Il est 22H15, je procède à une prise de 12 comprimés de
Dextrométhorphane. Je pars me balader une petite heure histoire de m'aérer l'esprit le temps que cela arrive à destination, qu'ils soient digérés.
Il est 23h21, je rentre et commence à ressentir des ballonnements. Pourtant, une sensation de bien être me traverse, peut-être est-ce l’effet placebo. Je plonge dans mon lit, la lumière est éteinte et mes yeux sont fermés. Le casque sur les oreilles, je lance une playlist de Marina qui va ensuite enchaîner sur l'album Born to die de Lana Del Ray. La lecture aléatoire de youtube rend le trip encore plus beau car imprévu. J'ai de plus en plus mal au ventre, mais ça ne me dérange pas tant, j'accepte et j'attends sereinement que la douleur s’estompe.
À partir de maintenant, on oublie la notion du temps. J'ai un moment d'absence, comme si j’avais dormi profondément. Au bout d'une dizaine de minutes, je réagis et retrouve mes esprits. C'est là que l'expérience commence ! Le mal de ventre est un lointain souvenir. J'ai l'impression de n’être plus que conscience, mon corps est dissocié du Je. À tel point qu'à plusieurs reprises, en pensant « j’ai envie de me gratter », je constate que ma main frotte mon torse, l’ensemble de ma chair devient un bloc distinct. C'est comme lors du sommeil, l'environnement réel n'existe plus, on se retrouve seul avec son bulbe vacillant, dépouillé de matière. La grande différence, c'est qu'on ne dort pas, on est lucide, enfin relativement. On est libre d'imaginer et de voir ce qu'on veut. La chanson prend une ampleure phénoménale, tellement intense, j’en perçois tous les détails. La musique fait le voyage, vraiment ! Avec elle, en fonction de la mélodie, mon cerveau se met à imaginer toute sorte de chose sans même besoin d’y réfléchir. Ce sont souvent des dessins en noir et blanc s’animant au rythme du morceau, j'imagine que c'est dû au fait que la pièce est plongée dans l'obscurité. Je répète en boucle : « Waaaaouuu c'est incroyable, c’est vraiment unique ! » Parfois je bascule davantage dans le rêve, je deviens moins lucide et inversement. Ces allers-retours mentaux me font beaucoup rire, ma voix intérieure me murmure : « T’es parti trop loin, n'oublie pas qu'à la
base, t'es juste un garçon allongé dans son plumard » Les sons défilent, à chaque fin je suis là en mode : « C’est déjà fini, oh nan c'était trop bien, j’voudrais que cette mélodie continue pour toujours. » J'attends la prochaine, je kiff trop, j’ai de nouveau envie d’une symphonie éternelle et ainsi de suite.
J'apprécie tellement que les heures défilent : une heure, deux heure, trois heure du matin. En effet, par intervalles, je parviens à ouvrir les yeux, ce qui a pour effet de me sortir de cette torpeur. Je dois aller aux toilettes, je suis si crispé que je marche en crabe. Arrivé la-bas, face au mur, je suis perplexe : « Merde, comment on fait déjà pour éjecter l’urine ? » C'était très drôle ! Au passage, je regarde mes pupilles dans le miroir, je suis fasciné par cette dilatation. Je me hâte pour m'enfouir une nouvelle fois sous la couverture. Instantanément, l'état de rêve conscient me submerge et la magie reprend de plus belle.
Deux jours ont passé et je peux affirmer : C'était vraiment une expérience incroyable, tellement forte. Si bien que j'ai l'impression d’avoir évolué. Maintenant, j’apprécie la vie.
Dernière modification par Conscience (11 avril 2019 à 04:47)