Sida: seul 7,7% des toxicomanes séropositifs sont traités en Ukraine»

Sida: «7,7% des toxicomanes séropositifs sont traités en Ukraine»

Créé le 30/11/2012 à  04h21 -- Mis à  jour le 30/11/2012 à  08h45


REPORTAGE - En Ukraine, l'épidémie se répand notamment chez les consommateurs de drogue...

De notre envoyée spéciale en Ukraine

Andriy, 41 ans, a transformé en salle de shoot son domicile, dans un quartier populaire de Kiev. Dans son salon, les usagers de drogue s'injectent leur dose bon marché. Puis ils se débarrassent de leurs seringues usagées grâce à  Sergiy, un travailleur social qui leur fournit des aiguilles neuves. Le but est d'éviter le partage des seringues et donc toute contamination aux maladies infectieuses, dont le VIH.

En Ukraine, 21,5% des 290.000 usagers de drogues par injection du pays ont contracté ce virus. En tout, 230.000 personnes vivent avec la maladie. Malgré les millions de dollars injectés par le Fonds mondial de lutte contre le sida, ce pays demeure, en Europe, le plus touché par le VIH. L'an dernier, 58 nouveaux cas ont été diagnostiqués chaque jour. Depuis le début de l'épidémie en 1987, près de 28.000 Ukrainiens en sont morts, dont plus de 3.000 cette année. Et plus de la moitié des séropositifs ignorent toujours leur statut.

Double peine

Une ignorance parfois volontaire, tant la maladie est stigmatisée. Tatiana, 28 ans, en témoigne. Hospitalisée à  Kiev, elle raconte avoir été contaminée par son ancien compagnon, toxicomane et mort du sida depuis. Elle a tardé à  se faire dépister «par peur du résultat». Puis elle est tombée malade, et le verdict est tombé. Son boss l'a licenciée quand il a su qu'elle était porteuse du VIH.

Pour les toxicomanes, la peine est double: à  cette mise au ban de la société s'ajoute une criminalisation par les autorités. 70% des détenus sont emprisonnés à  cause de la drogue. Et les usagers sont délaissés par les autorités, qui ne leur accordent qu'un accès réduit aux traitements antirétroviraux (ARV). «Seuls 7,7% des toxicomanes séropositifs sont traités», déplore Andriy Klepikov, directeur de l'ONG Alliance Ukraine. Ils sont jugés «peu fiables pour suivre une thérapie sur la longueur», reconnaît Natalia Nizova, directrice du Centre du sida, annexe du ministère de la Santé. «Quand les médecins ont vu mes traces de piqûres, ils se sont dit que ce n'était pas la peine de me soigner correctement», confirme Valery, une femme fluette de 35 ans, qui cumule VIH et hépatite C.

Alexandra Bogaert, à  Kiev