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Extrait de "MétaPhrén" (2017-2020) ~ la traque 



Note : MétaPhrèn est un exutoire, écrit sous substances. L'action se situe en 2150. Ce récit traite d'un monde reconfiguré par un techno-féodalisme, ploutocrate et eugéniste, après l'échec de plusieurs révolutions faisant suite aux "black-outs mondiaux". Retour kitsh de clichés de l'Antiquité couplé à des technologies de pointes et de surveillances. Réalité-virtuelle immersive offerte en guise de paix sociale, et déportations massives sur des terres isolées et désertiques des résistants. Une secte abjecte libertarienne est au cœur du processus.  

Il parait clair que ce récit n'aurait jamais existé si je n'avais pas explorer l'infinie possibilité des choses sous drogues psychés et sous décrochages d'opïodes...

Merci du fond du cœur pour les psychonautes qui auront le courage (^^) de parcourir ce texte difficile d'accès, tant les néologismes sont nombreux...



[...]

Le couloir-N s’était terminé dans une apothéose d’imageries virtuelles, le poste-frontière préfigurant les milliers d’autres encadrant [[A]] ne se trouvait plus qu’à dix minutes de route. Le quatuor contre-nature aux yeux des plus hauts stratiens classés parmi les élites de l’U/S, s’arrima sur une rive calme et paisible, de cours d’eaux douces bleues lagons parsemés de coraux multicolores, tout ceci évidemment sous bullprotect ; rien de tous ces somptueux décors aquatiques n’était naturels. Siaben ordonna à Bathist qu’il lui donne sa toge, car ses cicatrices aux tempes le grillaient déjà suffisamment. En l’occurrence Bathist s’habilla du sweat et pantalon en treillis, ses graines Immersives conférant aux regards des badauds sa claire appartenance à la strate des Somawaks. Échanges d’uniformes, échanges de rôle : Siaben se faisait l’apparence pour un temps d’un Citadin de Diagon-II. C’était peu dire que Bathist à chaque seconde passante élargissait en son esprit un lot considérable de ressentiments ; ressentiments que Siaben allait tenter et d’apaiser et de vaincre : les blinds devaient ouvrir les yeux sur le monde infect que leurs hautes-sphères avaient refaçonné. Lind’Ssya n’avait pas dit un traitre mot depuis le parcage limité de son G-Lisseur. Alfred, lui, semblait revenir du pays des morts. Tandis que l’une avait ressentie de l’enthousiasme à l’idée d’embarquer un déclassé bientôt relayé aux strates des parias, l’autre s’en était exaspéré. Et en ces heures, les ressentis s’inversaient, Lind’Ssya commençant à faire avancer en son esprit les pions épris de remords contre les pions exaltés ; en effet la crystal-kaïn n’agissait plus et lui faisait broyer un noir de chez noir. Alfred semblait intensifier en lui-même l’idée que ce frère stratien n’avait pas été mis sur sa route par le plus grand des hasards. Celui qui écrivait de seconde en seconde ses actes, ses pensées, ses mouvements avait-il secrètement prévu une chute convenable pour lui ? Une chute suffisamment saine et propre pour que tout puisse revenir « à la normale » ? Mais même sur ce point Alfred doutait. Et si les flashs informatifs des courants du Globe disaient vrais depuis toujours ? Et si ce que leur avait confié Bathist était on ne peut plus réel ? Et pourquoi ce guérisseur surclassé de Diagon-II aurait menti ? Jamais Alfred n’oubliera l’horreur du combat qui eut lieu aux parcages hospitaliers de Raven-II, cet homme accompagné de Siaben s’était fait exploser !! Alfred rien que d’y repenser en eut la nausée… ce sang, ces corps déchiquetés… et cette odeur… Mais cette hallucinante témérité de Siaben avait dès lors commencé à ronger une petite partie d’un vaste chantier cérébral d’aprioris. Bien sûr que les Citadins de Versailles-sud, vaste cité intégrée au cœur de [[A]] savaient que les Forces de l’Ordre Anticorps n’y allaient pas par quatre chemins pour protéger les cyt-forteresses de tous corps étrangers et toxiques… mais…
Alfred se précipita aux toilettes du petit pavillon de détente sous bulle, orné de palmiers, de chants des cigales d’antan ou de cris exotiques d’animaux de forêts tropicales eux aussi disparus de la surface terrestre depuis six décennies. Confinés dans ses fausses impressions d’être au bord d’une antique station balnéaire, le petit groupe alla s’asseoir à une table mobile qui se déplaça à lui dès le G-Lisseur parqué.

