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Jules et Jenie 



Il suffira d être arrivé tout en haut pour enfin relâcher la pression , oublier les merdes quotidiennes ; de toute façon y a que ça de bon se dit elle, en franchissant la seconde marche. Elle soupirait, ahanait , toussait au fur et à mesure que les marches s’additionnaient . «  c est pas la forme, vivement que j’arrive au 6 ème ; là haut c’est mon petit paradis caché ; mon amour y loge avec ses petits paquets , pleins de petits paquets qui viennent réjouir nos veines...il dit qu ‘on arrêtera quand on sera grand ; ça me fait rire car je ne veux plus être grande..lui non plus ..on veut rester dans nos hauteurs, où les aigles côtoient les pics blancs , où les marmottes marmonnent , où les minuscules fleurs mauves piquent le sol brun et me rappellent les étoiles….( lol) je me marre je crois que je suis encore un peu perchée … pas assez , alors je monte , je grimpe, j ‘escalade les étages du vieux bâtiment qui grince de toute part même que souvent on se raconte des histoires de fantômes qui me font peur..lui rit pas moi...il abuse de ma sensibilité ce gros méchant...je l’aime mon méchant, je franchirais même le Styx avec lui..quand je dis ça il m’enlace et m’embrasse...j’aborde le 6ème , enfin…

Elle est en sueur , le dos la chatouille , elle tousse, se racle la gorge , les mollards éjectés sur les bord des marches ..tout le monde fait pareil, y a pas à se prendre la tête pour ça..les hygiénistes sont ailleurs, là bas, en bas...loin si loin de nous...on les déteste autant qu’ils nous haïssent..les bobos gauchos, les islamo français, les blancs incultes et violents , les salopes et les mecs machos...on les ignore car ils veulent soit nous enfermer, soit nous exorciser de nos prods, nous aliéner avec leurs medocs psychiatriques . Jules lui il les vomit ; il m’a appris  à décoder tout ça...j ai 16 ans lui 18 ans alors il m’apprend tout : l’amour, la haine, la joie des dopes , le secret des dieux …

Elle est devant la porte marron sale , bizarrement entrouverte.

6ème B ; pas de nom.

Un hurlement déchire l’air, fait trembler les vitres .. »MAMAN ! Maman ..oh pas ça….ses ongles perdent leur couleur rouge sur les joues de la jeune fille, ses mains tirent ses doux cheveux ; elle tombe à genoux , hurle encore et encore.

Son amour éternel est à terre, la tête fracturée , comme la serrure de la porte marron . Dans l’appart plus de petits paquets blancs, plus d’argent dissimulé dans les bouquins, ceux qu’il aimait tant .

Elle a perdu son seul amour, elle est accro à leur cc, jamais elle ne pourra passer à autre chose.

Ils furent enterrés séparément , leur famille respective se renvoyant les haines imbéciles du style « c est ton fils qui a entraîné ma fille » « ta fille ne l’a pas aidé à s’en sortir  , ils étaient nocifs l’un pour l’autre.

Les hurlements se sont perdus dans les couloirs, dans les fentes des murs, dans les caves, sous les marches de bois ; la nuit on peut parfois entendre des rires complices se moquer des gens qui montent les marches pour rentrer dans leur petit chez soi , entre soi ; ils se moquent , rient et s’aiment ..à la mort.

Catégorie : Tranche de vie - 16 février 2020 à  12:30



Commentaires
#1 Posté par : Anonyme 218797 17 février 2020 à  16:32
Big....
The real Bighorse...???

Pinaise, ça faisait longtemps, je pensais meme plus de recroiser ici.

Bisous, jspr que tout roule!

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