> ⚠️ Ce témoignage n’a aucune vocation à inciter à consommer.
Je le partage uniquement dans un but de
réduction des risques et parce que cette expérience m’a profondément marqué.
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Contexte
À l’époque, je vivais dans un squat à Maastricht.
L’ambiance y était électrique : beaucoup de passage, beaucoup d’énergie, et des nuits qui se suivaient sans jamais vraiment se terminer.
J’avais déjà vécu deux épisodes de psychose auparavant, liés à des excès d’amphétamines, mais cette troisième fois a été un point de non-retour.
J’ai compris ce jour-là à quel point le corps et l’esprit peuvent se briser après trop de jours éveillé.
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Le début – quand tout semble sous contrôle
Au départ, tout allait “bien” — cette fausse lucidité que le
speed donne.
Je me sentais vif, concentré, sûr de moi.
Mais quelques heures après une prise beaucoup trop chargée, quelque chose s’est mis à basculer.
Je sentais littéralement les vibrations des pas des gens autour de moi résonner dans le sol, comme si mon corps était devenu une antenne.
Je percevais même les molécules d’air frôler ma peau.
Tout était amplifié, hyperréaliste, presque surnaturel.
Et sur le moment, j’ai pris ça comme un “signe” que j’étais dans un état supérieur de perception.
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L’illusion du contrôle
Les premiers jours, j’étais encore dans une phase euphorique.
Je me disais que je tenais le coup, que je gérais.
Mais à mesure que le sommeil disparaissait, la réalité a commencé à se dissoudre.
C’est progressif, insidieux.
D’abord, on doute d’avoir bien entendu un bruit.
Puis on “voit” quelque chose, qu’on met sur le compte de la fatigue.
Et au bout d’un moment, on ne distingue plus ce qui vient de l’extérieur de ce qui vient de soi.
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Le basculement
C’est arrivé dans le jardin du squat.
Je voyais des enfants s’entraîner à devenir agents secrets — j’en étais persuadé.
Je croyais qu’un milliardaire coréen avait envoyé des gens pour me kidnapper, parce que je détenais un secret médical qui allait “changer le monde”.
C’était absurde, mais sur le moment, tout semblait logique.
Je savais dans ma tête que c’était faux, mais mon subconscient refusait de l’entendre.
J’avais cette double conscience : rationnelle d’un côté, et complètement délirante de l’autre.
C’est ce tiraillement qui est le plus terrifiant : être conscient de sa propre folie sans pouvoir l’arrêter.
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La
descente dans l’horreur
Puis la nuit est tombée.
Et avec elle, les hallucinations ont pris une tournure cauchemardesque.
Des silhouettes sont apparues dans les coins sombres, des entités monstrueuses, indescriptibles, comme sorties d’un SCP ou d’un rêve gore.
Les murs semblaient couverts de sang, les lumières prenaient une teinte rougeâtre.
Une ampoule, qui marchait parfaitement, s’est mise à clignoter toute seule — et ça a suffi pour déclencher la panique absolue.
Chaque ombre devenait une menace, chaque bruit annonçait une catastrophe.
Je ressentais une tension insoutenable, l’impression qu’un drame terrible allait se produire d’une seconde à l’autre — comme un camion prêt à foncer dans le salon.
Derrière les cadres des portes, il y avait comme un voile noir épais, quelque chose d’inexplicable qui bloquait la vue.
Je n’osais plus franchir les seuils, comme si le vide m’attendait de l’autre côté.
Je ne pouvais plus parler à mes amis, de peur qu’ils pensent que j’étais responsable de tout ce qui se passait.
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Le corps qui lâche
Physiquement, j’étais vidé, tremblant, incapable de me poser.
Mon cœur battait sans repos, mes muscles se contractaient tout seuls.
J’avais mal partout, mais sans arriver à m’arrêter.
Les jours s’étaient fondus les uns dans les autres — je ne savais plus si c’était le jour ou la nuit.
Chaque minute ressemblait à une éternité.
Et puis, au lever du soleil, alors que les premiers rayons ont traversé la pièce, je me suis écroulé.
Coupure nette.
J’ai dormi trois jours d’affilée.
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Le réveil
À mon réveil, j’étais un fantôme.
Plus d’énergie, plus d’émotion.
Je ne savais plus ce qui s’était passé réellement, ni ce que j’avais imaginé.
C’était un grand vide intérieur, une sorte de burn-out de l’âme.
Même mon regard dans le miroir semblait appartenir à quelqu’un d’autre.
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Depuis
Cet épisode m’a laissé une trace profonde.
Depuis, je me suis fixé une limite claire : ne plus jamais rester éveillé plus de trois jours, quoi qu’il arrive.
Je sais désormais que ce n’est pas seulement une question de “trop de
speed”, mais d’un effondrement complet du corps et du cerveau.
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Réflexion
Chaque psychose laisse des cicatrices invisibles.
Elles rendent le mental plus fragile, plus réactif, plus proche de la rupture.
Et même si on pense “s’en remettre”, il reste toujours quelque chose.
Un fond d’angoisse, une méfiance envers ses propres pensées.
Aujourd’hui, je partage ce témoignage pour dire qu’on ne joue pas impunément avec le sommeil et la
dopamine.
Quand la réalité commence à se tordre, le seul vrai réflexe de survie, c’est d’arrêter et dormir.
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Ps:je vais maintenant beaucoup mieux et sobre de toute substance depuis 6 mois