– Pas mal ces imitations des vraies iles paradisiaques artificielles ou si… siègent la confrérie secrète de l’U/S… dit Siaben, qui se confronta d’entrée de jeu à un panneau d’avertissement :

Surveillez votre logos, stratien de – inconnu – : premier avertissement.



– Et allez c’est reparti… déclara-t-il.
– Nous sommes à cent mètres de l’entrée en médiapole-mère, dit lentement Bathist très mal à l’aise dans son sweat en treillis. Plus nous allons nous en approcher plus les contrôles seront féroces et sans pitié, vous êtes cuit monsieur El-Kej. Vous avez eu de la chance jusqu’ici mais…
– Vous allez évidemment remédier à ces problèmes. Pas vrai ? dit calmement Siaben, prenant place sur l’un des bancs blancs ivoire de la table, rejoint à ses côtés par Lind’Ssya.
– Vous n’êtes pas sérieux, bredouilla Bathist… par le Saint-Office, sincèrement d’où tenez-vous cette néfaste éducation ? N’imaginez pas une miette de seconde que j’entre en contact avec les relais CVIR en Visio-II pour faire couper ces panneaux. Hors de questions.
– Non j’ai une autre idée. Pour pouvoir vous dire ce que j’ai à vous dire, nous utiliserons du vieux papyrus et un simple stylo. J’écrirais une phrase, et tour à tour vous me rép… répondrez.
– Grotesque, soupira Lind’Ssya, tout simplement…
– Nécessaire, reprit Alfred revenu de ses petites affaires et prenant place aux côtés de Bathist.
– Tu ne souffres plus mon frère ?
– Exceptées les images horrifiques issues de la bataille dans le parcage de Raven-II, désormais intégrées pour toujours en ma GDM, oui je me sens beaucoup mieux, quoique…

Des reflets bleus-turquoises recommençaient à apparaitre sur les contours de son front et de ses tempes, sans compter quelques mouvements sporadiques de ses mains tremblantes.

– Mmh… nous sommes tenus en otage par cet individu que j’ai rafistolé, et vous cautionnez cela désormais monsieur Rijeka ? Vous êtes à ce point malade que vos décisions s’en trouvent altérées, dès que resurgiront vos symptômes c’est cet homme-là que vous haïrez… déclara Bathist en désignant Siaben, visiblement au bord de l’épuisement.
– Je crois vous avoir déjà donné mon point de vue sur la question, guérisseur de Diagon-II. « le doute est la seule chose immortelle », n’est-ce pas de vous que j’ai entendu cela ?
– Ah merde ça n’a rien à voir !!

Stratien Anotih Bathist - né aux jardins-suspendus de Diagon-II
C.I.I : 2/633╪Ano≥Edict – 9Y -5╪8/X/K-9
Surveillez votre logos SVP.



– Lind’Ssya, vous-avez un bloc-notes dans votre sac, quelque chose de quoi noter sans être enquiquiné par ces pa… panneaux ?
– Croyez-vous frère Ancestral stratien que nous sommes, en cet instant même, sous le feu des projecteurs des comités de vigilances ? demanda Alfred, ce qui fit sourire Siaben et maugréer Bathist.
– Je sais de source sûre que ces panneaux n’interagissent que de façons… algo… algorithmiques, en fonction d’un milliard de mots répertoriés comme indésirables.
– Algorithmiques ? En voilà un terme barbare ! pouffa Lind’Ssya. Qu’est-ce que cela signifie ?
– Saint-Office ce n’est pas vrai, je crois rêver… fit Bathist en se prenant la tête dans les mains.

Siaben le gardant plus que jamais à l’œil, si le mégatrans grainé au front du médecin de Diagon-II scintillait ne serait-ce que de moitié, tout se finissait. Lind’Ssya fouilla dans son sac à main que seules les hautes stratiennes comme elle pouvait s’offrir, et en sortit un calepin digital, qu’elle trifouilla pour y effacer quelques données.

