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J'aimerais prendre de LSD mais j'ai peur de "rester percher à vie" 



Bonjour,

Je ne suis pas un grand consommateur des produits mais il y a un que j'aimerais beaucoup essayer car j'ai entendu beaucoup de choses bien sur celui-là, c'est les acides.

J'aimerais bien essayer LSD (ou les champignons si c'est mieux commencer par-là)
c'est pas un produit qui te rend accro, pas très nocif pour le corps, et ça te donne une meilleure imagination (en tout cas pour des personnes qui m'ont parlé oui)

Cependant j'ai aussi entendu dire qu'en le prenant je risquais de rester percher à vie si on a des problèmes, j'ai pas de problème (à ce que je sache) mais je suis autiste "Asperger" et j'ai peur que ça me fasse quelque chose.

Surtout que déjà avec le cannabis je pars loin (pas hyper loin mais ça me projette quand même)

Merci de me donner des conseils ou de me dire si à cause de mon autisme je puisse pas goûter à LSD.

Catégorie : Opinion - 28 décembre 2023 à  01:38

#LSD



Commentaires
#1 Posté par : Pesteux 28 décembre 2023 à  16:04

Salut


Je connais très mal le diagnostic dont tu parles. Perso, j'ai jamais entendu dire que le risque était augmenté en cas d'autisme. Tu as ce diag depuis longtemps ? Ca se manifeste comment pour toi ? Tu prends un traitement ?

Perso, j'aurais tendance à dire :

"Diagnostic psy" = "Prudence, et précautions supplémentaires"

Mais sûrement pas :

"Diagnostic psy" = "Abstinence"



Typiquement, on met en garde les personnes qui vivent avec une psychose chronique (schizophrénie, bipolarité, etc.), car il existe un risque de relancer les symptômes aigus de la maladie lors d'une prise de LSD ou de Champis : ça peut déclencher une bouffée délirante ou un accès maniaque. D'ailleurs, ces personnes sont exclues des protocoles de recherche sur les thérapies psychédéliques pour cette raison (perso, je trouve cette exclusion "de principe" un peu trop rapide et stigmatisante, mais ça n'est que mon avis).

Il y a un risque, mais ça n'est pas systématique, et de nombreuses personnes avec un diagnostic de psychose chronique en consomment sans plus de problèmes que ça. C'est à dire qu'il y a les problèmes à cause de la maladie, mais qu'ils ne sont pas aggravés par les substances psychédéliques. Bien au contraire, d'après les témoignages des personnes. En fait, j'ai l'impression que les psychiatres appellent parfois "décompensation" un état psychique qui est recherché par la personne.

Quand le risque se matérialise, et que le délire devient ingérable ou source d'angoisses massives, cela peut nécessiter une hospitalisation en psychiatrie. Mais c'est temporaire, quelques jours ou quelques semaines, le temps de mettre en place un traitement antipsychotique.

Une telle situation n'est pas une partie de plaisir, et tout le monde préférerait éviter. Mais on passe par l'HP, on n'y reste pas à vie.

Jamais on ne reste "perché à vie" : ça, c'est juste une légende pour nous effrayer, c'est de la diabolisation !

Mais la toute première crise psychotique a souvent lieu à la fin de l'adolescence ou au début de l'âge adulte, alors ça peut arriver qu'elle se manifeste à l'occasion d'une première conso de cannabis ou de psychédélique. Ce qui fait dire à certaines personnes que la psychose a été déclenchée par cette conso, et que la personne est psychotique à vie à cause de ça (=la façon médicale de dire "perché à vie").

C'est indémontrable, et perso, et je n'en crois pas un mot. D'ailleurs, je constate que ce même discours culpabilisant et moralisateur est tenu également à des personnes qui ont eu leurs tout premiers symptômes bien avant leurs premières consos.

Perso, j'ai eu un pote diagnostiqué schizophrène qui raffolait des champis, du LSD et du DXM. Ca le faisait délirer, mais en bien wink Il semblait avoir des trips qui duraient plus longtemps que les autres, et qui l'amenaient plus loin. Son discours était parfois excessif et irrationnel, mais toujours plein de pertinence, d'ironie et de poésie. Ca faisait flipper les médecins et ses parents, qui remettaient ça sur le compte de la drogue, et qui voulaient l'envoyer à l'hosto au moindre mot qui ne respectait pas les règles de la sacro-sainte "réalité", ou quand il défiait les dogmes de la "raison" et de la "rationalité".

Mais c'était sa personnalité et son tempérament d'être comme ça, il aimait enfreindre ce genre de tabous, même quand il n'avait rien pris ! Ca lui a souvent joué des tours, et il a dû fuir les hospitalisations sous contraintes toute sa vie. Au bout du compte, cette obstination des hygiénistes mentaux à vouloir le priver de ses délires, ça l'a privé des soins dont il aurait bien eu besoin pendant ses périodes de dépression, quand il ne délirait plus et qu'il s'ennuyait à mourir. Mais bizarrement, personne ne lui a jamais proposé d'hospitalisation dans ces moments là...

