15 mai 2025 - Aurélien BERNARD
Une étude suisse révèle que l’accès légal au
cannabis peut réduire la consommation problématique, en particulier chez les personnes qui consomment également d’autres substances. Il s’agit du tout premier essai contrôlé randomisé en Europe à comparer directement les effets de l’accès réglementé au
cannabis avec ceux du marché illégal.
Le programme pilote
Weed Care, lancé à Bâle début 2023, s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus large visant à éclairer la politique en matière de
cannabis fondée sur des données probantes en Suisse. Ce projet est le fruit d’une collaboration entre l’Université de Bâle, les services psychiatriques d’Argovie, les cliniques psychiatriques universitaires de Bâle et le département de la santé de Bâle-Ville.
Une étude contrôlée montre une réduction des troubles liés à la consommation de cannabisPubliée dans la revue scientifique Addiction, l’étude a suivi 374 participants adultes pendant six mois. La moitié d’entre eux ont été autorisés à acheter du
cannabis réglementé dans des pharmacies agréées et ont bénéficié d’un accompagnement psychologique facultatif, tandis que l’autre moitié a continué à se procurer du
cannabis illégalement. Les participants ont rendu compte de leurs habitudes de consommation et de leur santé mentale à l’aide de questionnaires réguliers.
Selon le Dr Lavinia Baltes-Flückiger, co-directrice de l’étude et auteure principale, cette étude marque une étape importante dans la recherche sur le
cannabis :« Il n’y a jamais eu d’étude contrôlée et randomisée comme celle-ci auparavant. »
Les résultats ont révélé une baisse notable de la consommation problématique de
cannabis, officiellement connue sous le nom de trouble lié à l’usage de
cannabis (TUC), dans le groupe ayant un accès légal. Cette tendance était particulièrement prononcée chez les personnes qui consommaient également d’autres drogues, ce qui suggère qu’un marché réglementé du
cannabis pourrait offrir une protection supplémentaire aux consommateurs à haut risque.
Pas d’augmentation de la consommation ou des problèmes de santé mentaleL’une des principales conclusions de l’étude est que la
légalisation n’entraîne pas d’augmentation de la consommation ni de détérioration de la santé mentale. Malgré les craintes que l’accès légal puisse encourager une consommation plus élevée ou déclencher des symptômes psychiatriques, l’étude n’a révélé aucune différence significative entre les deux groupes en termes de niveaux de dépression, d’anxiété ou de symptômes psychotiques.
Ces résultats sont cohérents avec des études observationnelles antérieures, mais fournissent des preuves plus solides grâce à la conception aléatoire contrôlée.
« L’accès légal allège le fardeau des consommateurs », a déclaré le professeur Marc Walter de l’Université de Bâle et des services psychiatriques d’Argovie.
Au bout de six mois, le groupe témoin s’est également vu offrir un accès légal au
cannabis pour le reste de l’étude, qui devrait s’achever à l’été 2025. Une évaluation intermédiaire réalisée après deux ans a révélé une amélioration générale du bien-être mental chez les quelque 300 participants restants.
« Nos résultats indiquent que les lois sur le
cannabis récréatif axées sur la santé publique pourraient constituer un modèle politique efficace pour rendre le
cannabis plus sûr sans augmenter sa consommation ni les dommages qui y sont liés », ont conclu les chercheurs.
Implications plus larges pour la politique en matière de cannabis en EuropeLe programme
Weed Care n’est que l’un des sept essais pilotes sur le
cannabis à usage récréatif actuellement en cours en Suisse. Les données préliminaires de ces essais, publiées par le gouvernement suisse, mettent en évidence une évolution vers des méthodes de consommation à moindre risque et un effet de déstigmatisation pour les consommateurs qui accèdent au
cannabis par des canaux réglementés.
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