Psychose toxique stimulante

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anonyme 710 homme
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Bonjour à tous,

Suite à un problème qui viens d'arriver à un ami, j'ai décidé de rédiger un post sur un syndrome assez peu connu : la psychose toxique amphétaminique.

Bonne lecture :)

Information

Le but de ce post n'est pas d'encourager à la consommation de stimulant mais au contraire, de vous apporter des informations sur les risques sanitaires encourus en plus des risques juridiques.

A usage non thérapeutique, les stimulants peuvent induire des troubles du comportement, une forte dépendance et des syndromes de sevrages lors d'un arrêt brutal. Soyez maître de votre consommation en tout temps et en tout lieu. Si vous estimez avoir une consommation problématique, vous pouvez demander de l'aide dans un CAARUD ou sur drogue-info-service.fr

Ce post est valable pour les phénidates (MPH, ETH, 4F-MPH, etc....), certains antidépresseurs sérotoninergiques, le tramadol à fortes doses en dépit de l'action opioïdes, la cocaïne, etc....

Introduction

Les amphétamines sont des stimulants puissants du système nerveux central. Il agissent en accélérant le passage de l'information au sein de diverses sphères du cerveau .

Les amphétamines sont une classe chimique appartenant aux phényléthylamines substituées, car en effet, ils ressemblent à une molécule que l'on appelle phényléthylamine (ou PEA) qui est un stimulant produit par le cerveau.
Elles se déclinent en amphétamines substituées comprenant une large panoplie de molécules aux effets divers et variées stimulant ou psychédéliques. Les plus connus sont l'amphétamine (speed), la méthamphétamine (crystal, ice), la mdma (extasy, molly, etc....), la mdea, la mda, le dom et doc (des psychédéliques).

Les effets sont très visibles : euphorie, confiance en soi exacerbée, amour inconditionnel, concentration accrue, hallucinations psychédéliques, etc....

Mais leurs effets peuvent être également destructeurs : dépendance, addiction, troubles du comportement, déclenchement de pathologies latentes comme la schizophrénie, etc...

Mode d'action

Les stimulants modulent trois neurotransmetteurs : la dopamine, la sérotonine et la noradrénaline.

- La dopamine est à l'origine des effets euphoriques, du plaisir à la prise, de l'augmentation de la concentration et de l'attention ainsi que de la confiance en soi.
- La sérotonine est à l'origine du bonheur et de la sensation d'amour exacerbée.
- La noradrénaline est à l'origine des effets cardiovasculaires (tachycardie, hypertension, etc....) ainsi que des effets sur la concentration mais aussi des changements d'humeurs notamment de la violence et de agressivité.

Si certains sont inhibiteurs de la recapture des monoamines, et de fait augmentent la concentration des neurotransmetteurs dans la fente synaptique en entrant en compétition avec les transporteurs monoaminergiques, la plupart sont des agonistes du récepteurs TAAR1 localisées dans le noyau cellulaire des neurones de certaines aires.

La fixation à ce récepteur inhibe de manière incompétitive la recapture monoaminergique mais inhibe surtout le transporteur vésiculaire VMAT2. Cette inhibition permet la fusion des vésicules de stockage avec l'appareil de Golgi et par l'abaissement du pH cytoplasmique, la libération des neurotransmetteurs de manières massives et incontrôlées. La fente synaptique est donc rempli de neurotransmetteurs et le neurone post-synaptique est hyperstimulé.

La fameuse psychose toxique amphétaminiques

Elle peut se produire lors d'un surdosage ou d'une consommation abusive au long terme. Parfois, elle résulte d'un sevrage brusque. Dans ce cas, la prise d'amphétamines diminue les symptômes psychotiques.

La psychose ressemble étroitement à certains symptômes psychotiques observées lors de la Schizophrénie mais d'une intensité moindre et sur une plus faible durée. Généralement, les symptômes s'estompent de manière rapide et contrairement à certaines pathologies psychiatriques, n'évoluent pas sur le long court.

Les symptômes comprennent : délires profonds (il y a perte de contact avec la réalité, langage incompréhensible, paroles insensées), délires paranoïaques (impression d'être suivi, d'être contrôlée, ce qui peut laisser apparaître de la nervosité et de l'anxiété), hallucinations visuelles et auditives type délirogènes, etc.... en bref tout ce qui peut ressembler à des symptômes psychotiques sévères.

Mécanismes

En fait, la psychose serait dû à des brusques changements dans les sphères dopaminergiques et noradrénergiques. Un excès de glutamate dans le cortex préfrontal activerait massivement les noyaux noradrénergiques et provoquerait l'anxiété, le stress et l'aggréssivité.

Les perturbations dopaminergiques dans l'ATV et le noyau accumbens aurait pour conséquences les effets psychotiques.

