Bonsoir,
Pour moi, la culpabilité n'a jamais été une force mais un poison. En effet, si je me sens coupable, je veux me punir, et cela m'a amené à consommer en excès des produits à me rendre malade, comme une sorte de boulimie, et à me mettre en danger, pendant des années : puisque j'étais incapable de ne pas me droguer, j'allais voir ce que j'allais voir...
Et non seulement j'étais pas capable de pas me droguer, mais je n'arrivais même pas à être un "bon" drogué (le stéréotype que j'en avais), à m'intégrer auprès d'autres consommateurs, et à kiffer les produits que je prenais. En fait, je prenais tout ce qui me tombait sous la main, et je consommais tout, sans m'arrêter, jusqu'à ne plus rien avoir.
Je consommais, ça me rendait mal, mais je continuais, sans arrêt. J'étais mal sans me droguer et j'étais mal en me droguant, mais au moins j'étais dans un nouvel état que je produisais moi-même, sur lequel j'avais la main, contrairement à mon état "naturel".
Vu mes conso massives, frénétiques, sans limites, les contres coups de mes conso étaient toujours plus violents donc culpabilité d'être aussi idiot de me faire du mal par mes propres comportements (incompréhensible de se faire du mal "volontairement" !) et des conséquences négatives encore pires dans ma vie : voir qu'il fait beau dehors mais que je suis trop mal pour sortir, voir d'autres gens être ensemble alors que je suis trop mal pour avoir des relations, etc. Mais si de toute façon je n'y arrive pas non plus sans rien, à quoi bon l'abstinence ?
Des jours et des jours de tristesse et de souffrances, et donc rapidement, de nouvelles conso, ne plus penser, s'embrouiller, ne plus rien comprendre, etc. Et souffrir de nouveau, puni d'être à ce point un incapable.
Je suis aujourd'hui plus apaisé. J'ai fini par renoncer à la plupart des molécules car elles m'apportaient plus d'effets désagréables qu'agréable et les contres coups pénibles n'en valaient pas la peine.
Et j'ai compris que les personnes qui prennent des produits ne forment pas une catégorie homogène. Toutes sortes de gens prennent des produits, cela ne dit finalement pas grand chose de l'histoire de quelqu'un ou de sa personnalité, même si bien sûr, les conso peuvent créer des expériences communes et d'éventuels liens.
J'ai aussi compris que la culpabilité et le mépris que je ressentais à mon égard étaient plus profonde, venaient de bien plus loin, et que les ressentir concernant mes prises de produits n'était qu'un déplacement.
Je ne suis pas complètement satisfait de mes conso aujourd'hui mais je sens que je me rapproche de ce que je souhaite afin de profiter des effets bénéfiques des produits sans en subir des conséquences négatives : choix des molécules, gestion des
descentes, choix des moments propices et de fréquence de prises...
Et je suis aussi beaucoup plus apaisé sur mes conso, y compris quand ça dérape et que j'ai derrière des conséquences (la semaine dernière, souffrance de 3-4 jours car j'avais conso trop longtemps des
opiacés, là 2 jours de
descente suite à un abus de
MD....).
J'ai eu beaucoup de choses compliquées et de souffrances dans ma vie (et j'en ai encore), et pourtant j'ai survécu donc même si mes fragilités se manifestent toujours parfois, c'est un sacré chemin que j'ai fait et ça va dans le bon sens, donc je continue pour voir ce que sera la suite, par curiosité, et donc me flinguer peut encore attendre un peu. Et peut-être même qu'un jour j'arriverai à être heureux, et que je n'aurai plus de raisons de me flinguer ?
Je vis aussi plus facilement le regard des autres. Déjà, personne ne "voit" vraiment ce qui se passe en moi et ne connaît réellement mes conso, et ensuite, ça ne sert à rien de faire semblant afin d'être "comme les autres" car de toute façon ça ne marche pas. Donc je suis moi, et j'arrête de faire des efforts pour me conformer aux pressions sociales, même si j'ai bien sûr encore du chemin à faire pour m'affirmer et suivre plus nettement ce que je désire sans être gêné de ce que les autres en penseront.
Pour conclure, je dirais que la culpabilité n'a été qu'une souffrance supplémentaire dans ma vie, et qu'elle ne m'a jamais aidé, au contraire, elle m'a poussé à me faire du mal et à souffrir toujours plus. Le sentiment qui m'a aidé à avancer est au contraire
la fierté d'être toujours sur cette terre, même si m'a souvent traversé l'idée que ne pas me flinguer était une lâcheté.
Finalement "Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console." donc fuck, les personnes qui pourraient me juger (que ce soit réel ou imaginaire). Elles n'auront que mon mépris (imaginaire), car je ne pense vraiment pas que dans ma peau, elles auraient survécu aussi longtemps.
Ce qui m'a fait avancer vers des choses qui me font du bien, c'est ne plus avoir ces figures de jugement et de mépris dans mon esprit ou d'en avoir en tout cas réduit l'intensité, ce n'est absolument pas d'avoir continué de nourrir cette bête ignoble qu'est la culpabilité, qui n'a jamais cherché qu'à me réduire en charpie.
En relisant ton message, elonnx, je vois que je te rejoins vraiment dans ce que tu décris, et je suis heureux de voir que comme moi, tu as pu avancer dans le bon sens, notamment en réduisant ce sentiment de culpabilité !
Je pense qu'assez clairement, en psychologie, on a compris que les renforcements positifs (gagner des aptitudes, avoir des sentiments positifs sur soi, etc) sont vraiment plus efficaces que les renforcements négatifs pour avoir une évolution dans ses comportements et dans son bonheur personnel.
Dernière modification par silae (10 octobre 2025 à 20:49)