Préjugés contre les PUDs: la chasse est ouverte ! 



Bonjour tout le monde,

A PsychoActif, nous cherchons à déconstruire les préjugés qui pèsent sur notre vie de personnes utilisant des drogues.
Et pour mener à bien notre combat, il nous faut mieux cerner ceux contre lesquels nous nous battons. Pour ce faire, petit sondage / brainstorming / appel à témoignages, comme on avait fait pour vos bénéfices liés à votre usage de drogues !

De quels préjugés/stéréotypes avez-vous été victimes au cours de votre vie ? Quels évènements qui ne vous seraient à priori pas arrivés si vous n’aviez pas été usager-e ?

Nous parlons là de préjugés au sens large, lâchez-vous, ça peut être un sous-entendu dans une conversation, une attitude que l’on a eue envers vous ou quelqu'un que vous connaissez, un terme employé, une histoire qui revient systématiquement lorsque vous parlez de vos consos, même via des gens ouverts d’esprit sur le sujet d’ailleurs. Et plus encore...

Prêt-e-s ? C’est à vous !

Catégorie : Opinion - 09 décembre 2022 à  19:16

#stigmatisation



Commentaires
#1 Posté par : Morning Glory 09 décembre 2022 à  19:19
Je commence ? Allez je commence wink


Par exemple : récemment au CSAPA on m’a regardée de travers lorsque j’ai annoncé, comme ils voulaient me faire du chantage pour que j’arrête tous autres opiacés pour obtenir de la méthadone, que je jetterai mon pochon. L’infirmière et la médecin m’ont regardée en mode « lol. Comme si vous en étiez capable », en gros démerde-toi comme tu veux pour arrêter Morning, mais tu réussiras pas à le jeter.
(Je l’ai fait dans la première poubelle venue.)

Second exemple personnel : Très souvent lorsque je parle de mes consos à un-e non usager-e, iels ont souvent un exemple d’une personne qui connaît une personne qui connaît une personne qui s’est détruite en fumant des joints. Il faut absolument que ces histoires remontent quand je leur parle de mes propres expériences : pour elleux les drogues m’amèneront inévitablement à me détruire.


D'autres me viendront peut être merci-1

 
#2 Posté par : psyr 10 décembre 2022 à  01:28
J'ai récemment annoncé à des bons potes que j'aimais bien prendre de l'héro. La réaction a été assez glaciale, voire fuyante, alors qu'ils ne sont pas naïfs à la défonce.
L'impression d'avoir été labellisé 'foutu'

(C'est un exemple des préjugés associés à la came, si c'est trop ciblé, n'hésitez pas à effacer)
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Un courageux qui se lance le premier ! ^_^ ~

 
#3 Posté par : Morning Glory 10 décembre 2022 à  09:41

psyr a écrit

En fait sur ce coup on CHERCHE du cliché (pas que, les histoires plus subtiles sont aussi les bienvenues, mais les gros clichés sont tout aussi intéressants), donc c'est nickel wink comme dit: lâchez-vous :3

Plus il y aura de témoignages / opinions, plus on aura une vue d'ensemble et exhaustive de ce qu'on doit combattre.


 
#4 Posté par : Myrmidon 11 décembre 2022 à  15:01
Avec un membre de ma famille, lors d'une dispute quant à un désaccord : "Tu es défoncé, tu ne comprends rien". D'abord je n'étais pas, selon moi, dans un état d'ébriété manifeste, et mon proche ne l'aura jamais su si je n'avais pas dit avoir consommé je pense.

Bien entendu le désaccord subsiste quand je suis sobre...

En réalité, c'est cette tendance à se servir de la consommation comme une explication simple à tous les problèmes, alors que les situations sont en général bien plus complexes même si la consommation tient un rôle.

On n'est pas d'accord = tu raisonnes mal car t'es défoncé
Je suis déprimé = C'est à cause des "cochonneries" que tu prends
Je m'en sors pas au boulot = c'est à cause de la drogue
On se dispute = c'est parce que t'es defoncé
Je suis de mauvaise humeur = pareil
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Merci pour ton témoignage ~

 
#5 Posté par : GordReno.C17 11 décembre 2022 à  15:25
Allez je me lance !

Un coup ma sœur sachant que j'ai acheté des truffes magique et comme elle connait toute mes conso et les mélange, elle me disait que je finirait institutionalisé
genre psychiatrie etc...

Je cache pas que pondant 1 semaine je voulais plus sortir de mon lit tellement rongé par la colère et la honte du clash que je me suis pris dans la gueule devant ma mère et ma nièce

Bon aussi le fameux coup classique de la caissière qui me regarde bizarrement quand j'acheter de l'alcool, ou les pharmacie pareille...

Une pote me disait direct quand elle savait que je consommer du Tramadol

""Tu va péter les plomb ! tu va devenir accro tu va te retrouvé à la rue ! ta pas conscience des choses !! "" blablabla bref j'ai toujours du frics je suis pas à la rue il  m'arrive de tomber bas mais je me relève c'est comme tout rien n'est fini quand ta l'instinct de survie

Pareille que Myrmidon ! ont me dit quelque fois que les même choses
- Je me sens vraiment mal = parce que t'es constamment défoncé
alors non mon problèmes c'était lié à l'argent avec des achat compulsif donc rien à voir avec les drogues

Allez encore une !

Mon psychiatre plusieurs fois à chaque putain ! de RDV me dit "" je comprend pas pourquoi tu prend du Tramadol "" alors que je lui dit sans cesse que c'est pour mes douleurs !!!!  oh bon sang je peut dire que je lui tient tête à celui la !!
Il me disait "Il faudrait entamé un sevrage avec de la méthadone ! "
Alors que j'ai pas envie et je lui est fait savoir !
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Texte mis dans les morceaux choisis de Psychoactif. (Morning Glory)

 
#6 Posté par : Morning Glory 11 décembre 2022 à  15:52
Ok donc, si je reprends

Les "drogués" tombent systématiquement malades à cause des drogues.

Le moindre de leurs problèmes est forcément lié à leur conso (lol, celle-là c'est vraiment flagrant c'est pire qu'un moustique). Ça rejoint vraiment la vielle rhétorique de merde "tu as tes règles ou quoi?!" bien mysogine je trouve, mais transposée aux PUDs. Pour moi c'est de l'erreur fondamentale d'attribution pure et dure, un biais décrit en psychologie sociale et cognitive sur lequel je reviendrai dans un prochain article (restez branchés wink ). Édifiant.

Le "drogué" est irresponsable et incapable de se rendre compte de la portée de ses actes, seuls les autres autour de lui peuvent s'en apercevoir et se font donc un devoir de lui faire la morale et décider de ce qui est le mieux pour lui à sa place (infantilisation).

Je note aussi que même au sein de sa propre famille, il semble parfois normal de faire honte à son proche "drogué" car vraisemblablement il devrait avoir honte, n'est-ce pas?...


Ça devient intéressant tout ça, merci de votre participation ^_^/
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Je me retrouve dans ce que tu décris
 
Me suis énormément retrouvé dans ton poste. Merci. CaptainCrox.

 
#7 Posté par : prescripteur 11 décembre 2022 à  16:37
Bonjour, comme le dit un auteur que je cite ailleurs, pour faire un delit penal d'un acte sans victimes (consommer) il a fallu inventer un potentiel anti-social "justifiant" la repression. Pour cela on a étendu la notion de perte de contrôle mental temporaire de certains usagers et avec certains produits au vécu H24 de tous les usagers. Avec efficacité car pour la plupart des gens la "folie" fait peur. Et, malheureusement, de nombreux usagers internalisent cette notion.
Alors que s'il faut chercher une "folie" induite par un usage, l'alcool concentre la quasi totalité des cas.


https://www.psychoactif.org/forum/2022/ … .html#divx

ribeiro.pdf

Introduction
L’usage de drogues étant une infraction sans victime1 , sa criminalisation a nécessité une construction politique, légale et médiatique ; son association à la marginalité sociale2, au crime et à l’aliénation3 a permis de justifier un traitement pénal del’usager.
Alimentée par la construction criminelle, l’étiquette « toxico-dépendant »
emporte avec elle la discrimination et la réprobation générale ; l’usager de drogues est porteur d’un stigmate au sens goffmanien du terme, « un attribut qui jette un discrédit profond » 4 , « un marqueur social de la déviation par rapport à la norme » 5 .
Les recherches en sciences sociales nous aident à tempérer la construction pénale de l’usager de drogues. Si nombre d’auteurs se sont intéressés aux réalités d’une toxicomanie dont la source et les conséquences s’inscrivent dans un contexte de précarité matérielle et émotionnelle6, d’autres se sont intéressés à l’usager intégré socialement7

.
Amicalement

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Intéressante remarque et analyse

 
#8 Posté par : Gastox 11 décembre 2022 à  16:37

Morning Glory a écrit

Ok donc, si je reprends

Les "drogués" tombent systématiquement malades à cause des drogues.

Le moindre de leurs problèmes est forcément lié à leur conso (lol, celle-là c'est vraiment flagrant c'est pire qu'un moustique). Ça rejoint vraiment la vielle rhétorique de merde "tu as tes règles ou quoi?!" bien mysogine je trouve, mais transposée aux PUDs. Pour moi c'est de l'erreur fondamentale d'attribution pure et dure, un biais décrit en psychologie sociale et cognitive sur lequel je reviendrai dans un prochain article (restez branchés wink ). Édifiant.

