le der des ders 

T’avais 13 piges. T’as fumé ta première clope - un reste de clope lancé par ton père pendant des travaux dans le garage - t’as kiffé l’effet, t’as accroché direct, à l’inverse de tes trois frolos qui sont resté droits jusqu’à ce jour. T’as volé une bagnole E.D.F à tes 17 ans (sans forcer la portière, elle était déjà ouverte) t’as cartonné ensuite avec, et fait des tonneaux dans l’un des bas-côtés campagnards de Roanne ; ce qui a engendré chez toi une sorte de phobie du volant. Les keufs t’ont rattrapé dix minutes après. T’as cambriolé des entreprises, volé un matos invendable que toute la zone refusait d’acheter, et eut de vastes emmerdes avec la mafia turc d’Oyonnax qui t’ont un soir fait prendre la décision de quitter cette ville affreuse, sans rien, à poil, comme un nouveau-né, avec pour seule compagnie une petite rate blanche que t’avais appelé « Abyss » et un keuss rempli de trucs à vendre sur la route. T’avais grillé le train sans ticket (à l’époque la SNCF n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui) T’étais à l’époque fasciné par les teufeurs et les teufeuses, tu sortais chaque jour en tenue parka kaki sans jamais avoir mis un pied en teuf. Ce n’est que plus tard que t'as découvert et kiffé jusqu’au summum des meilleurs rêves gardés comme un trésor les teufs, les teknivals, et les free. T’as ouvert des squats, défoncé des maisons en constructions, brisé des vitres, tu t’es fait gauler dix fois, t’as dealé des extas et de la mauvaise came, qui a valu la mort d’un des tes potes de Valence, buté à coups de battes (la marchandise lui appartenant), t’as fait six gardes à vues, et trois T.I.G, dont l’un s’est trouvé être la meilleure expérience de ta vie (T.I.G aux écoles des beaux-arts de Nantes : un paradis), un mal pour un délice. Tu as tenté de faire résonner tes pensées à travers ce blog, et tu peux jurer qu’il s’agit là du dernier billet - définitif - tu n’en écriras plus jamais d’autres. C’est le chant du Cygne, un cri ultime. Ce que tu constates c’est l’immense talent d’écriture de certains-certaines personnes de ce site, tu ne leur arrive pas à la cheville. Pourquoi ? parce que, en dépit de tes désirs, tu t’autocensure trop, tu es – que dieu te pardonne – au fond, hyper consensuel. Si tu devais raconter texto tout le chemin tortueux que tu as pris, la lecture de ce billet serait nauséeux, crapoteux, interdit au moins de dix huit ans. Aujourd’hui tu te protèges de tout et tu ressasses, tu rumines, tu penses à ce passé gâché par tant de bêtises. Cusco avait raison : les cold turkeys sont dangereux, ils amènent souvent à la prise de boissons alcoolisées. Là j’écrit perché à la leffe (« qui fracasse la carcasse » comme le dit si bien King Ju).
En ce qui concerne P/A tu dois bien te résoudre qu’une page (générationnelle ?) a été tournée. Tu regrettes l’absence de Conscience, de Janis, de Boots, de Spud, de Drim, de Marla, de Ile, de Tête de crêpe… que tu considérais comme tes frolos, comme tes sœurs. Je croise les doigts pour que chacun, chacune d'entre elles, d'entre eux ait trouvé la paix. Seule Cependant, ta meilleure pote est restée fidèle au poste. 

« Indigeste » a décrété un nouvel arrivé sur P.A sur mes textes, sans même les avoir lu. Condescendance hallucinante. Petit con, va. Cela m’a définitivement dégouté, je l’avoue. C’est pour cette raison que cette fois, c’est net et décidé, je déserte. Ceci constitue mon dernier texte, je n’écrirais plus jamais rien d’autre. C’est une sorte de lettre d’adieu, et j’ai l’âme paisible. J’ai un peu moins de trois ans devant moi pour décrocher du valium, mais ce que je craignais le plus est en train d’arriver : les pénuries de médicaments ne vont pas cesser d’augmenter. Cela fait plus de 10 ans que je le redoute ; ce système, quoique vous en pensiez n’est pas tenable. Parmi mes gardes à vues il y a eu celle pour rébellion. Je ne suis pas un rebelle sans cause, je défends le vivant. Je suis un homme blanc hétéro et agnostique, mais je n’hésiterais pas une seconde à défendre les minorités (d'une force et d'un courage qui défie l'entendement) qui vont dans les années a venir s’en prendre plein la gueule. Les pénuries de médocs et d’opioïdes sont certaines. Quelles preuves j’ai ? aucune, sauf l’intuition, qui n’est pas pour moi une préscience. J’ai bien fait de décrocher de la métha et du subutex, car il se peut qu’un jour…

Love P/A, et merci de m’avoir lu et écouté.

Adios amigos…



" Love is for the weak
Or so you'd have me believe
The thought's killing me
No body but a head O.D "