« Histoire de la réduction des risques liés à l'usage de drogues » : différence entre les versions

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Début 1987, Michèle Barzach réaffirme ses positions en faveur de la libéralisation des seringues dans le Quotidien du pharmacien<ref>Le Quotidien du Pharmacien, 8 janvier 1987 : « Seringues en vente libre : l'Académie et l'Ordre d'accord avec Mme Barzach ».</ref>, dans le sillage de prises de position favorables de l'académie de pharmacie et de l'ordre des pharmaciens, à la lumière des expériences anglaises et danoises. En février, elle annonce que le gouvernement va suspendre par un décret les restrictions concernant la vente des seringues en pharmacie, pour une durée d'un an. Malgré une dernière rafale de critiques, le décret est publié et son évaluation mise en place. La mesure sera renouvelée et finalement pérennisée en août 1989 par Claude Evin.
Début 1987, Michèle Barzach réaffirme ses positions en faveur de la libéralisation des seringues dans le Quotidien du pharmacien<ref>Le Quotidien du Pharmacien, 8 janvier 1987 : « Seringues en vente libre : l'Académie et l'Ordre d'accord avec Mme Barzach ».</ref>, dans le sillage de prises de position favorables de l'académie de pharmacie et de l'ordre des pharmaciens, à la lumière des expériences anglaises et danoises. En février, elle annonce que le gouvernement va suspendre par un décret les restrictions concernant la vente des seringues en pharmacie, pour une durée d'un an. Malgré une dernière rafale de critiques, le décret est publié et son évaluation mise en place. La mesure sera renouvelée et finalement pérennisée en août 1989 par Claude Evin.
== Les initiatives de santé publique :Médecins du Monde et « l’ingérence » ==
En 1988, alors que la gauche revient au pouvoir, le Ministre de la Santé Claude Evin demande au professeur Got d'établir un rapport sur le Sida. Remis en octobre 1988, celui-ci met en évidence les défaillances du système de santé et fonde la politique de lutte contre le sida en mettant en place un dispositif spécifique. Il renforce les moyens de la Division Sida de la Direction Générale de la Santé (DGS) et de la Mission Sida de la Direction des Hôpitaux (DH) et crée trois structures : l’Agence Française de Lutte contre le Sida (AFLS), l’Agence Nationale de Recherches sur le Sida (ANRS) et le Conseil National du Sida (CNS). Elles joueront un rôle important dans le développement de la réduction des risques et des actions de santé communautaire.
Un an plus tard, un rapport commandé à Catherine Trautmann, nouvelle présidente de la MILDT, fait le point sur la « lutte contre la toxicomanie et le trafic de stupéfiants », sans faire la jonction avec la question du sida. Ce rapport réaffirme le consensus rompu par Chalandon. En ce qui concerne la répression, il souhaite que les simples usagers n'aillent plus derrière les barreaux, mais il fait encore de la pénalisation de l'usage un repère indépassable. Le système de soin est conforté, mais sur 267 pages, seules 2 sont consacrées au sida… et le rapport affirme que « la lutte contre le sida ne passe pas par une révision de la lutte contre la toxicomanie. Au contraire »<ref>Catherine Trautmann, « Lutte contre la toxicomanie et le trafic de stupéfiants : rapport au Premier ministre », op.cit., pp.173-174.</ref>. La réduction des risques n’y est donc même pas évoquée.
À contre-courant de ce contexte, de nouveaux acteurs vont relier les questions de drogues et de sida dans de nouvelles pratiques. Une association humanitaire, Médecin du Monde (MdM) sera un précurseur de la lutte contre le sida, la première à ouvrir un centre de dépistage du VIH anonyme et gratuit, un programme d'échange de seringue, puis à mettre au point un kit d'injection, à créer un bus méthadone « bas seuil »… Dans un premier temps, MdM quitte le seul champ international pour s'impliquer en France sur les effets de la crise économique et l’accentuation de la précarisation, ouvrant en 1986 une consultation pour l'accès aux soins des exclus et, parmi eux, des toxicomanes. Les médecins de la mission France se sensibilisent à ces nouveaux patients. En 1987, MdM ouvre son centre de dépistage anonyme et gratuit, 20 % des séropositifs sont des usagers de drogues. Le président de MdM, Patrick Aeberhard découvre à New York les actions de RdR avec Ernie Drucker, professeur de santé publique. D'autres observent qu’à Amsterdam et Liverpool des mesures de santé publique permettent aux usagers de protéger leur santé. Début 1989, naît l'idée de créer le centre d'accueil Sida Toxicomanie Famille, rue du Jura, en utilisant l'échange de seringue comme l’un des outils de contact avec une partie de cette population. Après une tentative vaine avec l’hôpital Marmottan, MdM décide d’utiliser le « droit d'ingérence dans le système de soin face à l'urgence »<ref>Aurélie Gal, « L'engagement d'une organisation de solidarité international auprès des usagers de drogues : les programme de RdR de médecin du monde, 98-99 ». </ref> pour initier un programme d'échange de seringue (PES) à Paris fin 1989.
Soucieuse de préserver son leadership, l'administration sollicite deux autres équipes à Marseille et en Seine Saint Denis, zones très touchées par le VIH, pour y porter un PES. En juin à Lyon, lors des journées de l'ANIT, Claude Evin annonce la pérennisation du libre accès aux seringues en pharmacie complété par « un dispositif expérimental d’échange de seringue, le tout accompagné d'une évaluation rigoureuse »<ref>Libération 22 juin 1989 : « Claude Evin veut protéger les toxicomanes du sida ».</ref>.


==Bibliographie==
==Bibliographie==
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