Le "drogué" est irresponsable et incapable de se rendre compte de la portée de ses actes, seuls les autres autour de lui peuvent s'en apercevoir et se font donc un devoir de lui faire la morale et décider de ce qui est le mieux pour lui à sa place (infantilisation).

Je note aussi que même au sein de sa propre famille, il semble parfois normal de faire honte à son proche "drogué" car vraisemblablement il devrait avoir honte, n'est-ce pas?...


Ça devient intéressant tout ça, merci de votre participation ^_^/

J'aime bien ta façon d'analyser et j'ai vraiment hâte d'en lire plus c'est le genre de lecture qui me plaît.

J'espère que je ne fais pas hors sujet car je ne réponds pas à l intitulé du poste.

En même temps je ressens qu'il y a énormément de nuances et fait appel à beaucoup de choses pour chaque cas. Certains proches peuvent projeter des peurs, des inquiétudes parfois de manière maladroite, parfois volontairement blessant. Parfois derrière certaines réactions il y a de la bienveillance, parfois c'est du mépris.

Je veux pas donner raison à une vision plus qu'une autre mais par exemple dans mon cas j'ai eu des fois où clairement je m auto detruisais avec la défonce et les mains qu'on m'a tendue ont été un support et à ce moment là je ne savais plus ce qui était vraiment bon pour moi.

Bref je sais pas trop comment bien expliquer le fond de ce que je veux dire mais parfois notre vision peut être biaisé aussi. J'ai eu une période où je pensais que me droguer en permanence était bon et juste.

Bref j'ai l'impression d'ouvrir un tout autre sujet il y aurait beaucoup à dire par rapport à tout ça ^^  plus dans le thème psychologie ahah
Je m'arrête ici c'était surtout pour mettre en avant le fait qu'il y a énormément de nuances dans nos interactions humaines et sociales. Elles sont infinies.

En dehors de cet aparté je suis bien conscient que les UD sont énormément stigmatisés. Jamais par exemple j'ai parlé de mes pratiques justement pour me protéger de ça. Seulement à ceux qui peuvent l'entendre ou qui le vivent aussi. Donc j'ai assez peu ressenti ou vécu ce que d'autres partagent au dessus.

J'espère ne pas perturber le bon déroulement de ce blog que je trouve super intéressant. Merci a tous pour vos réponses :) Je suis :)

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Tu as raison de nuancé le débat

 
#9 Posté par : Morning Glory 12 décembre 2022 à  09:00

Gastox a écrit

Bref je sais pas trop comment bien expliquer le fond de ce que je veux dire mais parfois notre vision peut être biaisé aussi. J'ai eu une période où je pensais que me droguer en permanence était bon et juste.

Ha oui je trouve que perso c'est biaisé : pourquoi toujours apposer une valeur morale à ce comportement ? Moi je mange très sucré. Est-ce bon et juste, ou mal et malhonnête ? Ba ni l'un ni l'autre ?^^


Autre exemple assez violent qui me vient à l'esprit : en fin de fac, je suis sortie (très peu de temps vous allez comprendre) avec un gars qui, sans savoir du tout que je consommais alors que le sujet arrivait sur la table s'est tout de suite exclamé :
"Ha mais les drogués ce sont juste des gros CONNARDS (en appuyant bieeen sur le mot), qui se détruisent sciemment juste pour du plaisir, ils pensent pas à leurs proches et tout ils sont tellement égoïstes".
A côté de ça il était doux, super attentionné, ouvert d'esprit sur d'autres sujets.

J'aurais pas mal de choses à dire sur ce cas. Déjà il part à nouveau du principe que se droguer va forcément nous détruire, mais en plus là il dit qu'on le fait volontairement en toute connaissance de cause juste pour du plaisir, comme si ce plaisir était plus fort que la mort pour nous, comme si on s'en foutait de cette dernière. Et comme si les personnes addictes manquaient de volonté pour "s'en sortir" (voir mon debunkage à ce sujet, listé dans mon blog fleur : topic). (En plus d'être je trouve, con c'est aussi mettre tout le monde dans le même panier et overgeneraliser, car beaucoup d'addicts que je connais cherchent plus du soulagement que du plaisir en fait, mais passons).
Donc nous sommes profondément égoïstes car ne pensons pas à nos proches en nous autodétruisant exprès, qui vont souffrir de notre mort (c'est vrai que quand on mange du sucre, fume des clopes ("ba ça c'est pas pareil ça te one-shot pas, comme l'alcool d'ailleurs" qu'il me répondait xD) ou fait du basejump on est beaucoup moins égoïstes alors, et les proches eux ne sont pas du tout égoïstes, à décider ce qui est bon pour nous à notre place pour nous garder prisonniers d'une cage de verre pour leur propre... Plaisir? => Tout ça est con mais pas plus que ce qu'il a dit je trouve, et ce qu'il a dit implique ceci).
Enfin 85-90% des PUDs ne sont pas addicts et ça, il semblait encore ne pas le savoir. Non là, tous les "drogués" savent pertinemment ce qu'ils font (tiens ça c'est opposé aux discours qu'on a vus plus haut c'est intéressant) et font "de la merde" volontairement.

=> Je trouve qu'il avait plus une approche de "les drogués sont des délinquants" que "les drogués sont des malades" contrairement aux exemples précédemment vus sur ce thread. J'ai l'impression que ça pourrait expliquer ce changement d'opinion et cette criminalisation plutôt qu'infantilisation cette fois.


 
#10 Posté par : Mychkine 12 décembre 2022 à  12:54
Dans l'esprit de beaucoup de gens, comme le souligne MG, les UD sont responsables d'avoir volontairement abandonné leur empathie et leut capacité de jugement, se transformant sciemment en fardeau pour la société et en source de souffrances pour leurs proches.

Position qui ne tient que si on établit d'une part la dangerosité absolue et définitive de "la drogue", tout en étant convaincu de l'autre que ce (faux) savoir est universellement partagé. Donc que qqn qui choisit de proder en accepte d'office et consciemment toutes les conséquences négatives (maladie, mépris, stigmatisation, absence de soins dans certains pays, destruction physique et morale, perte de volonté...). Alors même qu'une partie de ces conséquences sont provoquées et construites par un dogme partagé sous le prétexte circulaire de cette même conscience du choix.

D'où la croyance : "Les UD ont de plein gré oblitéré leur humanité, donc on peut les traiter comme des sous-hommes ou, dans le meilleur des cas, comme des enfants", malheureusement trop répandue...

(La criminalisation étant du coup totalement compatible, et même liée, avec l'infantilisation... Ainsi qu'avec la possibilité du repentir et de l'amende honorable, mais à quel point ? Et surtout à quel prix ? On nage dans du très chrétien je trouve, manichéen à l'extrême...)


...que j'ai entendue assez souvent, sous des formes diverses, pas vraiment explicite mais plutôt insinuée. Même au sein de mes groupes d'amis consommateurs, j'évite de parler de mon utilisation très sporadique d'héroïne, qui est pour eux synonyme plus ou moins avoué de déchéance.
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#11 Posté par : NaturaSana 12 décembre 2022 à  13:37

Anonyme813 a écrit

En même temps je ressens qu'il y a énormément de nuances et fait appel à beaucoup de choses pour chaque cas. Certains proches peuvent projeter des peurs, des inquiétudes parfois de manière maladroite, parfois volontairement blessant. Parfois derrière certaines réactions il y a de la bienveillance, parfois c'est du mépris.

Le consommateur de substances "illicites", "non commerciales" devrais-je dire, peut être le parfait bouc-émissaire des frustrations de son entourage, amis, famille... que c'est pratique et facile, ce petit être "faible" et "sans volonté"...
Expliquer qu'il y a différents modes de consommations serait déjà un grand pas je pense.


 
#12 Posté par : Gastox 12 décembre 2022 à  14:51

Morning Glory a écrit

Ha oui je trouve que perso c'est biaisé : pourquoi toujours apposer une valeur morale à ce comportement ? Moi je mange très sucré. Est-ce bon et juste, ou mal et malhonnête ? Ba ni l'un ni l'autre ?^^

C'est exactement ce qui me travaillait au fond. On peut amener ça dans tous les sens... Alors oui je me drogue beaucoup, mais ça m'aide et je tire des enseignements. (je fais version hyper courte)
Je me drogue beaucoup, et je détruis mon corps et mes neurones..
Je me drogue beaucoup, ca apaise ma peine et ma dépression
Je me drogue beaucoup et je me rends dépendant à un produit

Et même dans ces affirmations, est-ce réellement fait en toute conscience? N'est-ce pas un mal nécessaire ?(je parle pour le cas d'une consommation excessive)
Est-ce que c'est pas la meilleure chose qui peut m'arriver d'être là où je suis ?
Si je suis là où je suis des causes internes ou externes ont été les déclencheurs et je n'ai pas forcément de pouvoir sur elles...
Et puis on parle de quel plan, physique, psychique, émotionnel, spirituel ... ce qui est malsain pour l'un peut être bon pour l'autre etc...

Et encore c'est une très pauvre analyse juste de ma compréhension et perception des choses, surtout par rapport à mon expérience...
Pas évident à mettre en mot tout ça ^^

Je me dis pour avoir une justesse de la "réalité" des choses il faudrait presque parlé uniquement au cas par cas mais bon c'est pas possible.

