TR truffes magiques

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Faraji non binaire
Nouveau Psycho
France
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Inscrit le 07 May 2019
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Bonsoir,

Je vous partage mon interminable TR aux truffes d’il y a 4 jours, qui fut «philosophique ».
J’avais décidé de prendre un sachet entier de 15g (3ème prise de ma vie).

Set&setting: Je voulais profiter de cette journée de repos, en sachant que j’étais aussi de repos le lendemain. Je suis sur une période où j’ai du mal à avoir de la vraie joie (seulement auprès des autres, et encore j’ai l’impression que je me force), j’ai une grosse perte de confiance, une baisse de motivation.
Bref donc j’ai décidé de prendre de la psilocybine pour tenter de retrouver qqch d’harmonieux et plus serein en moi avec le tout (comme ça me l’avait bien fait l’an dernier).

De base je ressentais une appréhension à le faire, mais l’envie de tenter le tout pour le tout a pris le dessus.
Donc après avoir mangé les truffes (à 14h50), je me cale devant ce film « Le voyage de Chihiro », avec bouteille d’eau, casque audio, enceinte, ainsi qu’un verre d’eau contenant du valium au cas où, tout ce qu’il faut à porter de main pour être bien sans avoir à me déplacer si jamais je ne m’en sentais pas capable.

Donc la montée s’est faite petit à petit (je crois en 20-30min).
Les perspectives qui changent, les couleurs du film qui teintent mon salon, je rentrais à l’intérieur du son ou de l’image.
Je perdais le fil de l’histoire, mes pensées prenaient le premier plan, encadrées par l’esthétique du film.
Physiquement j’étais toute ramollie.

Je ne sais plus pourquoi, je pleurais, puis je riais en entendant une réplique du film qui me semblait faire écho à ce que je pensais, ou qui me semblait absurde, ou marrante tout simplement, je repleurais, et je riais à nouveau en voyant le tas de mouchoirs que j’étais en train de faire, en me moquant de moi-même et du côté risible de la situation.
Bref je crois que j’ai eu au moins 2h (en tout cas au moins toute la durée du film) a avoir le côté magique des truffes, les belles couleurs et formes, les émotions qui se libèrent. Mes mouchoirs semblaient devenir transparents avant que je me mouche dedans, et des sortes de gravures égyptiennes très élaborées se dessinaient dessus.
À la fin du film je me suis dit qu’une des plus belles choses que l’on pouvait dire à un être ou une œuvre qui durant notre vie nous as accompagné de façon significative et qu’on a aimé pouvait être ; « Merci d’avoir coloré mon voyage ».

Puis est venu ce moment où je suis rentrée trop loin à l’intérieur de moi. J’ai pris brutalement conscience que le fond de mon âme était sévèrement dépressive (bon ce n’est pas le cas dans cette réalité, mais dans cet état modifié mon esprit a qualifié ça ainsi).
J’ai réalisé que j’étais une « mauvaise graine » dans ce monde vivant. Puis je me suis très sérieusement demandée pourquoi tous les êtres vivants (humains, animaux, végétaux) s’obstinaient à se reproduire, se multiplier.

J’ai commencé à me détacher des illusions, des changements de couleurs, des torsions de l’espace et du temps, des textures, en les considérant comme des distractions superflues. Je me suis dit qu’on n’a pas à prendre des champis pour ça, car je « savais » déjà que les couleurs étaient naturellement partout et rayonnantes dans ce monde (mon trip précédent m’ayant déjà « montré » que la beauté est partout sans artifices, depuis je ne vois plus la nature de la même manière, depuis un an, j’y suis particulièrement sensible).

Là ce trip s’orientait complètement autrement. Je plongeais dans une question métaphysique irrésoluble: Pourquoi. À partir de là mon cerveau a buggé et je n’ai fait que tourner en rond. C’était profondément stupide. Je savais que personne n’avait la réponse, que je ne l’aurait certainement jamais, et mon cerveau a décidé malgré tout de rester avec ce « Pourquoi » jusqu’à la fin du trip.
(Pourquoi tout ça existe, vie, et se multiplie à tout prix pour toujours continuer à vivre).
Une torture.

