Catégorie : Opinion - 24 janvier 2025 à 17:15
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Nils1984 a écrit
"L'émerveillement a laissé place à l'étonnement, l'étonnement a laissé place au scepticisme, le scepticisme a laissé place au pessimisme, et le pessimisme a laissé place au désespoir" (sorry ouais ok c'est de moi...)
Le désespoir est une forme supérieure de la critique !
Disait Léo Ferré...
Le mot "toxicomanie", je trouve ça désespérant.
La qualifier de "tare", je trouve ça désespérant.
Considérer comme "addict" celui qui consomme pour "palier à une douleur lancinante", sans se demander si ça marche ou pas, je trouve ça désespérant.
L'idée que l'envie de "se soulager" soit tenue pour "folle" et "maladive", je trouve ça désespérant.
phitx a écrit
> Et encore une fois, j'entends très bien ce que tu dis sur la drogue en tant que découverte de soi et des autres , la teuf etc. Et en second lieu je l'ai expérimenté dans une certaine mesure. Mais ce n'est pas mon vécu en soi, ce n'est pas le vécu de mes amis et de tout ceux qui ont un vécu similaire au mien et celui que je dépeins. Dans ma famille également ou les addictions coulent ce n'est pas notre vécu. Et je t'assure que ça fait beaucoup de monde. C'est ce vécu là que je vise. La drogue a toujours été un pansement pour nous, pas au second plan comme tu le conçoit
Je suis d'accord qu'il peut aussi exister des consommations "pansement". Mais dans cas, quand tu mets un pansement sur une plaie, le mal est du coté de la plaie, pas du coté du pansement. Le premier plan, c'est la plaie, c'est pas la drogue.
Je trouve que tu confonds le mal et ce qui le soulage !
Si tu me permets une autre métaphore, lorsque tu sutures une plaie béante, la série de points va prendre la forme de la plaie. Et il me semble que c'est cette proximité de forme, le fait que ce qui ferme ou qui recouvre la plaie prend sa forme en négatif, en constitue l'empreinte en quelque sorte, c'est ça qui te fait prendre un remède potentiel pour une maladie. En premier lieu, c'est pas les points de suture qui font mal et qui peuvent nuire à la santé, c'est la coupure qui peut s'infecter ou mal cicatriser !
Si vraiment tu ne veux parler que des contextes de consommations les plus dramatiques, ok. Je pense qu'il existe des plaies qu'on n’arrive pas toujours à soulager avec des produits, et que ça peut créer des consommations problématiques, à doses sans cesse croissantes comme cela a été le cas pour moi avec les Benzos et le Chloral. Mais dans ce cas, il faut déjà trouver comment soigner la plaie, et la question de la conso devient secondaire. Tu ne peux pas aider des personnes en détresse en dévalorisant le seul truc qui les soutient face à cette douleur, aussi insuffisant et ambivalent ce soutient soit-il. Ce focus sur la conso problématique, c'est oublier complètement sa cause, ça fait mal et c'est voué à l'échec.
Et c'est tout particulièrement vrai dans les contextes de consommation les plus problématiques et les plus destructeurs. On n'en arrive pas à ce genre de situation par hasard, on en vient là parce qu'il y a une grosse plaie qui fait très mal. Croire qu'on va résoudre le problème en arrachant le pansement et en tirant sur les fils comme un bourrin, c'est de la barbarie !
Se croire non violent parce qu'on veut parvenir au même résultat par des méthodes soi-disant douces, par la suggestion progressive que la douleur vient du pansement, ou par le renforcement de cette croyance déjà bien ancré dans l'esprit de la personne, c'est nier le manque de l'autre au nom de sa propre demande d'aide, et j'appelle ça de la perversion.
Ceux qui vivent ça de la part de leur addicto sont des cocus de l'alliance thérapeutique.
N'y a t'il pas une contradiction entre :
phitx a écrit
Être toxicomane, en tout cas pour moi et pour beaucoup de mes amis partageant cette tare, c'est avant tout vouloir ne pas souffrir, prendre le choix d'être accro, pour soulager.