Encore une fois c'est pas vraiment le sujet du thread je suis désolé je savais pas si je devrais répondre ici ou pas


Morning Glory a écrit

Autre exemple assez violent qui me vient à l'esprit : en fin de fac, je suis sortie (très peu de temps vous allez comprendre) avec un gars qui, sans savoir du tout que je consommais alors que le sujet arrivait sur la table s'est tout de suite exclamé :
"Ha mais les drogués ce sont juste des gros CONNARDS (en appuyant bieeen sur le mot), qui se détruisent sciemment juste pour du plaisir, ils pensent pas à leurs proches et tout ils sont tellement égoïstes".
A côté de ça il était doux, super attentionné, ouvert d'esprit sur d'autres sujets.

Je me dis que pour la plupart des gens c'est comme ça. Je compare ça à du racisme. Tu condamne ce que tu connais pas, ce qui te fait peur. Parce que la plupart des gens sont matrixés par leurs parents, la société etc.
Si on ouvrait les yeux et qu'on voyait la richesse qu'il peut y avoir derrière les consommations de drogue et la palette d'expérience qui peut être touchée je dirais infinie. Les gens fermés d'esprit passent à côté de merveilles je me suis toujours dit ça. Sans forcément parler de se droguer mais être en contact avec des gens ouverts à ça. Pour moi ça fait écho à une profondeur dans l'âme. Pas tout le temps mais souvent. C'est pour ça que j'aime autant être ici :)


Et merci pour ton apport Mychkine qui m'ouvre encore un peu plus les yeux sur la compréhension de tout ça


 
#13 Posté par : Fastofle 12 décembre 2022 à  15:06
Salut,

je pose ma pierre à l'édifice.

Un 25 décembre repas de famille chez la belle-soeur. La veille j'ai une gastro carabinée, je prends sur moi pour le repas de famille où je grignote du bouts des lèvres ayant encore la gerbe. Vers 20 h je sors fumer un joint et je me pose ensuite avec les ados qui jouent à la play. Je m'assoupis 10 minutes dans le fauteuil en prévision des 2 heures de route de nuit pour rentrer chez moi.
Quand ma belle-soeur a demandé où j'étais un des gosses dit que je dors à l'étage...
Elle a oublié la gastro, le fait que je sois dans le mal toute la journée, que je dois me taper 2 heures de route...  si je dors c'est à cause de ce joint et que de toute façon la drogue ça rend mou et que c'est de la merde...

Par contre que son mari initie ses enfants à déguster de la bière et du vin dès leurs 16 ans pour leur apprendre à travailler leur palais et à ne pas boire de la merde ne la choque pas du tout.

 
#14 Posté par : - caramel beurre salé - 12 décembre 2022 à  22:37
Salut,
C'est un bon sujet ce blog,

Personnellement les préjugés que j'ai subi:

- des gens qui m'ont tourné le dos quand ils ont appris que j'étais sous methadone...
ça fait mal au cul sur le coup mais en fait ça permet de faire le tri avec des gens aussi fermés d'esprit...

-un jour au cours d'une hospitalisation aux urgences l'infirmière qui me voit tourner de l'œil pendant la pause du cathéter qui me dit : "c'est bizarre votre réaction aux aiguille vu que vous êtes sous methadone...
(En gros dans leurs têtes methadone=ancien injecteur d'héroïne)

Je lui avait fais la réflexion du cliché de sa réaction (n'ayant jamais était injecteur) et que je me portais bien avec mes consommations...

-un jour je traverse la France pour aller bosser (j'étais en galère de thune en plus) et au moment de la prise de taf la boss qui me dit : allez vous changer et repartez j'ai déjà eu des emmerdes avec des gens sous methadone...(elle avait dû appeler un ancien patron qui avait était mis au courant...) ce jour là j'en ai chialer à l'autre  bout de la France sans une thune...bon j'ai rebondi et maintenant je ferme ma gueule!

-dans le genre clichés mais dans l'autre sens les gens qui me connaissent me disent que je suis une exception (honnête fiable pas voleur pas manipulateur bosseur...) enfin comme beaucoup d'entre nous sur ce site!
Holiwood à bien fait son boulot !
C'est l'usager qui fait l'usage et non pas l'usage qui transforme l'usager !

Après j'ai plein d'anecdotes avec les pharmaciens mais je pense qu'on connaît tous la rengaine !

Ps: merci pour ce site je lis souvent sans participer mais voir tant d'humanité ici ça fait chaud au cœur!
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#15 Posté par : prescripteur 13 décembre 2022 à  08:51

C'est l'usager qui fait l'usage et non pas l'usage qui transforme l'usager !

Belle phrase mais il faut aussi tenir compte de la repression ou des préjugés (notamment des soignants) qui peuvent transformer (contraindre)  l'usager. Raison de plus de lutter contre la stigmatisation.
Amicalement


 
#16 Posté par : Morning Glory 13 décembre 2022 à  20:02
Je savais pas que les discriminations informelles et au travail concernaient aussi les gens sous métha wesh c'est complètement abusé ToT Ça fait peur et c'est vraiment bon à savoir, merci pour ce témoignage !!


"Les addicts aux opiacés sont forcément des injecteurices", intéressant ça non plus je connaissais pas mais oui très "logique" vu que l'héroïne ba ça s'injecte et c'est tout, et qui dit méthadone dit héroïne ba ouiii... Ouiouiouiouiiiii xD

- caramel beurre salé - a écrit

Je lui avait fais la réflexion du cliché de sa réaction (n'ayant jamais était injecteur) et que je me portais bien avec mes consommations...

Elle t'a répondu quelque chose? (Si tu veux le partager)


- caramel beurre salé - a écrit

dans le genre clichés mais dans l'autre sens les gens qui me connaissent me disent que je suis une exception (honnête fiable pas voleur pas manipulateur bosseur...) enfin comme beaucoup d'entre nous sur ce site!

Bim le biais de confirmation : les vrai-e-s (rares?) voleur-euses menteur-euses etc servent d'exemples "vous voyez qu'ils sont comme ça les drogués on nous l'avait dit !" Et tous les autres sont... L'exception.
Idem que pour l'erreur fondamentale d'attribution, je ne suis pas surprise de retrouver cela dans des témoignages et cela vient... confirmer (hihi) mon point de vue (scientifiquement c'est plus une hypothèse, et il serait bon de trouver les moyens de la mettre à l'épreuve, on y réfléchit... Des psychologues ou futur-e-s psychologues sociaux par ici? big_smile ) selon lequel des biais cognitifs humains nous desservent à cause de ces préjugés justement qu'ils font peser de tous leurs poids sur nous. Second excellent exemple, ça me donne envie d'accélérer l'écriture du texte que j'ai commencé à préparer (et qu'on va peut-être poursuivre en équipe, à voir).


Fastofle a écrit

Quand ma belle-soeur a demandé où j'étais un des gosses dit que je dors à l'étage...
Elle a oublié la gastro, le fait que je sois dans le mal toute la journée, que je dois me taper 2 heures de route...  si je dors c'est à cause de ce joint et que de toute façon la drogue ça rend mou et que c'est de la merde...

Par contre que son mari initie ses enfants à déguster de la bière et du vin dès leurs 16 ans pour leur apprendre à travailler leur palais et à ne pas boire de la merde ne la choque pas du tout.

L'alcool n'est pas une drogue, classique.

Et le joint qui revient donner un exemple d'erreur fondamentale d'attribution "c'est ton addiction qui te rend comme ça qui te fait dormir, pas les circonstances".


Ho yeah il part bien ce thread! Keep it going ~(>_>) ~ heart


 
#17 Posté par : - caramel beurre salé - 13 décembre 2022 à  21:24
Salut morning glory

Quand je suis arrivé aux urgences je tombe sur deux infirmières souriantes,elles me demandent si j'avais des antécédents et si j'avais une maladie quelconque ou un traitement...

Forcément je leur dit que je suis sous methadone depuis X années et que je suis suivi par le docteur xxxxx qui travaille dans le csapa qui me suit....
Là direct les visages se ferment et elles sont plus du tout sympathiques avec moi...

Après quand une autre infirmière est venue me posait le cathéter elle m'a fait la morale sur mes consommations...
Puis quand elle a vu que je tournais de l'œil elle m'a fait la réflexion que j'ai écris plus haut " c'est bizarre votre réaction aux aiguille vu que vous êtes sous methadone "

Je lui ai dit que c'était un cliché l'usager d'héroïne qui était injecteur et que tout le monde ne vivait pas ces consommations de la même façon et que personnellement je n'avais pas de problème avec mes consommations...

Elle n'a rien pu dire,elle m'a juste demandé ce que je faisais dans la vie et combien d'heure je travaillais par semaine
(70 à 90h semaine restauration)

Après tu sais le cliché du consommateur d'héroïne injecteur à la vie dure!
Sinon des gens qui m'entourent me font souvent la réflexion que je fais un deni de mes addictions parce justement cela m'a apporter quelque chose...
On a pas le droit de présenter une substance sous un jour favorable et c'est bien encrée dans la tête des gens!

Après j'ai vu des gens se sentir "schlag" quand ils ont appris que leurs free-base c'était du crack...!
La violence symbolique dans toute sa splendeur!
Et derrière sa meuf qui se rassure..."on est quand même pas comme tous ces paumés qui se piquent...."

Bref ça me rend chèvre à chaque fois ce genre de situations discutions...

