Après avoir lu cet article :
Vollenweider, F.X., Preller, K.H. Psychedelic drugs: neurobiology and potential for treatment of psychiatric disorders. Nat Rev Neurosci 21, 611–624 (2020).
https://doi.org/10.1038/s41583-020-0367-2 j'ai décidé de le traduire et de simplifier certaines parties particulièrement techniques. Je ne savais pas trop sur quel forum le posté car je n'en ai pas trouvé de spécifique aux psychédéliques en général ou à la science mais je suis certain qu'il intéressera pas mal de personne ici.
Vous trouverez un glossaire qui explique certains mots techniques. N'hésité pas a demander des explications que je pourrais rajouter au glossaire si cela vous semble nécessaire.
Les drogues psychédéliques : neurobiologie et potentiel pour des troubles psychiatrique. - Vollenweider & Preller - 2020
INTRODUCTIONDans les années 1960, 1970 les psychédéliques sont très étudiés par la communauté scientifique. Ils sont mêmes utilisés en thérapie. On distingue 2 types de thérapies :
• les psychothérapies psycholitiques (faible dose)
• les psychothérapies assistées par psychédéliques (dose élevée).
Ces recherches ont mis en évidences un potentiel intérêt thérapeutique pour ces substances dans de nombreuses pathologies psychiatriques (dépression, anxiété, dépendance…). Cependant les études ont des défauts méthodologiques au regard des méthodes contemporaines.
Au milieu des années 1960 le mouvement de contre-culture prend de l’ampleur et popularise les drogues notamment les psychédéliques ce qui mène à leur interdiction pour des raisons exclusivement politiques. Dans les années 1990, avec l’émergence des neuro-imageries, les chercheur·euse·s s’intéressent de nouveaux aux psychédéliques. Iels mettent en évidence que leurs effets psychologiques seraient dus à une action des substances sur un type de récepteur à la
sérotonine, les 5HT2A. Ces récepteurs à la
sérotonine jouent un rôle dans la régulation affective et la régulation de l’humeur. D’autres résultats montrent que les psychédéliques améliorent la neuroplasticité par son action sur le glutamate. Ces observations pourraient expliquer les améliorations sur certains symptômes qui sont observés sur le long terme (parfois 6 mois après la consommation).
LA NEUROBIOLOGIE DES PSYCHÉDÉLIQUES
Activation et signalisation des récepteurs
Il existe 3 classes de psychédéliques classiques :
1. les indolamines dérivées de plantes (DMT,
5-MeO-DMT,
psilocybine...) : agonistes partiels des récepteurs de la
sérotonine (5-HT1, 5-HT2, 5-HT6, 5-HT7)
2. Les phénylalkylamines (mescaline,
DOB, DOI...) : agonistes sélectifs des récepteurs à la
sérotonine (5-HT2 dont les 5-HT2A, 5-HT2B, 5-HT2C)
3. Les ergolines semi-synthetique (LSD...) : agonistes partiels des récepteurs à la
sérotonine (5-HT1, 5-HT2, 5-HT6, 5-HT7), action sur les récepteurs de la
dopamine (D1 et D2) et sur récepteurs adrénergiques.
Plusieurs données indiquent que les effets psychologiques et comportementaux de ces substances seraient dus à leur action sur les récepteurs 5-HT2A. Tout d’abord, les études sur les souris ont montré que lorsque l’on injecte un psychédélique à des souris, on observe une réaction comportementale appelée la « head twitch response » (ex :https://en.wikipedia.org/ wiki/File:Headtwitch_response_induced_by_a_psychedelic_drug_in_mice.webm). Ce comportement sert d’indicateur des effets psychédéliques et est fortement corrélé aux effets ressentis par les humains. Cependant, lorsqu’on bloque les récepteurs 5-HT2A on bloque la head twitch ainsi que les effets psychédéliques ressentis chez les humains. Il existe aussi une corrélation entre les effets ressentis de la
psilocybine et le taux d’occupation des récepteurs 5-HT2A dans le cortex préfrontal et d’autre région corticales.
Mais les 5-HT2A ne sont pas les seuls à être activés. Ils se pourrait que l’activation des récepteurs 5-HT1A jouent un rôles sur les effets visuels et la dégradation de l’attention associé à la consommation de
psilocybine. De plus, il se pourrait que cette action de la
psilocybine sur les récepteurs 5-HT1A soit liée à l’augmentation de la
dopamine associé à l’euphorie et la
dépersonnalisation.
