La pathologie et les médicaments font peur?

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Psilosophia homme
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De mon côté j'ai pas de diag psy particulier à déplorer, mais c'est vrai que j'ai partage ma vie pendant deux ans avec une fille qui, bien que non diagnostiquée officiellement présentait des troubles qui ont clairement nuit à notre vie de couple.

Depuis c'est clair que je ne me sentirais pas prêt à me lire avec une personne reconnue avec un trouble psy et ça aurait tendance à me faire fuir je pense.. Ça peut paraître un peu violent dit comme ça, mais c'est une réaction épidermique et je suis de toute façon entièrement comblé sentimentalement depuis quelques temps.

La question du rejet que tu soulèves est donc intéressante dans le sens où le trouble psy de manière générale peut mettre certaines personnes face à leur propres peurs et faiblesses dans la recherche sentimentale...

"Vieil océan, aux vagues de cristal ... tu rappelles au souvenir de tes amants, sans qu'on rende toujours compte, les rudes commencements de l'homme, où il fait connaissance avec la douleur, qui ne le quitte plus."

Les Chants de Maldoror Isidor Ducasse

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Carambar homme
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Salut Subohm,

C’est peut-être pas exactement ce que tu cherches mais j'ai sous la main un mémoire sur le sexe en psychiatrie (établissement psy).  Il y a d’autres trucs dedans, c’est assez complet.
Ça te fera au moins un peu de lecture pour tromper le temps quand il devient trop long.

le-sexe-en-psychiatrie.pdf

Bonne journée.

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cependant
Modo bougeotte
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Salut,

À mon avis, quand tu rencontrera une personne avec laquelle ça colle vraiment, il n'aura pas besoin de cacher spécialement et elle t'aimera pour ce que tu es, pathologie ou pas...(si ça le fait entre vous bien sur)

Après pour les gens qui connaissent pas - et ne te connaissent pas - (justement comme sur des applis, quand même bien "validistes" et normatives au fond je trouve) parler de pathologie psy ça peut faire peur...et peut-être c'est un bonne idée de dévoiler cet aspect petit à petit, quand tu sens que la confiance s'instaure...

Ça m'est arrivé que des relations que je découvrais n'osaient pas trop me dire par exemple qu'ils avaient l'AHH pour problèmes psy...j'ai fini par le deviner, mais j'avoue ça ne me pose pas de problème.
Ce qui me pose problème par contre c'est la violence (pas que physique, verbale et sentimentale c'est déjà trop) et ça peut y en avoir indépendamment de problèmes psy...

Après c'est sur que gérer des problèmes d'humeur à deux ce n'est pas très facile...moi je n'ai pas de diagnostique mais probablement à cause d'un problème hormonal (à voir encore) j'ai des gros coups d'angoisse, des petages de plombs (sous alcool surtout), de coup de déprimé...et c'est parfois dur d'expliquer que ça dépend pas de l'autre personne, ce n'est pas à cause d'elle et en plus il y a pas grand chose à faire (à part bouffer des cachetons) et personne n'y peut rien moi y compris
Mais avec une bonne communication tout est possible...

C'est quand même on se l'attend je trouve que les meilleurs rencontres se présentent !

Bonne chance

fugu kuwanu hito niwa iwaji

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LLoigor homme
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cependant a écrit

quand tu rencontrera une personne avec laquelle ça colle vraiment, il n'aura pas besoin de cacher spécialement et elle t'aimera pour ce que tu es, pathologie ou pas

Tout a fait :)

Subohm a écrit

une pathologie est souvent destructrice en couple

Et tout pareil effectivement ça peut l'etre (j'ai connu ça)


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Carambar homme
Nouveau Psycho
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Salut Subohm,

Je vais te donner mon avis et il n’engage que moi.

Ne te focalise pas sur l’impact de tes soucis en psychiatrie.
Tu es encore jeune, prends soin de toi. Veille bien sur toi si tu veux qu'un autre aussi le fasse.

