Dextrométhorphane (DXM), effets, risques, témoignages

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Le Dextrométhorphane (DXM) est une molécule utilisée dans le traitement de la toux et fréquemment détournée pour ses propriétés hallucinogènes.


Il entre dans la composition de diverses spécialités antitussives : formes liquides (Pulmodexane sirop, Tussidane sirop, Clarix / Humex / Vicks toux sèche sirops) ou solides (Tuxium, Pulmodexane cp, Tussidane cp).


Données cliniques générales

Contre-indications absolues[1][2]

  • Hypersensibilité au produit
  • Asthme (ou toux asthmatique)
  • Insuffisance respiratoire
  • Traitement par IMAO, linézolide, cinacalcet
  • Allaitement

Sujets particuliers[1]

  • Grossesse / Allaitement :
    • Femme enceinte : L’administration n’est possible que si le traitement est strictement nécessaire.
    • Femme allaitante : Administration contre-indiquée.
  • Age : Formes adultes réservées à l’adulte et aux adolescents de plus de 15 ans. Des formes enfants existent pour les enfants de plus de 6 ans et pesant plus de 20 kg.
  • Sujet âgé et insuffisant hépatique : Posologie à adapter.

Effets indésirables et surdosage

Effets indésirables : Vertiges, somnolence, nausées, vomissements, constipation, réactions allergiques (éruption prurigineuse, urticaire, œdème de Quincke, exceptionnellement bronchospasme).

Surdosage : idem + nervosité, agitation, confusion.

Si surdosage massif : coma, dépression respiratoire, convulsions.

Traitement du surdosage : naloxone et assistance respiratoire pour la dépression respisatoire, BZD pour les convulsions.

Interactions

  • Officielles[1] (RCP) :
    • Contre-indiquées (niveau 1) : Cinacalcet [diminution du métabolisme, augmentation importante des concentrations plasmatiques], IMAO et linézolide [risque de syndrome sérotoninergique]
    • Déconseillées (niveau 2) : Alcool, sédatifs [majoration de la dépression centrale], opioïdes [risque de dépression respiratoire]


  • Autres :

De part son action inhibitrice de la recapture de la sérotonine (cf. Pharmacologie), le DXM peut provoquer des syndromes sérotoninergiques, notamment en interaction avec les molécules ayant une action sérotoninergiques[3]. Ce risque est particulièrement important lorsque le DXM est volontairement surdosé à des fins récréatives.


Sont particulièrement à éviter[4][5][6] : les antidépresseurs quels qu’ils soient (IMAO, ISRS, tricycliques et autres), la MDMA et ses analogues, la yohimbine, la phentermine, la fenfluramine. Le lithium serait également concerné.


De plus, la trazodone et la néfazodone (antidépresseurs) pourraient, en association avec le DXM, causer des dommages hépatiques[5][6].

L’association à des stimulants de type amphétamines ou cocaïne exposerait à des risques cardiovasculaires (tachycardie, hypertension)[3].

L’association à des dépresseurs du SNC et des dépresseurs respiratoires exposerait à une majoration de la sédation et à un risque de dépression respiratoire[3][4].

L’association à la terfenadine (antihistaminique retiré du marché) est aussi à éviter[5][6].

Bien que je n’ai pas trouvé de documentation disponible, la logique voudrait qu’une certaine prudence soit également observées vis-à-vis des produits suivants : tramadol, méthylphénidate, hallucinogènes divers, millepertuis…


De façon générale, on conseillera par précaution d’éviter l’association de DXM avec tout produit susceptible de déclencher, seul ou en association, un syndrome sérotoninergique. Cela inclue beaucoup de molécules mais on aura une vigilance toute particulière vis-à-vis des antidépresseurs et des composés MDMA-like[7]. On sera également prudent vis-à-vis des inducteurs/inhibiteurs enzymatiques (cf. Pharmacologie).