C'était le genre de mec dont certains diraient qu'il est resté perché à vie. Mais en fait, il est né comme ça, c'était sa manière d'être, et c'était comme ça qu'on l'aimait.


Amicalement.


 
#2 Posté par : Majesty 28 décembre 2023 à  18:10

Pesteux a écrit

Salut


Je connais très mal le diagnostic dont tu parles. Perso, j'ai jamais entendu dire que le risque était augmenté en cas d'autisme. Tu as ce diag depuis longtemps ? Ca se manifeste comment pour toi ? Tu prends un traitement ?

Perso, j'aurais tendance à dire :

"Diagnostic psy" = "Prudence, et précautions supplémentaires"

Mais sûrement pas :

"Diagnostic psy" = "Abstinence"



Typiquement, on met en garde les personnes qui vivent avec une psychose chronique (schizophrénie, bipolarité, etc.), car il existe un risque de relancer les symptômes aigus de la maladie lors d'une prise de LSD ou de Champis : ça peut déclencher une bouffée délirante ou un accès maniaque. D'ailleurs, ces personnes sont exclues des protocoles de recherche sur les thérapies psychédéliques pour cette raison (perso, je trouve cette exclusion "de principe" un peu trop rapide et stigmatisante, mais ça n'est que mon avis).

Il y a un risque, mais ça n'est pas systématique, et de nombreuses personnes avec un diagnostic de psychose chronique en consomment sans plus de problèmes que ça. C'est à dire qu'il y a les problèmes à cause de la maladie, mais qu'ils ne sont pas aggravés par les substances psychédéliques. Bien au contraire, d'après les témoignages des personnes. En fait, j'ai l'impression que les psychiatres appellent parfois "décompensation" un état psychique qui est recherché par la personne.

Quand le risque se matérialise, et que le délire devient ingérable ou source d'angoisses massives, cela peut nécessiter une hospitalisation en psychiatrie. Mais c'est temporaire, quelques jours ou quelques semaines, le temps de mettre en place un traitement antipsychotique.

Une telle situation n'est pas une partie de plaisir, et tout le monde préférerait éviter. Mais on passe par l'HP, on n'y reste pas à vie.

Jamais on ne reste "perché à vie" : ça, c'est juste une légende pour nous effrayer, c'est de la diabolisation !

Mais la toute première crise psychotique a souvent lieu à la fin de l'adolescence ou au début de l'âge adulte, alors ça peut arriver qu'elle se manifeste à l'occasion d'une première conso de cannabis ou de psychédélique. Ce qui fait dire à certaines personnes que la psychose a été déclenchée par cette conso, et que la personne est psychotique à vie à cause de ça (=la façon médicale de dire "perché à vie").

C'est indémontrable, et perso, et je n'en crois pas un mot. D'ailleurs, je constate que ce même discours culpabilisant et moralisateur est tenu également à des personnes qui ont eu leurs tout premiers symptômes bien avant leurs premières consos.

Perso, j'ai eu un pote diagnostiqué schizophrène qui raffolait des champis, du LSD et du DXM. Ca le faisait délirer, mais en bien wink Il semblait avoir des trips qui duraient plus longtemps que les autres, et qui l'amenaient plus loin. Son discours était parfois excessif et irrationnel, mais toujours plein de pertinence, d'ironie et de poésie. Ca faisait flipper les médecins et ses parents, qui remettaient ça sur le compte de la drogue, et qui voulaient l'envoyer à l'hosto au moindre mot qui ne respectait pas les règles de la sacro-sainte "réalité", ou quand il défiait les dogmes de la "raison" et de la "rationalité".

Mais c'était sa personnalité et son tempérament d'être comme ça, il aimait enfreindre ce genre de tabous, même quand il n'avait rien pris ! Ca lui a souvent joué des tours, et il a dû fuir les hospitalisations sous contraintes toute sa vie. Au bout du compte, cette obstination des hygiénistes mentaux à vouloir le priver de ses délires, ça l'a privé des soins dont il aurait bien eu besoin pendant ses périodes de dépression, quand il ne délirait plus et qu'il s'ennuyait à mourir. Mais bizarrement, personne ne lui a jamais proposé d'hospitalisation dans ces moments là...

C'était le genre de mec dont certains diraient qu'il est resté perché à vie. Mais en fait, il est né comme ça, c'était sa manière d'être, et c'était comme ça qu'on l'aimait.


Amicalement.

Bonsoir,
alors non je ne prends pas de traitement ni rien de ce style.
Donc si j'ai bien compris cela est juste un mythe? Ca me rassure un peu.

Pour votre ami, s'il avait des tripes bien plus long, c'est qu'au bout d'un moment il redevenait à l'état de base "naturel" non?

Désolé de vous poser cette question mais, il est toujours vivant votre ami?


 
#3 Posté par : stephaniemartin65 28 décembre 2023 à  18:38
Totalement d'accord avec Pesteux, même si je mettrais à part le cannabis et pas mal de (néo-)cannabinoïdes qui peuvent vraiment "créer" des psychoses.