L’activation des récepteurs D2 (un type de récepteurs à la
dopamine) par le
LSD reste mal comprise chez l’humain.
Régulation de l'activité neuronale
Les récepteurs 5-HT2A sont très présents sur les neurones pyramidaux, dans une couche spécifique du cortex, appelée couche 5, et sont très concentrés dans le cortex préfrontal (PFC). On en trouve aussi sur d’autres neurones en charge de la transmission d’information partant du thalamus jusqu’au cortex ou encore sur des neurones dont le rôle est d’atténuer l’activité cérébrale en inhibant le signal à l’aide d’un type de neurotransmetteur : le GABA.
L’activation des récepteurs 5-HT2A dans des régions profondes du cerveau augmente la libération de glutamate qui va activer les récepteurs AMPA.
Le cortex préfrontal communique avec de nombreuses autres régions du cerveau. L’activation des récepteurs 5-HT2A module la transmission du glutamate sur ces routes neuronales. Le DOI augmente la transmission via les récepteurs NMDA.
Les psychédéliques peuvent moduler l'activité cérébrale de différentes manières selon la dose, le type de substance et la densité de récepteurs 5-HT2A présents dans différentes régions du cortex.
Les neurones de la couche 5 du cortex préfrontal ont une capacité unique à connecter différentes boucles d'informations entre le cortex et le thalamus, jouant ainsi un rôle clé dans la communication cérébrale.
Le cortex préfrontal est impliqué dans des fonctions cognitives et émotionnelles complexes et contribue à notre sentiment d'identité. Des perturbations dans ce réseau, ou une hyperactivité, peuvent entraîner une dissolution des frontières du soi (une expérience parfois appelée "dissolution de l'ego") et des altérations dans le traitement de l'information cognitive et émotionnelle lors d'états psychédéliques. Ces perturbations sont également associées à des troubles psychotiques.
Neuroplasticité
L'activation des récepteurs 5-HT2A par les psychédéliques entraîne des adaptations neuroplastiques, c'est-à-dire des changements dans la structure et la fonction des neurones. Ces adaptations pourraient expliquer les améliorations durables des symptômes observées chez les personnes souffrant de troubles psychiatriques.
Des études menées sur des rats ont révélé que des substances comme le
LSD et le DOI favorisent la neuroplasticité en augmentant l'activation des récepteurs AMPA, ce qui stimule la libération de BDNF. Cette protéine est essentielle pour le remodelage neuronal associé à l'apprentissage et à la mémoire.
Les psychédéliques stimulent la formation de nouvelles synapses, un processus connu sous le nom de synaptogenèse. Ce phénomène est médié par l'activation de plusieurs voies de signalisation, incluant les récepteurs 5-HT2A, TRKB et mTOR .
La capacité des psychédéliques à induire une neuroplasticité, à la fois fonctionnelle et structurelle, pourrait transformer l'approche thérapeutique de divers troubles psychiatriques. Ces découvertes pourraient mener à de nouvelles stratégies de traitement exploitant ces mécanismes pour améliorer la santé mentale.
Altération de l'activité et de la connectivité
Preuve de l'altération du fonctionnement thalamique
Selon le modèle cortico-striato-thalamo-corticales (CSTC), les psychédéliques perturbent le fonctionnement thalamique en stimulant les récepteurs 5-HT2A. Cette perturbation entraîne une surcharge d'informations en amont du cortex, perturbant ainsi l'intégration des information sensorielles. Ces perturbations pourraient expliquer l'augmentation de la perception sensorielle, les perturbations cognitives et la dissolution de l'ego observées dans les états psychédéliques. Cette hypothèse est compatible avec l’augmentation de flux d'informations sensorielles ascendantes proposé par le modèle REBUS (Relax Belief Under Psychedelics).
L'administration de
LSD entraîne une augmentation de la connectivité fonctionnelle thalamique, en particulier entre le thalamus et les régions corticales sensorielles et somato-motrices. Il y a également une augmentation de la connectivité excitatrice entre le thalamus et le cortex cingulaire postérieur (CCP), ce qui confirme une augmentation du flux d'informations thalamocorticales. Cependant, le
LSD réduit le contrôle du striatum ventral sur le thalamus et diminue la connectivité effective entre le thalamus et le cortex temporal. Cela suggère que le
LSD augmente sélectivement le flux d'informations vers certaines régions corticales tout en le réduisant vers d'autres, plutôt que de provoquer une inondation corticale indifférenciée.
