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C’est un beau jour pour ne pas mourir 



C’est un beau jour pour ne pas mourir.
J’aurai pu titrer aussi Juste après la pluie.

L’année 2019 touche à sa fin.
C’est con, je trouve ça absurde, et pourtant, je crois bien que je fais partie de ces gens qui se sentent obliger de faire un bilan de l’année écoulée quand vient la fin du mois de décembre.

La, c’est encore pire, parce qu’on termine une année en 9, qui annonce une nouvelle décennie.
En plus des 12 mois passés, je me retourne sur ces 10 dernières années.
Je regarde ma vie.
Je me regarde.

Et là, maintenant, je me sens bien.
Je suis contente de finir 2019 comme ça.
De le penser, et de pouvoir l’ecrire avec sincérité.
Je me sens bien.
C’est un beau jour pour ne pas mourir.

J’ai beaucoup écrit ici sur ces 10 dernières années.

En 2009, j’ai 18 ans.
Je commence doucement ma vie d’adulte.
Je monte les marches, j’entame aussi plusieurs années de souffrance et d’errances.
J’ai eu beaucoup de joie, de rires. Des peines et des larmes beaucoup, aussi.
Je crois que j’aime aussi vivre ainsi. Intensément.
On appelle ça la fureur de vivre. Je crois.
Quand je le retourne sur ses 10 dernières années, j’ai beaucoup de regrets, contrairement à Edith.
Je ne comprends pas toujours les chemins que j’ai emprunté.
J’eprouve de la tristesse en pensant à tout ce temps passé, à tout ce temps gâché, et a tout ce temps perdu. Ça, c’est Pétula Clark qui le chante, dans la nuit n’en finit plus.
Cette chanson, je l’ai écouté en boucle, et c’etait comme si elle avait été écrite pour moi.
j’ai me ces chansons françaises , qu’on peut trouver un peu niaise, un peu mièvre , et qui pourtant parlent de la vie, de nous, de nos histoires, de nos amours, de nos chagrins.
Elles me disent que je ne suis pas toute seule, et que les mots sont toujours là, que grâce à eux on se sent vivant, qu’on existe bien, même quand on se sent vide et qu’on ne trouve plus aucun sens à tous nos actes.

Ces 10 dernières années, j’ai tout brûlé.
Serge Gainsbourg dit qu’il con ait ses limites, c’est pourquoi il va au delà.
Je suis allée au delà de moi même sans savoir qui j’etzis vraiment.
J’ai voulu faire de ma vie un roman.
J’ai recherché des sensations.
La liberté. Le désir. Le plaisir.
Repousser les limites du corps, de l’energie, de l’existence.

Je ne sais pas si j’ai avancé, si j’ai reculé.
En tout cas, j’ai beaucoup bougé.
À l’intérieur de moi, j’ai beaucoup marché.
J’allais écrire un tour du monde, mais ce serait prétentieux. Il reste encore tant d’annes à vivre, à découvrir. Je pense qu’on ne s’arrete jamais de se connaître soi même, de bouger, de chercher son propre équilibré, son propre chemin.
C’est cette quête qui fait qu’on reste vivant.
Au fond , être éternellement insatisfait nous permet de rester debout.

J’ai beaucoup écrit sur les étapes de ces 10 dernières années.
Ici, j’ai mis des mots sur les souffrances.
Ils m’accompagnent et me hantent encore quelque fois.
J’eprouve pour eux une fascination morbide.
C’est moi, je le sais. C’est à la fois si proche et si lointain.
Je les regarde avec horreur , mais avec une pointe de nostalgie que j’ai du mal à m’avouer et a comprendre. Ce sont des mots qui me donnaient l’impression d’etre une héroïne de tragédie. Qui me disaient que j’etais différente, à part.
Ces mots là.
Anorexie. Boulimie. Modèle photo. Nue. Prostitution. Alcool. Cocaine. Dépression. Cure. Hôpital psychiatrique. Médicaments. Sexe. Prostitution. Et cocaine, encore.

