Douleurs et cannabis 

Le cannabis, quelle substance psychoactive incroyable.

Je suis fumeur quotidien de hash ou d'herbe depuis quinze ans.

Depuis l'été dernier, je suis en arrêt de travail pour une pathologie en cours de diagnostique. J'ai des douleurs musculaires, tendineuses, articulaires dans les deux jambes, cela rayonne aussi dans les bras, les poignets et dans le reste du corps. J'ai des migraines, des étourdissements, des vertiges, une fatigue chronique, des fièvres intermittentes.
Concrètement, je fonctionne à dix pourcents de mes capacités (je ne peux pas solliciter mes muscles sinon tout flambe et les douleurs peuvent en devenir insupportables, je ne peux pas faire d'effort de concentration trop intense, du genre écouter quelqu'un parler durant une heure me fatigue énormément).

Depuis l'été dernier les choses évoluent. J'ai des gênes chaque minute de chaque heure, des fois c'est des douleurs, des fois je peux m'en foutre, des fois je suis en PLS dans mon lit sur la journée entière, voir des jours entiers.
L'origine virale ne fait guère de doute auprès des professionnels de santé et l'hypothèse d'un covid long se confirme à chaque nouveau rendez vous.

Ah oui depuis une flambée du virus (qui dure entre 3 jours et une semaine à me coucher) en mars dernier, j'ai développé une intolérance à l'alcool, 10cl de bière me rend vaseux, déclenche des vertiges, je ne comprends plus trop la discussion et je dois rentrer dormir puis j'ai des maux de tête sur plusieurs heures.

Revenons en au cannabis. Je n'ai aucun médicament et j'affronte donc pour l'instant tout seul cette condition depuis dix mois. Dix mois à ne pouvoir faire, grosso modo, que le tour du quartier, dix mois à limiter ma vie, à vivre enfermé la plupart du temps, à subir les douleurs, à choisir dans quelle activité je vais investir le peu d’énergie de ma journée.

J'ai décidé de parler de ma conso au docteur, qui m'a dit qu'il valait mieux que je continue de fumer du cannabis (une bonne herbe locale, pas de hash importé) plutôt que de commencer des traitements anti douleur plus forts.

Premièrement, j'avais moi même distingué une différence incroyable au niveau thérapeutique entre une herbe de bonne qualité (pas forcément forte en terme d'effets "défonce") et un hash (j'étais principalement fumeur de hash avant).

Pour différentes raisons j'ai arrêté plusieurs fois de fumer de l'herbe au profit du CBD depuis septembre et y suis toujours revenu car les bénéfices étaient incomparables:

- La solitude de l'arrêt, la lutte contre les douleurs, la perte de motivation et toutes les conséquences psychologiques d'un arrêt de longue durée (je vis seul chez moi), le cannabis fonctionne à merveille pour atténuer ces symptômes. (Évidemment qu'une surconsommation à un instant T peut amener des effets contraires: angoisses de cet état stationnaire qui dure, angoisse sur la violence des crises subies mais en gérant ma tolérance cela arrive très peu).

- Au niveau des douleurs: Les douleurs physiques ne sont que peu concernées par ma consommation, je n'ai jamais trouvé qu'elles étaient réduites mais par contre, l'état d'esprit étant amélioré, le cannabis favorise une bien meilleure acceptation des douleurs et capacité à les encaisser.

La semaine dernière je me suis pris une volée dans la gueule, la crise a été d'une grande violence et je suis resté dans une perpétuelle fatigue à dormir toute la journée, à ressentir le bienfait d'un repas une demie heure avant de retourner en mode zombie, à ne plus pouvoir sortir plus d'une heure et demie, à ne plus supporter le moindre bruit et surtout à subir un brouillard mental et des vertiges qui m'obligeaient à m'asseoir après quelques minutes de balade dehors.
Incapable d'aller chercher le cannabis dans cet état et finalement pas vraiment en manque tellement j'étais k.o. En quinze années de consommation je n'ai jamais ressenti une perte d'envie de fumer, quel que soit mon état et les arrêts des derniers mois étaient souhaités. C'est dire la violence de la crise.

Une amie m'a vu dans cet état à m'a dépanné quelques joints de canna local, c'est même elle qui a insisté pour que je fume puisqu'elle sait que je trouve de réelles vertus thérapeutiques dans la plante.

Deux jours après avoir commencé à consommer la crise redescend et la fin a été infiniment plus facile à encaisser. La différence est sans appel, autant je ne trouve pas forcément un plus incroyable sur la douleur physique à proprement parler, autant l’effet psychoactif de la plante à couvert mes migraines, mes maux de tête et m'a laissé dans un état léthargique agréable, suffisant pour lire un livre ou regarder un reportage couché et bien plus détendu qu'en lutte constante contre des symptômes envahissants. Sans cannabis je restais couché, amorphe, les yeux ouverts ou fermés, sans pensées quelconques. L'apathie la plus complète.

Le premier joint fumé m'a laissé en extase (je n'avais pas consommé depuis quelques jours a part du CBD malheureusement bien inefficace). Couché sur le canapé, heureux enfin d'être soulagé, heureux d'avoir la possibilité de réduire les douleurs, heureux d'avoir un soutien.
Un fumeur quotidien qui s'extasie encore des bienfaits de cette plante.

Tout cela pour dire que j'arrêterai bien de fumer dans mon état actuel avec les inflammations chroniques et quotidiennes, d’où les tentatives d'arrêt précédentes, j'ai essayé la vaporisation mais je reviens à la combustion.

Aujourd'hui je suis triste, triste de vivre dans un pays dans lequel je n'ai aucun remède possible dans l'attente du diagnostique (sans partir dans des médicaments trop forts et des traitements qu'on expérimente sans trop savoir) surtout que j'ai une solution qui fonctionne et le docteur le comprend là est toute l'ironie, et si diagnostique il y a, aucun réel traitement n'étant disponible à part l'attente de la disparition des symptômes qui peuvent durer des années chez certaines personnes, je fais comment? Et je suis en colère de ne pas pouvoir bénéficier du cannabis médical qui me permettrait de soulager mes douleurs avec un autre mode de consommation que la combustion qui reste néfaste pour mon organisme en l'état actuel des choses, de devoir m'alimenter au marché noir, au gré des produits disponibles et des qualités qui varient, d'en payer le prix fort et en plus de risquer de me faire sauter le permis lorsque je dois aller chercher tout ça!!