La
psilocybine augmente le métabolisme cérébral du glucose dans les régions du cortex préfrontal, un phénomène appelé « hyperfrontalité ». On observe un modèle d'hypermétabolisme dans les régions préfrontales, et d'hypométabolisme dans les régions sous-corticales et occipitales. Des effets similaires ont été observés avec d'autres psychédéliques comme le
DMT et la
mescaline. De plus, le
LSD augmente le flux sanguin cérébral (CBF) dans le cortex visuel, tandis que la
psilocybine diminue le CBF global dans le cerveau. Après ajustement, on observe des augmentations du CBF dans les régions frontales et des diminutions dans les régions sous-corticales et occipitales, allant dans le sens de l'hypothèse d'une suractivité des régions préfrontales due à un fonctionnement thalamique réduit.
Les altérations de la connectivité thalamocorticale pourraient ne pas être spécifiques aux états psychédéliques, car des changements similaires dans l'organisation fonctionnelle de ces boucles ont également été signalés dans les troubles psychotiques comme la schizophrénie.
Preuve de l'altération de l'intégration des réseaux
Les différentes régions du cerveau communique entre elles pour développer des réseaux qui peuvent eux même communiquer entre eux. Les psychédéliques modifient le fonctionnement de ses réseaux et modifient la communication entre ces réseaux. Le
LSD et la
psilocybine entraînent une augmentation de l'intégration des réseaux cérébraux sensoriels et somato-moteurs, ainsi qu'une désintégration des réseaux de régions cérébrales associatives. Ces résultats sont soutenus par une étude récente montrant une diminution de l'expression du réseau de contrôle frontopariétal, qui chevauche les régions cérébrales associatives, ainsi qu'une augmentation de l'occurrence d'un état cérébral globalement cohérent sous l'influence de la
psilocybine. Il est donc envisageable qu'un traitement accru des informations sensorielles, non contrebalancée par l'intégrité du réseau associatif, puisse contribuer à la phénoménologie complexe des états psychédéliques.
Des changements plus étendus dans la connectivité entre les réseaux ont également été signalés après l'administration de
psilocybine et de
LSD. Cependant, les résultats n'ont pas encore révélé de modèle cohérent, en partie à cause de la taille limitée des échantillons étudiés.
Le résultat le plus cohérent des différentes études qui ont examiné la connectivité fonctionnelle dans les nœuds des réseaux cérébraux intrinsèques est la réduction de la connectivité fonctionnelle dans ou entre les structures du réseau du mode par défaut (DMN). Cependant, ces résultats sont aussi observés après administration d’ISRS, ce serait donc effets sérotoninergique non spécifiques.
Preuve des modifications de l'entropie
Une augmentation de l'entropie a été suggérée comme étant une signature neuronale des psychédéliques. Cette idée, connue sous le nom d'« hypothèse du cerveau entropique », a été intégrée au « principe de l'énergie libre » pour donner naissance au modèle des « croyances détendues sous psychédéliques (REBUS) et du cerveau anarchique ». En bref, ce modèle propose que les psychédéliques réduisent la précision des attentes ou croyances de haut niveau sur le monde, tout en augmentant le flux d'informations ascendantes. Des substances comme le
LSD, la
psilocybine, la
DMT, et même la
kétamine, une drogue dissociative, augmentent la complexité de Lempel-Ziv (mesure de l’entropie).
MODIFICATION FONCTIONNELLE Modification du traitement émotionnel
Dans les années 1950 et 1960, les psychédéliques ont été utilisés en complément de la psychothérapie. Cette approche visait à permettre aux patients d'accéder et de traiter des souvenirs émotionnellement difficiles. Il a été démontré que la
psilocybine augmente les réponses subjectives et neuronales aux indices de mémoire autobiographique positive. Cela suggère que la
psilocybine pourrait aider à renforcer l'accès à des souvenirs positifs, potentiellement bénéfique pour les personnes souffrant de troubles de l'humeur.
Le
LSD et la
psilocybine réduisent la capacité à reconnaître des expressions faciales négatives. De plus ces substances induisent une réduction des réponses neuronales aux stimuli négatifs dans l'amygdale, ce qui est corrélé avec une augmentation de l'humeur positive. Ce mécanisme pourrait expliquer en partie comment les psychédéliques améliorent l'humeur.