 
#18 Posté par : Morning Glory 15 décembre 2022 à  00:20

- caramel beurre salé - a écrit

Elle n'a rien pu dire,elle m'a juste demandé ce que je faisais dans la vie et combien d'heure je travaillais par semaine

Nickel, en plus elle te demandait des comptes ça fait plaisir lol. Mais tant mieux ça a bien dû lui mettre un coup aux préjugés

Et oui si on voit du positif dans notre conso c'est qu'on est dans le déni, j'imagine très bien ça aussi comme préjugés oui, merci encore pour ton témoignage


 
#19 Posté par : Pikazepam 15 décembre 2022 à  02:55
Alors moi j'ai eu un nombre incroyable de fois des réactions de surprise massive face au fait que malgres ma toxicomanie j'ai des capacités cognitives importante et une beaucoup de connaissances dans certains domaines.
En général ça suscite un sentiment d'injustice voire d'indignation chez mes interlocuteurs. Pour l'anecdote une psy qui m'avait fait passer différents test type QI avait l'air d'etre vraiment sur le cul que j'ai les score maximaux permis par le type de test sur 2 ou 3 topics différents alors que j'avais été parfaitement transparente sur le fait que j'avais consommé de la kétamine et fait une nuit blanche la veille de la passation d'un des tests et étais venue sous valium et/ ou bourré·e aux 2 autres.
La psy en question avait l'aire d'etre manifestement complètement sur le cul.
Dans des contextes sociaux c'est souvent particulièrement marqué.

Sinon bah bien évidement il y à tout les classiques refus de soin et compagnie.
( On m'a même refusé l'épilation laser à cause d'un 100mg Skenan LP/ jour... C'est pour dire à quel point ça peut aller loin en terme de n'importe quoi ).

L'impossibilité d'entretenir des relations sexo-affectives ou de couple.
( Déjà je suis inter et bisexuelle avec une présentation très fem donc c'est déjà pas gagné )
Mais dans les contextes où j'ai pu dater au cours des dernières années où commencer des relations type couple ça n'a jamais été possible que avec des personnes ayant au choix un parent ou proche opiodependant ou avec des personnes ayant elles mêmes des consos extrêmement mal perçus ( GBL ou méthamphétamine si ce n'est pas aussi les opiacés ou alors la cocaïne IV ).
Pour les personnes consommant des drogues plus socialement tolérées ( mdma, 3mmc, cocaïne nasal ou fumée, psychédéliques, kétamine, alcool ) ou ne consommant pas de substances illégales on m'as toujours très vite posé que le fait d'être sous traitement de substitution et anciennement usager·e d'opiacés " épouvantails " / " épouvantables " était de fait un red flag absolue à toute relation.

Sans compter que pour les personnes heterosexuelles le combo opiodependance + bisexualité + expériences TDS = VIH non traité et toute les IST possibles. ( Venant de personne qui ne ce protège généralement pas et n'ont quasiment aucune connaissances sur les modes de transmissions des IST c'est un peu un comble )


Il y a aussi les trucs de l'ordre de la méfiance et du jugement constant:

- un proche qui me demande de montrer le contenu de ma main ayant cru que le stylo bic que j'avais étais une seringue que je cherchais à dissimuler. ( La même personne m'ayant insité à prendre de la cocaïne pour ensuite me proposer de partager de ma sexualité seulement 3 jours avant... )

-impossibilité de m'engager dans des collectifs ou des projets communautaires ( LGBT en l'occurrence ) avec des personnes non opiodependantes parceque le fait d'être connu·e par elle comme sous traitement de substitution fait de mois à leurs yeux une personne présumée comme strictement incapable de faire preuve de fiabilité.

- impossible de rester dormir chez qui que ce soit même des ami·e·s de longue date dans des contextes où j'ai plus de 2h de trajets pour rentrer chez moi ou bien je doit attendre le premier train ou bus du matin.
L'idée que: { personne opiodependante = voleuse) reste bien trop imprégnée et je ne compte plus les nuits passées à dormir à la gare ou à l'arrêt de bus pour cette simple raison. ( Je n'ai pourtant jamais volé une de ses personnes là )

- ce faire virer d'un bar/ lieu festif après avoir dillué ma metha sirop pour la boire plus facilement dans mon verre d'eau. L'équipe du bar à considéré que c'était une preuve flagrante d'une volonté de ma part de droguer à leur insu les client·e·s du bar dans le but de les aggresser sexuellement.
( Et je pense que je m'en suis tiré·e avec un simple blacklistage définitif uniquement parceque les meufs de l'équipe ne se sentais pas de me derouiller physiquement )

- refus concernant des aides financières " informelles " ( géré en collectif sur des modes autogestionnaires ) parceque les personnes jugeaient que étant sous TSO je risquais d'utiliser l'argent pour acheter de la came

- une personne m'ayant vu me faire une trace en soirée me demande si je peut lui en faire une. Je lui dit sachant qu'elle n'en consomme pas qu'il s'agit d'hero et non de cocaïne ou de kétamine. ( On était dans le noire ).
Quelques jours apres j'apprends que l'histoire à été transformée en " moi qui propose des traces d'héroïnes en soirée à des non usagers "

- J'ai eu le malheur de dire à une personne proche que je pensais non jugeante que si j'avais les ressources financières pour je finirais bien mes dernières années de vie en consommant régulièrement de l'héroïne.
Celle ci à été littéralement scandalisée par mon propos et m'as littéralement dit que c'était une attitude toxique et pathologique témoignant d'un " déficit moral " chez moi.
Cette personne n'as pourtant pas de problèmes vis a vis d'une consommation régulière de benzodiazépines, de cocaïne ou autre.
Je conçoit que toute conso quotidienne est révélatrice d'une forme de mal-être et d'une tentative bancale d'auto-traitement mais je pense que le décalage entre le regard sur une conso journalière d'alcool et de cocaïne et une d'heroïne est principalement basée sur des aprioris moralisantes plutôt que des spécificités pharmacologiques et d'effets psycho-sociaux.

A l'heure actuelle une des choses qui me préjudice le plus sur les effets du stigma quand à mes possibilités réduites ou bloquées est sur les questions de couple, parenté et adoption. Accéder a une relation affective avec des engagements et une possibilité de construire une famille me parait extrêmement compromis.
Reputation de ce commentaire
 
Mine d'or, merci pour la participation. MG ~
 
Hallucinant

 
#20 Posté par : GordReno.C17 15 décembre 2022 à  18:24
Allez je vient de nouveau ici car aujourd'hui je me suis pris encore... une remarque !

Une "Pote" qui franchement j'ai du mal à appréciée en ce moment me dit sans cesse qu'il faut que j'aille en hospitalisation que je vais crevé avec ce que je prend... oh bon sang elle comprend rien à l'utilisation des substances...

En plus j'ai beau lui dire que je prend des doses sûr qui me font du bien mais qui sont pas mortel et bien elle refuse de comprendre...

C'est dur car cette "pote" je l'ai rencontré dans l'une de mes ancienne hospitalisation, même si la personne est vraiment adorable elle peut te faire une remarque qui te met KO

Pour beaucoup c'est ça, quand tu prend des speed ou opioïdes "tu va devenir dangereux, "criminelle voleur etc..." alors que moi je suis vraiment un type sympa

J'ai bien sûr fait des conneries sous substances mais rien de mal à personnes, je suis jamais allez en prison j'ai un cassier judiciaire vierge, je fait juste met affaires tranquille sans de mal à personnes

Il y a des cliché rigolot, mais d'autres comme le sujet des drogues c'est plutôt des cliché qui font du mal et stigmatisant... je trouve ce monde tellement triste...

   
Perso moi je pense de la sorte "quand ont comprend pas le sujet ont ferme la bouche"'

J'ai peur mais vraiment j'ose le dire... j'ai peur qu'ont m'enferme de force parce que je consomme de manière récréatif du Tramadol Pregabaline Xanax Hydroxyzine et doxylamine

 
#21 Posté par : Morning Glory 15 décembre 2022 à  22:26

GordReno.C17 a écrit

Une "Pote" qui franchement j'ai du mal à appréciée en ce moment me dit sans cesse qu'il faut que j'aille en hospitalisation que je vais crevé avec ce que je prend... oh bon sang elle comprend rien à l'utilisation des substances...

J'ai eu la même hier, pas que je vais forcément crever mais que je devrais être hospitalisée oui. Par mon ex avec qui je suis restée en très bons termes, elle-même consommatrice mais pas d'opiacés. Mais elle elle a vraiment voulu le dire de façon 'bienveillante', elle pensait bien faire ça se voyait.
Genre "ta conso d'héroïne" (elle préfère ce terme à conso d'opis, j'ai pas osé demander pourquoi, est-ce que ça fait plus sensationnel?), "le jour où y a une pénurie de TSO tu es fichue" (ça c'est pas faux du tout, mais bon idem pour les pénuries d'autres médicaments, sauf que là effectivement la metha c'est immédiat et extrême le sevrage, donc c'est encore le seul argument pour lequel je suis plutôt d'accord), "tu aurais pu trouver un autre traitement bien meilleur" (quoi, et pourquoi ?^^), "tu sembles être dans une pente glissante qui ne va jamais s'arrêter" (les TSOs sont prouvés stabiliser les gens non?)...