(...)
nous on prod pour se soulager, et de façon chronique, totalement addictive et maladive
et :
phitx a écrit
Je ne dis absolument pas que la conso est une souffrance (je me demande même comment tu en es arrivé à cette conclusion). La douleur ne vient justement PAS du pansement. Je dis qu'elle est utilisée pour pallier à une souffrance. Je ne confonds absolument rien : tu confonds ici, justement le mal n'est point la drogue je n'ai jamais dis ca, si tu lis entre les lignes je dis exactement le contraire, elle est un bien pour les gens comme moi.
Donc, ce que tu décris comme "un bien pour les gens comme moi", tu appelles ça aussi une "tare" et tu trouves que c'est une conso "maladive" ?
Effectivement, j'ai du mal à te suivre...
phitx a écrit
De plus, ta façon de m'invectiver est vraiment super déplacée et violente, " c'est nier le manque de l'autre au nom de sa propre demande d'aide, et j'appelle ça de la perversion", ou encore "cocu de l'alliance thérapeutique".
Sérieusement, perversion ? Mais tu m'accuses premièrement de choses déplaisantes ainsi que mauvaises, et de 2 totalement à l'opposé de mon propos. Je ne partage pas sur mon blog pour qu'on m'accuse d'être perverse !
Je ne vois vraiment pas ce qui te fait penser que je parle de toi... Quand j'écris "se croire non violent parce qu'on veut parvenir au même résultat par des méthodes soi-disant douces", je parle évidemment des addictos, psychiatres, et autres professionnels de santé qui veulent nous faire arrêter. Et quand je parle des "cocus de l'alliance thérapeutique", ça me parait évident que la trahison est du côté des soignants, et non pas du côté des PUDs.
Comment ça se fait que tu te reconnais dans les phrases que tu cites ?
Moi j'ai l'impression que ce c'est toi qui te considères comme une malade et une tarée ! Ce sont tes propres mots...
a écrit
Je sais que mon point de vue est assez inhabituel et remet en question absolument tout.
Hey !
Bon... dernier passage sur ce billet, mais ton post est irrésistible : il me fait précisément penser aux philosophies du langage (« Personne n’est mon semblable, ma chair n’est pas leur chair, ni ma pensée leur pensée.» (L. Wittgenstein)), à Stirner dans une moindre mesure, au K-hole (la plus grande de toutes mes XP) ou aux koans zen :
Foi en l’esprit…
« Ni pensée, ni réflexion, ni analyse,
Ni exercice, ni intention,
Laissez-le s’installer de lui-même »
Nous arrivons seul en ce monde,
Nous en partons seul,
Cela aussi est illusion.
Je vous enseignerais la manière
De ne pas arriver, de ne pas partir (Ikkyu)
Un moine : " un moine est mort ; où est-il parti ? "
Tozan : " Après le feu, une pousse d'herbe "
" Deux se posent ici,
Deux s'envolent...
Des papillons." (Chora)
Note : revenir des abîmes demande à l'esprit beaucoup, beaucoup de légèreté... @ bientôt
Méditer, c'est risquer...
Nombre d’Occidentaux attirés par la pratique de la méditation, qu’ils considèrent à tort comme une technique de relaxation, sous-évaluent les risques qu’ils courent à soigner leur dépression en se contentant d’adopter la position du lotus.
Selon Jean-Pierre Schnetzler, psychiatre et disciple du maître bouddhiste Kyabdjé Kalou Rinpoché (1904-1989), les mauvais usages de la méditation peuvent s’avérer dramatiques : « On peut vouloir méditer pour de nombreuses mauvaises raisons qui provoqueront des détournements du processus méditatif à leur profit. Un sujet timide, introverti, cultivera solitairement un moi soigneusement protégé d’autrui. Un autre, idéaliste, au surmoi rigide, y trouvera une occasion d’écraser ses désirs et de s’imposer, avec encore meilleure conscience, un ascétisme farouche. Un sujet narcissique s’épanouira dans la culture grandiose de ses qualités et développera une arrogance caractérielle égocentrique, difficilement supportable pour ses voisins. Cette forme de “maladie du zen” n’est pas rare, d’où la nécessité d’un maître vigilant. »
Amicalement
a écrit
Bonjour, oui chacun est censé trouver en lui ses propres reponses. Mais le chemin est parfois obscur et surtout on peut s'égarer. C'est pourquoi l'appui d'un maitre est souvent conseillé. En tous cas on doit avoir un regard critique.
