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Suffocation 



10 Décembre 2016 :  Suffocation




Suffocation alimentaire.
J'ai tellement peu confiance en moi que je n'ose même pas aller préparer à  manger dans la cuisine commune, ni mettre quoi que ce soit dans le frigidaire collectif. Je me retrouve à  manger du jambon et des yaourts pas frais qui datent parfois d'une semaine. J'ai des intestins complètement détruits ; entre la nourriture avariée et la codéine, mon système digestif ne sait plus où donner de la tête : il est complètement anéanti.
Je mange tellement peu et tellement mal que je me ramasse des migraines perpétuelles, et le moindre effort s'apparente à  une crucifixion. Je transpire comme un boeuf dès qu'il s'agit de marcher un peu. Je suis contraint de manger du sucre en poudre avant d'aller en cours pour tenir le coup ; c'est une des rares choses que j'arrive à  avaler sans être pris de violentes nausées tout de suite après.

Suffocation comportementale.
J'ai tellement honte de moi que je sèche les trois-quarts de mes cours, même si j'arrive quand même à  m'en sortir en bossant dans mon appart. Je suis tellement angoissé que le moindre problème se transforme en apocalypse. Aller faire des courses, à  la pharmarcie, à  la supérette, aller en cours, à  la fac, à  la bibliothèque sont, par exemple, quelques-uns de mes nombreux supplices. Chaque regard, chaque parole, chaque acte d'une personne est inévitablement perçu comme toxique, nocif.

Suffocation sociale.
J'en peux tellement plus des gens. J'ai arrêté de prendre le tram parce que j'y ai fait une crise d'angoisse il y a un peu plus d'une semaine. Je suis par conséquent obligé de partir beaucoup plus tôt et d'arpenter les rues adjacentes les moins visitées. Je prends toujours le chemin où il y a le moins de personnes, et si par malheur il m'arrive de croiser trop de monde, alors j'ai progressivement du mal à  respirer, je tremble, je suis frappé d'un soudaine dyspnée, je subis des battements de coeur intenses, je transpire davantage et j'endure de nouvelles souffrances physiques et psychiques incroyablement prononcées. Je suis donc obligé de prendre 4mg d'alprazolam en sublinguale au plus vite.

Suffocation onirique, considérations actuelles.
J'ai eu un ressenti étrange. Lorsque le caissier osa ne pas répondre à  ma timide salutation, j'ai éprouvé l'envie de l'étrangler avec des peaux de banane.
J'ai rêvé cette nuit que j'avais mille et une dents avec des ongles coincés au dessous, eux-mêmes dansant autour d'un feu de camp violacé parmi des figurines taoistes et des momos tibétains.
J'ai vu une fille magnifique aujourd'hui, lorsqu'à  ma fenêtre je fumais l'Amsterdamer au moyen d'une pipe anglaise. Si j'étais pas une sous-merde, je serais allé lui causer du tengrisme turco-mongol ou d'autres cultures centrasiatiques en espérant qu'elle s'y intérèsse un tant soit peu.



Sevrage-maison, bonne ou mauvaise idée..? Mauvaise, manifestement.

Catégorie : Témoignages - 10 décembre 2016 à  19:12



Commentaires
#1 Posté par : Anonyme9404 11 décembre 2016 à  01:35
Je comprends tes mots. Et te lisant je me dis que tu pourrais peut-être envisager une thérapie avec une personne de confiance, Toi-Même !

Petit à  petit on peut aller loin. Commencer par te faire assister par des livres, des articles sur le soi, le moi et le développement de soi, ainsi que l'écoute de ta petite voix intérieure.

Les souffrances, le corps de souffrance par Eckart Tolle, je cite lui, parce qu'il est le plus populaire, mais il existe plein de livre libérateur, le titre est le Pouvoir du Moment Présent.

Mais je me doute, que peut-être tu n'as pas envie d'entendre parler de cela, ça ne t'attire pas parfois, mais je t'en parle quand même, sait-on jamais ! wink

Parfois les souffrances que l'on s'inflige peuvent être des moments de libération, mais si on reste figé sur la souffrance sans la dépasser, et qu'en plus, on ne cesse de résister alors dans le temps, ça craint pour toi et ta santé.

Autant Physique, Moral, Psychologique etc.
Allant de pire en pire.
Ou de mieux en mieux, si à  chaque souffrance, tu dépasses cela.

Mais si déjà  tu continues à  t'accrocher à  tes cours, cela reste un bon signe malgré tout, et je me doute que l'écriture grossit un peu les trucs quoi. A moins qu'au final, la branche sur laquelle tu sois assis, ne soit pas la bonne, alors, ça risque de se casser, même si tu ne pèses pas bien lourd.

Idem, tous les transports en commun je ne peux plus prendre, mais je vais finir vraiment par croire que le problème ne vient pas, ou plus de nous. Il y a bien un malaise qui touche de plus en plus de monde dans cette société.

