Bonjour,
Si j'ai bien compris ta situation (corrige-moi si j'ai mal saisi), tu as pendant un temps consommé du
speed "de rue" et en plus de son effet stimulant, ça diminuait tes envies de consommer de l'
alcool ?
Tu dis être ou penses être alcoolique et souffrir d'une dépression. Est-ce que ta consommation d'
alcool au stade "alcoolique" est arrivé avant, pendant ou après la dépression ? J'essaie de comprendre si ta dépression te fait boire pour soulager l'anxiété ou si l'alcoolisme a pu, dans le sens inverse, contribué à développer / intensifier une dépression étant donné qu'une dépendance à l'
alcool, c'est très dur à vivre. C'est un peu la question de l'oeuf ou la poule.
Le Medikinet, c'est du Méthylphénidate en libération immédiate. Si j'ai bien saisi, ton médecin te l'a prescrit dans le cadre de ta dépression mais tu ne sais pas pourquoi et dans quel objectif ? Est-il au courant de tes consommations passées de
speed et autres stimulants ? Es-tu diagnostiquée d'un Trouble du Déficit de l'Attention avec/sans Hyperactivité ? Concrètement, l'indication officielle pour ce médicament, c'est le
TDAH. Est-ce quelque chose dont vous avez discuté ?
S'il est au courant de tes consommations passées de
speed, peut-être a-t-il voulu substituer le
speed par le méthylphénidate qui est un stimulant mais ton message ne semble pas exprimer ceci. La seule autre raison que j'imagine pour te le prescrire, c'est soit pour te donner un boost d'énergie (dopamine) dans le cadre de ta dépression, ce qui est "peu orthodoxe" dans le sens où c'est rarement prescrit pour ça, soit ton médecin a peut-être vu des signes d'un
TDAH ?
Quelle que soit la raison de la prescription, quand tu prends tes 80 mg quotidiens, j'ai bien saisi que tu ne respectes pas forcément les doses et tu te retrouves sans stock bien trop tôt mais comment prends-tu ton medikinet ? 80 mg d'un coup ? Réparti sur la journée ?
Le souci du Medikinet, c'est que c'est une libération immédiate. C'est à dire que tu vas avoir un gros pic, une montée très rapide, souvent accompagnée d'une légère euphorie ou d'un pic d'énergie, d'une envie de faire des choses voire de l'agitation et lors de ce pic énergétique-euphorique et dopaminergique, c'est qu'il ne dure pas longtemps, les effets ne durent généralement pas plus de 4-5 heures, tu as donc des pics montées-descentes en dents de scie et ça peut potentiellement créer une frustration, d'autant plus si tu ne prends pas les mêmes doses tous les jours.
Ce qu'il peut se passer, c'est que lorsqu'un pic de méthylphénidate arrive, la frustration d'un high pas suffisant ou ne durant pas longtemps réveille potentiellement ton envie d'être sous l'effet d'un produit, dans ton cas, l'
alcool ? C'est paradoxal car le méthylphénidate, chez les personnes ayant des comorbidités d'addiction/dépendance, il est connu pour atténuer les
cravings. En lisant ton post, j'ai fait des recherches sur des forums anglophones et beaucoup de gens disent que sous méthylphénidate, les
cravings d'
alcool sont calmés. En ce qui me concerne, sous méthylphénidate, mes envies de consommer des extras d'
opioides sont diminuées.
Maintenant, dans mon cas, je suis neurodivergent et un tel traitement ne fait que stabiliser mon équilibre chimique ce qui fait que je n'ai plus envie de m'automédiquer avec un autre produit dont je suis dépendant.
La question, c'est, est-ce que ce traitement est réellement indiqué pour toi ? Si tu n'es pas neurodivergente, prendre un traitement stimulant en dent de scie, à libération immédiate, avoir un surplus d'énergie et peut être de l'euphorie, c'est "trop" ? Tu dis toi-même que ça affecte ton sommeil... Si de
base tu n'as pas besoin d'un tel traitement, peut-être que tu ressens le besoin de consommer l'
alcool car il a un effet dépresseur, calmant ? Beaucoup de gens sous méthylphénidate rapportent une impression d'un trop plein et s'ils ne se dépensent pas mentalement et ou physiquement, la sensation peut vite devenir déplaisante sans forcément réussir à mettre le doigt sur le pourquoi. Est-ce que quand tu bois de l'
alcool sans medikinet, tu recherches les mêmes sensations de l'
alcool que sous medikinet ? Ma question c'est, est-ce que sans le medikinet tu consommes de l'
alcool pour aider ta dépression et ou est-ce que sous medikinet, tu n'utiliserais pas l'
alcool pour calmer le trop plein, l'effet stimulant du medikinet ?