J’ai « réalisé » qu’on passait notre temps à se justifier par des couleurs (c’est comme ça que je nommais tout ce qui constituait nos vies, des couleurs). La vie est belle, d’accord, est-ce un justificatif satisfaisant? En temps normal oui je crois, mais là dans mon état sous psilo plus du tout.
On se dit qu’il faut profiter, prendre plaisir. On peut expérimenter une infinité de sensations, d’émotions, contempler, essayer d’apprendre des choses, partager, aimer (des couleurs, des couleurs et des couleurs). Mais toutes ces choses qui remplissent une vie devenaient une question de forme à mes yeux, ça ne répondait pas à mon pourquoi, qui m’apparaissaient comme le coeur et le fond de toutes choses.

Je me suis dis que cette question n’avait pas à s’implanter dans un cerveau, la vie ne s’interroge pas sur elle-même, elle est, tout simplement. Ce pourquoi était un énorme bug pour moi qui n’aurait jamais dû exister.
J’ai pensé que tout le vivant était sûrement pris dans les spores ou les vapeurs de quelque chose de bien plus grand que ce que l’on peut s’imaginer, et qui nous pousse à avoir ces comportements de reproductibilité incessante. Comme si nous étions en fait constamment drogué, programmé, par des effluves invisibles qui nous donnent comme « raisons » d’être là; le plaisir, l’apprentissage, la beauté et l’amour. Des moyens pour nous baigner dans ce système où tout se répète sans fin, où il faut filer droit et juste accomplir sa mission de reproduction sans poser de questions. Mais je me suis dit qu’il y avait dans ce vaste programme, des buggés comme moi qui contractent la maladie du cogito, et qui brisent cette harmonie en demandant: mais pourquoi vous faites ça bon sang!?
Cette question est sincère, et n’invite pas à arrêter de faire ce qu’on fait, mais à s’interroger sur le pourquoi.

Je n’en pouvais plus, j’ai voulu tester frontalement une autre question; alors pourquoi est-ce que tu ne te tues pas si la frustration de ne pas savoir te torture à ce point?
Et je me suis répondu que j’avais de toutes façon les mêmes raisons de mourir que de vivre: aucunes (nous sommes dans une impasse mon capitaine!)
La vie représentant comme une sorte de vaste rêve dont on ne comprend rien, dont on ne se réveille jamais (enfin je ne crois pas) mais on y meurt. Je trouvais ça profondément injuste.
On peut toujours décidé de se saisir du plaisir qu’elle peut nous donner, c’est à prendre ou à laisser. Quant à la mort, dans « l’idéal » (pour moi à ce moment-là), c’est juste une fin sans rien d’autre, ou alors peut-être qu’il y a une forme de continuité.
En l’appréhendant de la 2ème façon, je comprenais que l’humanité ait créé des religions, qui permet de s’inventer une réponse au pourquoi, un partie prit qui permet de donner du sens, et de se représenter cette sensation qu’une volonté  serait derrière tout ça (s’il y a un derrière..).Et puis pour répondre au vertige de la peur engendré par l’inconnu qu’est la mort.
Je comprenais sincèrement à ce moment-là qu’on puisse se créer une réponse par la religion.
Cette phrase m’à foudroyé l’esprit: «Toute proposition de pensée à un potentiel délirant puisque nous sommes dans un état de fait délirant ». Penser qu’il y a une/des autre(s) vie(s) après la mort est aussi délirant que de penser qu’il n’y a « rien » (ce qui me confortait sur mon point de vue agnostique qui ne peut que se résoudre à dire qu’on se sait pas).