Ces mots, ils me disaient.
Que j’avais une vie romanesque, et que donc je devais écrire, car cette histoire là devait bien servir à quelque chose.
J’avais pourtant déployé tant de.energie à garder cette histoire là secrète, j’avais pourtant toujours souhaité que cette partie de moi reste dans l’ombre...
Mais pas totalement, finalement.
Si j’ai écrit ici, c’est que je voulais la faire exister quelque part, cette histoire,
Et j’ai toujours espéré secrètement qu’un jour, elle se transformerait en autre chose, un roman, un texte, quelque chose.
Cet espoir est toujours là , malgré moi.

Je ne l’assume pas vraiment.

En janvier dernier, après 8 mois d’absence, 8 mois sans cocaine, je suis revenue écrire ici.
De temps en temps.
Et puis j’ai arrêté mes posts publics, réservant mes billets à un journal laissé en brouillon.
Un journal mensuel, pour tenir un compte de mes consommations.
Combien de g, dans quelles circonstances, quelle somme dépensée, avec quel argent.

Entre deux consommations, deux connexions, il n’y a rien.
Les trous, je les connais.
Les vides, ils ne sont que dans ma tête.
Je n’en laisse pas de traces.

Et pourtant, comme ils sont plein, ces vides là.
Et comme ces trous la, ils me remplissent.
Ce ne sont pas des trous noirs, ni blancs, ce sont des trous remplis de couleurs et de lumières .

C’est un beau jour pour ne pas mourir.

Le 1er Janvier 2020, cela fera 4 ans jour pour jour que j’ai rencontré la cocaine pour la première fois.
Elle a prit une grande place dans ma vie .
Elle en a encore une aujourd’hui, je ne peux pas le nier.

Mais de moins en moins.
Elle ne me contrôle plus.

Ce soir, si j’écris, c’est qu’elle est revenue.
Après un mois sans rien.
Et je suis heureuse de ce que je suis aujourd’hui.

J’ai retrouvé la maîtrise de moi même.
Je me sens de nouveau moi, pleine de vie.
J’arrive à rester seule chez moi, à rentrer seule, à profiter des jours, des week ends, à jouir des banalités, du quotidien, du sel de la vie sans rien.
J’ai retrouvé la petite lumière à l’interieur de moi, à parler, à ecouter, à être présente complètement, sans pensées parasites, sans espérer quelque chose d’autre, quelque chose de mieux, à accéder à une autre part de moi même.

C est un beau jour pour ne pas mourir.

Je ne dis pas au revoir à tout cela.
J’aime mes impulsions, mes ivresses, mes euphories, mes nuits blanches et mes folies.

J’aime ce besoin impérieux d’ecrire que me provoque ces respirations d’etoiles blanches.
J’y reviendrai.

Mais j’ai réussi à mettre des étoiles autrement.
Je suis amoureuse.
Je vais prendre un appartement avec celui que j’aime.
Je construis quelque chose.
Je me sens moi, comme je ne m’etqis pas sentie depuis bien longtemps.
Je suis ok avec moi même.
Je suis heureuse.

Alors au revoir 2019.
Et 2010.
Et bonjour 2020.

C’est un beau jour pour ne pas mourir.

Catégorie : Tranche de vie - 28 décembre 2019 à  04:39

Reputation de ce commentaire
 
oui c'est un beau jour pour ne pas mourir merci Hyrda



Commentaires
#1 Posté par : Psilosophia 28 décembre 2019 à  09:47

Je ne sais pas si j’ai avancé, si j’ai reculé.
En tout cas, j’ai beaucoup bougé.
À l’intérieur de moi, j’ai beaucoup marché.

Je dégaine rarement voire jamais de commentaire pour complimenter, mais là je m'efface devant la beauté et la stupeur que m'inspire ce passage. Merci à toi...


