Blogs » Boris Vian » 

Quand l'espace va trop vite. 



/forum/uploads/images/1602/121585496_753768592138806_3112423024460696379_n.jpg

Toile encollée sur bois, acrylique (60¤50cm)

Certains jours mes yeux se remplissent à une vitesse fulgurante,
les perspectives se superposent, se recomposent, m’inquiètent de leurs étrangetés.
Tout m’apparaît en même temps, le motif et la texture du papier peint, les moulures du contour de la porte et la structure du radiateur; sa chaleur.
Ce mélange forme une ratatouille qui me laisse ébahit.
Mes yeux de peintre vont plus vite que mon cerveau. Je n'ai pas le temps de comprendre ce que je vois que déjà j'ai tourné le regard et ai emmagasiné une nouvelle tournée information.
La temporalité devient flottante, perdu entre ce que je perçois et ce que je peux traiter.
Je ne parviens pu à faire un historique linéaire de ce que j'ai vu, le radiateur était il avant la porte ?

Je ne peux plus faire semblant de ne pas être idiot. Une phrase lu malgré moi au détour d'un paquet de pâte dans la cuisine forme un texte avec le titre d'un livre posé dans le salon.
Sans que je ne puisse me souvenir d'où j'ai pu voir l'un et l'autre.
Ma tête est noyée par mes yeux qui aspire tout.
Le temps n'existe plus tant l'espace n'a pas de sens.

Cette condition m'interdit les grandes surfaces, la quantité inhumaine d'information me laisse abrutit en moins de 5 minutes. Je ne sais même plus ce que je fais là. Des millions d'images, de textes et de promotions posées sur les displays me paralysent.

Au contraire d'Hoffmann, le vélo semble le remède. L'effort physique rappel mon corps à mon esprit. La concentration nécessaire à ne pas me tuer contre une voiture ou un trottoir traître m'ancre dans une réalité plus commune.
La vitesse empêche mes yeux de me remplir jusqu'à devenir inopérant. 

Nous ne sommes que la somme de nos perceptions.
Nous ne somme que corps, viande social.

Catégorie : Photos-Dessins - 12 octobre 2020 à  10:17



Commentaires
#1 Posté par : Boris Vian 16 octobre 2020 à  18:20
Corps; viande consciente socialisé.
Cette phrase de Michel Journiac résonne encore tellement aujourd'hui.
Il l'avait formulé pendant l'épidémie du sida, tournant son travail autour de son propre sang ( messe pour un corps, 1969).
/forum/uploads/images/1602/c8190136921b870e3b34c21cfa5c90c9.jpg


Lorsque notre père de la nation nous répète notre responsabilité, prendre soins de nous pour prendre soins des autres; faire société. Bien sur en prime time au journal de 20h.
Il nous rappel à notre corps, pour nous individualiser, pour se déresponsabiliser de sa gestion de la crise.
Tout comme les homosexuel.le.s et les UD lors de l'épidémie du sida, il faut stigmatiser, montrer du doigts. PUNIR

"C'est une chose qui m'a toujours un peu étonné, cette interprétation de l'autre comme quelque chose de totalement séparé de soi. Pour moi, avec l'autre, on a au moins un corps avec lequel on vit, qui mange et qui souffre. Mon corps est un peu le corps des autres, et le corps des autres est un peu le mien, il n'y a pas de rupture"
Philippe Vergne, l'art au corps : catalogue d'exposition

C'est ici une lettre d'amour aux UDs que j'écris ;
Soulever le voile de l'hypocrisie des interdits d'état.
Refuser de ne pas soigner sa souffrance, même si l'on risque d’être punit, de voir son corps enfermé, loin des autres.
Prendre son pied
Comprendre que se sont ces interdits qui engendrent principalement un coût sociétal.
Accepter que lorsque la consommation dérape, ce n'est souvent que le symptôme de troubles antérieurs et que la criminalisation de l'usager ne va que renforcer ses troubles. A quel point les moyens déployés dans la guerre contre la drogue allégeraient les mots premiers ? 
S'étonner de la connaissance de soi, du corps ou encore de chimie organique de certains UD.

Au travers du forum, accumulation de témoignages, il devient évident que notre corps forme une continuité avec celui de l'autre. On se partage nos sensations, nos différences de métabolisme pourtant nous prenons tous soins du tas de viande consciente socialisé que forme Psychoactif.

Le FHAR clamait "Nous sommes un fléau social"
Comme il est impossible de parler de nul part, je parlerais en tant que moi, UD.
Comme nous sommes oppressés il est de notre devoir de prendre soins des autres oppressés contre les dominants.
Racisé.e.s, Travailleur.euse.s du sexe, LGBTQ, UD, handicapé.e.s ...
C'est le même doigt qui pointe dans notre direction.
Prenons soins de nos corps, le FAHR disait aussi
"Prolétaires de tous les pays, caressez vous !"

Remonter

Pied de page des forums