Concernant le syndrome sérotoninergique, consulter : Millet P. Le syndrome sérotoninergique. ALTAU Le Relais. s.d.[8]

Cas particulier de la consommation récréative

Pour être utilisé à des fins récréatives, le DXM doit être consommé à des doses supérieures à celles utilisés pour obtenir l’effet anti-tussif. Cela implique qu’il est nécessaire de prendre une quantité de médicament plus importante que celle prévue pour une utilisation normale.

Dans ces conditions, il est nécessaire de choisir une spécialité ne contenant que du DXM et pas d’autres principes actifs. Dans le cas contraire, le surdosage des autres principes actifs pourrait être risqué, par lui-même ou par l’interaction qu’il créerait (interaction non significative entre les 2 molécules à doses normales mais qui pourrait avoir des conséquences à des doses supérieures).

Tolérance et dépendance

Des phénomènes de tolérance et de dépendance ont été rapportés[7].

Conduite de véhicule

Médicament de niveau 1 : «Soyez prudent. Ne pas conduire sans avoir lu la notice.» [2]


Niveau 1 : Le risque est faible et dépend largement de la susceptibilité individuelle ; le patient trouvera dans la notice du médicament les mises en garde lui indiquant les cas où il devra s’abstenir de conduire (en particulier lorsqu’il aura précédemment ressenti des effets indésirables potentiellement dangereux)[9].


Lorsque le DXM est volontairement surdosé à des fins récréatives, la conduite est extrêmement dangereuse et doit absolument être proscrite.


Pharmacologie

Pharmacocinétique (PK)

Le dextrométhorphane (DXM) est métabolisé au niveau hépatique en dextorphane (DXO, dérivé O-déméthylé) par le cytochrome P450 2D6 (CYP2D6). Le DXM et le DXO sont eux-même métabolisés par le CYP3A4.


Le CYP2D6 fait l’objet d’un polymorphisme génétique (tout le monde n’a pas les même capacités métaboliques au niveau de cette enzyme) et est sensible au phénomène d’induction/inhibition enzymatique. Ainsi, la prise d’inducteurs ou d’inhibiteurs du 2D6 peut modifier la PK du DXM.

  • Principaux inducteurs 2D6[10] : dexaméthasone (corticoïde), rifampicine (antituberculeux).
  • Principaux inhibiteurs 2D6[10] : fluoxetine, paroxetine, bupropion, quinidine, cinacalcet et ritonavir (buprénorphine, méthadone et cocaïne sont aussi des inhibiteurs mais de façon plus faible).


Le CYP3A4 est également soumis au phénomène d’induction/inhibition enzymatique et la modification de ses capacités fonctionnelles pourrait, par effet de cascade, perturber la cinétique du DXM et de son métabolite[11].


D’autre part, la prise concomitante de 2 substrats d’une même enzyme peut impliquer un phénomène de compétition perturbant la cinétique des 2 produits[12].


Ainsi, la prise d’inhibiteurs ou d’inducteur enzymatiques, ou de substrats compétitifs des enzymes impliquées dans le métabolisme du DXM, pourrait modifier le ratio DXM/DXO et modifier les effets attendus d’une prise de DXM[11] (puisque DXM et DXO n’ont pas les même effets, voir ci-dessous).


Pharmacodynamique (PD)

Le DXM possède les propriétés pharmacodynamiques suivantes[13] :

  • agoniste des récepteurs σ (sigma)
  • inhibiteur de recapture de la sérotonine et de la noradrénaline
  • antagoniste de certains récepteurs cholinergiques nicotiniques
  • agoniste des récepteurs opioïdes μ (mu), δ (delta) et κ (kappa)
  • antagoniste des récepteurs glutamatergiques NMDA


Le DXM agit principalement par inhibition de la recapture de la sérotonine (et, plus faiblement, de la noradrénaline) et par agonisme des récepteurs σ. Il présente des affinités faibles pour les autres récepteurs.