 
#2 Posté par : ismael77 28 décembre 2019 à  10:38

IsadoraD a écrit

j’ai beaucoup de regrets

magnifique texte!!!!
je me retrouve un peu et puis non, je ne regrette rien je n'ai pas "pu" faire autrement. Mais les thérapies ou plutôt la démarche de soin, m'a appris sur moi (mais rien aux psys malheureusement). Je me droguais et je me droguerais (conditionnel) encore et  toujours pour la même raison et quelque soit le présent.

Je ne sais pas si j'ai été amoureux mais c'est pareil : la solitude, à deux est encore plus existentielle. Jusqu'à ce qu'on soit trois, ce qui n'arriva pas, et que le seul amour dur, la filiation, qui dure, normalement, vive. Cet être issu du lien que je dois remplacer...par rien!

Mais j'ai construit mon bonheur avec une femme qui m'aimait malgré mon histoire, qui me fit m'apercevoir de ma force. Avant j'étais misérable et malheureux, sauf quand je l'ai rencontré, bien sur, on n'aime pas par pitié mais admiration.

Quand je fermerai l'ordinateur je devrais trouver mieux à faire que prendre de la coke, sans aucune récompense et c'est sur toujours cette souffrance, qui sera amplifiée par la prise que je ne ferai pas et pourtant j'ai droit moi aussi d'être rassuré et comblé,  comme tous les autres qui ont une famille, et même inquiet.
Je ne devrais pas être là.   
Ce serait une année parfaite pour mourir, je dois être maso, donnons nous un peu de temps et retissons, quitte ou double pour un an. C'est un peu différent maintenant que suis lu, mais on ne vit pas que d'écriture et encore moins la gloire d'être ceci ou cela, abstinent ou quoi...

Entre la solitude affective de ma prime jeunesse, et celle d'après la séparation, que la drogue venait essayer de combler. Vivre seul à en oublier le son de sa voix, ne voir que son dealer.
Si je t'ai dans la poche, mon képa, mon copain, je ne suis plus seul. Je suis "avec moi".

Et quand je construisais une vie "bourgeoise", moi qui sortais d'un taudis, à base de pavillon à Paris, voilier en Bretagne, avec  une épouse douce, jolie et intelligente, qui m'a aimé, comme je n'avais jamais été aimé.

Et moi, ça, j'ai aimé.

Se droguer c'est aussi dire au monde d'arrêter de faire semblant qu'on est tous incomplets, plus ou moins. Que la fin et le début sont maintenant../

Mais c'est encore pire d'avoir connu ça, et la came et le couple, pas en même temps ou pas souvent, et que ce bonheur soit avorté, comme l'enfant.

Dix ans d'amour, pas de passion, et des tentatives d'arrêter le temps, quelques heures, puis dix ans, de solitude...
Ca fait 6 ans que je dors seul et que je mange seul, et je ne vois aucune raison de ne pas mourir et de ne pas me défoncer, alors j'écris, c'est toujours ça de pris.

Tu écris super bien! merci


 
#3 Posté par : AJasAndAHalf 28 décembre 2019 à  12:15
tu me tiens compagnie, souvent je regarde si tu as posté quelque chose.

la cocaine est entrée dans ma vie il y'a un an, à 19 ans, elle est la tous les mois, j'essaye de la maintenir a distance.

moi aussi j'ai trouvé l'amour, le sain qui dure depuis quelques mois, je suis borderline et c'est la lueur d'une certaine stabilité dans ma vie, le regard sur l'avenir, peut etre arreter de se detruire j'espère, l'espoir d'une paix, d'enfin une motivation continue...


une phrase que tu écris ajd, c'est un beau jour pour ne pas mourir, j'ai justement tapé sur internet ce matin "j'ai envie de mourir", j'espère que ca ira mieux un jour, je crois que cette dépression, je me la traine de facon incontinue depuis que j'ai 15 piges.

je suis contente que tu sois encore la, j'espere que tu posteras encore. Merci

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