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La tartine de taz [LSD redescente, taz] 



La tartine de taz

Le titre fait peur, je l'entends. Je vais raconter aujourd'hui une expérience d'il y a déjà quelques mois sur laquelle je n'avais jamais écrit, mais sur laquelle mes amis se moquent encore gentiment de moi aujourd'hui.

Il était une fois un trip sous LSD déjà bien avancé, même carrément sur la redescente. Nous étions trois et un quatrième ami était en chemin pour nous rejoindre (lui aussi avait pris du LSD, le même buvard que nous, au même moment mais sur une autre soirée avec d'autres gens). On voulait tous un peu se relancer et faire un long after toute la journée chez Olympe, ma meilleure amie. Bien qu'encore carrément à l'ouest, nous étions sur la fin des effets du LSD. Personne ne voyait plus rien, sauf moi à la rigueur quelques légères fractales en fond qui s'estompaient progressivement.

Je proposais d'aller chercher un demi-gramme de qu'il me restait chez moi, mais cela impliquait quarante minutes de transports en commun aller et à nouveau quarante minutes retour juste pour ramener un peu de , nous nous sommes dit que ce n'était pas très rentable et même pas très sûr de me laisser y aller dans cet état pour si peu. Nous étions donc en recherche de ce que nous allions bien pouvoir nous mettre sous la dent (ou dans le nez) pour prolonger un état de défonce. Notre ami Paulito est enfin arrivé à vélo et nous annonce que sur lui il a un gramme de cocaïne. Après quelques blagues sur notre ami perché qui était venu en vélo à l'image de notre cher Hoffman à bicyclette, nous finissons par nous poser tous les quatre sur le grand lit en « réunion de famille ». Olympe, Paulito, Léo et moi (nous me nommerons « Tania » cette-fois ci à travers cet écrit) devons définir un plan d'attaque et qui prend quoi, en quelque quantité, quel moyen d'administration : histoire de cadrer un peu notre envie de débauche.

Léo annonce la couleur : il ne prend rien mais reste avec nous se reposer. Olympe et Paulito tournerons à la coke. Et quant à moi : c'est là le dilemme. Je ne touche pas à la cocaïne et cette substance ne m'attire pas plus que ça, même inconsciemment me rebute (ce n'est que personnel, je ne l'explique pas trop ? Sinon je m'en fiche que quiconque autour de moi en prenne et je sais que moi-même je touche à pleins d'autres substances que quiconque pourrait juger). Je n'ai pas ma kétamine sur moi, même si je me serais bien relancée avec ça. Dans ma tête, une pensée intrusive m'a fait rire et je l'ai notée : « La Tania ayant été perchée durant la nuitée, se trouva fort dépourvue que la ne fut point venue. ». Je me sentais comme cette petite cigale fêtarde pas très prévoyante de la très célèbre fable de La Fontaine. Bon, qu'avons nous chez Olympe ? Mon amie me dit qu'il lui reste des taz de l'été dernier, depuis que globalement cela la dégoûte. Pour monter plus ou moins en même temps qu'Olympe et Paulito et ne pas avoir de décalage, celle-ci me le propose en sniff.

Elle coupe en deux le cachet gris et écrase une moitié de taz dans une assiette après avoir rangé l'autre dans son pochon d'origine, transformant ainsi la moitié de cacheton compact en une poudre très fine couleur gris cendre. Je n'avais jamais sniffé de MD de ma vie, encore moins sous forme de taz, j'ai plutôt l'habitude de privilégier une consommation par voie orale. Je n'aime pas trop sniffer, hormis la kétamine, mais je me suis dit c'était le moment de tester, quitte à détester mais au moins pouvoir dire pourquoi. Je savais de connaissance juste en traînant sur des forums et en lisant quelques articles ici et là que la MDMA est très irritante pour le nez, d'après mes amis cela donne une sensation de « brûlure » ou mot pour mot pour les citer « ça arrache le nez » donc globalement, je savais que ça ne serait pas agréable en sensation, mais les restes d'effets d'acide en moi m'enlevaient toute sensation de douleur, déjà bien enrhumée de m'être promenée dehors en pleine perche en T-shirt à manches courtes sans veste avec mes amis. Je ne l'ai pas dit plus tôt, mais le demi-taz écrasé venait d'une commande où j'en avais fait analyser un dans le lot, quantifié à 150mg de MDMA environ, donc j'avais environ devant moi 75mg de MDMA (sans compter qu'évidemment, la MDMA n'est pas répartie de façon homogène forcément entre chaque taz, ni même d'une moitié de cachet à l'autre). Olympe m'a préparé une trace avec une petite partie du tas gris cendre, je me suis préparée une paille et j'ai tenté de sniffer la ligne de poudre fine. Je sentais que le LSD m'empêchait de ressentir la sensation de brûlure dans le naseau, mais je sentais que c'était tout de même étrange et un peu désagréable et cela s'est accompagné d'un goût horrible au fond de la gorge.

