En 2022 mon ex Copine m'a quitté. C'était ma première meuf, je découvrais que j'étais gouine. A cette époque, j'étais en coloc avec une meuf que j'appellerai Lila Lune. On se connaissait pas au début de notre cohabitation mais on s'est très vite rapproché.e.s grâce à un truc : la *fumette*
J'ai commencé à fumer quand j'avais 15 ans mais c'était très occasionel, puis vers mes 16 ans j'étais sorti avec un mec qui bedavait tous les jours, et je me suis mis à fumer avec lui, les weekends on se retrouvaient, fumée partout et c'était cool. J'ai fini par le quitter parce que comme je l'ai dit plus haut je suis gouine, même si je m'en étais pas rendu compte à ce moment là, et je l'aimais pas vraiment, je sortais surtout avec lui pour le *shit*. Après j'ai fait une longue pause, je fumais de temps en temps avec des potes mais ça s'arrêtait là. Ce qui était chelou quand même, c'est que je pensais très souvent au *shit*, je voulais absolument augmenter mes expériences avec cette drogue, je sais pas trop pourquoi.
Lila Lune donc, revenons-en. Le soir où on s'est rencontré à l'appart, on a fumé quelques
joints ensembles. Ca faisait longtemps que j'avais consommé, c'était vachement cool et on s'est très bien entendu toustes lesd trois (la
beuh, Lila et moi). J'ai tellement kiffé que je lui ai demandé de m'en achter. Quelques jours après, elle me ramène un beau pocheton rose pleins de
beuh, je suis ravi. Ni une ni deux, je me roule un bon gros
joint, je m'en delecte et ma défonce est absolument génial, le kiff absolu. Je suis hyper productif, j'ai pleins d'idées, je peins, je dessine, ça me motive grave. Alors le lendemain, le surlendemain et tous les jours d'après, le soir, en rentrant, je fume. C'est toujours trop bien et le pocheton se finit (je redoutais ce moment). Je vais voir Lila Lune et on décide de sortir pour essayer de trouver du
shit. En face de chez nous, y avait une boulangerie, une alim, et à côté de la boulange y avait un escalier qui descendait vers quelques immeubles et toujours un groupe de mec. On va voir les mecs non sans stress, et on leur demande si ils savent où on peut trouver à fumer. Ils nous disent d'aller en bas de l'escalier, dans le premier hall d'immeuble on trouvera ce qu'on voudra. On descend, on rentre dans le hall grand ouvert et un mec vient nous voir pour nous demander ce qu'on veut. Je lui prend un 10 de
shit, hop hop et on rentre fumer. Après c'était trop facile. Il me suffisait de traverser la route pour avoir ce dont j'avais besoin. Alors j'ai sombré petit à petit.
Dans le même temps, je rencontre une fille qui s'appelle Marie-Rose. J'ai un ENORME crush, je la trouve super et j'aime beaucoup la regarder, lui parler. Petit à petit, on se drague, on s'aime bien, on commence une relation ensemble. C'est un peu bizarre entre nous, je suis très anxieux, j'ai du mal à aller lui parler, à être moi-même, je suis très parano, je me renferme beaucoup. Quand on se voient, c'est toujours avec un petit malaise derrière et je me rend pas compte que c'est le
shit qui me rend comme ça, bien au contraire, je m'enfonce encore plus dedans, au point que c'est la seule chose qui me console et me fait du bien.
Finalement, Marie Rose me quitte, elle était pas amoureuse, moi si. Alors ça fait très très très très mal.
Je commence à passer des journées entières chez moi à fumer, à peindre, à écrire, j'ignore ma peine et je me mets à avoir peur de tout, à être super angoissée rien qu'à l'idée de sortir de chez moi et de croiser quelqu'un, ça devient vraiment galère.
Un soir dans ma chambre, je me demande ce qui pourrait me sauver de cette situation merdique. Je vais sur facebook et je cré une page que j'appelle la fleur et la corbeau. Je m'imagine des histoires fantastiques, qui me rendent fort, qui me rendent fier. Et puis d'un coup je me rappelle d'une surface appelée Blogger, que j'utilisais quand j'étais gosse. J'y vais, mais je veux pas utiliser mon adresse mail parce que ça ramène à mes blogs d'enfants. Alors j'en cré une autre "fleurcorbeau@gmail.com". Ca vient tout seul, c'est une evidence, je cré mon blog, je l'appelle Fleur Corbeau, et je me renomme Fleur Corbeau en passant. Je commence à écrire, sous son nom, sous mon nom maintenant. Et ça me libère, ça me fait du bien, j'ai l'impression de ne plus vivre que pour moi-même mais pour quelqu'un d'autre, quelqu'un qui était caché depuis très longtemps et que je n'avais jamais fait sortir de moi. Une sorte d'identité compagne, qui guérit mon chagrin.