Le "développement personnel", cette sombre imposture pseudo-émancipatrice... en Occident on ne change pas une équipe qui gagne
prescripteur a écrit
Bonjour, oui chacun est censé trouver en lui ses propres reponses. Mais le chemin est parfois obscur et surtout on peut s'égarer. C'est pourquoi l'appui d'un maitre est souvent conseillé. En tous cas on doit avoir un regard critique.
https://www.psychologies.com/Culture/Sp … e-therapie
Amicalement
Bien sûr je compare ce genre de pratique comme à toute autre discipline où la guidance d'un maitre nous permettra d'arriver en lieux sûr. Je suis complètement d'accord avec ton partage. Surtout avec la méditation j'ai envie de dire !
Et effectivement les questions que je pose peuvent être volatiles prises comme ça mais à travers la philosophie que je tente de partager c'est compris dans une recherche profonde et un réel processus. Après c'est toujours le souci de partager un morceau de cela qui ne pourra jamais comprendre la totalité du message ou de la pratique, juste une parcelle.
L'introspection est une voie riche et passionnante et oui je ne peux que conseiller de se renseigner plus en profondeur sur ces voies, avec les maitres et les ressources qui sont sont disponibles. C'est, je crois, la plus belle chose qui me soit arrivée
a écrit
Tout ça, ça veut dire que je passe trop de temps sur PA :)
Chaque fois que je m'y suis pris la tête avec quelqu'un c'était effectivement le signe que j'y passais trop de temps. Just sayin'.
Une petite prise de distance/recul et hop ça va tout de suite mieux. On a nos embrouilles mais la terre ne s'arrête pas de tourner.
Sur ce...j'vais me faire un petit vapo.
La bise
a écrit
J’ai appris à questionner mes cuillères.
Hey !
Ahah très bonne ligne de frappe :)
Et tout en relisant le thread en entier, je ne peux pas m'empêcher de me dire que non, définitivement non, "le choix" n'existe pas - ou l'illusion du choix ? - il n'y a que des nécessités. (ceci ne constitue que mon propre point de vue, il va de soi : si j'ai pris de la dope, si je me suis parfois mutilé jusqu'à me faire des fixes dans les veines du cou, si j'ai succombé à l'héro, si j'ai succombé tout court, n'était-ce que par choix ou n'était-que par nécessité ?... work in progress XD !)
Contre la nécessité
Balayer de notre ciel les nuages de la nécessité: c'est un espoir qui demeure. La foi en la réalité du temps, en la suprématie de la raison a ravagé notre vie, mais temps et raison ont une matrice commune: la nécessité. La grande pensée indienne a ignoré pendant des millénaires la catégorie de la nécessité. Et lorsqu'Héraclite dit «le soleil est nouveau chaque jour», il ne veut pas du tout enseigner le devenir, mais s'opposer à la tyrannie de la nécessité. La nécessité ne peut dominer sans partage; son triomphe, si toutefois il était possible, éteindrait la vie elle-même. Ce spectre nous guide, sans que nous nous en apercevions et il affaiblit les hommes capables de passion; c'est un vautour qui creuse en nous, une sangsue qui suce notre sang. Même Nietzsche ne s'en est pas aperçu et chante les louanges de la nécessité, lui qui a inauguré le grand renversement, qui a fourni les instruments pour démasquer les plans de cette déesse perverse.
[Giorgio Colli]
'' Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux. ''
[Guy Debord - la Société du Spectacle]
> La vision subjective humaine est contagieuse ; en rendant perceptible le réel, elle le crée. (MétaPhrén)
Je t'embrasse phitx pour ce sujet fascinant que tu as lancé... et ce malgré nos désaccords.