Le DXO, métabolite du DXM, possède une affinité bien supérieure pour les récepteurs NDMA. Cette activité serait responsable des effets dissociatifs[11] (pour info, la kétamine est un antagoniste des récepteurs NMDA).


Les effets obtenus suite à la prise de DXM résultent de l’addition des effets du DXM et du DXO, en fonction de la dynamique d’évolution de leurs concentrations respectives (dégradation de l’un, formation de l’autre). On imagine alors que la prise de molécules altérant les capacités enzymatiques puisse modifier les effets ressentis.


Utilisation détournée

L’usage détourné du DXM à des fins récréatives est fréquent et a déjà attiré l’attention de l’Afssaps[14].

Les effets recherchés sont principalement les effets hallucinogènes et dissociatifs.


Les usagers de DXM ont divisé les effets en 5 plateaux[5][7][15]:

  • 1er plateau (1,5 - 2.5 mg/kg) :

Effet léger. Présence d’une stimulation et d’une euphorie. Sensation d’être légèrement ivre ou défoncé. Les couleurs et les sons peuvent sembler différents (plus riches, plus profonds) mais il n’y a pas de véritables hallucinations. Légère altération motrice.

  • 2ème plateau (2,5 – 7,5 mg/kg) :

C’est le plateau considéré le plus récréatif. Les hallucinations yeux fermés (closed-eye visuals, CEV) commencent, parfois sous forme de matérialisation imagée de l’imagination. Des perturbations de la vision yeux ouverts peuvent être présentes (vision dédoublée). Effet caractéristique de flanging (ou framing) : les influx sensoriels semblent découpés en morceaux (comme un film en lecture image par image). Un effet motivationnel est présent. Un body high se manifeste, les nausées sont fréquentes. La coordination motrice est plus fortement perturbée.

  • 3ème plateau (7,5 - 15 mg/kg) :

Effets très intenses, l’expérience peut être déplaisante voire très anxiogène. Les hallucinations apparaissent les yeux ouverts. L’expérience devient mentale (sentiment de renaissance, retour de souvenir oubliés ou refoulés, etc…). La coordination motrice est très affectée.

  • 4ème plateau (> 15 mg/kg) :

Expérience dissociative complète. Perte du contact avec le corps, expériences de type « mort imminente », sensation d’entrer en contact avec des « êtres supérieurs », idées délirantes, etc…

  • Plateau sigma :

Plateau qui se manifesterait lors de la répétition des prises sur une période courte. Présence d’hallucinations visuelles et auditives. Les éléments du délire (Dieu, Aliens…) peuvent être intégrés dans la réalité quotidienne. Le sujet peut entendre des voix auxquelles il sera susceptible d’obéir. Les pensées sont complètement perturbées. La majorité des utilisateurs ayant atteint ce plateau auraient trouvé l’expérience très déplaisante et ne souhaiteraient jamais recommencer[15].


Réduction des risques

  • Utiliser des médicaments qui ne contiennent que du DXM afin d’éviter un surdosage d’éventuels autres principes actifs.


  • Eviter au maximum de réaliser des combos avec le DXM (y compris avec alcool). Toujours préférer le consommer seul. Dans le cas contraire, être conscient des interactions possibles, notamment avec les substances à activité sérotoninergique. En particulier les antidépresseurs et la MDMA ou ses analogues.


  • Avoir un « gardien » sobre qui veille sur vous lors de la prise d’un produit est une précaution générale applicable à toutes les substances. Néanmoins, pour le DXM, elle est indispensable, notamment pour atteindre les plateaux les plus élevés (incoordination motrice couplée à des vomissements pouvant aboutir à une inhalation de ceux-ci et à un syndrome de Mendelson (="se noyer dans on vomi"), délire avec risque d’accidents, possibilité d’attaques de panique…).


  • Commencer à faible dose pour se familiariser avec le produit.


  • Respecter les précautions générales concernant le Set & Setting.


  • Ne JAMAIS conduire sous l’emprise DXM.


