VIVRE LA SUBSTITUTION de 1985 à  nos jours

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bighorsse femme
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IVRE LA SUSTITUTION de 1985 à  2010

après moult années passées à  chevaucher le cheval blanc, le creme, le marron , la merveilleuse et diabolique coco; le fantasque LSD, le génial haschich, je décidai malgré

moi , poussé que j'etais par un corps fatigué et une âme palissante, à  décrocher de tous mes amours , mais surtout de ma compagne heroine, véritable maitresse de ma

vie qui malgré mon amour pour elle, me rendait la vie impossible: exclusive, elle exigeait de moi son attention constante, il lui fallait occuper mon corps et mon esprit;

elle me coutait trop cher, aussi bien par les douleurs effroyables qu'elle me faisait subir si elle n'etait pas dans mes veines, que par les sommes folles qu'il me fallait

trouver afin d'echapper à  l'horreur du quotidien.
Décrocher d'elle, ok, mais comment??? j'avais bien utilisé l'alcool, le valium , le tranxène, le tout accompagné de néo codion, mais toujours, ou bien je cédais au bout

d'une journée, et me tapais vite fait un fix d'enfer; ou bien je tenais un peu plus grace à  de la métha belge, mais dès que la dose etait finie, je me retrouvais démuni

comme un bébé venant au monde; il me fallait mon fix; c'etait vital!
n'en pouvant plus de ces alternances shoots-vides-manque-shoots-vide-manque etc...je décidais de me diriger vers les spécialistes de la toxicomanie, qui travaillaient en

un centre unique pour toute la région (quatre départements quand même! )

Très vite, on me mit devant la quadrature du cercle : il me fallait être décrocher pour pouvoir faire partie des 12 élus qui logeaient là , se soignaient là , se réinséraient là ; or

je venais les voir justement parce que seul, je n'y arrivais pas! franchement, je me mis à  douter de mes capacités intellectuelles, puisque je ne parvenais pas à  comprendre

ces subtilités là : pour décro, il fallait déja l'etre, physiquement parlant! ainsi les spécialistes pouvaient se concentrer sur l'essentiel: le psychisme...et c'est de nous qu'on dit:

les "border line! les cas limites! les etres divisés!".....

C'est plus tard que je compris qu'à  cette époque là , les spécialistes ne voulaient entendre parler que des "maniaques" les toxiques eux n'etant considérer que secondaire,

comme l'arbre qui cache la forêt...or, moi, comme tant d'autres, avions un problème avec les toxiques! j'avais le snetiment qu'on voulait nous couper en deux en agissant

comme ils le faisaient , en reniant que nous étions avant tout "toxico-man" et "toxico-woman", le "maniaque ne correspondant qu'à  une lecture théorique qui ne nous

concernait pas.

Ce fonctionnement des centres allait les conduire à  se couper humainement parlant des toxicos comme moi, qui souffrions mille blessures physiques, tout en racontant à 

nos psy nos traumatismes anciens; je me souviens particulierement d'une phrase dite à  chacun des nouveaux arrivants "je viens parce que je suis toxico" et le psy de

vous dire "qui vous l'a dit?"
oeuvrant ainsi à  un des pires malentendus qui soit entre un soigné et son psy : notre parole ne nous appartenait donc pas! le psy avait donc pour role de nous la rendre,

c'est à  dire que sans produit on pourrait alors redevenir fiable!!! la confiance, préalable indispensable à  toute relation thérapeutique n'etait pas au rendez vous; en

laissant les toxiques dehors on nous y laissait aussi , ce massivement.

ça ne fonctionnait donc pas; certes il existe des chiffres, des files actives, des files d'attente , mais aucun de ces chiffres ne refletait la réalité: l'échec de ce type de prise en

charge.
Beaucoup en ont fait l'experience, tout comme moi: des allers sans retour; des allers obligatoires (les fameuses injonction thérapeutiques); des passages ,repassages,

mais tous toujours accro, malades , ratant de multiples rendez vous psy à  cause des toxiques, là , devant leur porte.

mon temps humain se mit à  passer ,je le voyais nettement, avec mes allers chez le psy où les morts du passé venaient me hanter, et mes retours continuels aux produits

dès que le psy fermait sa porte sur notre 1/2 heure hebdomadaire.Je fatiguais de mener cette guerre sur deux fronts: celui du psychique, avec ses pleins de traumas, de

désirs impossibles; et celui de mon corps, avec ses trop pleins de shoots et ses trop pleins de vide, quand la dope venait à  manquer, irrévocablement.
Irrévocablement car à  un moment donné, on avait beau shooter un max, le manque revenait toujours bien trop vite à  la charge, ceci parce que le corps avait modifier

son alchimie interne, in tègrant la dope comme carburant essentiel , comme le sont la dopamine, la serotonine ,et d'autres substances chimiques cérébrales.
Seulement il fallut beaucoup de temps aux spécialistes des drogues pour que soit prise en compte la nouvelle fonctionnalité des corps de grands usagers de drogues.