Fais du sport ou de la muscu, tu sais bien que beaucoup de choses vont s’accorder avec le physique. Rends-toi agréable et amusant avec les autres.
Fais rire les meufs. Fais confiance à tes médecins mais vérifie tout une fois qu'ils auront fini de parler.
C’est la base.

Je pense qu’un certain nombre d’usagers a quelque chose à voir avec la psychiatrie, c’est fortement corrélé. Du moins c’est ce qu'ils disent et j’ai tendance à les croire. Tu n’es pas le seul. En attendant beaucoup sont en couple.

Pour ce qui me concerne, je dois avoir des problèmes aussi, en fait j’en sais toujours rien mais toute ma vie j’ai vu des psychiatres. J’ai consommé beaucoup de drogues.
Ça ne m’a pas empêché d’être marié à une pharmacienne.

La morale c’est que c’est l’ensemble de ta personnalité qui compte, les bons côtés comme les mauvais.
Veille bien sur toi et ça viendra tout seul, ça te tombera dessus le jour où tu t'y attendras pas.
Comme toujours !

Bonne journée l’ami.

Dernière modification par Carambar (22 août 2021 à  07:39)

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Carambar homme
Nouveau Psycho
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LLoigor a écrit

cependant a écrit

quand tu rencontrera une personne avec laquelle ça colle vraiment, il n'aura pas besoin de cacher spécialement et elle t'aimera pour ce que tu es, pathologie ou pas

Tout a fait :)

Subohm a écrit

une pathologie est souvent destructrice en couple

Et tout pareil effectivement ça peut l'etre (j'ai connu ça)

Peut-être mais pas toujours. Tout dépend de la pathologie.
Si on part de ce principe on ne fait rien et on n’aura rien.
J’ai beaucoup entendu ce type de phrases, surtout de la part de psychiatres ou d’educateurs, qui certainement parlent d’expérience mais avec empirisme. Je n'y adhère pas car au fond personne ne nous connaît vraiment, encore moins le futur, mais tout le monde se permet chez les soignants de donner des conseils sur la manière de mener son couple.
Et ce sont les mêmes qui ne voudront pas t'expliquer ta pathologie, parcequ’en psychiatrie on ne met pas les gens dans des cases Monsieur, parceque ça peut changer,  parceque sinon le malade va s'identifier à la maladie...bref.
Ça ne les regarde pas, qu'ils nous soignent convenablement pour commencer.

Devrions-nous comprendre que la pathologie (ou la prise de drogues, car on ne sait jamais à quel moment ça se confond) nous condamne à l’isolement ou la solitude ?
Ou bien alors à rester avec des personnes de notre niveau social, de ne jamais chercher à s’extraire ?


Je ne valide absolument pas.
Ça serait tellement décourageant.

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LLoigor homme
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Carambar a écrit

Peut-être mais pas toujours. Tout dépend de la pathologie

Oui c'est bien pour ça que j'ai ecrit "ça peut".

Ce qui veux dire ce que ca veux dire, ça peux flinguer le couple comme ça peux ne pas le flinguer.

Quelque chose qui peux arriver ca veux pas dire toujours. Je vois même pas ou tu as pu comprendre cela.

Et les discours des psychiatres sur la vie privée des autre perso j'évite d'y prêter trop attention.

Je me fie a mon expérience et celle de mon entourage.

@ Subohm : a ta place moi je dirais rien tant que vous vous etes pas vu (sur les sites de rencontres personnes ne dit tout des le départ).

Tu trouveras un moyen de le dire le jour ou tu le sentira. Et si la personne ne l'accepte pas ben tampis pour elle wink

Dernière modification par LLoigor (22 août 2021 à  10:31)


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Carambar homme
Nouveau Psycho
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Subohm a écrit

Je suis perdu moi.
En psychiatrie j'ai été casé comme tox' à cause de mon TSO. Ça fait 4 ans que je n'ai rien touché...

