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Un travailleur contrôle des plants de cannabis dans une serre du site de production européen du producteur canadien de cannabis Tilray, à Cantanhede, au Portugal, le 24 avril 2018 AFP/Archives – PATRICIA DE MELO MOREIRA
À quoi ressemblera la future expérimentation du cannabis thérapeutique en France? Après avoir entendu patients, médecins et pharmaciens, le comité d’experts chargé d’en définir les contours a auditionné mercredi les acteurs étrangers de ce marché en pleine expansion.
Au fil des auditions menées depuis janvier, les membres du comité mis en place par l’Agence du médicament (ANSM) ont pu mesurer les attentes autour de leur futur avis, prévu fin juin, mais aussi de la complexité des questions auxquelles ils doivent répondre.
Il s’agit en effet de traiter le cannabis thérapeutique comme un « nouveau médicament » en dépit de son statut particulier de préparation à base de plantes, dans un domaine en pleine expérimentation où les preuves d’efficacité ne sont pas encore toujours établies.
Il faut également répondre à l’impatience des patients, qui veulent disposer d’un produit sûr et à la qualité constante au lieu de devoir se fournir sur le marché noir, tout en tenant compte de la diversité de leurs besoins et des craintes de certains médecins d’envoyer un « signal » de laxisme envers l’usage récréatif du cannabis.
Le principal enjeu est donc de savoir si les 13 experts, avec à leur tête le psychiatre et pharmacologue Nicolas Authier, recommanderont une expérimentation largement ouverte ou plus restreinte.
En avril, les auditions portant sur le cadre de prescription avaient fait émerger le souhait des associations de patients d’une mise à disposition la plus large possible, permettant notamment aux médecins généralistes de prescrire du cannabis thérapeutique et pas seulement aux spécialistes tels que les neurologues ou les centres de la douleur.
L’analyse des expériences dans les pays étrangers montre que « plus ils cadrent l’utilisation, plus il y a une adhésion des profesionnels de santé à le prescrire », souligne toutefois Nathalie Richard, directrice adjointe des antalgiques et des stupéfiants à l’ANSM.
Elle cite l’expérience du Canada où les prescriptions ne décollaient pas au départ, car aucune instruction n’était disponible pour les médecins. « Maintenant que c’est plus cadré, ça marche mieux », assure-t-elle.
– Fleurs, huile ou gélules –
Inversement, les représentantes du producteur canadien Tilray, auditionnées mercredi, ont mis en garde contre un régime trop strict: en Australie et au Royaume-Uni, où le cannabis thérapeutique devait dans un premier temps faire l’objet d’une autorisation nominative d’utilisation pour chaque patient pour être importé, cela s’est traduit par des coûts et des délais très importants pour les malades.
Ces deux pays ont par la suite autorisé Tilray à importer ses produits à base de cannabis « en vrac » et à les stocker sur place.
Le représentant d’une autre société canadienne, Canopy Growth, a aussi plaidé pour qu’un « large portefeuille » de produits soit autorisé d’emblée, afin de « couvrir les besoins divers des patients »: selon les pathologies et les symptômes, certains vont se tourner plutôt vers les fleurs séchées en inhalation, qui ont un effet rapide, tandis que d’autres préféreront les huiles ou les extraits en gélules, d’action plus lente.
De même, ils n’auront pas besoin des mêmes dosages des deux principes actifs du cannabis, le THC et le CBD, pour obtenir un soulagement, a-t-il expliqué.
L’ANSM s’est prononcée en décembre 2018 en faveur du cannabis thérapeutique pour les douleurs non soulagées par d’autres thérapies, les épilepsies résistantes aux traitements, les effets secondaires des chimiothérapies ou encore pour les soins palliatifs et les contractions musculaires incontrôlées de la sclérose en plaques.
Si l’expérimentation devrait commencer « avant la fin 2019 », on n’en connaît pas encore la durée.
On peut tabler sur « un temps relativement limité », souligne Nathalie Richard, car « il faut qu’elle donne lieu rapidement à un bilan », pour voir si des ajustements sont nécessaires.
Le champ géographique reste aussi « à définir »: France entière ou seulement certaines régions, comme cela avait été le cas pour l’expérimentation de la vaccination en pharmacie.
Avant de rendre son avis, le comité mènera une dernière série d’auditions le 26 juin, pour entendre les potentiels acteurs français de cette filière. La Creuse, traditionnel producteur de chanvre, compte s’appuyer sur la culture et la transformation du cannabis thérapeutique pour redynamiser son territoire.
Dans un premier temps, pour démarrer l’expérimentation dans le calendrier prévu, il est toutefois probable qu’il sera fait appel à des produits importés, souligne l’ANSM.
Source : sciencesetavenir.fr
Dernière modification par filousky (17 mai 2019 à 11:09)
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