Cathinones

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Les cathinones de synthèse ont fait leur apparition dans la « drogosphère » au début des années 2000 et constituent aujourd’hui l’une des familles de stupéfiant les plus consommées en Europe et en Amérique du Nord. Jonglant avec la légalité de leurs structures chimiques, chimistes et sites internet de Reserach Chemicals ont inondé le marché de ces substances diverses et variées et aux risques encore inconnus. Le Rapport 2013 de l’ONU sur les stupéfiants[1] fait état de l’explosion de la consommation des ces drogues de synthèse ; aux USA, les « bath salts » sont les drogues les plus consommées chez les 15-24 ans après le cannabis.


Présentation et chimie

La cathinone, de son vrai nom la benzoylethenamine, est un alcaloïde monoamine que l’on retrouve dans le Catha edulis (alias la feuille de Khat), une plante qui pousse principalement en Afrique de l’Est. Chimiquement, sa structure moléculaire s’apparente à celle de l’éphédrine, de la cathine ainsi qu’à celle des amphétamines. L’appellation « cathinones synthétiques » regroupe l’ensemble des dérivés de phénylalkylamines, et sont souvent qualifiés de « BK-amphétamines » en raison de sa fraction béta-cétone. Parmi ses nombreux dérivés, on peut citer la butylone, la méthylone, l’éthylone, la métédrone, la MDPV, la 3-MMC, la 4-MEC ainsi que des dizaines d’autres, mais le plus populaire d’entre eux est la méphédrone (4-MMC).

Histoire

La méphédrone a été synthétisé pour la première fois en 1929 par Saem de Burnaga Sanchez sous le nom de « toluyl-alpha-monomethylaminoethylcétone » dont les travaux ont été publiés dans le Bulletin de la Société Chimique de France. C’est en 2003 que cette substance a été « revisitée » par un chimiste « clandestin » usant du pseudonyme « Kinetic » qui publia sur le site internet The Hive la première description des effets de la méphédrone. Il décrira entre autres « cette incroyable sensation de bien-être que je n’ai pu retrouver dans aucune des drogues si ce n’est ma bien aimée ecstasy (MDMA) ».

C’est ensuite en Israel que va s’écrire une nouvelle page de l’histoire des cathinones synthétiques. En effet, dès 2004, un dérivé de la cathinones se vend légalement dans le pays sous le nom de hagigat. Décrétée illégale au bout de deux ans, ce dérivé a vu sa structure moléculaire modifiée, puis a été de nouveau commercialisé par la société israélienne Neorganics sous le nom de Neodoves Pills. En juillet 2008, le gouvernement israélien rend illégal l’ensemble des dérivés de la cathinone, mais ces stimulants vont pourtant connaitre leurs heures de gloire, cette fois-ci en Europe et aux Etats-Unis.

Entre 2007 et 2010, la méphédrone est vendue légalement sur les sites internet de RC, le plus souvent sous l’appellation « sel de bain (bath salts) » ou « engrais (plant food) », jusqu’à être interdite au Royaume-Uni, un pays à la pointe en matière de Designer Drugs et où la méphédrone aurait été mise en cause dans le décès de plusieurs adolescents. A partir de là, des dizaines d’autres dérivés de la cathinones ont été synthétisés et commercialisés, certains avec plus de succès que d’autres comme la méthylone, la butylone et la MDPV.

Aujourd’hui, la plupart des autorités sanitaires des pays occidentaux ont opté pour un système d’interdiction ne concernant plus uniquement une substance en particulier, mais l’ensemble de ses substituants réels et futurs, quitte à fâcher l’industrie pharmaceutique qui voit d’un mauvais œil cette mise à l’index de ces molécules dont l’intérêt clinique potentiel se retrouve dès lors difficilement exploitable. Néanmoins, l’interdiction est difficile à faire respecter en raison de la grande diversité de ces nouvelles drogues et du manque d’outils de diagnostic fiables et rapides pour les identifier et distinguer - selon la législation propre à chaque pays - celles qui sont légales de celles qui ne le sont plus.