Et du coup dans ce qu'elle pense être de la vraie bienveillance ba elle m'a réveillé de bonnes angoisses pour la soirée, bon je ne le lui ai pas dit, parce que très influençable j'ai beaucoup médité ce qu'elle m'a dit, pour voir dans quelle mesure ça pouvait être juste ou pas. Et à part le risque de pénurie, aujourd'hui que j'ai un peu plus de recul sur la conversation je me dis mais en fait c'est surtout un dogme du "les opis c'est mal, les opis c'est grave, les opis ça fait peur".

Donc même quelqu'un de très bienveillant peut faire des bourdes tellement c'est ancré sad 


Ce qui lui fait dire ça aussi je pense, c'est que tant que cela ne gêne pas la vie ou le bien-être de la personne, une particularité psychique n'est pas définie comme maladie, normalement, en psychiatrie... exception faite des addictions aux substances illicites ! Incroyable non?... Donc je vais bien, mais je suis malade. Au point de devoir être internée. Ça pèse sur la confiance et l'estime de soi tout ça. Mais du coup je comprends les réactions des gens, ils y croient dur comme fer voilà tout.

Elle dit tout ça parce qu'elle a peur pour moi! C'est tellement mignon en vrai hihi, mais je pense que même si oui c'est normal que ça l'inquiète un peu, là ça me semble clairement excessif.

Faudra que je lui dise tout ça la prochaine fois... (A moins qu'elle me lise^^ peu de chances mais sait-on jamais)




pikazepam a écrit

Y a des trucs, comme te laisser dormir à la rue ou te virer des events LGBT, que je n'ai jamais connus. C'est trash. Incroyable. Je compatis...

Hé oui le drogué irresponsable et malade contagieux qui tel un zombie mordant sa proie va forcément initier le honnêtes gens. Perso je côtoie une non usagère et forcément elle s'intéresse à cette part importante de ma vie, en lui donnant le plus impartialement possible les sources d'infos pour lui montrer les avantages inconvénients risques, elle me dit que pour l'instant ça ne l'intéresse pas. Et c'est très bien comme ça, nickel, elle a fait son choix. Pourquoi la pousser?
De là à déformer tes actes en rumeurs idem c'est hard.

Pourquoi les opis sont à l'instar de l'injection vus comme quelque chose de si mauvais par rapport aux autres drogues c'est incroyable ça. Culturel parce que non festif? Je me demande vraiment... L'héroïne doit rayonner sa réputation sur tous les autres sûrement... Pourtant à l'hosto la morphine là pas de problème hein -_-' mais en France les gens ne s'intéressent pas à ce qui se passe même à côté de chez eux c'est fou ils ne voient pas que l'héroïne est un médoc en Suisse et grande Bretagne. Genre ils ne vont pas chercher plus loin que le bout de leur nez --'


 
#22 Posté par : prescripteur 15 décembre 2022 à  23:20
Bonjour, il faut quand même dire que, face au risque d'OD, les opiacés ne sont pas égaux. Donc je comprend qu'elle détaille les opiacés par produit. Evidemment ici (ci dessous) ce sont les chiffres absolus , qui doivent etre interprétés, mais le Subutex est beaucoup plus utilisé que la Methadone, ce qui montre son caractere moins dangereux (35% vs 9% d'OD). De même les 10% d'OD à la Morphine (qui est quand même pas mal prescrite medicalement) vs 22% pour l'heroine me semble indique un risque accru avec l'heroine.


https://www.ofdt.fr/produits-et-addicti … s-opiaces/

Les décès

Les opioïdes sont fortement impliqués (seuls ou en association) dans les décès par surdose dont le nombre a nettement augmenté ces dernières années (données Enquête DRAMES 2019, CEIP-A Grenoble-ANSM). Sur les 503 décès par surdoses documentés en 2019 par le dispositif DRAMES, la présence des opioïdes est stable et concerne 77 % des surdoses mortelles. La méthadone est depuis plusieurs années le premier produit en cause (35 % des cas en 2019), devant l’héroïne (22 %). Les autres cas de surdoses se répartissent entre les médicaments antalgiques opioïdes - principalement la morphine - (10 %) et la BHD (9%).

Amicalement


 
#23 Posté par : Morning Glory 16 décembre 2022 à  00:38
Ba ouai sauf que je consomme très peu d'héroïne au final, c'est assez rare moi je tourne principalement à la morphine toujours, mais je vois ce que tu veux dire. Cela dit si on avait une pureté constante de grade pharmaceutique, je serais curieuse de voir la quantité d'OD liées à l'hero. Son côté très dopaminergique doit pouvoir pousser à la surdose plus que la morphine peut être c'est possible (hypothèse), mais déjà en stabilisant la pureté je pense qu'on aurait moins de problèmes

 
#24 Posté par : Pikazepam 16 décembre 2022 à  01:54

prescripteur a écrit

Bonjour, il faut quand même dire que, face au risque d'OD, les opiacés ne sont pas égaux. Donc je comprend qu'elle détaille les opiacés par produit. Evidemment ici (ci dessous) ce sont les chiffres absolus , qui doivent etre interprétés, mais le Subutex est beaucoup plus utilisé que la Methadone, ce qui montre son caractere moins dangereux (35% vs 9% d'OD). De même les 10% d'OD à la Morphine (qui est quand même pas mal prescrite medicalement) vs 22% pour l'heroine me semble indique un risque accru avec l'heroine.


https://www.ofdt.fr/produits-et-addicti … s-opiaces/

Les opioïdes sont fortement impliqués (seuls ou en association) dans les décès par surdose dont le nombre a nettement augmenté ces dernières années (données Enquête DRAMES 2019, CEIP-A Grenoble-ANSM). Sur les 503 décès par surdoses documentés en 2019 par le dispositif DRAMES, la présence des opioïdes est stable et concerne 77 % des surdoses mortelles. La méthadone est depuis plusieurs années le premier produit en cause (35 % des cas en 2019), devant l’héroïne (22 %). Les autres cas de surdoses se répartissent entre les médicaments antalgiques opioïdes - principalement la morphine - (10 %) et la BHD (9%).

Amicalement

Je pense que concernant les inégalités vis a vis des OD recensés il faut distinguer deux parametres pourtant très difficile à distinguer uniquement avec les donnés concernant les nombres d'OD:
- les spécificités pharmacologiques propres à chaque substance
- les réalités de terrain propres aux contextes législatif & culturel ( par exemple les variations de contenus de l'héroïne de rue au en France qui n'existent pas vis a vis de l'héroïne médicale Suisse ou du Skenan en France.
- les modes de consommation eux même en lien avec les connaissances des UD vos a vis des produits consommés et leurs spécificités mais aussi des aspects plus " culturels " de leurs pratiques. ( Par exemple je pense que dans les contextes où la methadone n'est délivrée que aux UD rendant des urines dites " clean "/ sans autres substances cette molécule est bien moins présente dans les OD des personnes ayant un accès autorisé à celle ci )

On notera par exemple que l'excès statistique d'OD avec la methadone est particulièrement marqué chez les UD non tolérant ou peu tolérant, par exemple chez l expérimentateur naïf. Meme si la longue demi vie et l'effet accumulatif y participe on retrouve très peu d'OD chez le patient respectant les doses prescrites et n'ayant pas fait de mélanges à risque.

Par la même on peut imaginer que si la morphine vendu au marché de rue etait adulterée avec des produits divers présentant potentiellement des risques croisés et un taux de morphine très fluctuant passant du simple au quintuple le risque d'OD chez les UD serait plus important.

De la même façon la crise d'opi des USA à mis en évidence que les personnes privées de leur traitement et ce retrouvant en nécessité de consommé des opiacés adulterés issus du marché noire augmentaient massivement leurs risques d'OD. Ici ce n'est pas les propriétés spécifiques du fentanyl et de l'héroïne par rapport a l'oxy ou l'hydrocodone qui est responsable mais bien me fait de ne pas connaître le dosage et la composition de son produit ( qui en plus peut contenir des hot-spot et des variations majeurs d'un batch à l'autre ).

Pharmacologiquement parlant les formulations pharmaceutiques de fentanyl ou d'heroïne utilisé pour le traitement de la douleur ne représentent probablement pas un risque intrinsèque d'OD ou de mort supérieur à la morphine, au tramadol ou autre.
La question principale est celle d'avoir un dosage et un mode de délivrance adapté aux besoins de l'UD.


 
#25 Posté par : prescripteur 16 décembre 2022 à  08:53
Oui, je suis d'accord avec vous deux. Il s'agit de données d'OD brutes, toutes causes confondues, y compris le caractère non pharmaceutique de l'heroine.
Mais dans la situation actuelle, ça montre quand même une echelle des risques, même si elle pourrait dans l'ideal (et souhaitons le dans le futur) être corrigée par la mise à disposition d'heroine de qualité pharmaceutique.
Amicalement

 
#26 Posté par : Échec Scolaire 16 décembre 2022 à  10:32
Bonjour,

J’ai des doutes concernant une éventuelle pénurie.
D’abord, la Méthadone fait partie de la liste des médicaments déclarés essentiels par l’OMS, de plus c’est Bouchara qui commercialise et pour finir, les pouvoirs publics trouveraient, je le crois, l’affaire suffisamment pénible pour nous dénicher derechef un substitut au substitut.