Gérer la crise

Bon, on va pas se mentir, il faut appeler immédiatement un médecin ou les urgences parce que ca peut fortement empirer. Si vous ne vous sentez pas capable, des benzodiazépines peuvent calmer la prise : diazépam, bromazépam, lorazépam, z (zopiclone, zolpidem, etc....). Les stimulants ainsi que les opioïdes sont susceptibles d'avoir l'effet inverse. L'alcool n'y pensez même pas.

Voici le protocole que j'ai appliqué à un ami pour qu'il se sente mieux :

1. Détendez le. Mettez la allongez avec un sac poubelle au cas ou il vomisse. Evitez les espaces confinés. Il doit pouvoir respirer parfaitement parce qu'il risque de stresser et d'être anxieux voir nerveux. Expliquez-lui la situation.

2. Si vous souhaitez contacter les secours, soyez le plus précis avec le médecin régulateur. Décrivez tout les symptômes.

3. Dans le cas ou vous ne pouvez pas ou les secours ne sont pas disponibles, vous pouvez administrer une benzodiazépine à haute dose, comme deux fois la dose recommandés. Attention, c'est à vos risques et périles. Il est toujours conseiller d'avoir l'avis d'un médecin.

4. A l'arrivée des secours ou à la fin de la crise, ne plus donner de stimulant et le calmer. L'allonger de façon à ce qu'il ne se blesse pas et ne le laissez pas seul.

Conclusion

La psychose toxique est encore trop méconnu et pourtant elle peut être extrêmement handicapante voir dangereuse. En effet, la victime peut devenir extrêmement nerveuse et agressive voir tenir des conduites suicidaires pour mettre fin à sa souffrance.

Si vous avez des remarques, l'espace commentaire est disponible pour cela :)

La bise,

Edit : Si vous êtes sous traitement psychiatrique (neuroleptique typique : chlorpromazine, etc.... ou neuroleptique atypique : Clozapine, Olanzapine, etc....) vous devez absolument prendre votre traitement.
Il vas de soi que je ne vous conseille absolument pas de consommer des stimulants si vous êtes à risque ou que vous présenter une démence ou des pathologies psychiatriques.

Dernière modification par anonyme 710 (23 décembre 2020 à  11:43)


La société se détruit en cherchant son plaisir dans la déchéance

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Terson homme
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Ouais du coup je fait une remarque, même si comme beaucoup de mes posts pas certains que ça intéresse beaucoup de monde, a ma connaissance le premier cas documenté dans le médical de ce genre de psychose est Joan Vollmer, femme de William Burrough, célèbre écrivain surtout dans la culture des drogues.

Dernière modification par Terson (22 décembre 2020 à  12:06)


Sautez dans l'urinoir pour y chercher de l'or.
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Oaxaca-na homme
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Il est toujours utile de faire ce genre de rappel, le tiens est bien expliqué et rédigé.
Pour l'avoir vécu, je suis d'accord avec tout ça.

Il y a juste un point que je souhaite soulever, on dit souvent que l'induction d'une benzodiazépine est un bon réflexe dans une telle situation et c'est totalement vrai...
MAIS ! il faut être sûr que la personne en détresse ne soit pas imbibée d'alcool. Quand on est à fond de stim' et qu'on picole en même temps, le consommateur ressens en général (beaucoup) moins les effets de l'alcool, ou encore, pour ses potes, ça peut simplement passer inaperçu à cause des stimulants qui ont tendance à prendre le dessus (speed par exemple).
Là est tout le risque d'administrer une benzo ! Certes, c'est très utile pour calmer la psychose, mais si la personne a bu, il y a (selon moi) un réel danger au niveau dépression respiratoire.
Si la benzo semble nécessaire, mieux vaut s'assurer que cela n'aggrave pas la situation.

C'est une réflexion que je me suis souvent faite, mais je me trompe peut-être.

Les amphétamines c'est tellement puissant parfois ^^°

Take care ! super

Et merci encore pour ton texte RdR merci-1

Dernière modification par Oaxaca-na (23 décembre 2020 à  03:16)


→ The only good nation is IMAGINATION ☼

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anonyme 710 homme
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Terson a écrit

Ouais du coup je fait une remarque, même si comme beaucoup de mes posts pas certains que ça intéresse beaucoup de monde, a ma connaissance le premier cas documenté dans le médical de ce genre de psychose est Joan Vollmer, femme de William Burrough, célèbre écrivain surtout dans la culture des drogues.

J'irais me renseigner hehe :)


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anonyme 710 homme
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Oaxaca-na a écrit

Il est toujours utile de faire ce genre de rappel, le tiens est bien expliqué et rédigé.
Pour l'avoir vécu, je suis d'accord avec tout ça.

