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Le courage ? 



« tu dis revenir de loin ? c’est surtout… que tu n’es allé nulle-part »

Où est passé ton courage ? Tu te souviens quand ta quitté ta ville d’enfance, sac au dos pour accoster une nuit dans une ville inconnue et dormir dehors pour la première fois ? Tu te souviens quand tu tapais du stop, 50 bornes tous les jours, pour trouver du taf à Nantes et revenir la nuit tombée chez ton pote qui te logeait ? tu te souviens quand tu dormais dans des halls d’immeuble, avec pour seul appui le 115 et le secours catholique ? Tu te souviens quand tu dormais dehors sous des pluies diluviennes ? Tu te souviens quand tu as quitté Nantes et dit adieu à tous ces potes dont la plupart sont morts, pour arriver fin 2009 sur Lyon sans aucun point d’attache ? T’avais pas froid aux yeux bordel, t’avais pas besoin d’anxiolytiques, tu fonçais tête baissée, t’avais peur que du froid et de la faim qui te tordait le bide, tu te souviens quand tu devais à 14 heures pétantes te présenter devant le juge en grande instance et que t’avais pas un copeck pour t’y rendre ? Pourtant tu y arrivais, tu te démerdais toujours et tu t’en sortais toujours super bien…

T’étais sous métha à cette époque et tu te bougeais le derch pour trouver n’importe quel petit job minable, ton casier judiciaire okay s’alourdissait toujours un peu plus, mais tes trois T.I.G se passaient relativement bien, t’étais en couple à cette époque, et t’étais en pleine reconstruction, t’allais de villes en villes et t’explorais à fond tout ce qui devait être exploré… et ce matin tu t’es levé en te disant : « merde j’ai 40 ans en janvier, j’suis à moitié vieux »… où est passé ta fougue, où est passé ton courage ? Tu t’en prends à Lyon, tu dis détester cette ville mais au fond tu te dédouanes de cette manière, c’est plus pratique…

Tu tentes de te projeter pour 2024, tu te dis que ce sera l’année de la « relève », de la rédemption… tu te sens comme un rat perdu dans une fourmilière géante, et tu ne cesses de te répéter qu’il n’y a pas, qu’il n’y aura jamais de « réponses », qu’il n’y a que des choix… et les choix que tu as fait sont ceux d’un fou qui ne cesse de forcer une porte en béton armé qui jamais ne s’ouvrira. Tu nages à contrecourant mec, tu ne crois plus en la politique, tu évites dorénavant tout ce qui touche à ce sujet, ça te libère d’un poids quelque part, finalement ça n’était pas fait pour toi. Au lieu de quoi tu élucubre des théories fumeuses avec des boomers sur facebook qui ne cessent de te faire des leçons de morales à deux balles : « tu devrais stopper avec ton folklore anarchiste », c’est ce que j’ai dis pour finir à un contact boomer présomptueux et arrogant, du style « MOI j’ai une expérience de combat de rue, pas toi » Il en sait quoi ce type ? Tu ne te considère pas comme une victime, t'as récolté ce que t'as semé et semé ce que t'as récolté, tu as cessé tes petites frasques nocturnes à appeler au soulèvement… écrire des conneries sur les murs, au moins ça faisait sourciller ou marrer les gens, tu n'es pas un appeliste comme ces mecs de Tarnac.

T'es un gars avec une intelligence des plus moyennes, t'as pendant des mois travaillé sur une œuvre dont tout le monde se fout, et le plus ouf c'est que tu t’en tape… c’est cela qui t’inquiète : « pourvu qu’on m’oublie vite ». Tu n’iras ni en enfer ni au paradis, quand tout sera fini tu ne resteras qu’un souvenir. Oui ce passage sur Terre aura été des plus bordéliques, mais tu n'es pas un pseudo-sceptique, tu refuse de croire que quand viendra ta dernière heure tu finiras simplement dans un cendrier. Pourtant c’est ce qui arrivera, mais tu ne verras pas de ton vivant les énigmes monstres résolues de l’existence. Maintenant, devant ton clavier à écrire aussi vite que se déplacent des photons, t’as trouvé une forme de distraction/rêverie dans le phénomène des PANS, tu t’intéresses de près à tout ce qui touche au sujet… ça te change du réel, mais tu n’es pas naïf pour autant. Il parait que la « divulgation » est proche. Verras-tu ça de ton vivant ? Et là tu penses à ton père qui n’avait de cesse d’observer les étoiles avec un cœur que tu sentais amer. Ton père n’est plus de ce monde, et dans tes délires chroniques tu t’imagines aller le sauver des enfers, toi, ce gosse d’une fratrie assez vaste, brebis galeuse de toute une famille aujourd’hui dispersée.

