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À propos du manque 



Je me souviens avoir écrit un jour :

trop peu de réponses
trop de questions

quelque chose manque
quelque chose manque toujours
quelque chose viendra toujours
à  manquer à  l'appel
du corps et de la tête

aux besoins les plus élémentaires

on entend bien qu'on sonne creux
à  tel point qu'on doit se remplir
encore et encore pour faire taire l'écho

on n'oublie jamais qu'on est construit
autour d'un vide, autour d'un manque
un manque de quoi  ? un vide comment  ?
pourquoi même plein l'écho ne se tait pas ?

trop de questions
trop peu de réponses

Je me suis toujours demandé si on ne se défonçait pas, à  la base, pour combler un manque. Un manque qui n'aurait pas de nom, un manque qu'on ne parviendrait ni à  identifier, ni à  définir. Parce qu'il y a forcément un manque. Est-ce qu'on aurait besoin de se remplir de substances étrangères, sinon ?

Ce manque, ça pourrait être un vide affectif. L'amour d'une mère qui a manqué, l'amour d'un père. Ou alors l'amour qu'on se porte, l'estime de soi à  jamais blessée par un parcours compliqué. Je me dis que même si on commence souvent pour faire comme les potes, pour ne pas avoir l'air d'un con, d'un ringard, du "boloss" de service, les raisons pour lesquelles on accroche sont plus subtiles et difficiles à  comprendre. Ceux qui n'accrochent pas, ceux qui ne sombrent pas dans la dépendance sont-ils ceux qui en réalité ne manquaient de rien, ou en tout cas de rien de fondamental ? C'est une hypothèse.

La drogue est une dose d'amour. Au delà  du plaisir et de l'expérience, la drogue apporte du réconfort. La sensation d'exister et de vivre pleinement. La sensation d'être au monde. Un peu à  côté, certes, mais en symbiose. Ça vient parfaitement combler le manque. Car la drogue est toujours taillée à  la mesure de notre solitude et de nos carences. Elle s'insère dans les espaces vides. Elle prend possession du terrain. Avec elle, on ne manque plus de rien. Hein mon Pierrot, on n'est pas bien, là  ? Paisibles, à  la fraiche, décontractés du gland ?

Le problème, c'est qu'à  la longue, on se défonce uniquement pour combler le manque qu'on ressent dès qu'on ne se défonce plus ou pas assez. On se défonce pour oublier qu'on va mal quand on est en manque. La défonce finit par ne plus rien apporter d'autre que la paix et l'équilibre qui précédaient la défonce, cette paix et cet équilibre dont on a oublié à  quel point ils étaient fragile, foireux, inexistants, illusoires. Ce n'était ni la paix ni l'équilibre, mais on idéalise ce temps où on n'était pas sous dépendance, pas encore aliéné. En fait, c'était l'enfer, mais c'est plus commode de faire comme si c'était l'âge d'or.

On n'a pas sombré pour rien. Maintenant ça revient à  l'esprit. J'étais mal. Mais c'est trop tard, maintenant. Le piège s'est refermé, et le cercle qu'on a trop caressé est devenu vicieux.

La défonce a servi de boite de dérivation. De vernis. De leurre. De sorte que le manque, le manque premier, celui qui nous avait justement poussé vers les produits, lui, il demeure intact. Il n'y a rien de réglé.

J'en suis là . Pas plus avancé, mais en chemin tout de même. Quand j'aurai compris de quoi je manque vraiment, sans doute que j'aurais fait un grand pas en avant – dans la direction opposée au gouffre.

(à  suivre)


Catégorie : Témoignages - 08 février 2016 à  07:17



Commentaires
#1 Posté par : Peinard 08 février 2016 à  13:04
Je ne sais qu'ajouter, tellement c'est le c œur de mon questionnement actuel, mais je n'aurais pas su le coucher si bien "sur le papier".

Très beaux vers, au passage.

Bon courage pour ton cheminement,
Au plaisir de lire la suite, quand elle viendra.

 
#2 Posté par : Syam 08 février 2016 à  13:22
D'accord avec Peinard, poser les bonnes questions est la partie importante. Pas très utile à  ce niveau de développer des réponses théoriques mais plus utile d'encourager à  continuer ce questionnement et à  chercher sincèrement les options véritables.

