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Chronique d'HP (2011) plutot crever 



mardi, 26 juillet 2011, chronique d'HP
A l'orée de moi

Mes présences ici ne sont plus que sporadiques ; je passe trop de temps à  me reconstruire après le Grand Chaos. J'ai perdu toute une partie de moi, la dernière lisière de futilité qui me retenait au pays des vivants. Je suis aujourd'hui sans autre histoire que celle qui a débuté il y a un an et demi maintenant, après le suicide.

C'est compliqué de se raconter quand le fil est ténu : j'éprouve du mal à  me dire dans les cabinets des psys, alors de là  à  Ecrire...

J'ai l'impression [le sentiment] de ne plus savoir écrire, d'ailleurs. S'il me semble que je reconquière un peu de cette faculté, j'éprouve désormais un vrai handicap à  aligner les mots. Et c'est valable dans ma vie professionnelle, moi qui chiait des discours au kilomètre pour les seconds couteaux de la république.

Convalescent de la vie. Voilà , c'est ce que je suis, convalescent de la vie. Mon tissu social se résume à  peau de chagrin, les amis de l'écriture sont disspés, les amis tous courts évaporés : qui donc pourrait supporter sur le long terme la folie d'un homme. Que dire des amis de la fête ?

Car c'est bien de folie dont il s'agit, j'en suis certain. Celle qui conduit un homme à  se confronter à  sa propre mort parce que ce n'est plus que là  qu'il peut errer pour se ressentir vivant. Et non ! Nietzche à  tord, ce qui ne nous tue pas ne nous rends pas plus fort, ça nous laisse plutôt là , hébétés sur le chemin de la vétérance, ancien combattu de la vie.

Je me sens fantôme à  moi.

Et pourtant il demeure en moi l'envie d'être vivant. Pour ce faire, ce sont mes manques qu'il faut que je comble, mes insatisfactions. Il faut que je me console définitivement de l'arrachement au terreau familial, il faut que je laisse le deuil de mon propre deuil se faire, il faut que j'accepte de n'avoir pas été jeune et d'être entré tout de suite, dès la fin de l'adolescence, entré dans une longue agonie.

Qu'est Lazare devenu ? Et si la folie s'était emparée de lui, après la résurrection ?

Cette survivance au sida, je l'ai d'abord sous estimée, j'ai cru que je pouvais la considérer comme un fait négligeable dans mon chemin, alors que c'est un élément déterminant de moi.

Je. Quelle douleur.

Je. Arriverai-je un jour à  disserter sur autre chose.

Je.

Vivant, pourtant.

Catégorie : Témoignages - 30 avril 2016 à  02:32



Commentaires
#1 Posté par : bighorsse 30 avril 2016 à  02:49
vraiment dur ton vecu !

 
#2 Posté par : wastedreamor2 30 avril 2016 à  10:12
j'ai connu l'HP. Je considère qu'ils m'ont démolie. Internée 3semaines, puis plus de souvenirs de 2ans de ma vie parce que médocs trop forts. 8ans après je fais des cauchemars d'enfermement. J'ai fait de la cellule aussi, même avec le (non)traitement opi addict, ça ne m'a pas plus trauma que ça.

Moi c'est l'inverse ma vraie thérapie est sûrement induite par une forme de carthasis par l'écriture, qui a toujours été ma passion.
Une passion qu'on vient encore de me décrire comme de l'hypergraphie symptôme d'une maladie mentale ( je l ai bien mais de là  à  tout y ramener).

Les psys m'ont souvent déçue car à  chaque fois que je me suis investie et ai été honnête ça m'a valu un désintérêt certain, et c'est lassant,. Je me suis sentie comprise et épaulée ici. Pour aussi dérisoire que cela puisse paraître. Alors je préfère écrire, que je publie ou pas.

Ton écriture vaut le détour, ton vécu aussi.

Le meilleur ami de mon copain (aka mon beau frère)est un survivant du DASS des années 80. Son taux de virus est nul, son VHC aussi. Je crois qu'il a du mal à  accepter d'être vivant. Ses choix de vie depuis dix ans ne lui sont pas hyper bénéfiques, pour le moins. Il s'est mis avec une connasse qui l'a écarté de ses potes, l'a mm fait déménager dans un "loft" en banlieue, et l'a rendu alcool total. On a l'impression qu'il a récupéré un comportement "destructeur" (y a vraiment pire), depuis que le spectre de la mort a reculé.

Comment te sens tu maintenant, depuis 2011? Tu as trouvé des moyens de contourner ou compenser tes vides?

 
#3 Posté par : sud 2 france 30 avril 2016 à  14:23
je suis allé 1 fois en HP pour décro....j'en suis ressorti 5 semaines après; pendant 3 mois j'étais 1 zombie....même si en sortant, dès que j'ai vu l'ordo (car ils me disaient pas ce qu'ils me donnaient) j'ai arrêté de prendre les médocs....

 
#4 Posté par : Nemesis 11 mai 2016 à  21:23

sud 2 france a écrit

je suis allé 1 fois en HP pour décro....j'en suis ressorti 5 semaines après; pendant 3 mois j'étais 1 zombie....même si en sortant, dès que j'ai vu l'ordo (car ils me disaient pas ce qu'ils me donnaient) j'ai arrêté de prendre les médocs....

Moi ce qui me tétanisait, c'était les sorties des "filles" psychototechniques du cabinet d'électrochoc...

Requiem for a dream, en pire mais vrai


 
#5 Posté par : zegil 26 mai 2016 à  00:21
Fait un ptit tour en hp.... encore mineure au milieu d'adultes schyzo, depressifs,alcoolo, trisomiques. Mes parents ne savaient plus quoi faire de moi.... j'ai souvent cache mes cachets pour les prendre ensuite d'un coup. Meme enfermee et sans droit de visite, je m'y suis fait livrer des blocs de fume et des bouteilles de sky. Je les buvaient au goulot le plus vite possible pour pas me faire gauler et perdre la bouteille. Ils n'y ont vu que du feu, je jouait à  la patiente sage et motivee, des qu'ils m'ont rendu mes fringues(au bout de 2 mois) je me suis echappee avec une belle perruque sur la tete( j'etais reperable avec ma crete sur la tete) et j'ai repris mes betises là  ou je les avait laisse. J'ai rejoint des potes à  clermont et là  j'ai fait couple à  3 pendant un ptit moment mais ceci est une autre histoire. L'autre femme du "trouple" etait vih. Elle se prostituait de temps en temps pour payer la chambre d'hotel. J'avais 16 ans. Elle 25.

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