Il n’y a pas de signaux, mêmes faibles, pouvant faire imaginer des ruptures, même très provisoires; je ne vois aucune raison précise pour que cela arrive, bien que ce soit une angoisse tout à fait  compréhensible, mais basée sur rien.
Dans tous les cas, tu peux dire à ton amie que ça n’a pas de sens d’éviter de prendre un médicament parcequ’éventuellement, peut-être, car on sait jamais, dans un monde, il y aurait potentiellement un risque d’éventuelles ruptures.
Depuis plus de 25 ans que les MSO sont mis en place, ce n'est d'ailleurs jamais arrivé.

Pour moi il y aura de la metha tant que le système, dans son ensemble, tiendra et que les politiques de santé publique continueront à aller dans ce sens.


Bonne journée.

 
#27 Posté par : Mychkine 16 décembre 2022 à  11:27

Morning Glory a écrit

Ce qui lui fait dire ça aussi je pense, c'est que tant que cela ne gêne pas la vie ou le bien-être de la personne, une particularité psychique n'est pas définie comme maladie, normalement, en psychiatrie... exception faite des addictions aux substances illicites ! Incroyable non?... Donc je vais bien, mais je suis malade. Au point de devoir être internée. Ça pèse sur la confiance et l'estime de soi tout ça. Mais du coup je comprends les réactions des gens, ils y croient dur comme fer voilà tout.

(J'ai écrit un pavé désordonné et je crains d'être carrément HS. Je ne voudrais pas perturber ce blog et si c'est le cas, merci de déplacer ce message dans un fil dédié.)

Je rebondis là-dessus, vu que ça rejoint une de mes anciennes discussion avec Prescripteur durant laquelle il m'a convaincu de certaines choses, tout en me forçant à préciser ma pensée.

La notion de maladie est assez floue puisqu'elle s'établit par rapport à un fonctionnement optimal du corps ou de l'esprit, optimalité qui est par essence relative à un modèle lui-même sujet aux aléas de la culture, des connaissances, des modes de vie et des convictions.

Pour autant réduire la maladie à "ce qui cause une souffrance immédiate" me paraît tout aussi subjectif, discutable et sujet à problèmes, du moins tant qu'on n'aura pas là aussi construit un état de référence du "bien absolu"... qui souffrira sans doute des mêmes travers de définition que l'approche traditionnelle (pourquoi l'appréciation individuelle de sa propre situation selon une grille de lecture donnée serait-elle systématiquement supérieure épistémologiquement à l'interprétation qu'en font d'autres personnes ?).

Pour reprendre une comparaison un brin éculée, le diabète bien traité est une maladie selon la définition usuelle, mais pas à travers le prisme de celle que tu sembles partager. (D'un point de vue personnel, je me considère comme malade de la dépression bien que je n'en exprime plus les symptômes, étant d'une part inféodé à une substance (vortioxétine) sans laquelle ces derniers réapparaîtraient substantiellement, et possédant de l'autre une sensibilité neuroplastique acquise à cette affection.)

D'ailleurs, si le seul critère est d'"aller bien", de se sentir bien (par rapport à quoi d'ailleurs ? Même au niveau personnel, ce genre d'appréciation repose sur des bases bien fragiles je trouve), il est avant tout circonstanciel. (Et le cas échéant, la maladie serait alors le fait d'avoir besoin de qqc pour aller bien, pas de manquer de l'objet en question.) Pour illustration, l'individu socialement isolé souffre de l'absence des autres comme une personne addicte de l'absence de son prod, la seule différence dans la perception (sociale et culturelle) de ces deux situations résidant à un niveau presque idéologique (la dépendance à nos congénères étant innée et commune à tous). Je ne pense pas que le besoin de sociabilité soit en tant que tel une maladie (même si il est capable d'en causer indirectement)... pourtant selon ledit critère (qui perd donc en pertinence pour caractériser un état de pathologie selon l'intuition commune) il peut le devenir. De plus, ce qui est "mal vécu" dépend de l'histoire de la personne et des alternatives qu'elle peut intellectuellement lui opposer par comparaison... (Un chrétien fanatique qui se réjouirait de l'apparition d'un mal douloureux, car il croit que cela le rapproche de son dieu, ne serait donc plus malade ?)

Pour garder un sens pas trop dérivé, le titre de maladie semble donc devoir se rabattre sur "ce qui doit être corrigé". Et ça, c'est totalement prescriptif et dépendant (lol) du contexte. Si une condition crée un handicap objectif (cognitif, social) mais qui n'est pas mal vécu par la personne, car elle n'en a pas connaissance, avec tous les biais cognitifs qui peuvent se dresser entre elle et une prise de conscience, elle n'est peut-être pas la meilleure placée pour en juger (donc se baser sur une approche ego-centrée pour apprécier une maladie comporte des failles, car ça sous-entend qu'on ne peut moralement aider qqn contre son gré... typiquement sauver ou traiter une personne suicidaire ou schizophrène qui pourrait plus tard changer d'avis sur elle-même et sa condition - ce qui est action bénéfique, au moins d'un point de vue utilitariste). Je ne dis pas (du tout !) que c'est ton cas MG, ni ne cherche à te mettre dans une case à tout prix. Mais c'est une question que l'on devrait amha se poser dans un cadre de réflexion plus large sur PA. Après d'un pt de vue pragmatique, dans une dynamique d'aide aux personnes, ton approche me paraît parfaitement sensée.

Conclusion vague et provisoire ? La maladie est avant tout un outil axiologique et quasiment agentique, dans le sens où son utilisation définit une valeur et prescrit une conduite. En fait, plutôt que d'insister sur le fait que l'addiction n'est pas une maladie comme j'ai pu le voir écrit ça et là (donc implicitement arguer que les personnes ne souffrent pas...? selon une acception donnée (et ici défendue) de la notion en tous cas), mieux vaudrait argumenter que le mot n'a pas vraiment de sens. Donc soit admettre la légitimité de son emploi comme terme servant à rendre un jugement personnel, soit proclamer sa vacuité.

Aussi, il faut à mon avis séparer ce qui relève de l'addiction (comportement acquis aux bases neurophysiologiques) et ce qui s'inscrit dans une dépendance (qui s'incarne dans le conditionnalité (observée) d'un élément physique ou psychique (fonctionnement, sentiment...) à la prise d'une substance voire à un comportement (TOCs, etc.)). L'addiction est une dépendance du bien-être à une drogue, mais une dépendance (du bien-être à un TSO, de la vie à l'oxygène...) n'est pas toujours addiction... Amha l'addiction est intrinsèquement liée à la recherche, au moins en puissance, du produit. Pour trancher, l'approche neurologique (dérégulation du système dopaminergique) me paraît pouvoir jouer un rôle décisif. Mais dans le cas où le prod est disponible en permanence, peut-on encore parler d'addiction, même s'il y a dépendance ? Si il déclenche les centres du plaisir (noyau caudé, noyau accubens) en spammant les neurones émetteurs de dopamine (mais pas que, les drogues addictives provoquent aussi des adaptations au niveau des astrocytes par ex. notamment la diminution du nombre de transporteurs EEAT2 impliqués dans la recapture du glutamate) et en les forçant à répondre à des excitations qui ne procèdent pas d'un stimuli externe (aux centres en question), pour moi la réponse est oui. Par contre, c'est possible que ce ne soit plus le cas chez les UD à TSO stabilisé, étant donné que la prise du prod compense une hypoexcitabilité dopaminergique mais n'augmente plus celle-ci (même si elle la fait persister) et n'est donc plus, en théorie, neurotoxique. (D'ailleurs, la notion de neurotoxicité présente un peu le même point faible que celle de maladie, dans le sens ou la neuroplasticité en général est un phénomène naturel et que le point de bascule de l'une à l'autre n'est pas toujours très net hors des références établies...)

Bref, c'étaient juste quelques idées imprécises et lancées de façon un peu irréfléchie. Mais j'apprécierais qu'on me remette sur ce qu'on estime être le droit chemin si qqn estime que j'en dévie.

Reputation de ce commentaire
 
Intéressant. Ma définition est juste issue du DSM-5 et de mes cours de psycho ~

 
#28 Posté par : Morning Glory 16 décembre 2022 à  11:49

Échec Scolaire a écrit

Pour moi il y aura de la metha tant que le système, dans son ensemble, tiendra et que les politiques de santé publique continueront à aller dans ce sens.

[Attention attention, MG passe pour une alarmiste dans 3, 2...]
Exact, hors nous nous dirigeons à vitesse exponentielle vers des famines (réchauffement climatique déréglant les récoltes), guerres climatiques et manques de matières premières (la chimie est en grande partie issue des alcanes, eux-mêmes trouvés dans le pétrole). On ne le voit pas encore parce que les croissances exponentielles sont extrêmement trompeuses. Le SARS-COV-2 en est un excellent exemple : au début c'était en Chine c'était en Chine... Toujours en Chine personne ne s'inquiète, pas même les gouvernements puis ho en Italie, ho en France ho partout !
Sorry mais ce n'est pas parce que rien ne nous le montre encore autour de nous qu'il n'y aura pas de gros problèmes d'ici vingt ans. Rappelons qu'en 2050, les océans dans leur entièreté, principaux poumons de la planète (captent le CO2 et rejètent de l'O2 bien plus efficacement que les forêts) seront vides.

Et cette pote est climatologue (pour faire simple) au CNRS et se base sur les calculs du plus gros supercalculateur européen. Ce n'est pas elle qui m'a dit pour les océans précisément cela dit, pour ça voir l'ami des lobbys (youtube). Mais en gros, ses recherches corroborent l'idée.