Il y a juste un point que je souhaite soulever, on dit souvent que l'induction d'une benzodiazépine est un bon réflexe dans une telle situation et c'est totalement vrai...
MAIS ! il faut être sûr que la personne en détresse ne soit pas imbibée d'alcool. Quand on est à fond de stim' et qu'on picole en même temps, le consommateur ressens en général (beaucoup) moins les effets de l'alcool, ou encore, pour ses potes, ça peut simplement passer inaperçu à cause des stimulants qui ont tendance à prendre le dessus (speed par exemple).
Là est tout le risque d'administrer une benzo ! Certes, c'est très utile pour calmer la psychose, mais si la personne a bu, il y a (selon moi) un réel danger au niveau dépression respiratoire.
Si la benzo semble nécessaire, mieux vaut s'assurer que cela n'aggrave pas la situation.

C'est une réflexion que je me suis souvent faite, mais je me trompe peut-être.

Les amphétamines c'est tellement puissant parfois ^^°

Take care ! super

Et merci encore pour ton texte RdR merci-1

Salut, merci pour ta réponse :)

Dans un certain sens, ce que tu dit est très vrai. L'alcool et les BZN ne font jamais bon ménage.

Mais dans un cas de psychose toxique, le système nerveux est tellement actif (notamment le système noradrénergique) qu'il faudra de bonnes doses de benzodiazépines pour contrôlé tout ca.

J'ai vu de mes propres yeux (à l'époque je faisait un stage chez les pompiers) un médecin administrer 70mg de Diazépam à une victime de grosse démence plus une dose d'halopéridol. C'était en IM de force et le gars à tenu 10mn avant de s'effondrer.

Si une dose de stimulant est capable de masquer une bonne dose d'alcool, elle sera capable de résister à l'effondrement du système respiratoire.

Mais bon, le problème c'est que chaque personne est différente et personne ne sait comment elle peut réagir à tel ou tel traitement.

C'est pour cela qu'il faut appeler les urgences immédiatement.

Et j'espère que tu t'es remis de la crise. Une expérience assez traumatisante pour mon ami sad

La bise et porte toi bien wink

Dernière modification par anonyme 710 (23 décembre 2020 à  11:53)


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prescripteur homme
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Bonjour, la consommation de Pervitine (methamphétamine)  en Allemagne pendant la deuxieme guerre mondiale constitue une "expérimentation" grandeur nature de l'effet sur tout une société.

http://www.racontemoilhistoire.com/2016/12/pervitine/

https://treat-simply.com/fr/records/6426

Les problemes cardiovasculaires et les psychoses ont été les effets secondaires les plus signalés.
Notamment dans l'armée certains soldats devenaient "fous" et tiraient sur leurs officiers. Ce qui a freiné l'utilisation par l'armée mais la conso s'est répandue dans la population civile.
Amicalement

Dernière modification par prescripteur (23 décembre 2020 à  12:17)


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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anonyme 710 homme
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prescripteur a écrit

Bonjour, la consommation de Pervitine (methamphétamine)  en Allemagne pendant la deuxieme guerre mondiale constitue une "expérimentation" grandeur nature de l'effet sur tout une société.

http://www.racontemoilhistoire.com/2016/12/pervitine/

https://treat-simply.com/fr/records/6426

Les problemes cardiovasculaires et les psychoses ont été les effets secondaires les plus signalés.
Notamment dans l'armée certains soldats devenaient "fous" et tiraient sur leurs officiers. Ce qui a freiné l'utilisation par l'armée mais la conso s'est répandue dans la population civile.
Amicalement

Super intervention. Et c'est pas tout :)

Ils ont crée une pilule, le fameux projet D-IX qui contenait : 3mg de méth, 5mg de Cocaïne et 5mg d'Oxycodone. Ils ont testés ca sur le camps de Sachsenhausen et les victimes était capable de marcher 90km/jour en portant des sacs de 20kg. T'imagines la puissance et les dangers de cette pilule.

Et c'est vrai. Chez les allemands, et c'est peut être ce qui leurs à coûtés la défaite, les soldats étant complètement fou, parano à la mort, aucune lucidité (avec le vocabulaire des jeux vidéos, ils rush comme des fou avec une confiance démesuré et complètement incensé) et puis ils se suicidaient pour mettre fin à leurs souffrances (hallucinations tout ça).

C'est ouf de voir qu'une armée, un peu au courant quand même (je veux dire les effes à long terme de la meth ca se voit en 3 semaines) est prête à sacrifié ses hommes pour un fou qui était lui aussi complètement dépendant aux amphétamines et à l'oxycodone, hitler accro jusqu'a la mort et parkinson aussi.

Au moins, les erreurs du passé servent à quelques choses. Mais le speed est encore utilisé dans l'armée américaine, bon un peu moins que les 30 millions de comprimés de perivitine produit en 1940. Peut être pour ça que la bataille de France à été perdu.


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