Ben voilà, casé comme tox, ce qui ne veut pas dire grand chose. Déjà c’est stigmatisant, comme d'habitude.
Tox c’est une étiquette, un statut qui colle à la peau. C’est pas terrible comme qualificatif, on ne devrait pas se l’attribuer tant s’est péjoratif dans l’esprit des autres.
On est des usagers et on essaie de se respecter, les gens n’ont pas à nous traiter et nous-mêmes encore moins.

Malheureusement, en psychiatrie on ne voit pas souvent les choses comme cela, si on est usager c’est qu'on est malade. Et puisqu'on est malade on a besoin d'un traitement correcteur. A vie si possible.
C’est sûrement parfois complètement justifié mais aussi souvent guidé par des généralités ou des concepts obscurs.
Je ne voulais pas parler pas de maladies comme la bipolarité, la dépression ou la schizophrénie, ce sont de vraies maladies et il est important de les traiter tant leur impact peut être important en terme de santé ou d’années perdues.

Mais pour les opiacés, si tu as perdu le contrôle une fois et que tu es venu t'en plaindre c’est que tu es malade et tout un système va t'entourer subitement.
Poussé à ce stade, ça va au delà du principe de précaution, c’est de l’hygiénisme et on peut y perdre une forme de liberté.
De plus, on ne sait jamais à quel autre concept ça peut être corrélé.

Par contre, le raisonnement inverse est vrai aussi et la plupart du temps le corps médical cherche simplement à nous protéger de nous-mêmes, avec cependant parfois guère plus de motivation et d'intérêt qu’a le plombier à venir réparer une fuite un 15 août.
Donc c’est (très) subtil, c'est compliqué, ça dépend des cas.


Je ne veux pas parler de la substitution en elle-même, qui est certainement la meilleure chose à faire, mais de l’esprit inhérent à la psychiatrie hospitalière, d'une sorte d’acharnement parfois difficile à expliquer. C'est du moins de ce que j’en ai vu.

Je ne voulais pas te troubler mais te dire de toujours rester vigilant.

Tu as du temps devant toi, mets le à profit pour préparer ton avenir. C’est maintenant que tu es bien au chaud et décontracté qu'il faut bosser car personne ne le fera pour toi.
Essaie de faire les choses dans l’ordre,  les unes après les autres, du plus simple au plus compliqué et je suis sûr au fond de moi que ça va s'arranger car tu es peut-être perdu mais au moins tu te poses des questions. C’est bon signe.

Bon, je crois que j’ai dérivé...
C’est Dimanche et j’ai un peu fait sujet libre comme sur Reddit, désolé.

Bon courage Subohm, ça va marcher pour toi, tu es bien entouré.

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Carambar homme
Nouveau Psycho
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Subohm a écrit

Carambar a écrit

Je ne voulais pas parler pas de maladies comme la bipolarité, la dépression ou la schizophrénie, ce sont de vraies maladies et il est important de les traiter tant leur impact peut être important en terme de santé ou d’années perdues.

Mais pour les opiacés, si tu as perdu le contrôle une fois et que tu es venu t'en plaindre c’est que tu es malade et tout un système va t'entourer subitement.
Poussé à ce stade, ça va au delà du principe de précaution, c’est de l’hygiénisme et on peut y perdre une forme de liberté.
De plus, on ne sait jamais à quel autre concept ça peut être corrélé.

Je ne voulais pas te troubler mais te dire de toujours rester vigilant.

Tu as du temps devant toi, mets le à profit pour préparer ton avenir. C’est maintenant que tu es bien au chaud et décontracté qu'il faut bosser car personne ne le fera pour toi.
Essaie de faire les choses dans l’ordre,  les unes après les autres, du plus simple au plus compliqué et je suis sûr au fond de moi que ça va s'arranger car tu es peut-être perdu mais au moins tu te poses des questions. C’est bon signe.

Alors pour commencer, je suis bipolaire type 2, médication à vie selon mon psychiatre.

