Buprénorphine (Subutex), commencer un traitement, effet, dosage, sevrage

La Buprénorphine est un opioïde de synthèse issu de la thébaïne. Elle a été employée dans le traitement de la douleur sous le nom de Temgesic dans les années 80, avant de devenir à haut dosage un traitement de substitution opiacé (TSO), le 14 février 1996 sous la marque Subutex® (Laboratoire Schering-Ploug). Le Subutex a été génériqué par les laboratoires Arrow,(sorti le 1er avril 2006), puis par Mylan en avril 2007. En janvier 2012, une nouvelle formule de buprénorphine haut dosage sortie : Suboxone, qui contient de la buprénorphine et du naloxone (rapport 4/1).

C'est le premier traitement de la dépendance aux opiacés en France en terme quantitatif, qui représente au premier semestre 2010 près de 75 % de l'ensemble des prescriptions en ville de TSO, le nombre total de bénéficiaires de remboursements de BHD (Subutex® et génériques de la BHD) étant de 103 014.


Commencer un traitement de Buprénorphine Haut Dosage

La prescription de Buprénorphine Haut Dosage (BHD) peut être faite par tout médecin généraliste pour une durée maximale de 28 jours. Cette prescription sert uniquement si vous êtes dépendant à un opiacé (héroïne, morphine, buprénorphine de rue...). Le médecin doit marquer sur l'ordonnance le nom de la pharmacie dans laquelle vous allez chercher vos médicaments. Si vous souhaitez avoir la buprénorphine de la marque Subutex et non le générique, le médecin doit marquer sur l'ordonnance "NS" (Non substituable).

Il est très difficile de savoir quel dosage est approprié lors de l’initiation à la BHD, car on ne connaît pas la qualité de l'héroïne illégale. C’est en discutant et en ajustant les dosages avec le médecin que vous trouverez la dose de confort, généralement en quelques jours. Lors de l’initiation, ne pas hésiter à retourner voir le médecin prescripteur le jour même si on ne sent pas bien. La BHD est disponible sous la forme de cachet sublinguale de 0,4mg,1mg,2mg,4mg et 8mg.

La prescription de buprénorphine peut s'accompagner d'un suivi psychologique ou social avec des intervenants sociaux-sanitaires. La résolution des problèmes psychologiques, sociaux, économiques, est une des conditions de la stabilité du traitement.

La BHD n'est pas un traitement de courte durée. Le traitement peut durer des mois, voire des années.

Comment utiliser la Buprénorphine Haut Dosage

La buprénorphine, contrairement à l'héroïne a une durée d'action de 24 heures. En générale, une seule prise par jour suffit, même si deux prises par jours peuvent se rencontrer. Si vous fractionner plus les doses, la BHD sera moins efficace.

Il faut faire fondre les cachets sous la langue, ou entre la gencive et la joue, jusqu'à ce qu'ils fondent entièrement. Cela prend entre 10 et 15mn selon les dosages et la marque du comprimé. Si vous mâchez ou sucez votre comprimé, il perd en efficacité. De même si vous l'avalez, il faut en reprendre un et le laisser fondre sous la langue.

Après quelques mois, il ne faut pas baisser le dosage de façon rapide sous prétexte que « maintenant, ça va ». L'organisme a trouvé une situation d’équilibre, vous risquez de vous trouvez en manque.

La buprénorphine a un effet plafond : ces effets plafonnent à un certain moment et augmenter la dose n'augmente pas l'effet. Cela evite l'overdose, même en cas de prise massive. L'effet plafond dépend des personnes. Il se situe entre 16mg et 32mg.

Les effets secondaires

Usages alternatifs de la Buprénorphine Haut Dosage

Injecter, sniffer ou fumer la buprénorphine peut être une transition entre la prise d’héroïne et la prise sublinguale de BHD. Si vous êtes dans ce cas, ne culpabilisez pas. Si faute il y a, c’est l’absence de toute formule injectable, sniffable ou fumable sur le marché de la substitution à la française.

De plus, la substitution remplace non seulement un produit par un médicament mais aussi le marché noir et la course effrénée au produit par un encadrement socio-sanitaire. Ceci reste valable quelque soit la manière de consommer la BHD.

Si vous injecter la BHD, il faut réduire les risques au maximum, par rapport à l'hépatite C, au VIH/Sida, mais aussi par rapport au bactéries (les cachets de BHD ne sont pas stérile) et par rapport au "Syndrome de Popeye" : les cachets de buprénorphine contiennent de l'amidon de maïs, voire du talc et de la silice qui, si ils sont mal filtrés, peuvent boucher les petits vaisseaux sanguins et entraînent une inflammation chronique des tissus et du réseau lymphatique (gonflement des deux côtés des avant-bras). Pour réduire les risques voir l'injection avec les principaux produits psychoactifs en photos


Mélanges de produits psychoactifs avec la buprénorphine

Alcool

Le mélange de produits psychoactifs avec la buprénorphine est le seul cas ou la buprénorphine peut provoquer une overdose. C'est notamment le cas avec l'alcool et les benzodiazépines (Xanax, Valium...)

Opiacés (héroïne, méthadone, morphine...)

Si la personne est dépendante, la buprénorphine peut provoquer un état de manque si elle est consommée après un opiacé classique.

Suboxone

Suboxone (Laboratoire Reckitt), un mélange de buprénorphine et de naloxone (rapport 4/1), est sorti en janvier 2012 en France. Le naloxone est un antagoniste opiacé, qui chasse les molécules d'opiacés des récepteurs. Quand il est mis sous la langue, il est détruit par la salive, mais en injection ou en sniff, il passe dans le corps avec la buprénorphine.

Le naloxone a surtout de l'effet avec les opiacés classique comme l'héroïne, la morphine ou la méthadone. Avec la buprénorphine, il va légèrement diminuer l'effet de cette dernière, mais il ne mettra pas en manque. Il existe d'ailleurs des études qui montrent que des usagers qui injectaient la buprénorphine, ont continué à injecter Suboxone après être passés à celui-ci, en ressentant les mêmes effets qu'avec la buprénorphine seule.

Il existe encore des inconnues sur l'intérêt de ce traitement : Suboxone n’empêche pas l'injection, il ne peut être qu'une aide psychologique supplémentaire pour les usagers qui voudraient arrêter d'injecter leur traitement. Mais, pour les usagers qui voudraient arrêter d'injecter leur traitement, il existe déjà la méthadone sirop, efficace dans la majorité des cas. De plus, Suboxone ne peut être en aucun cas un traitement dissuasif prescrit par le médecin pour que son patient arrête d'injecter. Prescrire Suboxone à un patient qui injecte son traitement sans lui demander son avis est non seulement contre-productif, mais c'est aussi non éthique.

Témoignages

Mamon : "Hier soir un pote m'a payé un trait de 1,5mg (environ) de sub' et malgré ma tolérance, qui a quand même bien descendue depuis un an pendant lequel j'ai uniquement pris du tramadol ou de la codéine occasionnellement, j'ai bien sentit à nouveau cet effet légèrement stimulant et confortable que je ne détestais pas quand j'en prenais de temps en temps à une époque (lycée/terminale/première année de fac...)... même si à cette époque je les prenais plutôt par 8mg, la tolérance monte vite.."

Références

Estimation du nombre de personnes recevant un traitement de substitution (Subutex 8 mg, Méthadone 60 mg) depuis 1995, OFDT