Mais bon, je dépends de plein d'autres medocs même si leur manque ne se fera sentir que quelques mois après leur arrêt. Donc du coup un de plus un de moins... C'est juste l'idée du sevrage arrivant du jour au lendemain qui me fait flipper, pas le temps de se préparer ou de chercher des palliatifs...

Et à plus court terme je ne sais pas ce que l'extrême droite montante sera capable de faire en matière de santé publique. Déjà rien que supprimer les ARS comme voulait le faire lepen ça met à mal le financement d'associations tenant des caaruds comme Aides. Alors les TSOs...? Je ne sais pas.

Bon, fin de la parenthèse, c'est très intéressant mais ce n'est pas le sujet ici, sinon on en ouvre un autre dans le forum et je déplace nos messages relatifs à ça si tu veux, dans ce cas dis-le moi et on continuera là-bas wink (ça ne me semble pas trop HS avec le thème du forum sur les drogues, comme on parle de leur pénurie et pas seulement de climat et politique de santé publique)


 
#29 Posté par : xetubus 16 décembre 2022 à  17:33
Salut, j'ai 73 ans ! gne
je suis sous métha depuis 20 ans peut être plus, bon je suis stabilisé ; un jour ma caisse m'a lâchée et du coup j'ai pris la décision de ne plus conduire.
Le SAT ou j'allais était à 25 bornes d’où je crèche donc j'ai demandé à un généraliste près de chez moi si il pouvait me prescrire ma méta ; il m'a dit sans me regarder qu'il "ne s'occupe pas de ça". Vala.

Heureusement le directeur du SAT de Hyères, ou j'allais est parti en retraite mais il consulte chez lui, à deux pas de chez ouam ! C'est beau la vie...loltrompette


Je ne bois pas depuis 25 ans, et je ne supporte plus le bédo, alors que j'en ai fumé des kgs...

je venais souvent sur le forum de ASUD, et j'ai arrêté.
je suis dosé à 30 mg de méthadone gélules chez mon psychiatre, un mec génial de mon âge, on ne parle que de musique et il me fait mon ordo :
métha
séroplex
ramipril "hypertension"
et un petit lexo de tmps en temps.

J'aurais une petite question mais j'ignore si je suis au bon endroit.
j'ai oublié ma dose de 30 pendant 2 jours (l'âge me joue des tours) et du coup j'ai continué j'en suis au 6e jour sans méta et je ne ressens rien de mauvais... thinking

 
#30 Posté par : Anaya 17 décembre 2022 à  23:28
Bonjour,

Alors voila, j’espère que ça correspond.

Il n’y a pas longtemps j’ai décidé d’aller boire un verre avec des collègues, je me suis beaucoup amusée une bonne partie de la soirée. J’ai ensuite fait une quasi crise d’angoisse car je savais comment mon mec allait réagir: m’attendre avec un regard inquisiteur, s’énerver, me culpabiliser et me rappeler à quel point je met mes projets en échec.

Encore:
comme mon mec sait que j’ai consommé de l’alcool après une période d’abstinence, il interprète mes gestes:

- il est en train de préparer le repas. Je regarde vers la table, et il me dit « ah, tu regardes la bouteille de vin »; ou encore « c’est pas un hasard si t’as choisi ce plat puisqu’il y a de l’alcool dedans »

- je propose d’aller voir le match dans un bar, parce que j’ai envie d’être dans l’ambiance et voir du monde. D’abord il refuse d’un air contrarié  puis il accepte en me disant « par contre on boira pas hein ! ».

- mon mec me dénigre dès que je parle de mes « envies » parce que forcément, elles sont toutes liées à ma « pathologie addictive »!

- je me rend à un événement associatif avec mon mec pour récupérer un magazine gratuit que je trouve super. Des qu’il voit la foule, il reste en retrait et lorsque je le rejoint, il me dit « vient on se casse, ici c’est que des toxicos, c’est pas ton monde »

- mon mec veut m’imposer le sevrage

 
#31 Posté par : Morning Glory 18 décembre 2022 à  13:03

xetubus a écrit

merci de me le rappeler et mon 1er post (hier à 17h33) traite de ce pb de PUDs, j'en ai profité pour poser une question c'est juste après ton post de hier à 11h49.

Ceci dit, je ferais attention la prochaine fois.drapeau-blanc

Bonsoir. :)

xetubus a écrit

j'ai demandé à un généraliste près de chez moi si il pouvait me prescrire ma méta ; il m'a dit sans me regarder qu'il "ne s'occupe pas de ça".

Oui désolée j'ai été un peu sèche/dure ce thread me tient un peu trop a cœur ^^' tkt y a pas de souci


Anaya a écrit

Bonjour,

Alors voila, j’espère que ça correspond.

Il n’y a pas longtemps j’ai décidé d’aller boire un verre avec des collègues, je me suis beaucoup amusée une bonne partie de la soirée. J’ai ensuite fait une quasi crise d’angoisse car je savais comment mon mec allait réagir: m’attendre avec un regard inquisiteur, s’énerver, me culpabiliser et me rappeler à quel point je met mes projets en échec.

Encore:
comme mon mec sait que j’ai consommé de l’alcool après une période d’abstinence, il interprète mes gestes:

- il est en train de préparer le repas. Je regarde vers la table, et il me dit « ah, tu regardes la bouteille de vin »; ou encore « c’est pas un hasard si t’as choisi ce plat puisqu’il y a de l’alcool dedans »

- je propose d’aller voir le match dans un bar, parce que j’ai envie d’être dans l’ambiance et voir du monde. D’abord il refuse d’un air contrarié  puis il accepte en me disant « par contre on boira pas hein ! ».

- mon mec me dénigre dès que je parle de mes « envies » parce que forcément, elles sont toutes liées à ma « pathologie addictive »!

- je me rend à un événement associatif avec mon mec pour récupérer un magazine gratuit que je trouve super. Des qu’il voit la foule, il reste en retrait et lorsque je le rejoint, il me dit « vient on se casse, ici c’est que des toxicos, c’est pas ton monde »

- mon mec veut m’imposer le sevrage

Salut,

Ok, alors je n'ai pas de réponse à ce qui va suivre hein... C'est vraiment une question à te poser peut être, si tu le désires pour toi-même.

Mais est-ce que ta relation de couple te convient ?
Est-ce que ce mec n'exercerait pas une certaine forme d'emprise sur toi?
Si oui est-ce que ça te convient (à te lire comme tu viens le mettre à l'écrit ici, ça n'en a pas l'air)?
Est-ce que tu as l'impression que son attitude envers toi t'es bénéfique, t'aide d'une certaine manière ou au contraire t'enfonce plutôt ?
Bref te sens-tu bien avec lui?

Xoxo


 
#32 Posté par : NaturaSana 18 décembre 2022 à  14:10

Anonyme813 a écrit

Ce qui lui fait dire ça aussi je pense, c'est que tant que cela ne gêne pas la vie ou le bien-être de la personne, une particularité psychique n'est pas définie comme maladie, normalement, en psychiatrie... exception faite des addictions aux substances illicites ! Incroyable non?... Donc je vais bien, mais je suis malade. Au point de devoir être internée. Ça pèse sur la confiance et l'estime de soi tout ça. Mais du coup je comprends les réactions des gens, ils y croient dur comme fer voilà tout.

C'est juste sur-réaliste... je n'avais pas connaissance de cette énième forme ou possibilité de discrimination "étatico-médicalo-délirante" !
Qu'il est bon dans une société en totale perte de repaires, plongée dans des angoisses qu'elle n'identifie pas, ne voit pas, ou ne sait nommer, bouffie de matérialisme rassurant, d'avoir, entre autres, les UDs comme clou qui dépasse pour se défouler, sans même s'en rendre compte...

J'en profite pour remercier tous les acteurs-auteurs (trices) de ce fils qui s'avère être une mine d'infos psycho-sociales... pour un non consommateurs, "non addict", mais dont les pratiques rituelles ont aussi données lieu à quelques remarques et salves hasardeuses ou savoureuses, qui restent toutefois à des années lumières de ce que certain(e)s ont expérimenté(e)s et décrit.

Merci à vous toutes et tous, car par moment, je suis ému.


 
#33 Posté par : Anaya 18 décembre 2022 à  21:08

Morning Glory a écrit

Mais est-ce que ta relation de couple te convient ?
Est-ce que ce mec n'exercerait pas une certaine forme d'emprise sur toi?
Si oui est-ce que ça te convient (à te lire comme tu viens le mettre à l'écrit ici, ça n'en a pas l'air)?
Est-ce que tu as l'impression que son attitude envers toi t'es bénéfique, t'aide d'une certaine manière ou au contraire t'enfonce plutôt ?
Bref te sens-tu bien avec lui?

Xoxo

Morning Glory,

Tu as raison de me poser ces questions qui me turlupinent en ce moment. Je suis partagée le concernant car il est aimant et protecteur, mais en cherchant à me contrôler.

Je pense que son attitude m’a poussée à lui mentir pour pouvoir vivre comme je l’entends, c’est à dire en prenant des prods de temps en temps, en sortant le soir, boire un coup etc. La limite que je me fixe est que ça ne doit en aucun cas impacter négativement le travail ou ma santé.