– Très bien… chuchota Siaben, ça fera l’affaire.
– Vous êtes déjà repéré monsieur El-Kej, tout ceci ne rime à rien. Vous croyez sincèrement échapper aux bornes Ctrl et aux milliers de mouchards lancés à votre poursuite ? Les brigadiers j’en suis certain vous attendent hors de cette bulle-détente. Alors je propose…
– Les brigadiers sont au poste-frontière de l’impasse Saint-Honoré, au nombre de dix. Je le vois dans ma tête, soupira Alfred, traits crispés et mine harassée.
– Et les ombres rouges ? Elles ont filé à l’indienne ? lança sarcastiquement Bathist, qui cette fois démontrait que ses impassibilités d’avant étaient dorénavant éteintes.
– Elles ne sont pas « rouges » à proprement parler, mais plus… comment décrire… comme des ombres translucides écorchées vives, tenant de grands bâtons de pèlerins dans les mains.
– Votre frère délire Madame la marquise. En tant que soignant j’ai le devoir de l’emmener au Palais-de-Santé le plus vite poss…,
– Tenez, dit Lind’Ssya en faisant fi de ce que lui dit Bathist, écrivez dessus ce que vous avez à écrire et qu’on en finisse, je ne tiens pas à y passer la journée.
– La coopération de son alt… altesse me comble, railla Siaben.

Siaben s’empara du calepin digital et nota :

Les médiapoles vous rongent.
Vos médiapoles basés sur l’ultramédiatisation est un cancer-cancel pour l’Esprit
l’Immersion n’a été créée que dans le but de contenir la fureur des peuples révolutionnaires du R.S.T et de VOUS maintenir en esclavage.



Le calepin passa de mains en mains : Bathist se reprit à nouveau la tête entre ses mains en éructant un ricanement des plus mesquins, Lind’Ssya eut une moue à la fois dubitative et moqueuse, mais Alfred hocha la tête comme par acquiescement, ce qui agaça sa sœur qui s’empara du calepin et nota à son tour :

Des esclaves écrivez-vous ? Avons-nous l’air, l’apparence d’esclaves ?
Je ne vois dans vos mots que propagandes nées des pires légendes urbaines
allant et venant à tous bouts de chants !
il est temps que cesse ces mascarades monsieur, et que vous assumiez vos actes !



Et Siaben de répondre :

Vous êtes carrément aveuglés par votre paradis glacé que vous seriez prêts à nier ce que vous avez vu il y a trois heures de ça ?
Ouai les hectɵwebs sont ficelés par des scénarios et des comédiens en guise de présentateurs mais ce qu’ils relatent depuis dix ans est RÉEL madame la marquise
et monsieur à-qui-je dois-la-vie-sauve. Vous l’avez vu Bathist de vos propres yeux !!
Je peux pas imaginer une seconde que vous ne feintez pas votre mauvaise foi. Vous voulez des preuves sur ce qui se passe dans les cabines-blanches de Chicago-II ? Sortez de ce cauchemar, ouvrez les yeux, c’est votre dernière chance !



Les mots digitalisés repassèrent de mains en mains. Alfred semblait à nouveau parcouru de pénibles maux qui le faisaient trembler, un bleu surgissait par intermittence sur son front et le contours de ses yeux, mais il acquiesça de nouveau à la lecture. Non pour approuver, mais pour faire accélérer le petit jeu de leur preneur d’otage. Bathist refusa de lire et passa le calepin à Lind’Ssya qui prit cette fois un certain temps décryptage, tout en secouant négativement la tête. Alors qu’elle s’apprêta à répondre, Bathist s’empara du calepin et digitalisa :

Le monde est ce qu’il est et vous ne sauverez pas l’univers en dépit de vos efforts dérisoires. Que vous cherchiez à prendre d’assauts nos citadelles, à saccager nos modes de vie, à mettre en péril la vie de milliers d’êtres pacifiques et bienveillants à l’égard des exclus dont vous vous êtes affiliés (mais diable pourquoi ??) cela ne pourra vous mener qu’à votre perte et à la mort de milliers de malheureux des hors-contrées.
Est-ce cela le plan génial de vos « instructeurs invisibles » ?
Un conseil : tentez le Transplant où n’importe quoi pour vous sortir les doigts du xxx, trouvez-vous une petite amie, fondez une famille et vous verrez que tous vos délires révolutionnaires vous passeront. C’est mon dernier mot. Une seule menace de votre part et j’alerte en Visio-I les instances de l’Ordre qui décideront à bon escient de votre sort.



– À bon entendeur, dit Bathist en tendant le calepin à Siaben.

Celui-ci lu lentement, et son expression se figea de dégout.