Si tu testes, je te conseille d'abord les champignons (en dose petite à moyenne) qui ont des effets bien moins longs que le LSD par exemple. Comme ça tu pourras avoir un vrai aperçu du potentiel des psychédéliques. En plus, les risques physiques des champignons sont encore plus faibles que ceux du LSD.

Aussi pour limiter les risques de bad trip, je te conseille d'être accompagné par une personne sobre. C'est pratiquement toujours les bad trips mal gérés qui entraînent des effets psychiques sur le long terme, nécessitant des fois une hospitalisation.

 
#4 Posté par : Pesteux 28 décembre 2023 à  21:07

Majesty a écrit

Donc si j'ai bien compris cela est juste un mythe? Ca me rassure un peu.

C'est un mythe qu'on peut rester perché à vie.

Mais c'est vrai que les risques psychiques existent, et qu'ils sont plus grands pour les personnes qui ont une fragilité, notamment de type psychotique.

Par contre, on ne peut pas affirmer que ça se passera mal simplement parce qu'il existe un risque. Ca peut aussi être l'inverse, et que la personne en tire un bénéfice.


Majesty a écrit

Pour votre ami, s'il avait des tripes bien plus long, c'est qu'au bout d'un moment il redevenait à l'état de base "naturel" non?

Toutafé !


stephaniemartin65 a écrit

Si tu testes, je te conseille d'abord les champignons (en dose petite à moyenne) qui ont des effets bien moins longs que le LSD par exemple.

Je pense que c'est un très bon conseil pour débuter. Un effet plus court est plus facile à gerer.


Majesty a écrit

Désolé de vous poser cette question mais, il est toujours vivant votre ami?

Ne soit pas désolé, c'est moi qui en parle :) Mais mon ami est décédé, en effet.

Les préjugés sur le délire, la psychose et les psychédéliques ont conduit à une absence totale de prise en compte de ses désirs et de sa subjectivité par les psychiatres qu'il a rencontrés. Les violences institutionnelles en psychiatrie et les traitements forcés ont fait le reste : ça l'a écarté à tout jamais du circuit de soin. Et je crois qu'au final, c'est ça qui l'a tué.

Même à moi, dès que je parlais de mon psy, il me disait "Pesteux, tu es de leur coté !". Il s'est parfois fâché. On ne pouvait pas parler de ça, le sujet était trop sensible. Le système lui en fait baver, et il était vraiment braqué définitivement. Il ne comprenait pas du tout que je consulte un professionnel, et encore moins que je me sois plusieurs fois fait hospitalier volontairement. Ca n'a l'a pas empêché, plusieurs fois, quand j'étais à l'hosto, d'entraîner les potes qui n'osaient pas venir me voir, et de m'apporter une boulette pour égayer mes journées d'enfermement. Super souvenir de chaleur humaine, de soutien, et de fous rires dans la voiture, quand on fumait des joints sur le parking de l'HP. Le genre de moment tout simple, où tu te surprends à penser que finalement, la vie vaut la peine d'être vécue, et qu'il existe des personnes qui méritent d'être connues.

Mais si il vivait bien ses délires (car s'en était, ne nous voilons pas la face), et qu'il ne voulait pas prendre de traitements pour ça, il avait aussi des périodes de profonde dépression, qui n'ont jamais été prises en charge. Faute de soin, il buvait beaucoup pour supporter sa souffrance. Durant ces périodes, il n'était pas très inspiré, et ne délirait pas du tout, donc ses parents et le corps médical étaient moins inquiets. Et puis, c'était "que" de l'alcool, pas de la drogue, parait-il. Un jour, il a disparu. On a tous cru qu'il s'était sauvé pour échapper à une hospitalisation sous contrainte, une fois de plus. On avait l'habitude, certains potes se sont même relayés pour l'héberger parfois. D'autre fois il vivait dans des squats improbables. Mais cette fois-ci, il n'est jamais réapparu.

En fait, il est probablement mort le soir même de sa disparition. On a retrouvé son corps dans une rivière 6 mois plus tard. Aucune trace de psychédélique sur lui, ni dans son appartement. Il n'était pas dans une période psychés de toute façon. On ne sait pas si il s'est suicidé, ou si il est tombé du pont, probablement ivre. Chacun a sa thèse, la mienne c'est le suicide : il était vraiment très déprimé les derniers temps.

Avec le recul, je me dis que si le corps médical n'avait été obsédé par la drogue et le délire, si on n'avait pas obstinément tenté de le sevrer (de l'alcool, des opiacés, des psychédéliques) et de vouloir lui imposer un traitement neuroleptique, sans JAMAIS s'intéresser une seconde à ce qu'il racontait, on aurait sûrement pu l'aider, et peut être même le sauver.

Mais c'était un perché, alors c'était "prend ton traitement, et fait un sevrage".

Il est beau le résultat.



Amicalement.


Remonter

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