Témoignages

« J'ai essayé le DXM à trois reprises, c'est une molécule très intéressante mais son usage demande pas mal de préparation. Déjà la durée est particulièrement longue et même une fois les effets psychédéliques terminés il te restera une fatigue physique importante, même le lendemain voir l'après lendemain. Tu risques aussi d'avoir la vue très trouble, pas pratique en cas d'impératifs.

En gros si tu veux en consommer je te conseille d'avaler tes cachetons (évite le sirop qui te donnera une chiasse monstre) dès le matin, et d'être sûr d'avoir au moins 2 jours entiers tranquille. Si tu stresses qu'un parent vienne te voir ou si tu as du boulot qui t'attend, c'est mort ! Tu seras aussi assez incapacité physiquement selon le dosage que tu ingères. Prépare tout ce dont tu auras besoin sur une table (quelques trucs à manger, de l'eau, une bassine en cas de vomi, un baladeur et un casque pour écouter ta musique préférée). Prévois des couvertures, des vêtements confortables... Ne prends tes calmants qu'en cas de grosse angoisse, il y a de fortes chances que tu saches vaincre l'angoisse par toi-même et ce sera bien plus enrichissant pour toi. Avoir des personnes clean avec toi est une bonne chose, mais il faut qu'elles sachent à quoi s'attendre avec toi. Elles doivent être autant informées que toi sur le produit et les effets, te connaitre, savoir te gérer sans te juger... Il faut aussi qu'elles puissent s'occuper et te laisser tranquille quand tu le voudras. Le DXM est très intéressant quand on est face à face avec soi-même dans sa tête, les yeux fermés. Tu risques d'avoir du mal à suivre et d'être confus parfois, c'est normal, ça fait partie des effets du produit selon le plateau que tu atteints.

»
-(Source, Sludge, Psychoactif)


« 13h11 : prise. Degeu on sent bien le gout pharmaceutique de la prod.

13h59  : j’ai gerbé, c’est bon c’est partit. Monté lente et progressive. J’booste le son.

14h11 : j’me suis vide de l’autre cote. J’espere que j’ai tout evacué. Le trip continue en progressif.

14h26 : sensation de vide je ne fais qu’un avec la musique. Sensation d’être sous cloche

14h35 : regerbe. Arggg. Défonce physique comme si j’étais bourré , j’allume kk lumières . J ai l’impression d’avoir kk hallu.

14h39 : c’est de +en+ physique. J’sens mon corps s’étendre et s’élever.

15h : j’voyage entre richesse et pauvreté, ciel et terre. Fractal et confinement 3D profond

15h12 : monde parallèle ou je danse en touchant des equalizer

15h41 : j’voyage dans tous les sens. Je résoud toutes les équations a tous les pb. Certains détails me font douter. Dans quel monde j’ai atterit ?

15h56 : et ben il s’en est passé des choses. Un gros bordel, tout sauf spatial. J’decolle pas de terre.

16h07 : canard wc vient d’rebouffer. Ma tracklist deeptrip ne m atteins pas. Il faut que je corrige le tir. Speak in sympathy fini que j ai l'impression de descendre (deja).

16h24 : et merde jsuis en train d’atterir. […]

Expérience introspective et voyage spatial non aboutie. On garde les para a l ancienne et on poussera la prochaine fois. Tres decu. J ai pas pu m envoyer sur orbite et atteindre mon très bon plateau 2 à 700mg

»
-(Source, Onicks, Psychoactif)


« 17h50: En fermant les yeux, mon esprit est entrainé dans une spirale de reflexions introspectives. J'arrive à poser des mots sur mon sentiments, mes émotions, j'arrive à déceler certaines causes de mon anxiété. Je revois des souvenirs d'enfance émerger. Mon ami J me dis qu'il a chaud. J'ai l'impression que ma tête est sur le point d'exploser. Je ne ressent plus mon corps, mes jambes, mes bras. Dès que je tourne la tête, ma vision est décallée d'au moins 1-2 sec. J'ai l'impression d'avoir tourner sur moi même pendant 5min, ma vision fais des hauts et des bas.