80 mg de
methylphenidate par jour, c'est une dose déjà bien haute pour un
TDAH. De plus, le
methylphenidate, chez l'adulte, généralement, ça ne s'utilise que très rarement en libération immédiate justement car il y a cet effet dent de scie (montée,
descente). Cet effet dent de scie peut expliquer pourquoi des fois ça te fait dormir des fois ça t'empêche de dormir. Prendre 80 mg en libération immédiate, c'est même au-delà des doses recommandées. J'ose imaginer que même pour un
TDAH, 80 mg en une prise LI, bah y a un trop plein d'énergie.
Tu dis toi-même avoir un terrain alcoolique.... moi, quand je surdose mon traitement
TDAH et qu'il y a un trop plein d'énergie, voir d'agitation, je vais me tourner vers un autre produit pour me calmer... Je n'ai jamais aimé l'
alcool mais dans mon cas, je me tournerais vers un
opioide ou une
benzodiazépine. Pour toi, ce serait l'
alcool ? Peut-être que ton medikinet te plaît car il te donne une euphorie ou un coup de boost mais que c'est trop ? 80 mg, c'est la dose limite en libération prolongée et encore, c'est pas fréquent. Toi, tu as ça sur libération immédiate et de courte durée.
Rien que l'effet dent de scie pourrait expliquer que tu sois frustrée (motnée
descente) et que ça te pousse à boire. Il y a aussi des témoignages et des études qui parlent de gens qui, après avoir pris leur méthylphénidate, vont consommer de l'
alcool derrière car ils veulent augmenter et ou prolonger leur état d'euphorie, ils veulent, pour ainsi dire être plus "high".
Le fait est qu'il est important de déterminer pourquoi ton médecin te prescrit ce traitement, à quel but ? Et pour toi, il serait intéressant de savoir ou verbaliser ce que toi tu aimes dans ce produit ? Quel effet le medikinet te fait qui te plaît au point d'en surdoser et finir ton stock en avance ?
Selon la réponse de ton médecin et de la tienne, peut-être que c'est un traitement qui te plaît pour son effet
psychotrope mais qui te fait plus de mal si tu finis par boire beaucoup plus d'
alcool ? C'est toi qui dois peser le pour, le contre.
Une solution intermédiaire, avant d'arrêter, serait peut-être de discuter avec ton médecin pour la prescription d'une autre marque que le medikinet (même molécule, méthylphénidate) mais avec une libération prolongée tel que le
CONCERTA qui dure 12 heures.
Il a un effet plus "doux" mais plus constant. Cela implique que tu ne ressentirais potentiellement plus les effets euphorisants ou énergisants de manière aussi forte mais tu ne serais plus en dent de scie.
Il y a ici plusieurs choses à clarifier, pour toi, ton psy et ta prise en charge.
- Tu as une dépression
- Tu te considères alcoolique et penses avoir un souci avec la boisson
- Tu reçois un médicament sans indication claire et tu dis ne pas être capable de gérer les stocks et les doses
Tu ne peux pas te battre sur tous les fronts, une chose à la fois.
1. Définir un ou plusieurs objectifs thérapeutiques par odre de priorité
2. Définir et verbaliser avec ton médecin le rôle de tes traitements, s'assurer qu'ils sont toujours nécessaires et ou les adapter au besoin
3. Si le méthylphénidate, après avoir pesé la balance pour contre et avoir eu une réponse claire de ton médecin, a une plus-value thérapeutique, peut-être essayer une libération prolongée ? Et si le méthylphénidate n'a pas d'intérêt thérapeutique, souhaites-tu vraiment l'arrêter ? Je ne suis pas là pour te dire quoi faire, c'est ton choix mais il est important de peser le pour et le contre... à te lire il semble plus poser soucis mais peut-être qu'il t'apporte aussi une aide mais tu n'en parles pas ?
4. Souhaites-tu un suivi pour l'alcoolisme et la dépression ? Si oui, discuter d'un programme clair et précis avec ton médecin.
Le
Xanax, c'est un calmant mais ça ne va pas guérir une dépression. Une thérapie est nécessaire. De même, si c'est ton souhait d'arrêter de boire, cela implique une thérapie pour que mentalement, tu puisses te préparer à un
sevrage. Si tu es physiquement dépendante à l'
alcool, c'est quelque chose qui se fait de manière coordonnée avec ton médecin ou en hôpital (selon le degré de dépendance physique). Le
sevrage physique d'
alcool peut être très difficile à vivre voire dangereux pour le corps.
Attention également aux mélanges: medikinet (stimulant) +
xanax (dépresseur) +
alcool (dépresseur) + doses en dents de scie + dépression... Ca fait beaucoup à gérer.
Voilà pour mes quelques pistes de réflexions..