Je pense à le quitter car la relation a fait son temps et que je ne veux vivre divisée comme l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest. (J’espère que la métaphore est parlante)

Mon mec n’arrive pas à intégrer que je puisse consommer en toute sécurité, il a énormément de préjugés sur les « toxicos », il les méprise, cela me déçoit. Pour lui, ce serait redevenir cette « fille des bas-fonds », il utilise pas mal le comparatif religieux, la drogue c’est « l’appel de la forêt », « le démon ».

Pour lui les femmes qui consomment seraient nécessairement plus fragiles et vulnérables au milieu de ces hommes qui ne sont, au fond, que des bêtes en rut. Or c’est complètement faux, je suis capable de prendre le métro, appeler un taxi, refuser une invitation, etc.

Voilà, juste pour dire que c’est lourd, extrêmement lourd d’être en couple avec une personne qui ne comprends rien à l’usage des drogues et qui, sous couvert de jouer les sauveurs, s’avère toxique, plus toxique qu’un shooter de rhum. Les préjugés pèsent sur la relation.


 
#34 Posté par : Fastofle 19 décembre 2022 à  15:35
Lire ce fil me fait penser aussi aux préjugés que peuvent avoir les Pud entre eux.
Je bosse dans un caarud et voici les quelques phrases qui me reviennent:

- Je suis pas un tox je fume de la free-base. Et comme l'a souligné caramel beurre-salé sur un post précédant, certains tombent de haut en constatant que c'est du crack.

- Des consommateurs de crack journaliers qui me disent: "je ne suis pas un tox comme lui je ne shoote pas". Toujours cette image négative de l'injection... Et cela rassure parfois les personnes que de dénigrer "pire qu'eux". L'injecteur étant souvent la lie des Pud.

- Enfin la stigmatisation des consommateurs d'opiacé avec cette récurrente: " je prends pas de came je suis pas un tox!"

Vous remarquerez que le mots tox revient régulièrement dans leur bouches de façon extrêmement dénigrante. Ceci pour identifier ce qu'il considère être un paria. Malheureusement je pense que cela leur permet de se rassurer vis à vis de leur propre consommation parfois plus excessif que celle de l'Autre.

Je vous rassure je me bats tous les jours contre ces préjugés qui me font bondir. Je rappel aux personnes qu'elles sont toutes dans le même bateau et que pour une bonne partie de la société eux aussi sont des toxs!

Cela me fait constater que la société bien pensante à même réussi à monter des Pud entre eux. Fumeur de bédo contre les méchants drogués toxicomane de "drogues dures", le cracker contre l'injecteur...

Si on a de tel préjugés entre Pud je n'imagine même pas ceux de certains non consommateurs...

 
#35 Posté par : xetubus 20 décembre 2022 à  11:51
Les mentalités ont bien changées. Je suis de la vieille école de la meux et à l'époque on se soutenais, on s'aidait, je parle des années 80/90. Il me semble que le monde du crack est un autre monde, plus destroy encore qu'avant ; mais ceci n'est que mon avis.

 
#36 Posté par : Morning Glory 26 décembre 2022 à  22:38
Au CSAPA pour aller chercher ma methadone j'explique mes autres consos puisqu'ils me demandent, notamment les dissociatifs.
"Donc ça, c'est toutes les saloperies que vous prenez d'accord".

...

......

Mais allez-y dites-le doc, que je suis une "junkie" tant que vous y êtes, non mais sérieux se faire juger au sein même d'un csapa c'est fou ça !

Comme il insistait j'ai dû amener la comparaison du paracétamol pour lui dire que c'est l'ABUS le problème, le paracétamol n'est pas une saloperie, pourtant à hautes doses il tue. Dans d'atroces souffrances. Pourquoi les autres drogues ce serait différent ? Oui j'abuse de mes dissos. Oui c'est nocif comme activité. Est-ce que ça en fait de façon inhérente des saloperies ? Ba non!!

Heureusement après il a plus rien dit à ce sujet. Je suis pas venue pour me battre avec un prescripteur de metha moi sad

Je sais pas si c'était une tentative très maladroite de me dégoûter genre "holala le doc a dit que c'étaient des saloperies il va falloir que j'arrête", au moins ses intentions seraient moins viles sous cet angle là, je trouverais que c'est pas la bonne méthode du tout, mais ça fait moins peur de penser ça plutôt que l'addicto en CSAPA me traite de junkie...

 
#37 Posté par : meumeuh 27 décembre 2022 à  01:01

Morning Glory a écrit

Donc ça, c'est toutes les saloperies que vous prenez d'accord".

On me sort ça,  docteur ou pas  je le remet en place direct.

Faut pas oublier que la cocaïne, et l'héroïne pour parler des produits de rue les plus connus (avec le cannabis) de nos jours, ben avant ils étaient prescrits comme médicaments par les médecins et largement délivrés en pharmacie.

Bref...

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plus qu'exact !

 
#38 Posté par : Pickle-666 07 janvier 2023 à  11:48
Bonjour tout le monde!

Mon témoignage concerne d'abord le cercle familial: j'ai toujours caché ma consommation de drogues à ma famille, car ce sont des drogues "dures" et c'est socialement bien moins acceptés que l'alcool par exemple. Jusqu'au jour où mon père en fouillant dans mes affaires (ce que je lui ai largement reproché par la suite) est tombé sur de la 3mmc et un peu de weed.
Suite à cela il a avertit d'autres membres de ma famille et m'as fait une large morale sur la consommation de drogues en général: c'était moi le problème , j'allais forcément mal et était dans l'inconscience la plus totale (selon lui).
Il a beaucoup stigmatisé les consommateurs et affirmait que c'était seulement les gens "grandement malades dans leur tête" qui pouvaient consommer cela. Je comprends qu'il s'inquiète. Mais son ignorance est la majeure source de son angoisse. Ma famille a alors accusé tous mes amis et nous étions étiquetés comme "toxicomanes".
Il  pensait alors que le gars qui m'avait donné ce cailloux de 3mmc voulait forcément un contrepartie, que je me prostituais...
J'ai ressenti beaucoup d'injustice et n'arrivais pas à lui faire comprendre que je m'entourait de gens sûrs pour faire ces expériences. Il  avait uniquement en tête l'image de la bande de junkie qui se drogue dans des squats et des plus anciens qui donnent des "merdes" aux plus jeune trop influençables pour prendre du recul.
Ces préjugés sont pesants. L'ignorance bloque la réelle compréhension, et la violence de ces croyances polarise encore plus le clan des "gentils" et des "méchants".

J'ai également observé que je me retenais de parler de  mes consommations avec des amis qui ne s'y connaisse pas car cela dérivait systématiquement vers des opinions contre les "drogués" et des préjugés toujours biaisés.
J'essaie plutôt de discuter avec les gens curieux et faire de la prévention quand je sens que les gens sont ouverts !
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Texte mis dans les morceaux choisis de Psychoactif. (pierre)

 
#39 Posté par : Lexapro 07 janvier 2023 à  18:37
J'aimerais vous faire part du message que m'a envoyé un "ami" il y a quelques semaines.

Voici le contexte :
    - Il y a un an, j'ai eu des problèmes sérieux de perte de contrôle avec la 3-MMC. Je lui ai demandé s'il pouvait emménager chez moi quelques jours car je vivais seul et avoir de la compagnie aurait pu m'aider à ne pas consommer.
    - Suite à son refus, j'ai pris de la distance avec lui. Il s'en est rendu compte et me l'a reproché il y a quelques semaines. Donc je lui ai expliqué et il m'a envoyé ce message.
    - Ma mère connaît parfaitement mes problèmes d'addiction
    - Je n'ai jamais eu de problèmes d'argent à cause de mes consos
    - Il est pharmacien, et ancien infirmier

[Mon prénom], pour la drogue, j'ai toujours dit que ça finirait mal et tu m'as toujours dit que tu maîtrisais

Et quand tu as été en échec face à la drogue, tu me reproche de ne pas être présent alors que ça fait genre 10 ans que tu fais de la merde... et que j'ai jamais accepté ça.

J'ai toujours dit que tu abuses et que tu maîtrises rien du tout sur la drogue. Et quant ça te pète à la gueule, c'est de ma faute si t'es en situation de dépendance ?

J'ai jamais rien dit sur la drogue à ta famille.

Mais si tu veux être honnête avec eux, commence par leur dire que tu utilises des substances illégales depuis 10 ans et que malgré mes avertissements à répétition, tu m'as ignoré sur ce sujet.

Je dirai rien à ta mère encore maintenant. Mais si tu parles d'honnêteté... Montre lui ton compte en banque et les achats afférents à la drogue que tu fais en bitcoin ou autre.

Voilà voilà.

Le pire, c'est que je ne me sens ni triste, ni même en colère. Je me sens blasé. J'ai l'impression qu'on n'a juste pas les mêmes valeurs et qu'on a plus rien à se dire.


 
#40 Posté par : plotchiplocth 12 janvier 2023 à  17:43

Lexapro a écrit

je trouve tout ca ... glacant... la manière dont tes usages vont justifier un comportement que  l'autre personne concernée n'accepterai probablement pas à l'inverse qu'on ait avec elle....


 
#41 Posté par : Morning Glory 13 mars 2023 à  10:57
Je ne savais pas où mettre ce manifeste de Aides à l'occasion de la journée internationale pour les droits des femmes, alors comme il y a pas mal de témoignages rejoignant les nôtres je le fais ici.


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