et dont je ne me souvenais pas.

Sans parler des chutes, suites au légère pertes de connaissance, bref heureusement qu'on était dans un salon, pour s'écrouler c'est mieux que sur le bitume ou autre ...

Bref on c'était enfilé de grosses doses, et des centaines de cartouches chacun toute la journée, vraiment pas l'idée du siècle.

»
-(Source, lloigor, Psychoactif)


« J’ai utilisé un siphon d’1/4 de litre et des cartouches de N20 de 8 grammes. Je me suis mis en tailleur avec un documentaire sur les indiens en fond sonore. Je n’ai pas du tout travaillé le « set and setting », c’est peut-être la raison pour laquelle je n’ai pas particulièrement apprécié l’expérience.

J’ai vidé la cartouche de protoxyde d’azote entièrement dans le ballon. J’ai attendu approximativement 30 secondes, histoire que le gaz sous pression atteigne la température ambiante. Une fois le ballon rempli entre mes mains et les parois à température correcte, j’ai vidé quasi-entièrement mes poumons pour prendre une bouffé maximale du gaz. Je n’ai pas réussi a vider complètement le ballon en une seule bouffée. Je dirais qu’il restait approximativement 1/6 du gaz dans le ballon… Une fois la première bouffée dans mes poumons, j’ai retenu mon souffle pendant plusieurs secondes, histoire de tout absorbé dans mon sang. Peu de temps après, j’ai finis par inhaler le reste du gaz contenu dans le ballon.

En a peine 15 secondes, j’ai commencé a ressentir l’effet. L’effet était flagrant, je l’évaluerais sur l’échelle de Shulgin a ++. Ce qui est étrange, c’est que je n’ai pas eu envie de rire du tout, même en me forçant en peu. L’euphorie était vraiment légère, très peu perceptible. Effectivement le ressenti globale de l’environnement est changé ainsi que le champ périphérique de la vision, mais rien de transcendant. Au bout de 2 ou 3 minutes l’effet s’est estompé.

Un peu déçu, je me suis dit, que je n’ai pas du prendre une dose suffisante pour vraiment ressentir l’effet psychoactif du protoxyde d’azote. Je réitère la manipulation quelques minutes plus tard en prenant soin d’améliorer l’étanchéité de l’installation. Un effet un peu plus fort, mais la même déception au final.

»
-(Source, moksha, Lucid-State)



« Alors voila, je devais me faire opérer au pied sous anesthésie locale et donc jme suis dit que ca serais rigolo un TR la dessus...

en premier lieu, apres une attente correcte dans la clinique, une charmante infirmiere (tres charmante meme) m'a proposé de la suivre dans la salle d'opération et m'installer dans le fauteuil/truc a s'allonger.

Une fois bien installé, elle me tend un masque pour respirer le gaz (kalinox) et s'en va.

le gaz lui meme est inodore et aucun gout. les grandes bouffés m'amenent petit à petit a des picottements et fourmis dans tout le corps... je me sent tout léger (tres tres legere impression de vertige qui disparait rapidement) .

en attendant le retour de l'infirmiere ou du chirurgien, je détaille la salle (poster des différentes infection tres....explicite) par pure conscience professionnelle je me demande si il est possible d'avoir une reflexion poussée et suivie. je commence donc a essayer de penser a un code source et a comment résoudre un probleme simple de programmation ( communication entre 2 fichiers).

sur le coup c'a m'a semblé possible mais maintenant (1h30/2h apres) je pense que non....(auto-suggestion pendant l'effort mental m'a empeché d'approfondire le sujet)

je sent plus grand chose je suis comlpetement dans les vapes quand le chirurgien arrive, on commence a causer et je part sur la pêche au saumon en irlande sans arriver a suivre mes phrases et mes idées dans ma tete. de là, il me dit :

"bon, bah on va arreter le gaz hein !"

et l'infirmiere en y allant s'écrit "houla oui y'en a presque plus !" (je sais pas si ma dose est différente d'un patient normal ou si c'était juste uen reflexion sur le fait que la bouteille est bientot morte)

premiere piqure d'anesthésiant..je sent pas trop... les 10 autres n'existent pas pour moi. je sent plus rien et commence a causer avec le chirurgien des vacances et de la conduite à gauche... il plante un instrument dans le pied et commence a gratter sur l'os..je trouve ca rigolo sur le coup. il aurait pus me couper le pied j'aurai rien senti.

toujours les legeres fourmis dans le corps, tout est en ralenti (pas du bullet time non plus mais leger).

opération terminée blabla zamudol prescrit etc....

je commence a ressentir mon pied arrivé a la pharmacie. la descente de gaz est sans aucun probleme.

en conclusion : effet presque similaire au THC pour ma part, c'est a dire :

relaxation/apaisement, on ne sent plus trop au toucher, difficultée pour l'attention, fonctionnement legerement ralenti etc... en meme quantitée d'effet que pendant une BONNE consommation de cannabis.

les coté "pas glop" du cannabis comme appétit, bouche seche, mal de tete (ca peut arriver) ou tournis sont inexistants.

»
-(Source, jean-bernard, Lucid-State)


Lien


Références