Chez des participants en bonne santé, une réduction de la réactivité de l'amygdale en réponse à des stimuli émotionnels a été rapportée une semaine après l'administration de
psilocybine, mais cette réactivité est revenue au niveau de
base un mois après l'administration. De même, l'affect négatif a diminué une semaine après l'administration et est revenu aux niveaux antérieurs après un mois. Chez les personnes souffrant de dépression résistante au traitement, la reconnaissance des émotions a continué à s'améliorer un mois après le traitement à la
psilocybine. Ces résultats fournissent la première preuve que les psychédéliques peuvent avoir un effet positif continu sur le traitement des émotions et l'humeur, normalisant potentiellement le biais négatif observé dans la dépression majeure.
Il est important de noter que l'augmentation de la réactivité de l'amygdale chez les personnes souffrant de dépression a été mesurée avant le travail d'intégration psychologique. Cela peut indiquer qu'une intégration thérapeutique de l'expérience est nécessaire pour réduire à long terme le traitement des émotions négatives.
Modification du traitement de soi
Au cours d'une tâche d'interaction sociale chez des volontaires, on a constaté que le
LSD réduisait la distinction entre soi-même et les autres. De plus, dans une autre étude, la prise de
LSD a conduit à une plus grande importance accordée aux stimuli pertinents pour soi et avec du sens.
Les changements dans la perception de soi induits par le
LSD ont été liés à des modifications de la connectivité cérébrale globale, notamment dans des zones comme le gyrus angulaire et l'insula. La sensation subjective de dissolution de l'ego provoquée par le
LSD est corrélée à une diminution de la connectivité fonctionnelle dans certaines zones du cerveau, ainsi qu'à une réduction de certaines ondes cérébrales (delta et alpha) mesurées par magnétoencéphalographie.
Ces résultats variés suggèrent qu'il n'existe peut-être pas une seule explication neuronale pour la dissolution de l'ego, mais plutôt plusieurs mécanismes possibles.
Les modifications dans la perception de soi sont considérées comme essentielles pour l'efficacité de la thérapie assistée par les psychédéliques. Une expérience positive de dissolution de l'ego, souvent associée à des sentiments d'unité ou à des expériences de type mystique, est positivement corrélée au succès du traitement. Il est également possible que la dissolution de l'ego et la réduction de la focalisation sur soi conduisent à une "décentration", c'est-à-dire à un état permettant une plus grande variété de schémas de pensée et d'émotions, ce qui peut être bénéfique.
De plus, les altérations dans la perception de soi ont été liées à des changements dans la cognition sociale, notamment une augmentation de l'empathie et une réduction de la sensibilité au rejet. Ces changements dans la cognition sociale sont considérés comme essentiels pour l'efficacité thérapeutique des psychédéliques.
Modification du traitement social
Le
LSD et la
psilocybine augmentent l'empathie émotionnelle, c'est-à-dire la capacité à ressentir les émotions des autres, bien qu'ils n'aient aucun effet sur l'empathie cognitive, qui est la capacité à comprendre les pensées et les perspectives des autres.
Il a été démontré que la
psilocybine réduit le sentiment d'exclusion sociale et la réaction du cerveau au rejet social. Ces effets peuvent aider à réduire les comportements de retrait social et à améliorer la relation entre le patient et le thérapeute pendant un traitement assisté par les psychédéliques.
De plus, les personnes ont rapporté des augmentations de comportements prosociaux (comme être plus coopératif ou aidant) quatre mois après la prise de
psilocybine. Il a également été rapporté que l'empathie émotionnelle augmentait le matin suivant une retraite à la
psilocybine et que cet effet durait jusqu'à sept jours pour les émotions négatives.
Des patients suivant une thérapie assistée par
psilocybine rapportent une réduction des symptômes en lien avec des facteurs sociaux. Par exemple, les participant·e·s d’une étude ont déclaré que le sentiment d’amour et de connexion avec leur environnement et leurs proches induit par la
psilocybine comme des éléments les ayant aidés à arrêter de fumer. Cela suggère que cette thérapie peut aider à rétablir la capacité à ressentir de la récompense sociale, aidant ainsi les personnes à surmonter leur dépendance.
L’effet des psychédéliques sur la cognition sociale et le comportement pourrait être un mécanisme d’action important de l’efficacité thérapeutique de ces substances.
