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Récit de mes décompensations psychotiques 



J'ai longtemps cru que la drogue et l'alcool m'apportait de la confiance en moi, des sensations fortes ou des vagues d'émotions plaisantes. J'ai d'abord commencé gentiment avec le cannabis, mais l'habitude de consommer s'est vite installée, et avec ça, l'envie de ressentir encore plus. Alors, de temps en temps, je prennais de la salvia, des extasys ou des champignons.
Un jour alors que j'étais en week-end avec des amis à Amsterdam, nous avons pris des champignons, et j'ai commencé à ressentir des effets délirants, des pensées philosophiques à ne plus quoi savoir en faire... la découverte d'un effet miroir qui allait changer ma vie à tout jamais.
Je commençais à sombrer, à être parano, à délirer dans tous les sens, un épisode psychotique aigue commençait, ou une décompensation psychotique... À mon retour chez moi, j'étais différent, et tous mes proches le remarquaient.
C'est une sensation étrange que d'être en décompensation psychotique, c'est comme si tout nous parlait, que tout prennait un sens et l'on se construit des scénarios irréalistes à tout bout de champ. On ressent nos émotions avec tellement d'intensités que l'on peut passer du fou rire aux larmes en moins de 2 minutes. On se sent Dieu. On se prend littéralement pour le sauveur de l'humanité et on expose ses délires à tous ceux qui nous entourent.
Un jour, j'ai fini par croire qu'il fallait que je me transforme en martyr pour sauver le monde, et j'ai failli passer à l'acte en voulant m'enfoncer une lame dans l'estomac.
Je fondais en larmes, pris dans l'illusion d'agir pour le bien commun et le refus de mourir.
Par chance, ma mère m'entend et m'arrête dans mon élan ... elle me réconforte mais fatiguée, elle appelle les pompiers.
Ils m'emmenent à l'hôpital, mais à cause de la paranoïa, je m'échappe par peur de servir de cobaye... Cette fois, c'est mon frère qui tombe par hasard sur moi alors que je suis sur le point de retourner chez moi, et il me ramène à l'hopital.
Je ne me souviens plus de tous les détails, mais c'est la psychiatrie qui m'attend.
Je pleure, je m'énerve, je ne comprends pas... J'ai l'impression que le monde entier est contre moi...

Catégorie : Carnet de bord - Aujourd'hui à  12:32



Commentaires
#1 Posté par : UnNomNyme Aujourd'hui à  15:27
Malgré l’hospitalisation, mes psychoses continuaient. Certains patients trouvaient le moyen de se procurer du cannabis, et à chaque taffe, je sentais mes délires s’intensifier. Pourtant, c’était l’euphorie lorsque je fumais : j’avais l’impression de pouvoir changer le monde en une phrase, d’avoir des pouvoirs télépathiques, d’inspirer les gens simplement par ma présence. Je grandissais dans mon délire, et la sensation d’être tout-puissant ne me quittait pas.

Avec le temps, j’ai compris qu’il fallait paraître “normal” pour sortir de psychiatrie, alors j’ai joué le jeu. Les souvenirs sont assez flous, mais j’ai passé un mois et demi en internement. Mes délires, eux, n’avaient pas disparu. Ma seule envie était de retrouver mes amis pour fumer à nouveau du cannabis et explorer encore plus la psychose, sans vraiment avoir conscience que c’était une maladie.

À ma sortie, c’est mon père — que je n’avais pas vu depuis plus de deux ans — qui m’a récupéré pour que j’habite avec lui. Il m’a lancé dans un apprentissage dans l’entreprise où il travaillait. J’étais sous traitement à la rispéridone : 2 mg tous les soirs. Et même si cela atténuait mes délires, j’étais intimement convaincu que tout ce que j’avais vécu était réel. Je le gardais secret. J’osais en parler uniquement avec un ami, avec qui je m’autorisais à fumer une barre de temps en temps sur ses joints, parfois mélangés à de l’alcool. Nos discussions tournaient surtout autour de mes délires pendant ma psychose. Ça me faisait du bien d’en parler, de me sentir “moi-même”, car une grande majorité des personnes que j’avais connues m’avaient tourné le dos, ne comprenaient pas ce qui m’était arrivé, ou ne voulaient simplement pas fréquenter quelqu’un de “fou”.

Cette phase a duré un peu plus d’un an. Je fumais en cachette avec mon ami, en gardant pour moi mes pensées délirantes. Mais pendant les vacances de Noël, alors que je retournais chez ma mère, j’ai utilisé l’argent de mon apprentissage pour racheter de la drogue et recommencer à fumer seul.

Le jour du Nouvel An, après une nuit blanche à fumer des joints, j’ai senti la décompensation psychotique se relancer. Je n’avais plus peur de me cacher. Je délirais à tout va. Je n’étais à nouveau plus capable de construire des phrases ou des pensées cohérentes.

Une semaine après le Nouvel An, je retournais en psychiatrie… Pourtant, je n’abandonnais pas l’idée que ce que je vivais était réel, et que l’hospitalisation était là pour m’empêcher d’exploiter mon “potentiel”.

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