Il fallut et du temps et de la mort; de nombreux morts même, par le VIH, les seringues souillées, les échanges de matos, bref, une façon de se défoncer en accord avec la

prohibition, qui poussait les usagers à  se cacher le plus possible, afin d'echapper à  la prison, au marquage, au fichage, à  la réprobation familiale et sociale.Les pouvoirs

publics commençerent à  accepter les expériences qui seront appelés "les réductions des risques" réclamées par les associations d'usagers,  LIMITER LA CASSE ,de

médecins de MDM, et d'autres enfin, mais minoritaires dans le système de soin proposé.La substitution, démon pour beaucoup de spécialistes, car considérée comme de

la drogue donnée aux drogués, donc source de plaisir ,celui ci etant tabou, exclu, impensable même par les spécialistes qui , ne voulait pas être des "dealers en blouse

blanche", cette substitution donc entrait par la petite porte pour peu à  peu s'imposer partout, sur tout le territoire, et dans tous les centres de soin pour toxicos.
Je pense que ce sont les pouvoirs publics qui obligèrent ces centres à  s'ouvrir aux substitutions, afin de limiter le fléau des morts par le sida, associer à  la délivrance des

seringues en vente libre, on allait pouvoir juguler la contagion mortelle.

cela s'avéra vrai, mais en partie seulement, puisqu'on ne permit pas les galéniques injectables.Avec le subutex, on se mit à  traiter des milliers de toxicos, mais  pas à  les

soigner.Je fis comme mes potes, je me mis au subutex puisque le temgésic passa à  la délivrance sur carnet à  souche, empêchant les médecins d'oser la prescription; ce qui

laissait sur le carreau pas mal de monde accro au TEM dont moi qui avait délaissé le divan psy pour tenter encore et toujours la décro des dopes!
Je shootais donc le tem, puis le sub, ce qui fut la 1ere révolution dans ma vie d'acro : je ne connaissais plus le manque physique! même sans came, entre deux arrivages,

interruptions, etc...je ne serai plus jamais en manque!!! je me mis à  moins consommer d'hero, fut donc moins pauvre, plus apte à  bosser car moins absente pour cause de

manque; il demeurait un gros inconvénient:le shoot! je ne parvenais pas à  m'arrêter malgré moi! les abcès, les veines bleuies, les traces indélébiles, les mains énormes,

etaient la résultante des shoots de sub, qui se multipliaient avec ma terrible frustration ; l'absence de plaisir était en train de m'abimer!!!! je fis les pires poussieres de ma

vie , les pires cauchemars aussi avec cette substitution non injectable et qui pourtant s'injectait quand même! je ne comprend toujours pas pourquoi les autorités sanitaires

ne permettent pas le sub injectable au nom de notre santé? il n'y a peut être pas encore assez de dèces liés à  ces pratiques...

Coup de tonnerre dans le monde de la substitution : la méthadone devenait accessible à  un grand nombre, ce même en province!! je snetais que je tenais là  une chance de

stabiliser ma vie: je montais donc à  paris , à  MDM rue parmentier, en sortis avec un dosage à  120 mg et la possibilité d'être prescrit par mon médecin généraliste!mes

camarades n'eurent pas cette chance là : ils durent reprendre le chemin des centres pour tox, les mêmes qu'il y a 20 ans, mais sans qu'on leur pose cette condition d'etre

décro avant toute prise en charge! il reste toujours l'humiliant pipi dans le pot pour vérifier que vous ne consommer pas de drogues, auquel cas on vous jette de nouveau

à  la rue!!! l'impossible compréhension entre nos deux façon de voir  était invariable!
comme beaucoup, je me demandais par quel coup de baguette magique les psy d'antant se sont transformés en distributeurs-censeurs de produits de substitution?

Personnellement la méthadone fut ma révolution copernicienne; je changeais mes perspectives de vie, je n'etais plus acro!!! je prenais un médicament, la métha, j'eu un

conjoint, un enfant, ce qui fut longtemps interdit pour moi, hors de ma portée; je pus "travailler bien et aimer bien" comme le préconisais S.FREUD en parlant d'une vie

réussie; l'inconcevable venait de se produire, grà ce à  un produit de substitution! que de temps perdu sur ce chemin de la sortie d'une addiction sévère à  l'héroine, ceci

parce que pendant trop longtemps nous fut refusé les substituts, à  cause de la notion de plaisir et de drogue que leur accolaient les fameux spécialistes des drogués!

Le combat des usagers de drogues et substitués n'est pas terminés! la métha en gélules est encore sous le coup d'une étroite surveillance où le moindre incident pourrait la

voir disparaitre; le subutex est toujours injecté, à  cause d'une surdité mentale des médecins et des pouvoirs publics qui ne veulent pas entendre le concept de sub

injectable, ce qui serait entrer dans une vraie politique de réduction des risques.
Il reste ensuite à  faire comprendre les salles de consommation, l'heroine injectable, bref, tout un éventail de mesures propres à  aider les toxicos en demandes d'aides


l angoisse est le vertige de la liberté

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