 
#3 Posté par : bighorsse 08 février 2016 à  19:22
Souvent poser une question suppose que la réponse est qq part à  porter de soi..
Je suis aussi persuadée que les grands toxico sont des gens qui au départ souffrent d un manque fondamental, qui se produit fort tôt dans la constitution de soi...l adolescence avec ses poussées sexuelles et hormonales , ses remaniements cérébraux , vient réactivée ce manque constitutif...c est la que la rencontre avec un produit peut devenir un moyen puis le moyen de se sentir UN , comble ...la répétition des gestes de défonce deviennent une nécessité afin de maintenir le soi uni....
C est pourquoi l adolescence est le point de rupture d avec l avant ...bcp de destin se forge à  ce moment...sans pour autant qu on reste à  vie figé dans un même schéma ..
Il faudra du temps , des rencontres positives, etc...pour peu à  peu conserver un ciment unifiant sans avoir nécessairement besoin de prod....sinon cette fragilité de soi peut être consolidee avec la metha ...même à  vie pour certains ...ce qui montre que ds le fond ce n est pas la dopé qui est responsable des faillite du soi mais bien qq chose de très profond ...
Ça explique pourquoi des gens malgré leurs aptitudes les maltraitances que la société inflige aux tox , ces gens continueront à  consommer ...

 
#4 Posté par : polytoks 08 février 2016 à  21:16
Merci à  vous trois pour vos retours. Vous ne savez à  quel point ça fait du bien de pouvoir laisser sortir tout ça.

@bighorsse : ça m'interpelle ce que tu dis. Tu as raison pour l'adolescence. Quand je repense à  la mienne, j'ai illico envie de me pendre. Un total black-out.

 
#5 Posté par : Sniper 09 février 2016 à  13:29
Le manque
Une des pires saloperies sur terre.
Ca part par une boule au fin fond de la gorge,chaude et désagréable.
Avec le temps qui passe cette boule devient de plus en plus gênante et désagréable jusqu'à  la nausée
Mais notre corps  fait tout pour nous faire comprendre que le besoin de drogue est de plus en plus pressé :
  Les bâillements à  se décrocher la mandibule deviennent încessants, nos yeux pleurent comme si on avait 10kg d'ognions sous le nez ...
Et puis si on prive toujours notre corps
De
Sa dope on commence ensuite à  vider ses tripes et à  sortir d'on ne sait où de la
Bile qui fait penser à l'orangina mais la comparaison s'arrête là .vomir de la bile est d'ailleurs assez douloureux en plus d'être désagréable,
Bref c'est ca le manque pour moi,
Et dès que t'as ga boulette d'héro dans la main tu vas un peu moins mal et tu retrouves la marche rapide car il n'y a qu'un seul truc qui compte : s'envoyer la came,et quand ce moment est arrivé t'appuie sur sur le piston, et le temps que là  dopé aille du pied au c œur t'as 10 secondes à  attendre et la, c'est magique tout le mal s'envole et tu peux de nouveau fonctionner car perso quand je fais une crise de manque je suis bon à  rien et je peux même pas aller acheter ma came!,en gros je me tape une demi journée de bigs nausées et de vomissements,je suis un vrai légume pourri et dégueu
Le manque physique c'est le "grand méchant loup "des héroïnomanes,une de leurs pires craintes,pour plus qu'il nou tenaille on fait parfois des grosses conneries dont le seul avantage est que tu n'as pas de soucis de payer gaz ou loyer vu que t'es dans une petite cellule douillette grande comme une vraiment petite pièce à  vivre à  4,
Tout ça pour dire qu'en. Manque on perd pleins de repères censes et on se rend à  peine compte que ce qu'on va faire pour trouver la tune et la dope est les 3/4 du temps illegal mais ce qui compte c'est d'ARRETER CE PT1DE MALAISE !!!

 
#6 Posté par : polytoks 09 février 2016 à  18:38
Bonjour sniper,

Merci beaucoup pour ton témoignage. Ça recadre bien les choses. Clair que j'ai pas vécu de manque aussi hardcore. Ça ressemble à  des symptômes que j'ai bien connu, mais c'était moins intense et surtout moins lourd de conséquences.

C'est toujours assez facile de trouver 3 ou 4 euros et une pharmacie ouverte.

