L'immeuble rue du chapeau rouge

Catégorie : Tranche de vie
09 décembre 2022 à  14:51

A l'interieur de l'immeuble, rue du chapeau rouge, tout etait sale.La lumière s'etait definitivement retiree laissant aux reverbères de la rue, la joie timide d'eclairer les quelques affaires entassees dans un coin du fond de la pièce. Preuve qu'une famille avait bien un jour essaye de l'investir tant bien que mal sans pouvoir vraiment faire quoi que ce soit contre le declin de l’immeuble.
La vielle porte en bois peint du hall restait continuellement - malgre les tentatives des proprietaires pour la fermer- ouverte, servant de planque aux zonards postes sur les marches. Il y avait bien un concierge, ici, un vieux type, d'origine algerienne, qui semblait tout faire pour faire de lui un type bien, tout en s’etant visiblement fait bien chier dessus par la vie depuis toujours... Il tentait ,tant bien que mal, de faire resonner l'ordre et la bienseance dans ces lieux, mais
force d'admettre que dealer avec les zonards de la rue et les jeunes residents en perpetuelle fiesta, à fond les ballons, drogues et a bloque de hard techno, etait chose perdue d'avance. Il y a des realites sociales - j'ai fini par avoir à l'admettre - qui ne parlent plus la même langue à partir d'une certaine heure. Cette galère pour lui avec tout les apparts de perches qui logent dans l'immeuble.
Et nous on regardait ça detaches en comprenant que la vie etait bien cruelle ici-bas et que c'etait ; une minute de perdue que d'aller pleurer sur le sort d'un vieux type qui entravait nos rêves de foutoir generalise. On s'en foutait royalement c'etait clair, et qu'est ce qu'on pouvait y faire de toute façon ? Ça puait la pisse et l’insolence dans tout les coins et si vous decidiez d'y passer un coup de clean c'etait votre propre frère qui aller chier là à la place d'un autre. Il semblait que l'on ne pouvait qu'en rajouter, bêtement mus par une fatalite bien arrangeante à tous les niveaux. C'etait histoire de poser notre propre fine couche de merde sur une tartine de pain moisi {et bien loin de notre appetit, sur lequel on mangeait tous invariablement....
Au premier etage, il y avais un petit couple Clem et sa petite copine, dont le nom s'est efface de ma memoire en même temps qu'elle de ma vie. Des gens terribles, droles, heureux, vivants, et plein de joie. C'etait un petit couple d'apparence tranquille et comme il y avait cette fille, jeune et dynamique, l'appartement etait toujours bien eclaire. J'adorais y passer après mes cours.
Il me dorlotait à fond et on rigolait bien. Le gars a fini par se coller deux vautours derrière lui, deux vrais cafard, des jeunes branleurs à fond de teufs qui l'ont envoye en taule. Après qu'il ait bien fracasse sa copine...
Est-ce que je peux dire que c'etait vraiment mes amis? Au debut sûrement. Puis je crois que moi-aussi je lui ai bien pourri la tête avec mon business. Je m'en suis bien servi et comme il faut de ce gars là... Même quand ça allait plus très bien, que son regard etait fuyant, que son teint et sa mâchoire se faisait la malle et qu'il avait visiblement perdu l'equilibre....
L'appart juste en face c'etait celui du Bryan. Le Bryan quoi, c'etait lui, toujours un peu dans la lune, comme un lapin de six semaines, pas un mauvais gars, tout bien gentil quoi. Un petit peu perdu mais pas mechant le Bryan. C'etait un italien un peux keke, un peux fashion comme disent les vieux immigres pauvres embourgeoises après une vie bien rangee à bien fermer son claquemerde et être
bien docile pour essayer de gratter une place le paysage de ceux qui les ont toujours exploites.
Il bossait comme serveur et s'en sortait en vivotant entre les bars de nuit fashion à boire le whiskycoke en essayant de draguer les filles à base de pas de danse emboîtes un peu heroïquement. Il y avait aussi les boites de bof gay de la campagne, et les quelques potes que l'on peut se faire sur le
pas de la porte. Quelques meufs... puis un peu de minimal d'une epoque où ça gobait des Taz dans les After de Montpellier... Un petard de weed et le tournant de la gueule qu'il allait se manger en rencontrant son voisin Niko.
L'etage du dessus c'etait là qu'etait l'appart du Niko. C'etait un de ces minis trucs. Il n'y avait presque rien en fait. Ça devait faire 10, 12 mètres carres compactes en une salle de bain, cuisine, pièce à vivre. Un mini canape-lit, juste en face d'un meuble TV ; On pouvait se retrouver le nez colle à l'ecran si l'on voulait se derouler tout le long de notre corps. Une micro cuisine toujours vide et inutile, un frigo vide lui aussi, rempli de quelques Heinkens des fois, une bouteille de blanc entamee de l'epicerie de nuit, un bout de beurre peut être et un mini chiotte moisi à cote, avec un miroir, lavabo et douche avec rideau de douche sur champignons... Voilà c'etait à peu pres tout, quelques fringues une boite à chaussures avec les papiers officiels, une autre avec les souvenirs, puis quelques photos accrochees par-ci par-là, des petits mots nies ecrits partout de l'ex-copine de sa vie...
Et c'etait tout, tout ce qui fallait de plus pour vivre une vie en boucle dans la came....On etait pose sur le canape à ecouter de la vielles HardTek sur sa vieille TV, style Neurotribe, psylotribe et autres Triberie moutarde à l'ancienne... puis, temps qu'il y avait quelques choses ou un billet on y allait.
Tout son Rsa y passait.

Dans la longue spirale infernale, notre petite bulle d'amour synthetique dans cette rue pourrie nous donnait l'impression de ne pas passer à cote de quelque chose.

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Poésie quand tu nous tiens... Boots



Commentaires

OfficialBg a écrit

Dans la longue spirale infernale, notre petite bulle d'amour synthetique dans cette rue pourrie nous donnait l'impression de ne pas passer à cote de quelque chose.

Dans la longue montée vers la lumière, notre petite bulle d'amour synthétique dans cette rue illustre et pourrie nous donnait la conviction d'une nouvelle étape vers la réalité, la liberté et la vie.
Idéologie punk?
Ce vieil homme, aux yeux bleus peut être, serait-ce lui, moi, nous?
Amours perchées qu'on évoque comme dans un rituel,  qui nous émeuvent, et font couler nos larmes.


quel liberté frére monté et dessente au enfer

solitude perpetuel

jusqu'au jour tu m'est fin à tout ça c'est logique


quel liberté frére monté et dessente au enfer

solitude perpetuel

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