Nous sommes tellement nombreux à  tenir des discours comme le tiens, que je me dis que ça devrait alerter tout, comme les pouvoirs publics, mais non, rien à  fichtre de nos trombines.
On va resserrer les liens malgré tout.

Bon Courage
J'aime te lire. :)
Et j'aime bien ton pseudo Ygrek.

 
#2 Posté par : Anonyme9404 11 décembre 2016 à  01:53
Pour le sevrage maison, bien les 1ers jours, normalement on est extrêmement fatigués, alors à  la normal, il vaut mieux éviter de prévoir de gros efforts.

Mais au bout d'une semaine, c'est reparti, mais attention en sortant de ne pas être au final dans l'intention de la "recherche" la recherche d'un produit quelconque.

Etre sincère avec soi-même. Prévoir le point A et le point b et surtout s'y tenir, sans passer à  la pharmacie ou "ailleurs".

Durant un sevrage, nous sommes beaucoup plus affaiblis psychologiquement, et nous sommes aussi parfois et souvent beaucoup plus influençable, et ça, ça peut durer plusieurs semaines par vagues...

Mais au moins environ les 2 premières semaines, c'est la fragilité.

Après, pour la codéine, tu peux essayer de réduire, te maintenir à  2 ou 3 par jour durant plusieurs jours, puis en retirer un etc. ça peut également fonctionner, si tu sais gérer les tablettes sous le nez, sinon, laisse tomber la réduction.

Je ne connais pas trop comment ça se passe la codéine, mais il me semble que le sevrage dur moins longtemps que le reste, à  toi de voir, de sentir, et d'écouter ta petite voix intérieure, elle va te guider vers ta libération, mais parfois, celle-ci va demander des rechutes...

Pas grave, rien dramatiser. Surtout ça.
Alors de lire des livres qui éclairent, et qui nous aident à  comprendre certaines choses peuvent être des béquilles à  nos maux....

Voilà , désolée, j'ai dû faire pour le coup 2 commentaires, j'espère que ça ne posera pas de problèmes. D'autres en plus sauront probablement mieux te renseigner, ou simplement commenter que moi pour avoir connu le sevrage de la codéine.

Amicalement,

 
#3 Posté par : Ygrek 11 décembre 2016 à  10:47
Bonjour Baiala,

Merci de tes messages, cela m'a fait grandement plaisir.

Je me renseignerai sur la philosophie du moi et le texte auquel tu fais référence. J'aime beaucoup lire pour m'évader de ce triste quotidien.
Quant à  la branche, je pense avoir choisi la bonne ; je m'y plais, malgré tout. Mais les racines de l'arbre sur lequel elle repose pourrissent au fil du temps et ça, malheureusement, je ne sais pas comment y remédier..

Mon sevrage maison consiste à  consommer la codéine en l'associant avec du DXM et du jus de pamplemousse blanc*. Grâce à  cette méthode, j'ai réussi à  diminuer les doses de 400mg à  ce jour, ce qui est assez conséquent.
Mais je pense arrêter tout cela. En l'espace de bientôt deux mois, j'ai l'impression d'avoir changé de corps, d'âme et d'esprit. Je ne me reconnais plus et je ne reconnais plus personne.
C'est tellement dur que je préfère continuer à  vivre avec cette grosse addiction plutôt que de me tuer à  petit feu à  cause d'un sevrage. Et je n'ai pas non plus la force d'aller voir un spécialiste : je n'ai jamais envisagé autre chose qu'une thérapie avec moi-même, comme tu l'évoquais en première ligne.

*Je précise que je consomme aussi de l'héroine en guise d'extra, en sniff uniquement car j'ai trop peur de l'IV. Mais elle vaut rien cette meuh ; elle est coupée, surcoupée, archicoupée.

Bon courage à  toi aussi.

 
#4 Posté par : Anonyme9404 11 décembre 2016 à  19:55

Ygrek a écrit

Bonjour Baiala,

C'est tellement dur que je préfère continuer à  vivre avec cette grosse addiction plutôt que de me tuer à  petit feu à  cause d'un sevrage. Et je n'ai pas non plus la force d'aller voir un spécialiste : je n'ai jamais envisagé autre chose qu'une thérapie avec moi-même, comme tu l'évoquais en première ligne.

J'ai juste envie de dire ça super
Le spécialiste selon justement tout ces livres il est au dedans de toi, c'est ton MOI PROFOND, ou d'autres appellent cela ton soi supérieur. :)


 
#5 Posté par : PJ47 29 janvier 2018 à  04:29
putain on dirait moi.
PAs le choix , il faut s entrainer comme des exercices pour vaincre les phobies.
Répéter et répéter encore les exercices.
Et manger c est vraiment très important, prends des compléments alimentaires a base de vitamine ou cure de geler royale ou pollen d 'abeilles pour reprendre des forces.
tout porte a croire que tu as une anxiété généralisée.

Bonne nouvelle c est possible d'en guérir avec courage et volonté.
Par contre c est long mais les premiers résultats sont rapides et encourageants.

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