Modification du traitement sensoriel
À des doses modérées, les psychédéliques comme la
psilocybine, le
LSD et la
DMT modifient les perceptions visuelles, mais ces changements sont rarement de véritables hallucinations. Ils provoquent plutôt des illusions ou des pseudo-hallucinations, qui peuvent être distinguées de la réalité. Ces substances réduisent certaines oscillations cérébrales appelées ondes alpha, notamment dans les régions situées à l'arrière du cerveau, ce qui suggère qu'elles augmentent la réactivité de la voie visuelle du cerveau.
Cette amplification de l'excitation interne pourrait expliquer les altérations visuelles observées même sans stimuli externes. Des études d'imagerie cérébrale montrent qu'après la prise de
LSD, la connectivité au sein du cortex visuel reflète davantage l'organisation architectural du système visuel. Cela signifie que l'activité dans le cortex visuel devient plus dépendante de sa structure interne que des entrées sensorielles externes.
De plus, une augmentation de la connectivité au repos entre le thalamus et le gyrus fusiforme a été corrélée avec les altérations visuelles induites par le
LSD. Un déséquilibre entre la perception et l'intégration de l'information sensorielle pourrait expliquer les illusions et les hallucinations provoquées par la
psilocybine.
En général, les altérations perceptuelles causées par ces substances peuvent aussi affecter d'autres sens, comme l'audition et le toucher. Ces expériences sont souvent décrites comme des synesthésies, où les sons peuvent par exemple être "vus" comme des images. Bien que la pertinence thérapeutique de ces altérations sensorielles ne soit pas encore bien comprise, le contenu des images mentales induites par les psychédéliques est souvent basé sur des souvenirs autobiographiques et les émotions qui y sont associées. Ces expériences subjectives ressemblent beaucoup aux rêves naturels qui se produisent pendant le cycle veille-sommeil, et pourraient avoir des effets bénéfiques à long terme sur le bien-être et le fonctionnement psychosocial.
Implications pour la santé et les maladies
Les psychédéliques offrent un avantage significatif par rapport à d'autres outils utilisés pour étudier le système sérotoninergique, comme les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la
sérotonine ou la déplétion en tryptophane, car ces derniers ne permettent pas de distinguer les contributions spécifiques des différents récepteurs.
Le système des récepteurs 5-HT2A joue un rôle crucial dans le traitement des émotions, de la vie sociale et de la personnalité. Des études ont montré que lorsque le récepteur 5-HT2A est bloqué par une substance appelée kétansérine avant l'administration de
LSD, cela affecte la manière dont les personnes attribuent une pertinence personnelle à leur environnement. Par exemple, les personnes souffrant de troubles du spectre de la schizophrénie attribuent souvent une pertinence excessive à leur environnement, tandis que celles souffrant de trouble d’usage de substances ou de dépression pourraient bénéficier de changements dans la manière dont elles attribuent de l'importance à elles-mêmes. Cela suggère que les traitements qui activent les récepteurs 5-HT2A pourraient être efficaces contre la dépression et la trouble d’usage de substances, mais pas contre les troubles du spectre de la schizophrénie.
Le
LSD modifie également la manière dont les gens se perçoivent eux-mêmes et comment ils traitent les informations sociales. Ces effets peuvent aussi être bloqués par la kétansérine, ce qui indique qu'une signalisation anormale via les récepteurs 5-HT2A pourrait être responsable de ces changements dans la perception de soi et le traitement social. Cette relation entre la perception de soi et la perception sociale suggère que les individus qui ont une expérience incohérente d'eux-mêmes et qui se retirent socialement (comme c'est souvent le cas dans la schizophrénie) pourraient bénéficier d'un traitement avec des antagonistes des récepteurs 5-HT2A. En revanche, les agonistes des récepteurs 5-HT2A pourraient être plus adaptés pour traiter les déficits sociaux chez les personnes qui se concentrent trop sur elles-mêmes, comme dans le cas de la dépression.
En résumé, ces résultats montrent que le système des récepteurs 5-HT2A est impliqué dans divers processus cognitifs et émotionnels importants pour le traitement de la dépression, de la trouble d’usage de substances et du trouble de la personnalité borderline. Cela offre des cibles potentielles pour le développement de nouveaux médicaments.
CONCLUSIONLe système récepteur spécifique appelé 5-HT2A, joue un rôle important dans la régulation des interactions sociales, de l'humeur et de la création d'une image cohérente de soi. Ces études montrent également à quel point il est crucial de se concentrer sur des sous-systèmes de récepteurs spécifiques pour bien comprendre comment les médicaments affectent le cerveau humain. À long terme, cela pourrait aider à développer de nouvelles thérapies.