Paulito et Olympe ont pris de leur côté une trace de C, pendant que la MDMA a commencé à faire son petit effet, bien que très léger. J'ai senti que des effets du LSD étaient relancés, potentialisés malgré la fin de trip : des fractales qui étaient de retour, une sensation de chaleur, d'être hyper-éveillée, je voyais les couleurs dans l'appartement de façon plus chatoyantes, visages de mes amis déformés, fous rires incontrôlés...etc. Aussi purement un effet basique de la MDMA que je connais très bien désormais : j'ai senti mon sourire s'étendre jusqu'à mes oreilles sans raison apparente et moi qui commençait à fatiguer, je me suis sentie réveillée d'un seul coup. J'ai laissé la molécule agir et c'était plaisant, nous avons mis un reportage sur la télévision tout en papotant ou commentant de petites blagues ici et là. Je me sentais encore défoncée et perchée, mais les couleurs redevenaient ternes et je sentais que la mini-relance à la MDMA en sniff était déjà en train de s'estomper. Alors une question s'est posée : est-ce que je reprends une trace. Franchement, je n'en avais pas envie en trace mais juste de gober ce qu'il restait de moitié de taz que j'avais commencé à sniffer. Hélas, pas de quoi faire des parachutes sous la main, Olympe n'avait plus de feuilles et quand bien même la poudre de taz me semblait trop fine pour finir ainsi. J'ai songé à mettre la poudre de taz dans une boisson mais dans de l'eau ce serait trop dégoûtant et je n'avais pas envie d'en faire un cul sec. J'ai songé à mettre mon taz écrasé dans une boisson sucrée pour que cela passe mieux, mais le frigo d'Olympe était vide. Paulito et Olympe, à ce moment se mettent en tête de commander en livraison des chocolats chauds d'une célèbre enseigne. Je m'ajoute à la commande, alors que je n'aime pas cette enseigne à l'origine, mais si c'était mon seul moyen d'avoir une boisson parfumée et sucrée dont le goût masquerait l'horrible goût du taz en poudre que je comptais mettre dedans, alors ça ferait le job. La commande était passée et j'avais expliqué mon plan aux deux autres, alors que notre ami Léo dormait profondément dans un coin du lit. Malgré notre notion du temps quelque peu distordue par les substances sous lesquelles nous étions, nous surveillions l'heure et une première fois la commande fut annulée sans raison donnée clairement, simplement un remboursement immédiat. Nous avons recommencé une deuxième fois, puis une troisième avant d'abandonner. Dans un élan de lucidité nous avons simplement cherché le nom du café sur internet et...il était fermé exceptionnellement en ce jour alors que l'application nous laissait passer commande : c'était donc pour ça que nos trois commandes avaient été annulées. C'est fou cette malchance : je voulais simplement un breuvage où mettre mon vieux taz écrasé tout nul. Olympe m'a proposé de gober la moitié non écrasée et de jeter le reste mais non : je ne voulais pas gaspiller le taz écrasé, je trouverais un moyen de le consommer, coûte que coûte.

Et là : Olympe qui avait un petit creux et envie d'un bon petit-déjeuner de "14h du matin d'après trip" a sorti un énorme pot de pâte à tartiner et des biscottes. Elle s'est fait deux petites tartines et m'a proposé de m'en faire. J'ai eu LA révélation à cet instant. Je vais passer pour une dégénérée, en tout cas, c'est ce que disent la plupart des gens quand ils savent l'anecdote sans tout son contexte, mais j'ai donc eu l'idée de mélanger la poudre de taz à de la pâte à tartiner pour réussir à l'ingérer sans avoir de quoi faire de para, sans en percevoir le goût et sans sniffer. Défoncée comme je l'étais, je me suis sentie comme un génie sur le moment. Mi-génie, mi-détraquée. Sans en dire un mot à mes amis qui se reprenaient une trace de C, j'ai mis mon plan à exécution. Je me suis appliquée à faire les choses bien : j'ai sorti un couteau neuf, j'ai fait un petit tas de pâte à tartiner dans le coin d'une petite assiette neuve elle aussi, j'ai saupoudré délicatement la poudre de taz et j'ai mélangé tel un peintre sur sa palette jusqu'à obtenir une pâte homogène et ne plus discerner la poudre de taz de la pâte à tartiner. Dans ma tête, j'étais un pâtissier de renom pour effectuer la tâche avec une telle minutie en étant aussi défoncée. J'ai donc tartiné mon curieux mélange sur deux biscottes, sans même que mes amis ne comprennent la manipulation que j'étais en train d'effectuer. J'ai direction fait la vaisselle et nettoyé la scène de crime, pour que personne ne se trompe de couteau et d'assiette ou n'ingère une once de MDMA par mégarde : vraiment j'ai fait les choses bien dans mon élan de folie.

Je suis revenue avec mes amis, j'ai grignoté tranquillement mes tartines de taz sous les yeux de mes amis qui ne se doutaient encore de rien. Olympe m'a demandé : « Alors, du coup, tu veux gober l'autre moitié ou tu vas en sniffer du reste que j'ai écrasé ? ». J'ai souri comme un enfant pris en flagrant délit.



