Comment avez-vous réussi a vous faire prescrire de la methadone ?

Effectivement si le manque revient après moins de 24h, 2 possibilités :

Tu es sous dosé > augmenter permet de se stabiliser

Où tu es metaboliseur rapide (c’est mon cas) > fractionner (repartir le dosage quotidien en 2 prises sur 24h : matin et soir/ midi et minuit… ) permet de retrouver un équilibre, le dosage est à adapter seulement après avoir fractionné sinon tu risques d’augmenter beaucoup plus que nécessaire sans pour autant être équilibré… et potentiellement toujours en manque avant la fin des 24h.

Pour savoir si tu métabolises plus vite que la moyenne, il faut faire une analyse sanguine : la méthadonémie résiduelle. On fait généralement un prélèvement au pic des effets (1 à 2h après la prise), puis 24h après la prise quotidienne.
Il y a un seuil d’efficacité de la méthadone, il faut une certaine concentration minimum dans le sang :

- tu es dessous du seuil au moment du pic : tu es probablement sous-dosé

- si tu es sous le seuil au bout de 24h mais au dessus au moment du pic : tu es probablement metaboliseur rapide.

Cette analyse peut être effectuée au CSAPA.

Personnellement ça a changé ma vie. Après 2 ans de galère à augmenter sans succès, il a suffit de fractionner en 2 prises équivalentes pour retrouver un équilibre. J’ai alors pu, après stabilisation, diminuer drastiquement, mais c’est surtout car mon dosage avait été augmenté inutilement, j’avais besoin de fractionner, pas d’augmenter autant. Je suis passée de 160mg en 1 prise où je n’étais toujours pas bien, à 160 en 2 prises, puis 140 (toujours en 2 prises), puis petit à petit en diminuant très progressivement (au début 10mg par 10mg, puis arrivée à 90mg j’ai diminué par paliers de 5mg), jusqu’à arriver à 40mg, toujours en 2 prises quotidiennes.

J’ai du augmenter au moment de ma grossesse (c’est normal) jusqu’à 80mg.

Si j’ai pu diminuer autant, c’est pour 2 raisons principales :

- fractionner m’a ENFIN stabilisée. Plus de manque au bout de 20h, je retrouvais enfin ma vie. Sans cette stabilisation apportée par le fractionnement et le dosage, je n’aurais jamais pu arriver à ce résultat.

- j’étais surdosée. Ce qui a pu aider un temps à gérer le craving du produit et de l’IV, était devenu un poids. Trop d’effets secondaires (somnolence en début de journée, constipation +++) et je n’avais plus l’impression d’en avoir autant besoin, j’ai préféré diminuer, maintenant que j’étais stabilisée, et que mes envies de came étaient devenues plus gérables.

Bien sûr tout ça a été rendu possible par une équipe au CSAPA relativement à l’écoute, et surtout grâce aux informations trouvées ici.

Sans ce forum, je n’aurais pas appris qu’il existait des métaboliseurs rapides et même ultra-rapides, ni la manière de gérer le problème (fractionnement).

Personne au CSAPA n’avait jamais parlé de cette éventualité, et à l’époque le fractionnement n’était pas du tout courant, et jamais proposé.
La norme c’était UNE seule prise quotidienne, pour « s’éloigner le plus possible du mode de consommation à répétition de l’héroïne »…

Pour résumer, il faut parler de ce que tu ressens à ton médecin prescripteur et aux infirmiers. Le mieux est de demander des méthadonémie (au pic et résiduelle à 24h) parce que les analystes sont une preuve incontestable et que c’est souvent la seule manière d’être pris au sérieux… Car autrement on te soupçonnera de vouloir simplement gratter une augmentation (Merci la stigmatisation des PUDs… )

Je te conseille de ne pas trop attendre, car entre le moment où tu en parles et celui où tu es écouté et ta posologie adaptée, il peut y avoir un écart assez long, et quand on subit le manque quotidiennement, ce n’est pas une vie !

On te demandera peut-être de patienter pour voir comment tu te sens au fur et à mesure. Quoi qu’il en soit, si tu ressens des symptômes de manque, des envies de conso, ou un mal-être global que tu n’expliques pas, ça peut être un signe d’un dosage ou d’une prise (unique) pas adaptés.

Si on te confie ton traitement à prendre à la maison, tu peux tenter toi-même ce fractionnement. Si tu es effectivement metaboliseur rapide, tu ne tarderas pas à te sentir mieux.

À savoir que si tu dois faire une méthadonémie résiduelle, il vaut mieux rester à une prise unique dans les jours qui précèdent, pour ne pas fausser les résultats d’analyses (si tu fractionnes tu te retrouves normalement au dessus des seuils et l’analyse ne montrera rien).

Le chemin peut sembler un peu long pour arriver à la stabilisation, mais ça en vaut la peine

Si tu n’es pas écouté au CSAPA, il ne faut pas lâcher le morceau, et insister sur les symptômes que tu ressens, pour qu’ils acceptent de te faire une méthadonémie. S’ils ont des raisons de douter de tes motivations (stigmatisation quand tu nous tient…), ils n’ont aucune raison valable de refuser une preuve tangible.

Je te souhaite de trouver ton équilibre avec ton traitement. Franchement ça change tellement la vie de se sentir libre à ce niveau là !

Sans la méthadone je ne sais pas comment je m’en serais sortie pour être honnête. Le Sub ne me convenait pas du tout. La méthadone (une fois équilibrée) m’a permis de ne plus subir le manque, de retrouver une liberté vis à vis de mes consos, d’avoir un filet de sécurité toujours présent même si je consomme (je sais que j’ai mon traitement et que je ne subirai pas le manque). C’est une sécurité pour moi, et elle m’apporte aussi un plus niveau psychologique, car elle a clairement aussi un rôle positif sur mon humeur , mon anxiété, ma motivation…
Si parfois j’ai des périodes de ras le bol, car le traitement vient avec son lot de contraintes, malgré tout elle m’apporte bien plus de positif que de négatif. Je sais que j’ai toujours la possibilité de diminuer progressivement si je le souhaite, rien n’est forcément définitif, mais j’ai accepté que peut-être j’en prendrai toute ma vie. Ce n’est pas grave. Tant que ça m’apporte plus que ça me « coûte ».