Rapide présentation de mon parcours toxicomane (gros résumé non détaillé) 

Avant d'écrire un vrai post de présentation plus détaillé, j'écris ce résumé en ce qui concerne mes addictions et les problématiques qui vont avec. Je préfère écrire ça dès maintenant, quitte à occulter 90% de la réalité, afin de m'inciter à m'impliquer, plus tard, au lieu de repousser et de ne jamais le faire, comme j'en ai l'habitude. J'espère que ce petit élan me permettra de gagner un peu de force pour m'intégrer, vous lire ainsi que de partager ce dont j'ai véritablement besoin. Ce petit élan, j'espère, me redonnera une certaine volonté de survivre, de sociabiliser, d'avancer. Merci d'avance à celles et ceux qui auront l'envie et l'énergie de me lire.

Je suis polytoxicomane, avec comme drogues "principales" l'héro et la coc. J'ai commencé par la coc quand j'avais 14 ans, puis l'héro vers 16 ans. J'ai pris tout ce que je pouvais prendre à côté, mais je me considère plus comme héroïnomane et cocaïnomane. Pendant de longues années j'étais intimement persuadé que je n'aurais jamais envie d'arrêter. J'avais envie d'avoir envie. Mais j'étais sûr que ça n'arriverait jamais. Puis, un évènement, une découverte plutôt, dans ma vie, m'a fait progressivement mais assez rapidement tout arrêté pendant plusieurs années (j'ai fait une transition de genre, et ça a un peu miraculeusement fait stopper les envies et besoins de conso). A l'époque, je n'avais pas d'argent ; trop jeune pour avoir le RSA, pas de taff, pas de famille qui me donne de l'argent et, pourtant, je dépensais entre 40 et 80 euros par jour, pendant de longues années. J'ai volé, beaucoup. J'ai aussi vendu tous mes biens, certains très précieux. J'ai volé ma famille. Vendu leurs biens. Bref, je me débrouillais, et j'y arrivais. Je suis resté clean pendant trois ans environ, tout en gardant mon "gène addict", me tournant vers la nourriture à outrance, l'alcool (je n'avais jamais été alcoolique ou attiré par ça), le cannabis (qui me rendait malade une fois sur deux), le sexe, bref... en mars 2023, j'ai fini par déménager du logement où j'étais depuis 8 ans, et j'ai atterris dans un appartement pire que celui que j'avais, ce qui a généré un niveau de stress, d'angoisse et de désespoir sévère, qui m'a fait complètement replongé dans l'héroïne, d'abord, puis ensuite la cocaïne. C'était il y a un an, et je suis toujours dedans. C'est très dur, car ça s'associe évidemment avec une dépression chronique et troubles anxieux, ainsi que mon histoire personnelle qui n'est qu'un énorme champs de ruines. Je suis sous méthadone depuis 12 ans désormais, j'ai été suivi en CSAPA à l'envol, à Rennes (dont les services laissent clairement à désirer), je suis une thérapie depuis 2019 deux jours par semaine, bref, je me bats pour ne pas me laisser complètement tomber. Mais c'est dur. Très dur. D'autant plus car je suis le seul de mon entourage à me droguer, et j'ai beau avoir des amis très bienveillants, trop en parler est, je m'en suis rendu compte, devenu contre productif dans le sens où ils finissaient par avoir constamment des doutes sur mon état, et étaient (sont) suspicieux dès que je vais aux toilettes ou que mon comportement peut sembler un peu différent de la "norme". Donc j'essaye de contrôler ça, contrôler mon comportement, car je consomme h24. Ce qui provoque finalement un isolement. Bref. J'aimerais qu'il y ai plus d'accompagnements professionnels, plus de prévention utiles. J'aimerais qu'il y ai plus de structures adaptées, plus de soignants formés, plus de groupes de paroles, plus d'outils mis à dispositions pour nous. La société veut se débarrasser des toxicomanes sans les aider. On nous traite comme des parasites qui polluent le paysage. Les clichés ont la peau dur, tout comme la glamorisation des addictions, qui me mettent beaucoup en colère. J'aimerais qu'il y ai un travail journalistique de qualité sur les mauvais traitements des CSAPA, des pharmacies, de la société en générale, envers nous. Ce sujet n'attire généralement que les journalistes aux méthodes voyeuristes et contre productives, comme si nous étions un freak show ambulant. J'espère que ça changera, avec le temps. Je remercie ce site, ce forum, qui nous donne un vrai espace d'échange dénué de jugements.