- Olympe...J'ai un truc à te dire, j'ai fini tout le demi taz, mais...
- Tania ? T'as tout sniffé d'un coup ? T'as tout jeté à la poubelle ?
- Alors...je l'ai pris en oral, disons et...
- Genre la poudre comme ça dans ta bouche ? C'était pas trop dégueu ? Woah, j'aurais jamais réussi à ta place.
- Disons que je l'ai mélangé à...la pâte à tartiner.

Fou rire général de Paulito et Olympe. J'ai expliqué en détail ce que j'avais fait et comment je l'avais fait, j'ai rassuré Olympe en lui montrant que j'avais bien nettoyé le couteau et l'assiette. « Je comprends mieux pourquoi t'as pris autant de temps à la cuisine à faire tes tartines ! » m'a simplement dit Olympe amicalement. Et c'est ainsi que de tout un long trip sous LSD, nous retenons aujourd'hui cette affaire des tartines de taz.



edit/ajout :
Et après ?
Quarante minutes plus tard et...J'ai ressenti à nouveau quelques effets similaires à ceux ressentis après la trace de taz sniffée plus tôt. Rien de bien énorme, car le tout mêlé à ma fatigue et les effets du LSD se dissipant de plus en plus. Plus aucune fractales, mais la vision avec des couleurs plus vives, plus chatoyantes était de retour. Je souriais et rigolais bêtement, pas de gros effets, mais après tout ce n'était qu'un coup de boost de même pas 75mg, enfin, de quoi me laisser un peu défoncée et éveillée deux heures de plus et l'énergie de faire le trajet de retour vers chez moi. Une fois arrivée ? J'ai dormi.

Catégorie : Trip Report - 11 février 2024 à  17:03

#LSD #MDMA



Commentaires
#1 Posté par : Nils1984 11 février 2024 à  17:59
hi u !

succulente histoire. J'avoue j'ai pas du tout la forme aujourd'hui, après le post déjanté que j'ai laissé ce matin à propos d'une question d'un camarade sur l'abylifie (p'tain c'est dingue, je sais jamais comme écrire ça... surpris) Bref, ton texte est mon rayon de soleil (c'est galvaudé/ringardoss comme expression mais bon...) de cette journée pluvieuse à Part-Dieu. J'ai souri d'abord, puis j'ai ris, et je crois que... les images immédiates/représentations véhiculées en moi lors de la lecture vont considérablement apaiser ma soirée. merci-1 Aidee, ce texte est une perle.

Amitié. big_smile

 
#2 Posté par : C.S. 11 février 2024 à  18:20
lol

L'histoire ne nous dit pas si la biscotte magique a produit son effet !! big_smile

smak
Reputation de ce commentaire
 
hahaha !! ^^

 
#3 Posté par : aidee 11 février 2024 à  19:03

C.S. a écrit

L'histoire ne nous dit pas si la biscotte magique a produit son effet !! big_smile

Alors, j’avoue que tu as raison :,) je be fis pas trop la suite au final
Bon, j’ai pas jugé utile d’en dire plus sur la suite car c’était juste des effets de taz en prise orale classique disons haha mais peut être que j’éditerais avec quelques lignes en plus je verrais


 
#4 Posté par : aidee 11 février 2024 à  19:06

Nils1984 a écrit

hi u !

succulente histoire. J'avoue j'ai pas du tout la forme aujourd'hui, après le post déjanté que j'ai laissé ce matin à propos d'une question d'un camarade sur l'abylifie (p'tain c'est dingue, je sais jamais comme écrire ça... surpris) Bref, ton texte est mon rayon de soleil (c'est galvaudé/ringardoss comme expression mais bon...) de cette journée pluvieuse à Part-Dieu. J'ai souri d'abord, puis j'ai ris, et je crois que... les images immédiates/représentations véhiculées en moi lors de la lecture vont considérablement apaiser ma soirée. merci-1 Aidee, ce texte est une perle.

Amitié. big_smile

Merci à toi pour ton retour ! Ça me fait toujours plaisir des retours comme ça
Et t’inquiète l’expression « tu es mon rayon de soleil » n’a rien de ringard je l’utilise régulièrement en début de vingtaine :,) ou alors je suis ringarde moi même ? Enfin bref ne t’en fais pas a propos de ton vocabulaire tant qu’on se comprend !
Oui j’ai vu pour l’abilify il me semble ?
Prends soin de toi, douce fin de journée en tout cas


 
#5 Posté par : C.S. 11 février 2024 à  19:08

aidee a écrit

C.S. a écrit

L'histoire ne nous dit pas si la biscotte magique a produit son effet !! big_smile

Alors, j’avoue que tu as raison :,) je be fis pas trop la suite au final
Bon, j’ai pas jugé utile d’en dire plus sur la suite car c’était juste des effets de taz en prise orale classique disons haha mais peut être que j’éditerais avec quelques lignes en plus je verrais

Yesss ! tongue


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