A+

 
#7 Posté par : bighorsse 09 février 2016 à  19:14
Arrêter un vrai manque avec de la code ? Dans votre monde peut être , avec la lessive qu on vous vend mais j ai connu un manque tel que même un litre de wisky ne te rendait même pas saoul, que le néo codion était gerber , que le chaud et le froid venait des enfers, que l intestin se transformait en boa constrictor et cherchait à  T avaler, que tes jambes couraient sans le reste du corps, que tu te mettais à  puer pire qu un wc bouche , et la c était la limite à  partir de laquelle LE manque arrivait pour au moins 10 jours....les mêmes symptômes avec en plus l insomnie radicale , impossible à  éradiquer...la bataille des benzos commençaient alors....le grand perdant était l esprit car à  force de subir l invasion par la douleur , l irréductibilité des insomnies , le grand vacillement engendrer par manque et benzo te faisaient te haïr comme c était pas permis....heureusement qu avec nos ingéniosités multipliées  grâce au manque on trouvait la force de se rendre ou il fallait afin de mettre fin à  cette torture...

Les temps ont changé , heureusement... Les TSO ont ouvert une porte à  une sortie de secours ...ils peuvent servir autant contre le manque ponctuel que pour être substitue ....cette double casquette ne devrait pas être remise en cause ...s éviter des manques terrifiants c est se sauvegarder qq années de vie en plus à  chaque fois...
Car le manque ça use ..et le corps et l esprit... Ce qui se paie d ailleurs vers les 50 balaies quand tu crois être enfin libéré de tout démon ......

 
#8 Posté par : polytoks 09 février 2016 à  19:32

bighorsse a écrit

Arrêter un vrai manque avec de la code ? Dans votre monde peut être...

Non, non, c'est pas ça que j'ai dit. Mais c'est vrai que maintenant que je me relis, mon dernier post n'était pas très clair. Je voulais dire que je n'avais pas vécu de manque aussi hardcore que Sniper (et que toi, par conséquent), tout simplement parce que je n'ai jamais été dépendant à  l'héro.
Le manque de codé, je connais bien. Ça ressemble aussi à  une putain de grippe doublée d'une putain de gastro, mais c'est clairement moins violent (et surtout moins long) que ce que vous décrivez tous les deux. C'est pour ça que je disais que ça a toujours été moins intense pour moi, même sevré à  la dure.
Voilà .


 
#9 Posté par : Sniper 09 février 2016 à  23:43
Tu sais mes symptômes de manque ne sont pas plus forts qu'avec n'importe quel Addict a l'héroïne,et qui jusqu'à  présent s'automediquaient du genre acheter un peu de produits TSO au black.c'est ce que j'ai fait pendant des années.la plupart y trouvent leur compte car à  certains endroits à  Paris c'est la pharmacie de la rue ou les produits phares sont le Skenan,subu (gélules ou fioles), et j'en oubies, ce qui s'avère pratique si t'es malade comme un enculé tu peux te soigner de suite, il y a même au moins 4 machines qui donnent des Stéri bref. C cool et pratique et les flics laissent faire la bas.
Mais il est vrai que l'état de manque avancé est un des pires truc qu'il peut arriver à  un ( je parle à  titre perso)comme moi consommateur malheureusement d'hero
Tu et ces produis type métha. Ou autres Skenan que j'achetais lorsQue j'avais Rien en dope., ça permet tout de même de. Ne pas être trop maol voir correct mais  tant qu'on a du fric c nét'´c l'héro qu'on veut avant tout, mais on peu toujours prendre une gélule pour virer le manque a coup de pied au cul, et si pas de manque ca va, nos soucis et autres merdes nous laissent quelques heures de répit !!!!
Mai s c'est tjrs usant au fil des années et des années de se battre avec ses problèmes d'addiction, on est et sera tjrs en lutte contre nous mêmes parce que mon comportement d'addict caché quelque chose de plus profond, et qui si on ne chèche pas lne tomberas pas comme ça...,
Sur ce ds' si. Mal ecrit mai pas dormi  et besoin de quelques verres .... Mon hépatite C chronique et â un stà de fibrose f3 n'apprécie vraiment pas les pourtant quelques  verres quotidiens mais je suis parfois obigé de succomber à  un café Cognac ou même calva, j'ai peur de basculer petit à  petit dans la conso compulsive et obligatoire d'alcool quotidien....
Voila  n'arrive plus à  ouvrir les yeux je  lis laisse et â très bientôt

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