– Z’êtes trop con, je peux pas croire que…

Surveillez votre logos, stratien de – inconnu – : dernier avertissement !



– Mais dégage saloperie d’I.S !! s’écria Siaben, ce qui enclencha évidemment une alarme.
– Notre déclassé sait à quel point il a tort et est sorti de ses gonds, cette fois c’est la fin des carottes pour vous, mon brave ex-patient ! s’exclama à son tour Bathist en se levant, prêt à entrer en Immersion.

L’alarme cessa et la bulle-détente s’estompa. Les décors paradisiaques virtuels disparurent et un bétonnage des plus arrogants enseveli tous les regards, même bardés des néons et autres illusions d’optiques réconfortantes. Autour de la bulle disparue lévitaient trois mini holosphères de type dissuasives et inaptes aux attaques, encadrant deux Volts engagés comme vigiles de ces lieux. L’un était si grand de taille que son dos se courbait, dépassant Siaben de deux têtes, l’autre était vêtu d’une combinaison brillante impeccable et avait un visage aussi juvénile qu'angélique.

– Messieurs dames, vos rétro-passeports s’il vous plait, dit le premier.
– Que se passe-t-il ? glapit Lind’Ssya, cieux du ciel je n’avais jamais vu cet endroit sans…
– Couverture virtuelle protectrice ? termina pour elle le second Volt. Vos rétro-passeports s’il vous plait, vous avez enfreint les règles du code civil article 13 - violation du discours.
– Charlène… murmura Siaben à l’adresse de Bathist, qui s’apprêtait à le dénoncer.
– Pardon ? De quoi, Charlène ?
– C’est elle qui m’a fournie tous les outils pour me casser de votre geôle. Me trahir moi c’est la trahir elle.

Les deux Volts se regardèrent, comme choqués à la vue de l’état dans lequel se retrouvait Alfred, à nouveau parcouru d’électrochocs et des blessures flagrantes de Siaben. Lind’Ssya luttait en elle pour s’empêcher de le dénoncer, avant tout absorbée et elle-même choquée de cet espace-détente qui sans ses apparats virtuels ressemblait à un vulgaire cabaret des temps anciens. La grisaille et les poussières environnantes harassaient sa prise de décision. Bathist fixait Siaben, qui sous ses lunettes-octets sentait sa fin toute proche, la main dans le pli de sa toge, compressant son tube à atrids. Un seul mot de Bathist et Siaben n’hésitera pas à le faire taire pour toujours. Les trois holosphères opéraient leurs calculs et leurs analyses, dont deux firent tiquer les Volts, qui s’approchèrent un peu plus de Siaben.

– Ne trahissez pas Charlène… murmura-t-il.
– Retirez ces lunettes-octets, monsieur… pourquoi son identité n’apparait pas ? dit le second Volt à son coéquipier.
– Je… cette personne-là est… déclara Lind’Ssya en désignant Siaben du doigt.
– Lind’Ssya… non… lança-t-il à mi-voix tandis qu’Alfred repartait dans ses convulsions.
– Oh c’est quoi ce bordel ? Cette personne est quoi ? Et qu’est-ce qu’il a lui, il est couvert de bleu c’est quoi ce… glapit le Volt à forte stature, enclenchant son télécard pour demander du renfort.
– Ces deux personnes sont malades ! lança Lind’Ssya, et ce médecin de Diagon-II doit d’urgence les emmener au Palais-de-Santé où une prise en charge est prévue pour… enfin…
– Ici club-de-détente G3, oh mon couillu ça roule Tod ? On a besoin de renfort, j’ai quatre personnes immatriculées dans l’encagement qui semblent correspondre aux alertes données dans la matinée… oui un certain Anotih… Oui ? Hé merde… STOP ! Vous bougez pas de là ! beugla le Volt à l’intention de Lind’Ssya ayant happé le bras de son frère et de Siaben, prête à quitter la table mobile.