18h30: je parle avec mon pote et j'ai l'impression qu'une synergie se constitue entre nous 2. On échange à peine quelques mots mais on a l'impression de se comprendre complètement. Comme de la télépathie. On coupe le son. On commence à se sentir un peu oppressé dans mon appart, donc nous décidons de sortir dehors et d'aller nous poser sur une colline derrière chez moi. Nous avons beaucoup de peine à marcher droit, je me sent super léger et je marche sans sentir mes jambes. J'ai l'impression d'être sur le bloc opératoire, anesthésié mais sans m'endormir. Nous arrivons sur la but et prenons la décision de ne fumer ni clope, ni joint, ni rien d'autres, juste attendre de redescendre. Je suis sur cette colline, assis en tailleur, je ferme les yeux et mon esprit se retrouve comme pris au piège dans des montagnes russes, ça monte, ça descends, j'ai de fortes hallucinations visuelles les yeux fermés. Des formes, des couleurs, des motifs c'est franchement impressionnant. Mais mon ami J semble un peu contrarié. Je lui demande s'il va bien et il me réponds à peine. Je lui demande: tu as peur?, il me réponds: oui. Je le regarde dans les yeux et lui dis, tu n'a pas à avoir peur. Je comprends qu'au fond de lui il a surement peur de jamais redescendre car sur cette colline nous avons eu notre "pic", les moments les plus intenses. Je lui fais comprendre calmement qu'il va redescendre bien qu'il ai l'impression qu'il pourrait rester comme ça pour toujours. Je vois un grand sourire se dessiner sur son visage, il se lève d'un bond et me dis qu'il va mieux. On décide de redescendre dans mon appart. On a vraiment perdu la notion du temps alors on regarde régulièrement l'heure. Arrivé à mon appart on prend la décision de tout faire pour retrouver le contact avec la réalité. Nous sommes comme propulser dans un rêve. On prend chacun un guronzan pour la vitamine C. On ouvre toutes les fenêtres pour recevoir un maximum d'air. Vers 19h30, on commence un peu descendre, je prépare 2 thés à la menthe et on se pose dans petit jardin avec une clope. On regarde le ciel, ça commence à aller mieux.

»
-(Source, Muut, Lucid-state)


« Quand les effets sont montés vers minuit, je commence à sauter pour voir si j’avais l’impression de sauter haut comme mes potes. Ca avait l’air de plutôt bien marcher. Puis je me met du « Hardstyle » « pour fusionner » avec la musique, mais tout ce que j’ai réussi à faire c’est sauter comme un con avec le rythme. Un peu déçu pour la fusion. […] Un pote vient me voir deux fois pour que je lui passe « ma musique » mais je lui dis d’attendre que je finisse. C’est là que j’ai un trou de mémoire. Je me rappelle juste qu’il avait une grosse tête et que je suis resté par terre en fermant les yeux pour écouter la musique.

Pendant ma perte de mémoire je demande à ce qu’on me passe un duvet et je reste couché par terre en demandant à tout prix que ça s’arrête. J’ai l’impression que je vais mourir et que je vis mes dernières minutes. Tout se mélange dans ma tête, je vois des images déformés de l’endroit où on est, et je suis plus maître de mon corps : je me rends pas compte que je parle à mes potes en demandant que ça s’arrête, et je me réveille genre 20 fois en 10 minutes. Le temps passe extrêmement lentement et je prie de ne pas devenir pas fou. Je parle russe à mes réveils (je le parle couramment) en disant n’importe quoi et je pense à mes parents (qui sont décédés). Je me dis que je vais crever encore et encore pendant environ une demi-heure (je regardais souvent mon portable pour voir l’heure). Quand j’essayait de m’endormir j’avais l’impression de tourner sur moi-même, de faire des vagues. C’est vers 1h30 du mat’ que j’essaye de me calmer et respirer doucement. En fait je me calme et me met debout vers 2h00 du mat’. Je n’avais plus de notion de distance, et j’avais des distorsions visuelles importantes (je voyait mes pieds genre deux fois plus près qu’à la normale). Je commence à parler avec mes potes qui étaient en train de redescendre et j’attendais la même chose. J’avais la gorge sèche et j’ai demandé de l’eau mais le problème c’est que je n’arrivais pas à boire et j’avais peur d’inspirer l’eau par les poumons. En effet, mon esprit s’était détaché de mon corps depuis que j’étais par terre.

