Le fossé entre 2 Europes

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mikykeupon homme
Modérateur à la retraite
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9631 messages
A la conférence mondiale sur le sida qui se tient à  Vienne jusqu´à  dimanche, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Au lendemain d´une journée marquée par l´espoir suscité par un nouveau gel vaginal qui permet de réduire de 50 % la contamination au VIH, les congressistes ont été rattrapés hier par une problématique inquiétante. L´Organisation mondiale de la santé (OMS) a en effet pointé du doigt le « fossé immense » qui existe entre l´Europe orientale et l´Europe occidentale concernant l´accès aux traitements pour les personnes séropositives.

« Alors que l´épidémie se stabilise globalement en Europe occidentale, dans nombre de pays de l´Europe de l´Est elle explose, hors de tout contrôle », a expliqué le Dr Andrew Ball de l´OMS. Fin 2008, on estimait le nombre de personnes infectées en Europe à  plus de 1,2 million, dont 100.000 nouvelles infections de l´année. La disparité est ici immense car si 20.000 nouvelles personnes ont été infectées en Europe de l´Ouest, elles étaient 80.000 à  l´Est. C´est d´ailleurs sur l´Ancien Continent que l´épidémie se développe le plus vite dans le monde.

En Europe de l´Est, l´épidémie vient essentiellement des consommateurs de drogue par injection, qui dans certains pays représentent 50 % des séropositifs et sont bien souvent stigmatisés et mis à  l´écart des services de santé. L´Ukraine, avec plus de 15.000 nouvelles infections en 2008, est l´un des pays de la région le plus touché.
Pour Nikos Dedes, du Groupe d´action européen sur le traitement, « les disparités criantes dans la réponse au VIH entre l´Europe de l´Ouest et de l´Est sont inacceptables » et il faudrait envisager d´avantage d´actions unies.
L´Union européenne dénoncée
Des propos qui ont trouvé un certain écho dans le courant de l´après-midi lorsque des militants ont symboliquement saisi le stand de l´Union Européenne. Ils entendaient ainsi protester contre des saisies dans l´UE de médicaments génériques destinés à  des pays en développement.

Plusieurs stocks de médicaments génériques ont été stoppés dans plusieurs pays de l´Union européenne ces dernières années, alors qu´ils étaient en transit, pour violation de la propriété intellectuelle, au grand dam de l´Organisation mondiale de la santé. Les manifestants ont protesté contre le fait que les pays de l´UE protègent ainsi les intérêts des laboratoires pharmaceutiques, au détriment de ceux des malades, notamment ceux atteints du sida.

« L´avidité des labos tue », ont dénoncé les militants, huant les délégués des laboratoires pharmaceutiques quand le cortège est passé devant le stand de l´un d´entre eux, sous l´œil attentif des vigiles de la conférence.

Source : http://www.francesoir.fr/medecine-sante … eux-europe

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Alain Will homme
ancien Vice-Président
Inscrit le 14 Oct 2008
9618 messages
[Et il n'y a pas que l'Europe de l'Est qui soit touchée...]

http://www.liberation.fr/monde/01016482 … es-du-sida

Toxicomanes, les damnés du sida

Selon «The Lancet», la politique répressive en place dans plusieurs pays accentue la pandémie.

© liberation.fr | Eric Favereau | 22.07.10

Aux abonnés absents. Ils ne sont pas venus. Aucun dirigeant ni ministre de la Santé des pays de l´Est, pas plus que d´Asie orientale, n´a fait le déplacement.

Pourtant, la dix-huitième conférence internationale sur le sida avait expressément choisi la capitale autrichienne pour focaliser le débat sur la situation de ces pays. Et pour cause, la situation y est catastrophique : ainsi, de Kiev, en Ukraine, à  Tachkent, en Ouzbékistan, durant les six jours de la conférence, 3 000 personnes auront contracté le virus. Cette région compte déjà  1,5 million de malades - soit le double en dix ans -, et le premier facteur de contamination est l´injection de drogues.

Les dirigeants ne sont donc pas venus, mais les faits ont été longuement disséqués à  Vienne, en particulier lors d´une session sur la situation des toxicomanes dans cinq des pays les plus touchés : l´Ukraine, la Russie, la Chine, la Malaisie et le Vietnam.

Dans ces pays, près de 3 millions de personnes sont touchées par le sida, dont la moitié sont des toxicomanes par intraveineuse.

Terrifiant Constat. A entendre les orateurs, les toxicomanes séropositifs sont devenus les véritables damnés de la médecine dans ces pays. De tous côtés, ils sont délaissés, exclus, emprisonnés, non traités, voire violentés.

«Or on sait, de façon scientifique, comment arrêter une épidémie de sida chez les toxicomanes», explique avec force une des auteurs du rapport paru ce mois-ci dans The Lancet (1), Patricia Carrieri (de l´Inserm Marseille). «Les programmes d´échanges de seringues, la mise à  disposition de produits de substitution comme la méthadone, et enfin le traitement du VIH, tout cela permet de bloquer toute nouvelle infection.»

