Vue de Vienne, l'État des prisons dans le monde

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mikykeupon homme
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A travers les posters et sessions glanés à  la conférence, un tour du monde de l'état des prisons, l'épidémiologie (VIH, VHC), la prévention...

Actuellement, 9 millions de personnes sont emprisonnées dans le monde. La plupart n'ont jamais vu un juge, n'ont pas été condamnées par un tribunal. Les obstacles principaux à  la mise en place de politiques de prévention sont le déni du sexe en prison (particulièrement des relations homosexuelles) et de l´usage de drogues : les politiques n´assument pas qu´il y ait de la drogue en prison car cela révèlerait à  l´opinion publique l´échec des politiques répressives. Les contaminations passent aussi par le tatouage, les scarifications, les viols… accrus par la surpopulation carcérale. (source : Chris Kroll, Autriche (OUNUDC))

1. Les mauvais élèves

En Russie
Plus de 500 000 personnes vivent avec le VIH en Russie (chiffres 2009).
Après les Etats-Unis, la Russie est le deuxième pays au monde en nombre de personnes incarcérées. Au 1er juillet 2010, 846 000 personnes sont incarcérées dans les prisons russes. Parmi elles, 55 000 sont séropositives : plus de 11% de prisonniers ont le VIH.
Prise en charge des soins pour les prisonnierEs séropositifVEs
Dans les prisons russes, beaucoup de prisonniers séropos meurent alors qu´ils sont incarcérés. La situation empire : il y a quelques années, les prisonniers avaient accès aux antirétroviraux (ARV) ; aujourd´hui, le ministère de la sante a arrêté de fournir les prisons en ARV faute de moyens financiers. Des milliers de prisonniers n'ont donc pas accès aux ARV. Par ailleurs, dans les prisons russes les ruptures de traitements sont fréquentes et les prisonniers n´étant pas de nationalité russe n´ont pas accès aux ARV.
Politique de prévention VIH
Il n´y a pas de prévention du sida en Russie. Alors que ce pays compte beaucoup d´usagers de drogues, aucun mécanisme de réduction des risques liés à  l´usage de drogues n´est implanté : ni les Programmes d´Echange de Seringues (PES), ni les Traitement de Substitution aux Opiacés (TSO) ne sont mis en place, et encore moins en prison. Seule existe la " prise en charge " par le sevrage.

En Afrique du Sud
Il y a un très fort taux de prévalence VIH en prison. Les gens sont incarcérés très facilement et les prisons sud-africaines connaissent d´importantes violences sexuelles liées au phénomène de gangs : par exemple, un garçon de 13 ans a été incarcéré pour un vol d'autoradio. Il a été violé. Aujourd´hui il a 17 ans et est toujours en prison. Il est devenu un violeur pour faire partie d'un gang.

En Lithuanie
6,6% des personnes incarcérées sont séropositives (contre un taux de prévalence dans la population générale de 0,21%). Parmi les nouvelles contaminations au VIH ayant lieu chaque année, environ 25% des nouveaux cas de contamination au VIH sont en prison.

Au Cameroun
24000 personnes sont actuellement incarcérées pour environ 30 millions d´habitants. Parmi les nouvelles contaminations au VIH ayant lieu chaque année, environ 5% des nouveaux cas de contamination sont en prison. Une récente étude a décompté qu'en 2009, sur 313 personnes séropositives incarcérées, seulement 32 étaient sous ARV.

Aux Etats-Unis
Environ 2,3 millions d'Américains sont en prison (chiffres janvier 2010). 1,4 millions sont emprisonnés dans des prisons d'État, plus de 200 000 dans des prisons fédérales et le reste dans des prisons locales. Parmi les personnes incarcérées dans des prisons centrales, 19,5% sont usagers de drogues. Dans les prisons fédérales, elles représentent 53% de la population carcérale. 20 à  26% des séropositifs du pays sont incarcérés chaque année.

Au Canada
Depuis 1998 les autorités publiques évoquent la possibilité de mettre en place les programmes d´échanges de seringues en prison. A ce jour ils ne sont toujours pas implantés.

En Belgique
Selon une enquête réalisée en 2008, plus d´un tiers des prisonniers sont usagerEs de drogues, dont 3 % déclarent le faire par injection. Un tiers des prisonniers qui consomment disent avoir eu leur premier contact avec la drogue en prison (http://www.dhnet.be/infos/societe/artic … son.html). C'est principalement le cas pour les prisonniers qui consomment de l'héroïne. Pourtant, il n´y a toujours pas de PES en prison. L´ASBL Modus Vivendi, une association belge, propose de mettre à  disposition des prisonniers du matériel d´injection stérile.

En France
Les taux de prévalence et d´incidence du VIH, du VHC et de la tuberculose sont bien plus élevés qu´en milieu libre, mais l´absence d´enquêtes récentes empêche d´avoir une bonne vision des choses. Le dépistage est insuffisant et depuis quelques années, compte tenu de l´augmentation des incarcérations, les taux de dépistage sont passés de 50% a 30% pour le VIH et le VHC. On attend désespérément les PES en prison, les usagerEs de drogues se retrouvent incarcéréEs pour simple usage (environ 3000 personnes par an). Les TSO sont distribués en prison mais par un personnel médical non formé qui commet de graves erreurs de prescription.

2. Les bonnes pratiques

Dans les prisons espagnoles, suisses et luxembourgeoises, les programmes d'échange de seringues sont en place (la Suisse est pionnère en la matière, dès 1992). Ceux-ci ont démontré leur efficacité en permettant la réduction drastique du nombre de contaminations au VIH et VHC, sans augmenter le nombre d´actes violents commis par des prisonniers sur les surveillants, ni le nombre de consommateurs de drogues par injection. Au contraire, une diminution de ces pratiques est plutôt constatée.

En Iran, les programmes d'échange de seringues sont à  l'oeuvre dans les prisons iraniennes, des parloirs intimes sont prévus pour les personnes incarcérées et leurs proches.

Outre les PES, l'Espagne a instauré la distribution de préservatifs et le dépistage précoce volontaire et anonyme. Le dépistage touche 80% des personnes incarcérées. Les PES sont mis en place dans les prisons espagnoles depuis 1997. Depuis 2006, le nombre d'usagers de drogues par voie intraveineuse parmi la population carcérale espagnole a chuté spectaculairement : en 2009, les autorités espagnoles estiment à  7% le nombre de prisonniers usagers de drogues ayant le VIH, contre 24,2% en 1992. Quant aux traitements de substitution aux opiacés : la méthadone concerne 7108 personnes en 2009, contre 1572 personnes en 1996. En 2009, 25,3% des prisonniers usagers de drogues en Espagne étaient contaminés à  l'hépatite C, contre 48,6% en 1998.

Selon le réseau juridique canadien, la Moldavie est à  l'heure actuelle le pays ayant le meilleur système de réduction des risques liés à  l'usage de drogues en prisons. Le matériel stérile d'injection y est distribué soit par des médecins, soit par des distributeurs automatiques, ou encore par d'anciens prisonniers devenus travailleurs sociaux. Pour la méthadone, l'expérience leur a prouvé que pour être efficace, cette distribution devait durer au moins six mois.

Source : http://vienne2010-actupparis.blogs.nouvelobs.com/

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