Où est passé ton courage alors ? Tu l’as fait autrefois, ignorant de tout, tu peux le refaire si tu le veux/souhaite vraiment. T’es devenu oisif avec le temps, et tu es torturé par ta mémoire. « Va au bout de tes rêves » disent un nombre incalculable de ziques. Mais quant est-il de ceux et celles qui n’avaient que des cauchemars ? Allez mec, la fin d’année est rude, accroche toi au dernier wagon qui arrive et qui t’en es certain ne repassera plus jamais. Avec surprise tu t’es rendu compte que ton C.V tient sur trois pages et que c’est un put*** de casse-tête de faire un condensé.

Alors comme ça, ta dernière lubie est d’imaginer une place limite infinie où jaillit les 7 milliards de personnes vivant sur cette planète, et tu t’imagines fondu dans cette masse quasi illimitée, ça te rassures, ça t’apaise. Tu te souviens à chaque réveil de tous tes rêves, parfois tu te demandes comment ton esprit peut créer des trucs pareils, c’est souvent magique, inexplicable/inexprimable et c’est le grand drame au fond de ta piètre existence, tu ne peux partager ce nombre infini d’images « magiques » en toi à personne, sinon en visuels hasardeux et très artisanaux, pas d’aides d’I.A pour toi. T’avais dis que c’était ton dernier billet, mais y’a encore cet enthousiasme en toi de partager ces quelques mots avec des personnes qui tu le sais vivent/ressentent ce que tu vis/ressens. Y’a pas mal d’artistes sur Paris et ailleurs qui souhaitent depuis des lustres te rencontrer, mais tu t’acharnes à faire le mort. Face aux abysses, sourire aux lèvres, vieux relève toi, pour un bout, une pièce de dignité.

Où est passé ton courage ? De l’océan descend ton origine, l’infini en hélice déroulé dans ta chair, tenir bon est la morale de ton histoire, en toi émerge une rivière où fait surface, nage et sombre – une machine à rêves.

Accroche toi au dernier wagon. De là, tu retrouveras ta force et peut-être ton courage…

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Catégorie : En passant - 01 décembre 2023 à  20:40

Reputation de ce commentaire
 
Plein de sens et belle écriture - Stelkr
 
Nantes, Nantes, Nantes,... très beau texte. Nineta
 
Merci, tu devrais écrire si tu ne le fais pas ! Tu as un talent pour ça.



Commentaires
#1 Posté par : Oob 02 décembre 2023 à  00:33
Bonsoir Nils,
Me suis inscrit juste pour te dire que j'ai trouvé ton texte très beau.
ça m'a fait penser à du Robert McLiam Wilson, plus particulièrement son bouquin Ripley Bogle.
Bref, on s'en fout, le texte est beau
Merci
Oob

 
#2 Posté par : Nils1984 03 décembre 2023 à  14:09

a écrit

Bonsoir Nils

merci à toi... pourtant quand je me relis j'trouve tjrs le truc assez faible... je saborde tjrs ma barque : j'ai supprimé mes meilleurs textes. Je vais me renseigner sur R.M Wilson, merci pr la ref :)

à très bientôt peut-être :)


 
#3 Posté par : Cub3000 03 décembre 2023 à  20:27
Hey...tu n'es lisiblement pas un gars "avec une intelligence des plus moyennes"...
Accroche-toi. Pas mal de tes questions sont aussi les miennes.

 
#4 Posté par : Nils1984 05 décembre 2023 à  22:53

Cub3000 a écrit

Hey...tu n'es lisiblement pas un gars "avec une intelligence des plus moyennes"...
Accroche-toi. Pas mal de tes questions sont aussi les miennes.

Merci Cub pr ton soutien... ça a été l'année la plus rapide que j'ai jamais vécu, ergo... tout reste à faire ^^


 
#5 Posté par : Nils1984 05 décembre 2023 à  22:55
Merci à toi Stelkr... @ très bientôt sans doute :)

 
#6 Posté par : Nineta 06 février 2024 à  12:45
Coucou ton texte m'a fait penser à cette chanson. Il faut se l'approprier bien sûr wink

https://on.soundcloud.com/uGBEa

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