Pour ce qui est du TSO, je n'ai pas dérapé niveau opiacés.
J'ai eu un kyste au coccyx, 2 opérations en anesthésie générale, donc morphine et oxycodone pendant presque 1 an.
Sauf que je suis parti bosser à 300km de chez moi un été, et les médecins n'ont pas fait de sevrage dégressif alors que j'avais une dose monstrueuse d'opiacés.

Ne me juge pas trop vite, j'arrive sur mes 27 ans, ok jsuis jeune, mais vu ma situation l'avenir sera: soit les alloc, soit le taf. Avec RQTH donc mi-temps thérapeutique.
Puis bon j'ai pas forcément besoin qu'on me dise quoi faire, surtout que ça n'a rien à voir avec le sujet de la discussion.
Sans vouloir t'offenser.
Tu ne me connais pas, tu ne peut pas me dire comment organiser ma vie, qui est déjà bien organisée.
Je n'ai plus 20 ans.
Mais bon tu prends le temps de me répondre, merci à toi.

Si j’ai été maladroit je m’en excuse.

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Biscuit homme
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Pour parler du sujet de cette discussion, je suis moi même malade meme si c'est pas une maladie psy, la place que prend l'entité "maladie" dans la vie reste à peu près la même (bien que les maladies psy soient bien moins vues et acceptées en général).

Avant tout je pense qu'il faut d'abord commencer par se sentir bien dans son corps, d'être en accord avec soi même et pas dans un rejet de sa propre personne, parce que comme dans toute relation c'est important de déjà être bien avec soi pour pouvoir aimer une autre personne. Il faut aussi accepter la maladie, au début je ne l'avais pas accepté, je refusais d'en parler et au final c'est une sitiation qui amène de l'incompréhension vis à vis de certaines choses/comportement qui peuvent arriver.

Maintenant pour ce qui est des rencontres, mon avis c'est que ce n'est pas nécessaire d'en parler dès le début ! Quand on rencontre quelqu'un et même ensuite quand on débute une relation, on ne sait pas déjà tout sur l'autre et inversement. Il faut d'abord commencer à se découvrir, à voir la compatibilité et au fil du temps quand les choses sont installés et qu'il y a vraiment un quelque chose, une véritable relation alors c'est peut être le moment d'en dire plus sur sa maladie et de s'ouvrir un peu plus de ce côté. Si la personne est vraiment amoureuse, alors ça ne changera rien, parce qu'elle aura eu le temps de découvrir qui tu es véritablement et ne t'aura pas vue depuis le debut uniquement que par le prisme de la maladie mentale !

Ça peut effrayer la maladie, mais quand on a trouver la bonne personne réciproquement, ça ne changera rien maladie ou pas.

Au début de ma relation j'étais très mal, et par dessus c'était le début où mon traitement antalgique à commencé à partir en cacahuète, donc c'était encore plus difficile. J'ai expliqué assez succintement à mon compagnon que je suis malade, que la période est très difficile pour moi et que à la rigueur je n'avais pas envie de lui faire subir tout ça, que ça allait aussi être difficile de gérer notre vie de couple avec la maladie... Il m'a immédiatement stoppé en me disant que peu importe la maladie et la difficulté, il restera là à me soutenir et à attendre que les choses ailles mieux. Ça a pris 1 année très difficile et maintenant ça va faire 4 ans qu'on a une vie de couple très heureuse et épanouie.

C'est juste pour te montrer qu'une fois la bonne personne trouvée, qui t'aimera comme tu es, ça ne posera pas de problème, mais la maladie ne doit pas être une entité qui vient s'intercaler entre vous, et toi ne voir la relation que par la peur se sa répercution. Il faut d'abord te faire connaitre comme tu es réellement, et pas juste au travers de la maladie, sinon on ne voit plus que ça, on passe du temps à chercher les signes, a analyser les faits et gestes...
Reputation de ce post
 
Trés juste, comme souvent
 
Voilà, c’est cela! Zztop

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Acid75 homme
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Sinon vous pouvez toujors ecouter soprano lol
Essayer de rester positif les bro courage a vous

Dernière modification par Acid75 (06 septembre 2021 à  00:11)

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prescripteur homme
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mais de l’esprit inhérent à la psychiatrie hospitalière, d'une sorte d’acharnement parfois difficile à expliquer. C'est du moins de ce que j’en ai vu.