Bathist ne s’immergea pas et fusilla du regard Siaben, poing et dents compressés. Il déclara en leva une main en guise d’apaisement :

– Messieurs c’est effectivement un malentendu, oui je suis diagnosticien en provenance spéciale de Diagon-II pour prendre en charge… (Bathist regarda le sol et aurait souhaité que la foudre l’immole d’un coup plutôt que de dire ce qu’il allait dire) ce monsieur touché par une souche virale terra-3 le rendant aveugle et ce monsieur intolérant aux ondes magnétiques. Notre entrée au Palais-De-Santé est prévue pour…
– Enlève tes lunettes, petite salope de Franc-Tireur ! hurla le second Volt en braquant sur le front de Siaben son arme de poing. Marty tu m’encadre cette troupe, les renforts arrivent dans trente-six secondes.
– VOUS FAITES CHIER !! hurla Siaben qui se désenlaça à la fois de la main de Lind’Ssya et celle du grand Volt, sortant d’un geste lancinant des plis de sa toge son tube à atrids, qui n’en comptait plus qu’une.

Bathist recula de plusieurs pas, livide et ne sachant comment réagir. Siaben le poussa plus en arrière, écarta Alfred presque courbé à même le plancher et s’accroupit en un mouvement qui le fit crier de douleur, ses plaies menaçant à tout moment de se rouvrir, plaça le tube entre ses dents puis fonça tête baissée à hauteur du second volt, qu’il fit chuter dos à terre tout en se retournant du même coup sur son coéquipier, qui se prit la dernière soufflée d’atrid à travers le maillechort de son torse. Les holosphères s’agitèrent en ronde tourbillonnante tant la vélocité de Siaben les pris de court. Le Volt tombé à terre se releva et tira à trois reprises ratées sur Siaben. Son coéquipier gisait quant à lui inerte au sol - sa bouche dégoulinante de mousse baveuse. Bathist restait bras ballants, quasi tétanisé, Lind’Ssya lui pressa l’épaule, agrippa aussi celle de son frère qu’elle redressa, lança un regard épouvanté sur Siaben et hurla :

– Nous partons d’ici !! Siaben, soyez maudit !!

Le club-détente pourtant ne cessa pas de tourner son manège, aucun touriste ni badaud n’assista aux scènes, tous entourés et englobés de leurs bulle-détentes virtuelles. La minute suivante, des renforts arrivèrent au moment même où le grand Volt pourchassa les quatre fugitifs jusqu’à leur véhicule qui aurait dû être immédiatement paralysés. S’encastrant à un à un dans le G-Lisseur, Siaben le dernier attrapa son arbalète de poing planqué sous le tableau de bord et, dans l’un de ces mouvements correspondant à la vitesse d’un battement de cils, se retrouva à braquer à moins d’un mètre de lui le grand Volt qui le braquait en retour. Derrière pleuvaient les échos des renforts, les mini-holosphères dissuasives réapparurent dans le champ visuel des deux hommes en duel. Lind’Ssya aurait pu en rester là, démarrer son véhicule et laisser Siaben à son sort, Bathist restait hébété et livide se découvrant incapable de prendre la moindre décision. Alfred, en plein crise d’électrochocs parcourant tout son corps attrapa la main de sa sœur qui s’apprêtait finalement à déguerpir.

– Non… nous… nous ne partirons pas sans lui ! s’écria-t-il.

Les deux hommes se braquant mutuellement lui inspiraient autant d’épouvante que de fascination.

– Tu ferais mieux de me laisser te sortir du Circuit ! beugla le Volt, car tu sais ce qui t’attends si on te chope vivant !
– J’suis déjà hors de votre put… putain de Circuit depuis des lustres ! Je suis dans la vie !
– Alors on fait quoi ? Tes amis pourront pas passer le poste-frontière ! Je compte jusqu’à trois ! Trois… deux…
– Va te faire foutre !! hurla Siaben qui tira à deux reprises.

Ayant entre deux mouvements tiré et touché Siaben à l’épaule, le Volt s’écroula deux fléchettes toxiques en pleine tête. Siaben s’abattit au sol dans un cri sourd. Les renforts déboulèrent sur plus de cent mètres ; juste le temps pour eux d’apercevoir un type grainé d’apparence Somawak vêtu d’un sweat inapproprié et semblant pris de panique, une femme vêtue d’atours des hautes strates et un type souffreteux pareillement classifié mais aussi parcourus d’ondes magnétiques bleuâtres, qui aidaient un type à terre perdant du sang. L’aidant à se relever, à le trainer difficilement, et à le déposer dans le large coffre d’une W-berline. Quand la cohorte arriva sur place, le G-Lisseur avait déjà mis les voiles, empruntant un couloir difficile d’accès, car exclusivement réservé aux résidents des citadelles de [[A]].

[...]

Catégorie : Expérimental - Aujourd'hui à  05:11



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