Pour la première fois au cours d’un trip, j’ai commencé justement à délirer. J’ai commencé à penser que je pouvais être la représentante des êtres cogito pour donner rdv à l’humanité et leur demander: Pourquoi vous faites ça?
Je me suis tout de suite calmée quand j’ai réalisé que je m’étais pendant l’espace d’un instant vue comme une élu de qqch qui devait changer le cours des choses. J’ai pris un peu peur, ne pensant pas que je pouvais avoir un potentiel délirant qui sommeillait en moi. Heureusement que j’ai rapidement douter et garder un œil critique sur moi pour ne pas me noyer en plein délire.

Vu que la question est veine, et que je n’avais rien d’alternatif à proposer aux vivants, j’ai compris que je n’avais pas à troubler la vie d’autrui avec mon pourquoi.
Qu’il valait mieux laisser tout le monde se droguer de cette vie en paix.

À côté de ça j’avais eu des pensées obscures à mon encontre que je ne détaillerai pas ici.
Des flashbacks, des souvenirs auxquels j’avais l’impression de voir plus claire que d’habitude.

Ce trip m’a épuisé, mes dents étaient très serrés tout le long et se frottaient de temps en temps, mon visage hyper crispé, une sensation de bouche tordue qui ne pourrait plus jamais sourire, une légère sueur en continu, je n’aurais souhaité à personne de se retrouver face à moi durant ce trip, ça aurait été comme être face à un zombie abominable (j’ai d’ailleurs soigneusement éviter les miroirs jusqu’au bout).
Un horrible mal de tête, comme si on m’avait foutu une barre de fer brûlante en plein milieu du crâne. À se demander si les champi sont vraiment inoffensifs sur l’aspect physique.

À 22h ma torture mentale ne cessait pas. J’étais prise dans ce dilemme: est-ce que je restais dans mon état « lucide », à penser que l’on se faisait manipulait par qqch de plus grand que nous (pensée complotiste, pas forcément fausse, mais inutile puisqu’impossible à prouver), ou alors aller me coucher pour me réveiller dans ce « rêve » qu’est la réalité qui est peut-être une grande arnaque. J’avais l’impression qu’ après avoir dormi j’allai retrouver le grand mensonge collectif. Mais c’était de toute façon sûrement la meilleure option, car la moins pénible.

J’ai quand même mis une heure à me décider, et j’ai même  pris mon verre de Valium (pour la première fois de ma vie) voyant que mes pensées ne revenaient pas comme à l’habituelle, que la tension ne baissait pas, que le sommeil ne venait pas.

Et comme prévu, j’ai fini par m’endormir, et retrouver le monde des vivants au réveil (chose que je pensais désormais impossible pour moi durant le trip). Au réveil, je me suis simplement dit que même si cette réalité était un rêve, je n’y accordais pas de gravité et que j’aimerais ce monde comme tel. Je suis restée un peu secouée et tristounette de la veille, heureusement j’ai retrouvé des proches pour tourner cette page un peu difficile.
Puis le lendemain d’après, je pétais la forme et me sentais dans la joie de vivre, jusqu’à aujourd’hui encore.

Je crois qu’une part de moi est tellement heureuse d’avoir surmonté le potentiel dépressif, voir délirant qui m’habite que j’ai eu l’impression de revenir à la vie avec un nouvel élan.

Bref, les effets de la psilocybine n’en ont pas fini de me surprendre.

Dernière modification par Faraji (16 juin 2021 à  02:22)


Le soleil est rare Et le bonheur aussi
Mais tout bouge Au bras de Melody
Les murs d’enceinte Du labyrinthe
S’entrouvent sur L’infini

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Gobelean homme
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Suisse
champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 10 Apr 2021
8 messages
Excellent trip report.
J'ai vécu un trip sous truffes similaire en moins intense (ma phase de questionnement semblable à la tienne a duré moins de temps et, je crois, m'a sensiblement moins affecté que toi durant le trip) seul à Amsterdam. Le lendemain au réveil, j'ai également ressenti ce sentiment de tristesse voire de malaise que les joints m'ont vite permis d'oublier haha.

Dernière modification par Gobelean (13 mai 2022 à  00:29)

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