Je crois que la psychiatrie, et surtout hospitaliere, est imprégnée du paradigme que le "fou" est fou dans toutes les dimensions et qu'il doit donc être reorienté vers un comportement rationnel par tous les moyens par ceux qui ne sont pas fous, c'est à dire les professionnels de la psychiatrie. Et dans ce sens TOUT le discours du fou n'a de pertinence que pour en definir son caractere pathologique. C'est peut être vrai du psychotique mais c'est souvent appliqué à toutes les pathologies, toxicomanie (y compris parfois  simple consommation), depression , nevrose etc..
D'ailleurs ici la definition du fou est celui qui est soigné en psychiatrie, voir "Vol au dessus d'un nid de coucou".

https://www.ehealthme.com/drug-interact … /seroquel/

Spoiler

https://www.cairn.info/revue-hypotheses … ge-215.htm


Partant de l’étymologie grecque du terme de stigmate – le stigma étant la marque physique d’infamie –, le sociologue en propose une définition extensive [10]. Pour Goffman, le stigmate est ce qui, lors d’une interaction, affecte, en le discréditant, l’identité sociale d’un individu [11]
[11]Pour Goffman, tout membre d’une société est doté d’une identité…
. Innées ou acquises, monstruosités du corps, tares de caractère et caractéristiques tribales produiraient alors une frontière entre deux groupes, celui des stigmatisés et celui des normaux, et donneraient lieu, selon la nature du stigmate et le contexte de sa socialisation, à des itinéraires moraux distincts [12]. En observant in situ la production des rapports entre stigmatisés et normaux, il dresse des typologies de présentation de soi [13]

[13]C’est dans la même période que Goffman théorise ses métaphores…
, montrant ainsi que l’existence d’une différence distinctive et discréditante produit des stratégies de signes, de sens et d’actions qui ont des effets sur la position des stigmatisés dans la structure sociale [14]
[14]. Être ou devenir porteur d’un stigmate plus ou moins visible induit dans une société des réactions tantôt de rejet, parfois d’intégration et toujours d’adaptation. En cela, ce marqueur établit un être au monde et, pour cette raison, il est un objet pour le chercheur en sciences sociales.

Le livre Stigmate propose ainsi une vaste réflexion sur la définition de la norme, question éminente dans la société américaine de l’après-guerre dont témoigne la publication concomitante d’Outsiders (1963) de Howard Becker [15]
[15]H. S. Becker, Outsiders : études de sociologie de la déviance,…
. Ces ouvrages posent les premiers jalons d’une réflexion d’envergure sur le discrédit et la déviance comme qualifications socialement construites, c’est-à-dire des étiquettes dont il faut faire l’histoire pour comprendre les effets



Les politiques de stigmatisation : la production institutionnelle des catégories

Privilégiant une approche strictement interactionniste et postulant que le stigmate ne se dévoile qu’en situation, les politiques de la différence paraissent constituer chez Goffman un angle mort. Pourtant, les mesures législatives, institutionnelles ou administratives, renseignent aussi les mécanismes par lesquels certaines populations se trouvent qualifiées de « déviantes » [26]
[26]
. Si la question de la gestion institutionnelle de la déviance n’est pas directement perceptible dans Stigmate, elle occupait, deux ans plus tôt, lors de la parution d’Asiles, une place centrale dans l’analyse de la prise en charge des malades mentaux. Par ailleurs, pour les historiens, la mise en place de politiques de stigmatisation constitue un terrain d’observation essentiel et, en quelque sorte, le sommet visible de l’iceberg dans la production d’une norme de l’anormalité. Ce qui fait question ici, c’est donc un traitement de la question sociale par la discrimination, particulièrement étudié par toute une histoire de la pauvreté et de la délinquance [27]
[27]Dans le sillage des travaux précurseurs du sociologue Georg…
. C’est alors une histoire institutionnelle du stigmate qui est privilégiée, car les institutions – au sens classique d’organisation productrice de normes et/ou capable de les imposer [28] – laissent des traces et des archives. L’essentiel d’entre elles émanent d’institutions dominantes (justice, police, hôpital, école) et formulent des représentations auxquelles elles donnent une intensité plus ou moins performative [29].