Des recherches ont révélé que des substances comme le
LSD, la
psilocybine et la
DMT modifient la manière dont différentes parties du cerveau, comme le thalamus et le cortex, communiquent entre elles. Après la prise de ces substances, on observe augmentation de la synchronisation des régions du cerveau liées aux traitement des informations sensoriels, mais une diminution de la synchronisation dans les zones associatives. De plus, ces substances augmentent la complexité et l'entropie des signaux cérébraux, ce qui pourrait indiquer une activité cérébrale plus diversifiée et moins prévisible.
Des études préalables suggèrent que la capacité de ces substances à induire de la neuroplasticité, pourrait être très utile dans le cadre de psychothérapies. Un autre avantage majeur est que ces psychédéliques agissent rapidement et peuvent avoir des effets durables après seulement quelques doses, ce qui est très différent des traitements psychiatriques actuels qui nécessitent souvent une prise quotidienne de médicaments.
Cependant, il reste encore à déterminer si les effets thérapeutiques de ces substances proviennent directement de leurs impacts sur l'activité et la connectivité cérébrales, ou s'ils sont plutôt dus à l'expérience cognitive et psychologique unique qu'elles provoquent, modifiant ainsi l'état de conscience.
GLOSSAIRENeurones Pyramidaux : types de neurones important dans de nombreuses fonction cognitive et émotionnelle.
Cortex : zone superficielle du cerveau aussi appelé matière grise.
Cortex préfrontal : zones du cerveau située à l’avant du cerveau implique dans de nombreuses fonctions de haut niveau (planification, inhibition...)
Occipitale : zone du cerveau impliqué dans le traitement des informations visuelles.

Cortex somato-sensoriel : zone du cerveau recevant des informations sensorielles de la surface du corps (ex : touché)

Thalamus : région du cerveau impliqué dans de nombreuses fonctions liées aux traitement des informations sensorielles

Voie cortico-striato-thalamo-corticale : circuit dans le cerveau impliqué dans le contrôle des mouvements la formation des habitudes, et la récompense.
Gyrus fusiforme : zone du cerveau impliqué dans la perception des visages.

Cortex cingulaire postérieur : zone du cerveau jouant un rôle dans la reviviscence de souvenirs

Striatum ventral : zone du cerveau impliqué notamment dans la motricité automatique et la gestion de la douleur

Réseau du mode par défaut (DMN) : réseaux constitué des régions du cerveau active en état de repos, lorsque l’on ne fait pas de tâche spécifique. Il serait impliqué dans l’introspection.
Régions cérébrales associatives : régions du cerveau recevant des informations de différentes régions impliquées dans le traitement d’informations sensorielles.
Synapses : zone de communication entre 2 neurones
Neurotransmetteur : Composé chimique libéré par un neurone pour transmettre une information à un autre neurone.
GABA : principale neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central
Glutamate : principale neurotransmetteur excitateur du système nerveux central
AMPA : type récepteur du glutamate
NMDA : type récepteur du glutamate
BDNF : substance impliqué dans la formation de nouveaux neurones et le maintien de ceux existants.
TRKB : type de récepteurs à la BDNF
mTOR : récepteur impliqué dans la régulation de la formation de nouveau neurone
Modèle REBUS : modèle explicatif de la phénoménologie des psychédéliques. Ce modèle propose que lors de l’éxpérience psychédélique nos attentes vis-à-vis du monde extérieur sont réduite et on serait plus enclin à adopter de nouveaux points de vue.
Lempel-Ziv : mesure de la complexité d’un système, de l’entropie
Ondes cérébrales : Du fait de son activité électrique, ont peut mesurer des ondes correspondant à des états particuliers à la surface du cerveau. Par exemple les ondes deltas correspondent à un état de sommeil ou encore les ondes alpha correspondent à un état d'apaisement, de repos.
Magnétoencéphalographie : technique d’imagerie cérébral
Empathie émotionnelle : capacité de ressentir en partie l’état émotionnel d’autres individus
Empathie cognitive : capacité à comprendre l’état émotionnel d’autres individus
Synesthésies : mélange des sens par exemple voir la musique ou goûter les couleurs
ISRS (Inhibiteur Sélécitif de la Recapture de
Sérotonine) : Type de médicament visant à augmenter la quantité de
sérotonine.
Entropie : grandeur physique caractérisant le degré de désorganisation d’un système.
Dernière modification par kaneda (Aujourd'hui à 16:29)