»
-(Source, CyborgR, Psychonaut)


« 22h30 :J'apprécie le son, il rentre dans mes oreilles et me rempli la tête. Je me concentre sur ma respiration, et là je pars. Il y avait une immense chaleur, je ne pouvais plus bouger et j'avais l'impression qu'il n'y avait plus rien. J'étais dans le vide, le néant. J'ai eut peur. Je me suis rendu compte que j'étais seul, qu'on étais toujours seul et qu'il y avait jamais personne durant toute notre vie. Même adulte, on est livré à nous même, on est des paumés depuis la naissance et on doit se débrouiller. C'est pas le temps qui passe, ou encore notre job qui change quelque chose à ça... on reste seul. C'est venu comme ça, comme une évidence. Quelque chose qui avait toujours été là, et qui le sera toujours, la solitude. J'essayais de savoir si je devais l'accepter ou bien si je devais essayer de voir la chose autrement. Et finalement, j'ai pensé aux vrais amis, à la famille, et ça m'a rassuré. Mais de suite, je suis parti sur autre chose, sans que je puisse faire quelque chose. Je me suis mis à penser que j'allais toujours voir comme ça, vivre comme ça, rester coincé. La peur de base, récurrente à toute personne sous psyché non ? Comme si à ce moment là, on fuyait ce qu'on s'inflige en prenant de la drogue. Comme si, notre ancrage à la réalité restait toujours là, dans notre subconscient, et nous mettait à l'épreuve. Mais j'ai pas eut peur cette fois-ci, j'étais toujours conscient de ce que j'avais pris, et je savais que dans quelques heures ça serait fini.

Jusqu'au moment où mon esprit m'a mis dans la peau d'un parfait schizophrène : être à l'écart de ceux qu'on aime, ne plus pouvoir communiquer, ne plus être adapté à notre société. Notre statut, notre rôle, notre sensibilité qui nous à été transmise disparaissent. Tout les codes qui tiennent du symbolique et du culturel et qui nous permettent de nous exprimer s'effacent et nous laissent là, vide, dans nos propres limites et notre propre monde. Mais j'ai fini par accepter, c'était une maladie comme une autre, avec de nombreux cas. Il y avait non pas de guérison, mais des médicaments pour calmer certains symptômes, et cet univers là, ce monde là qui nous est différent, n'était peut-être pas invivable. Peut-être est-il meilleur ?

00h30 : Je ressors de ce néant, et reviens sur terre, mais je ne peux toujours pas bouger. J'ai les yeux fixés en face de moi, et je vois des halos de lumière qui ondulent. On dirait une aurore boréale. Ça passe du bleu, au vert, puis au jaune, ça se déplace de gauche à droite. J'observe ça avec beaucoup d'étonnement et de fascination. Je ferme les yeux et m'aperçois que je vois encore beaucoup de choses avec les yeux fermés. C'est comme si j'avais une télé fixée devant chaque œil. On se croirait dans un cartoon, il y a plein de couleur, ça part dans tout les sens, et tout prend forme grâce aux vibrations de la trance. Je repars un peu, j'ai l'impression de voir la cime d'une forêt, je reste un moment sur cette vision jusqu'à voir des symboles, puis des liaisons comme sur un circuit imprimé.

1h : Je suis à nouveau dans ma chambre, moins scotché au lit qu'auparavant, et je peux maintenant écrire sur l'ordinateur.

»
-(Source, Abédo, Psychonaut)


Références