Elles forgent des cadres et des supports matériels, des murs, des registres, des frontières qui contribuent à promouvoir ces normes et à les médiatiser [30], mais aussi à les mettre en scène et du coup à les transformer. Par ailleurs, ces institutions proposent, dans le même temps, des instruments pour mesurer la norme qu’elles définissent, évaluent et réactualisent en permanence. Les articles présentés dans ce dossier se fondent sur de telles archives : les plaintes enregistrées chez le commissaire de police pour dénoncer les prostituées du Palais-Royal, les notices nécrologiques des sœurs de la Charité ou encore les carnets enregistrant les punitions données aux vieux pensionnaires de maisons de retraite sont autant de traces matérielles d’administration de la norme et de la déviance.

Ce premier parti pris méthodologique, proche des analyses d’Howard Becker ou de celles de Norbert Elias dans les Logiques de l’exclusion, veut ainsi souligner que les groupes sociaux dominants créent le stigmate, en instituant des normes dont la transgression constitue le stigmate et en appliquant ces normes à certains individus et en les étiquetant comme déviants [31]

Ainsi l’article d’Arnaud Lestremeau s’attache à énoncer à travers les discours dominants de la société anglo-saxonne – du texte liturgique aux diplômes royaux en passant par les chroniques – les logiques de stéréotypisations négatives des Scandinaves au tournant de l’an mil. Clyde Plumauzille par le biais d’une étude de l’économie de la plainte, interroge les « manières de dire » le scandale de la prostitution par des riverains, véritables « entrepreneurs de morale » de leur quartier.

Par ailleurs, lire Goffman c’est renoncer à appliquer mécaniquement la notion de déviance à des groupes sociaux qui seraient prédisposés à subir les affres de l’ostracisme, de l’exclusion et de la marginalité. Trois pistes s’ouvrent alors pour redonner une dimension chronologique à la définition et à la perception d’un critère disqualifiant de distinction. La première est de s’interroger, à une période donnée, sur les producteurs de normes et de différences, d’ordre et de désordre, de stigmatisés et de normaux. Anne Jusseaume traite dans son article de la façon dont les attributs sociaux et les attentes morales des Filles de la Charité sont en apparence contradictoires, laissant penser qu’« être de condition » serait un handicap. Son analyse montre non seulement qu’il n’en est rien, mais surtout que cette injonction à la pauvreté a des explications institutionnelles. Elle rejoint l’analyse faite par Mathilde Rossigneux-Méheust, selon laquelle stigmatiser est une des stratégies institutionnelles pour asseoir une autorité, qu’elle soit spirituelle ou temporelle. La seconde piste est de voir ce qui contribue à rendre le stigmate visible dans l’espace social, c’est-à-dire matérialisé et reconnu de tous comme tel [32].

Cette étape est particulièrement délicate au regard des limites documentaires de l’historien. Arnaud Lestremau, dans son étude du stigmate ethnique en contexte médiéval, en souligne les apories. Enfin, l’enjeu d’une approche du stigmate par l’institution est de montrer qu’un marqueur discréditant a une histoire, une temporalité propre, dont il convient de révéler les évolutions et souligner les ruptures [33].

L’intérêt de cette démarche est donc de faire émerger des politiques de stigmatisation bornées dans le temps et dans l’espace, avec des groupes de stigmatisés définis par une pratique discursive permettant, par delà la notion de catégorie de la différence, d’analyser ce qui constitue l’écart à la norme, le tout sans plaquer nos catégories contemporaines de discrédit ou toute autre forme de naturalisation.

