Je suis un homme de 47 ans, 1,84m pour environ 95kg.
J'ai testé hier pour la première fois le
2cb-fly, en compagnie d'un ami qui était déjà familier de la substance et l'apprécie beaucoup, et de mon chéri qui n'en a pas pris mais a assisté à notre trip.
Le mindset était bon à part un peu de fatigue due entre-autres à une grosse semaine de taf et une soirée assez arrosée la veille, le setting tranquille : chez nous, lumières tamisées, matelas par terre, musique, chats qui nous observent en se demandant ce que leurs primates domestiques peuvent bien être en train de fabriquer.
Nous démarrons la soirée avec quelques bières, avant de dropper chacun une pellet de 10mg de
2cb-fly estampillée du célèbre logo LL. L'ambiance est bonne et nous discutons de choses et d'autres en écoutant une sélection de musiques propices à accompagner la montée. Je ressens très fort cette excitation particulière de la première fois, mélange de curiosité et d'un poil d'appréhension : qu'est-ce qui va m'arriver ?
L'effet se manifeste lentement, il est au départ très subtil, presque paradoxal : je me sens à la fois stimulé et détendu. Cet aspect paradoxal sera d'ailleurs une constante de mon trip : je me sentirai défoncé mais pas défoncé, j'aurai des hallus sans avoir d'hallus, c'est un peu difficile à exprimer mais je vais ressentir durant tout mon trip cette impression simultanée d'une chose et son contraire, assez déroutante.
À mesure que l'effet de la substance se déploie, il devient plus évident, et je prends beaucoup de plaisir à l'explorer.
Visuellement c'est très léger à ce dosage, aucun rapport avec les explosions de fractales et autres distorsions typiques du
LSD ou de la
psilocybine. On est plutôt sur une perception plus dense des matières, des textures, une sensibilité accrue aux couleurs, une lumière plus chaude. Au pic de la montée quelques ondulations très légères des surfaces. Pas de visuels les yeux fermés.
Auditivement c'est assez impressionnant : là non plus, pas de déformation des perceptions, mais une sensibilité décuplée. Ecouter de la musique devient une expérience ultra-immersive, j'éprouve un sentiment de proximité, d'osmose avec le son réellement spectaculaire, je me souviens en particulier d'un morceau ambient assez percussif qui, notamment si je fermais les yeux, prenait une amplitude spatiale et émotionnelle incroyable. C'est vraiment un produit intéressant pour écouter de la musique, mon camarade de trip étant un spécialiste en bizarreries world-psychédéliques nous allons passer la majeure partie du trip à vibrer sur des sons surf-bollywood et autres dingueries qui nous laisseront le plus souvent hilares, car oui, le
2cb-fly est aussi sacrément euphorisant.
Les sensations physiques, corporelles, sont assez remarquables, cependant je n'éprouve pas de bodyload déplaisant. C'est plutôt comme une sensation de profonde détente, presque inconfortable par moments : une véritable injonction à lâcher-prise. Je ressens très fort les zones de tensions dans mon corps, notamment au niveau des cervicales, et je sens qu'il faut lâcher, lâcher, encore lâcher, ça demande d'accepter de se laisser faire, de se laisser guider par la drogue. Si potentiellement je vois assez peu de risque de bad-trip avec cette substance, je suppose que cela pourrait survenir en résistant à cette détente impérative (encore un paradoxe). Avec mon camarade de trip nous nous interrogions en début d'expérience sur un éventuel usage thérapeutique du
2cb-fly, il serait peut-être à chercher du côté de cette expérience de profond lâcher-prise.
On retrouve dans cette substance quelque chose de l'aspect empathique et entactogène de la
MDMA, mais sans son côté affectif dégoulinant. Par d'autres aspects, la nécessité impérieuse du lâcher-prise notamment, elle se rapproche du
LSD, mais sans le mindfuck, ni les vertigineuses plongées introspectives et cosmiques. C'est définitivement un psychédélique, mais pas incapacitant : arrivé au plateau, je vais pouvoir tranquillement cuisiner les tagliatelles fraîches au noix de St Jacques sautées que j'avais prévues pour la soirée. Je m'acquitte même de la tâche avec une dextérité qui me surprend, comme si le
2cb-fly avait réveillé le Philippe Etchebest qui est en moi
On se fait la réflexion que ce n'est vraiment pas étonnant que cette substance ait été inventée par des californiens, c'est vraiment un truc de dude ensoleillé un poil branleur, ça doit se combiner à merveille avec une journée au soleil à la plage avec une bonne bouteille de vin, du rock psychédélique et des surfers au loin sur les rouleaux. C'est ça, c'est un truc de surfer. C'est assez puissant mais toujours subtil, main de fer mais gant de velours : il faut souvent aller chercher l'effet, qui est très présent mais sans envahir ou déborder.
Je ne recommanderais pas forcément ce produit à quelqu'un qui débute dans les psychés, et je comprends aussi pourquoi beaucoup d'expérimentateurs en reviennent déçus : C'est un peu un truc d'esthète, d'hédoniste, on est pas du tout dans les loopings spectaculaires de certains hallucinogènes, ça ne s'impose pas, ça se pose, ça t'accompagne. Il ne faut pas s'attendre à de grandes révélations sur la vie, la mort, l'univers et le sens des choses, mais pour passer un chouette moment entre potes en mangeant bien, en buvant de bons trucs et en écoutant de la bonne musique ça se pose un peu là.
La
descente est douce, on revient tranquillement à la normale au bout de quatre ou cinq heures sans même trop s'en apercevoir. Pas de difficulté à trouver le sommeil...à noter par contre mais c'est probablement lié aussi aux quelques quilles que nous avons tombées pendant la soirée : un sérieux mal de tête le lendemain matin, et une fatigue intense. Ça reste toujours beaucoup plus soft qu'une
descente d'
ecstasy.
Une expérience tout à fait intéressante sans être non plus bouleversante...Je pense réessayer avec un dosage légèrement supérieur la prochaine fois, peut-être en contexte extérieur, la journée et dans la nature.