Poison

200mg/jour.
Un régime que je m’impose et qui transforme ma vie en calvaire.

Effets secondaires bonjour.
Accoutumance s’il te plait.
Addiction non merci.
Anxiété bonne journée!

Se mettre sous moda c’est mettre sa vie en pause tout en l’accélérant.
Curieux antagonisme.
Tout comme la comparaison de cette molécule au NZT de Limitless.
Précise et imprécise à la fois.

La motivation est surprenante, la productivité incontestablement multipliée.
L’esprit tourne à 200km/h. Les pensées s’éparpillent.
Les doigts courent sur le clavier quand ils ne sont pas occupées ailleurs.
Dormir et manger ne sont plus des impératifs mais de vieilles habitudes dont on a du mal à se défaire.

Et pourtant…

La vision vibre. La réalité n’est plus ce qu’elle était.
La vie devient grise, s’arrête et perd sa saveur.
Tout prétexte de joie devient morne. Le temps s’accélère.
Concentré sur le glauque, on passe à coté des couleurs, du présent, de l’instant.

Drôle de relation que j’entretien maintenant avec le concept d’éveil.
Tel un insomniaque ou un malade atteint de narcolepsie, on est jamais vraiment endormi.
Jamais vraiment éveillé non plus.

Les cernes et les joues se creusent de morbidité.
Les douleurs sont improbables, épisodiques mais aiguës.
Au cou surtout, mais un peu partout.

La dynamique est active mais inhumaine, froide. Presque robotique.
Se mettre sous moda c’est enclencher le pilote automatique.
Fuir la responsabilité d’un voyage qu’on est censé piloter.

Le jour ou l’esprit humain aura bue la cigüe, on sera tous sous moda.
Coucou poison, on remet ca?