Dans ces pays, c´est l´inverse qui est fait. Certes, la situation des cinq Etats en question n´est pas identique : la Chine vient de se lancer dans de vastes programmes et, en Ukraine, le milieu associatif est très actif. Mais, partout, le constat reste terrifiant. Dans chacun de ces pays, les toxicomanes ont trois fois moins de chances que les autres séropositifs de bénéficier de trithérapies. En Chine, si 94 000 patients bénéficient de méthadone, cela représente moins de 5% des toxicomanes. Quant à  ceux qui ont accès à  des soins, ils sont pris en charge par des personnes sans qualification. En Russie, une étude sur 18 villes montre que les usagers de drogues doivent, avant toute prise en charge, passer par le filtre d´une commission spéciale, sans compétence médicale.

Plus généralement, en Russie et en Ukraine, la prise en charge médicale est incohérente : «Les centres sida sont différents de ceux qui prennent en charge la tuberculose, qui sont eux aussi différents de ceux qui prennent en charge la toxicomanie», note l´étude. Pour l´usager de drogues, c´est un parcours du combattant sans fin. Plus grave, ces cinq pays imposent «des amendes indirectes aux drogués». Les examens dans les laboratoires sont systématiquement facturés aux toxicomanes. En outre, «les toxicomanes qui demandent des informations sur les traitements voient leur identité relevée, puis inscrite dans des fichiers gouvernementaux… Le fait d´être enregistré dans les registres de la police va les priver de droits fondamentaux, comme un travail ou la garde de leurs enfants.»

«Prison». Tous vivent dans un contexte de harcèlement policier. «Fréquemment, les usagers de drogues qui viennent chercher leurs médicaments sont arrêtés par la police à  l´extérieur du centre. En Ukraine, ils peuvent être détenus soixante-douze heures sans justification. En Malaisie, la simple suspicion peut vous envoyer en prison pour deux semaines.» En Malaise encore, mais aussi en Chine et au Vietnam, cette suspicion peut les conduire dans un centre de rétention ou de désintoxication, où ils ne reçoivent plus leur traitement antisida. Et lorsqu´ils en sortent, le succès est mitigé : entre 75 et 95% des patients retombent dans la drogue.

D´autres données ? «En Malaisie, en 2009, à  peine un détenu séropositif sur 15 a reçu un traitement antisida.» Ou encore : «Très fréquemment, des médecins qui s´occupent des usagers de drogues reçoivent des amendes. En Ukraine, des enquêtes policières ont été lancées pour trouver ceux qui délivraient des seringues ou des produits de substitution.» Autre aberration : à  Saint-Pétersbourg, le toxicomane qui fait une overdose a peu de chances de s´en sortir : «En 2008, deux des 190 ambulances d´urgence étaient munies des produits pour y répondre», selon l´étude.

Pour les auteurs, il n´y a aucun doute : ces politiques sont responsables de l´expansion de l´épidémie de VIH.

(1) «HIV in People Who Use Drugs», The Lancet, juillet 2010.

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

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Alain Will homme
ancien Vice-Président
Inscrit le 14 Oct 2008
9618 messages
Toujours dans la même "veine" (désolé pour le jeu de mots "abusé" tongue )

http://www.lemonde.fr/planete/article/2 … _3244.html

Moscou continue de négliger une épidémie qui touche 160 personnes chaque jour

© lemonde.fr | 23.07.10 | 15h44

Cent soixante personnes sont contaminées par le sida chaque jour en Russie et le nombre de porteurs du virus atteint 550 000, selon les chiffres publiés officiellement par les autorités en juin.
L'épidémie est en nette progression au sein de la jeune population active : 82 % des cas ont été détectés en 2010 chez des personnes âgées de 20 à  40 ans. Selon un récent sondage, seul le tiers des jeunes de 15 à  24 ans connaissent correctement les moyens de transmission du sida.

La grande majorité des personnes contaminées le sont par injection au moyen de seringues souillées, responsables de plus de 60 % des nouveaux cas de contamination. Dans certaines régions, plus de 80 % des toxicomanes seraient déjà  séropositifs.

L'approche particulièrement répressive des autorités à  l'égard des toxicomanes nuit à  la prévention et au dépistage des populations à  risque. A titre d'exemple, un seul centre d'échange de seringues existe pour toute la région de la capitale moscovite. Et en deux ans, la proportion de toxicomanes suivis par des programmes de prévention du sida est passée de 24 à  14 %, selon l'association Stop SPID.

L'absence de programme de substitution de l'héroïne par la méthadone est également décriée par ceux qui oeuvrent à  la prévention. Moscou refuse toujours de légaliser ce produit de substitution. Le directeur des services sanitaires, Guenadi Onichtchenko, confirmait encore récemment "l'opposition catégorique" des autorités à  l'utilisation de la méthadone, qui n'aurait pas encore donné de "preuves convaincantes", en dépit du consensus existant dans la communauté internationale sur l'efficacité du produit.

Dans la Communauté des Etats indépendants (ex-URSS moins les pays Baltes), où vivent 1,5 million de séropositifs, selon l'Onusida, l'Ukraine est également confrontée à  une aggravation de l'épidémie et pour la première fois, en 2009, les rapports hétérosexuels sont devenus la principale voie de transmission du virus, devant l'usage de drogues par intraveineuse.

Pourtant, au niveau politique, une certaine indifférence persiste : aucun dirigeant russe ou ukrainien n'a jugé utile de répondre à  l'invitation de la Société internationale sur le sida, qui organisait la Conférence internationale de Vienne.

Alexandre Billette
Article paru dans l'édition du 24.07.10.

© Le Monde.fr

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

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