Amicalement

Dernière modification par prescripteur (06 septembre 2021 à  13:27)

Reputation de ce post
 
tout à fait d'accord / Jerimadeth
 
Merci beaucoup! Très complet et intéressant :)
 
j'adore lire goffman

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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krakra homme
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Bonjour, l'intelligence ne se résume pas à un diplôme
il y à plein de bac +5 au chômage ou chez mc do
Et plein  de CAP qui gagne très bien leur vie
et une intelligence manuelle permet souvent de mieux vivre
un plombier dans ma région peut facilement se faire 2500€
alors qu’un cbercheur aura de grande chance de se trouver au chômage
et je connais des gens sans diplôme avec une culture générale énorme et qui n’en font pas étalage
c’est les valeurs de la société qui ramène tous au diplôme et on voit ce que sa donne :
chômage des bac +5 et pénurie de travailleur manuel
et l’empathie d’une aide soignante pour ses malades c’est une forme d'intelligence mais qui n’est pas valorisé par la société.....
ne te dévalorise pas trouve un métier qui te plais et fuck les valeurs de la société
une personne qui aura apris à te connaître et t'aimera acceptera ta pathologie mais il ne faut pas la mettre en avant sur un profil de site de rencontres

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zizitaupe_meilleure_bande homme
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J’ai une maladie physique depuis 20 ans, et pour trouver l’amour, je fait en sorte que cette maladie ne me définit pas. Ça ne veut pas dire que je la cache, mais je me définit par d’autres choses que mon corps défaillant: mes passions et mes hobbys, ma capacité d’écoute, mes blagues douteuses, la tendresse.  Il m’est arrivé qu’au dévoilement de ma maladie (car je ne l’affiche pas sur mon front non plus), une personne fuit, mais c’est plutôt rare car si je m’entends bien avec une personne, il n’y a pas raison que ça leurs repousse.  Et si une personne fuit, tant mieux, elle n’est pas assez mûre pour voir au delà de mes défauts, ou tout simplement on n’est pas fait l’un pour l’autre.

L’amour est une forme d’amitié.  Donc il faut travailler l’empathie, l’écoute, l’ouverture émotionnelle, toutes ces choses que la société a tendance à supprimer dans nous les garçons dès notre plus jeune âge.  À côté de ces choses la, les qualités superficielles telles le niveau d’études, la santé et l’argent, sont insignifiantes. 

Comme dit @biscuit ci dessus, il faut travailler sur soi même, aimer soi même, mais il faut aussi apprendre à aimer les autres, peu importe leur genre ou âge, et pas dans le but de tomber amoureux. Si on arrive à être un bon ami, on a plus de chances à être un bon amoureux.

Ca aide pour les mecs cis hetero d’apprendre sur le féminisme aussi. Ça aide énormément à travailler sur soi même pour être à pied égal avec les femmes, à avoir plus d’empathie, et une fois dans une relation amoureuse, de la maintenir sainement.

D’expérience, quand on va pas bien, quand on est désespéré, les autres le sentent.  Je trouve qu’il ne sert à rien de chercher à ces moments la, car on risque plus d’être rejeter, et d’entrer dans un cycle vicieux. Il vaut mieux rediriger cette énergie vers toi même, te former, apprendre des choses, faire ce qui te rends plus heureux. Après les rencontres viennent plus naturellement.

Et tout le monde te paraît casé à 27 ans, mais finalement c’est pas si gai que ça. La majorité de ces relations ne durent pas longtemps et beaucoup sont remplies de déception, de tristesse, même d’abus mental et physique. Donc ça sert à rien de comparer, vu qu’on ne connaît pas ce qui est caché derrière la façade d’un couple.  Mieux vaut il encore une fois diriger cette énergie vers soi même, pour être sûr que quand tu rencontre quelqu’un de chouette, elle voit au delà de tes défauts (ou ce que tu perçoit comme défauts), et que tu sois capable d’assurer que la relation dure sainement.

Bon courage!

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Biscuit homme
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Exactement tu es une personne et non pas une maladie !

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