[ Expériences ]

Mon expérience

Bonjour à tous, je voulais vous raconter mon horrible expérience avec les champignons hallucinogènes.

Un soir, j’ai consommé des truffes hallucinogènes Utopia avec mon amie. Nous avons partagé un sachet à deux. Nous l’avions déjà fait et n’avions jamais eu de problème : au contraire, c’était une bonne expérience, plutôt drôle, donc nous étions assez enthousiastes. Deux heures après l’ingestion, tout semblait normal, nous étions en pleine discussion… puis, d’un seul coup, tout s’est arrêté. Comme un arrêt sur image. Mon cerveau restait conscient de tout, mais je ne pouvais plus rien faire : ni bouger, ni attraper mon verre. J’essayais encore et encore, mais rien à faire : j’étais impuissante et prisonnière de ce cauchemar. C’était comme si on m’avait mise sur pause. Une angoisse immense m’a envahie.

Le souffle coupé, je voyais mon amie me regarder comme si je venais de mourir sous ses yeux, avec un visage apeuré et une incompréhension totale. Pourtant, j’étais encore là, consciente. Je la regardais sans rien comprendre, je lui parlais, j’étais en détresse totale, mais elle ne m’entendait pas. Dans ma tête, une pensée glaçante s’est imposée : « Je viens de mourir. »

Pour me rassurer, elle s’est mise à me serrer la main. À ce moment-là, c’était comme si je tombais en arrière dans un vide sans fin, encore et encore, et je voyais la scène se répéter comme un film qui bug et qu’on rembobine. Puis ma vision a commencé à devenir étrange : son visage ne ressemblait plus vraiment à elle. Tout à coup, je ne voyais plus rien. Je l’entendais me parler, mais je ne pouvais rien faire. J’étais totalement affolée. Je l’ai entendue au téléphone avec les urgences. Devenue aveugle, je n’arrêtais pas de lui parler, de lui demander de m’aider, de lui dire que je ne comprenais pas ce qui se passait, que je ne voulais pas mourir. Et là, après plusieurs minutes sans qu’elle ne m’entende, elle m’a répondu : « Ça va aller, je suis là. » Un soulagement m’a traversée : elle m’avait entendue… Puis, tout à coup, ma vision est revenue, mais mon amie avait disparu. J’étais seule, coincée dans cette pièce où tout s’était arrêté. Dans ma tête, j’étais bloquée dans les 4 m² de l’endroit où je pensais être morte.

La pièce semblait normale. Mais peu à peu, les meubles les plus lointains disparaissaient, avalés par un vide blanc qui s’étendait et rétrécissait mon environnement, jusqu’au moment où ce blanc m’a atteinte. J’ai alors regardé mon corps et c’est là que je l’ai vu se déformer, s’étirer. C’est à ce moment que la douleur est arrivée. Une douleur atroce, insoutenable, la pire de ma vie. Comme si j’étais électrocutée et que je brûlais en continu. Une douleur indescriptible, inhumaine. Je hurlais de douleur. Je me souviens avoir pensé : « C’est quoi ce bordel ? ». J’avais si mal que j’essayais d’arracher mes vêtements tant la souffrance était insoutenable. Je ne savais pas comment m’en débarrasser. La douleur est revenue plusieurs fois, en différentes étapes. L’une de ces fois, j’entendais des voix qui criaient sans cesse : « Qu’est-ce qui lui arrive ? Qu’est-ce qu’elle a ? »

Plus tard, mon amie m’a expliqué qu’en réalité, personne ne disait cela. De son point de vue, elle voyait seulement que je restais figée, sans bouger, puis qu’ensuite je regardais autour de moi, le regard totalement vide, avant de me mettre à hurler de douleur. Ces crises ont duré longtemps, comme découpées en plusieurs scènes.

Puis, tout s’est éteint. Plus rien. Je me suis retrouvée plongée dans un néant infini, beige assez sombre. C’était sans dimension, sans fin. Je n’avais plus de corps, plus de repères, plus rien de ce que l’on connaît sur Terre n’existait. J’étais ailleurs. Et autour de moi, j’entendais des hurlements : des cris de souffrance pure, intenses, incessants. Je me suis dit alors : « C’est ça, la mort ? L’âme finit bloquée dans un monde infini et sans fin, pour ce qui me paraissait être l’éternité ? »

Au bout d’un temps impossible à mesurer, une lumière est apparue. Isolée, comme une étoile perdue dans l’espace, elle m’attirait irrésistiblement. Il m’était impossible de détourner mon attention d’elle. Les hurlements se sont tus, remplacés par un bruit répétitif, régulier, mais indescriptible qui revenait encore et encore. À ce moment-là, j’avais passé l’étape de la souffrance. Je ressentais un envoûtement étrange, intense, mais sans peur. J’étais bloquée à cet endroit sans pouvoir rien y faire.

Peu à peu, des flashes m’ont ramenée à la réalité. J’étais à l’hôpital, dans un lit. Je reprenais doucement conscience de mon corps. Je ne cessais de me demander : « Qu’est-ce qu’il vient de se passer ? ». J’entendais encore ces voix hurler au loin. Puis je me suis endormie. Aux urgences, ils m’ont fait un lavement puis, plus tard, je me suis réveillée terrorisée, seule, comprenant que j’avais vécu quelque chose de totalement fou.

Ce que j’ai vécu n’avait rien à voir avec une hallucination classique. J’étais consciente, lucide, et surtout persuadée d’être réellement morte.

Le plus troublant, c’est qu’auparavant, lorsque j’avais pris ces champignons, je n’avais connu que des effets légers : de l’euphorie, des rires, des discussions sans fin. Rien de comparable à ce cauchemar. Cette expérience m’a bouleversée et m’a fait comprendre que plus jamais je n’en reprendrais, et m’a rappelé l’importance de prendre soin de soi, car notre cerveau n’est pas immortel. Honnêtement, cette expérience, je ne la souhaite même pas à mon pire ennemi.

Aujourd’hui, je suis traumatisée. Je ne comprends pas pourquoi. Que s’est-il passé ? J’ai 21 ans et je suis en parfaite santé. Chaque jour depuis cet événement, j’ai peur que ça recommence. Dès qu’une pièce s’assombrit parce qu’un nuage cache le soleil, quand un bruit se répète sur une télé, je sens la panique monter. Chaque fois qu’un son ou une image me rappelle ce que j’ai traversé, mon cœur s’emballe, ma vision se trouble, j’ai l’impression d’y retourner. Alors je cherche à être entourée, à voir que tout bouge encore, que je ne suis pas coincée, seule, dans un néant infini.

Alors voilà, je souhaitais réellement partager mon expérience, même si mes mots ne sont pas assez forts pour décrire ce que j’ai vécu. Je voulais, si quelqu’un a connu une expérience similaire, lui dire qu’il/elle n’est pas seul(e). Mais aussi mettre en garde les personnes qui souhaiteraient en prendre ou continuer d’en prendre. Car oui, ça n’arrive pas à chaque fois et, au début, c’est même une expérience plutôt sympa. Mais si cela t’arrive, sache qu’après ça, ta vie ne sera plus jamais la même. Crois-moi.

Dernière modification par LB (12 septembre 2025 à  17:10)