La législation en France

En France la plupart des cathinones de synthèse sont interdites depuis l’Arrêté du 27 juillet[2] 2012 . Cet arrêté étend l’interdiction à « toute molécule dérivée de la cathinone, ses sels et ses stéréoisomères, avec : ― un substituant alkyl, phényl, alkoxy, alkylenedioxy, haloalkyl, halogéné sur le cycle phényl ; ― un substituant alkyl en position 3 ; ― un substituant alkyl ou dialkyl ou cyclique sur l'azote, à l'exception du bupropion ; Toute structure dérivée du 2-amino-1-one propane par substitution en position 1 avec tout système monocyclique ou polycyclique, ainsi que ses sels et ses stéréoisomères. »

Cela signifie que la quasi-totalité des cathinones synthétiques sont de facto interdites à la vente, à la détention et à l’usage sur le territoire national français. Ce type de législation a également été adopté aux Royaume-Unis, quelques mois après l’interdiction de la seule méphédrone (c’est d’ailleurs la raison pour laquelle aucun site de RC basé au U.K. ne vend de cathinones synthétique depuis 2010) ainsi que par la Belgique en avril 2013.

Effets désirés et indésirables

Dans leur ensemble, les cathinones de synthèse ont pour effets principaux une énergie accrue, l’empathie, l’envie d’aller vers les autres et de communiquer, un sentiment de puissance intellectuelle et physique, ainsi qu’une augmentation de la libido.

Pour ce qui concerne les effets indésirables, les usagers font état de symptômes cardiaques, psychiatriques et neurologique.

      • Pour plus de précisions quant aux effets de ces drogues, se rendre sur les pages spécifiques aux différentes cathinones de synthèse.

Modes et contextes de consommation

Toutes les cathinones de synthèse ont vocation à être consommées par voie nasale (sniff) et orale (drop, « para », dilué dans un verre). Elles peuvent aussi être injectables. D’autres témoignages rendent compte d’effets désirés par voie rectale (plug).

      • Pour plus de précisions quant aux modes et aux contextes de consommation, se rendre sur les pages spécifiques aux différentes cathinones de synthèse.

Effets sur le long-terme

La recherche scientifique sur les dangers potentiels de ces substances n’en est qu’à ses balbutiements. Cependant, les similitudes cliniques de ces nouvelles drogues avec les amphétamines et la MDMA donnent à penser que les effets secondaires sur le moyen/long-terme sont du même acabit que ces deux drogues déjà bien connues. Plus d’études et de travaux de recherche sont nécessaires pour en comprendre les mécanismes d’actions, leurs toxicocinétiques et toxicodynamiques, leurs métabolismes dans l’organisme, leurs effets cliniques et psychologiques ainsi que leurs potentiels de dépendance.

Le problème des cathinones de synthèse utilisé comme produit de coupe des drogues dites « traditionnelles »

En raison de leur accessibilité (en quelques clics sur internet), de leurs prix modérés par rapport aux autres drogues stimulantes (environ 20 euros pour un gramme en moyenne) ainsi que de leurs effets proches de ceux du MDMA ou des (meth)amphétamine(s), on constate une explosion de l’usage de ces drogues pour « couper » (diluer) des drogues plus traditionnelles comme la MDMA (principalement avec de la méthylone, alias bk-MDMA) et la cocaïne (souvent avec de la MDPV). Une cathinone de synthèse peut servir à couper la MDMA avec un potentiel de risque tenant en l’association de deux substances psychotropes distinctes. Les cathinones de synthèse peuvent aussi être vendues comme étant de la MDMA. C’est par exemple le cas avec la méthylone dont les effets sont très proches de ceux de l’ecstasy mais qui mettent deux fois plus de temps à se faire sentir, ce qui peut pousser l’usager à « redoser » trop tôt et risquer une montée dangereuse.


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