Salut Doxa,
J'ai été comme toi... mais depuis plusieurs années. Et c'est le
shit qui m'a bouffé mon budget, isolée socialement, et m'a donné l'impression d'une double vie honteuse.
Je bosse, je vis normalement, j'ai un môme que j'éduque seule depuis bientôt 6 ans, jusqu'à peu tout semblait aller bien. Mes proches amis (ceux qui sont restés) me voyaient fumer, mais ne soupçonnaient pas la quantité, la réelle dépendance, les conséquences que cela avaient sur mon boulot, mon gamin... Seul le bordel dans mon appart pouvait les inquiéter, ce pourquoi je n'invitais plus personne chez moi...
Moi, c'est le petit m'a sauvée. Au sens propre : je te passe les détails, je ne me pardonnerai jamais ce que je lui ai fait vivre.
Mon
sevrage est tout neuf, je ne peux rien jurer pour la suite. Pour lui, je dois y arriver, c'est tout. Quelle sera ta motivation, à qui voudras-tu prouver ta valeur, quel projet grandiose te donnera envie d'être à nouveau fier de toi... seul toi peut répondre à ces questions.
Ce qui me rassure : déjà , tu as 23 ans ; il m'a fallu plus de 15 ans pour accepter que j'avais un problème ! J'ai le souvenir que ces années-là , entre 20 et 25 ans, sont les plus compliquées (qu'est-ce que je vais faire de ma vie? suis-je un adulte responsable comme la loi l'affirme, ou un vieil ado comme j'ai envie de le rester ?...). Après ça se calme : on se lasse des grandes interrogations philosophiques et on commence à vivre. Bref, tu soignes des angoisses naturelles par un remède ultra-classique et légal, rien de très surprenant, honteux, ou anormal.
Autre chose qui me rassure : tu parles de l'
alcool comme d'un être extérieur à toi qui te bouffe la vie. C'est une excellente façon de voir les choses : tu as un ennemi à combattre, et un jour, ça sera toi le plus fort. Si tu disais : "je suis un alcoolique, tout est de ma faute, je n'y peux rien", tu serais bien plus mal barré.
Alors quelques conseils: les médecins ne sont pas tous des cons. Je peux t'en conseiller un en MP si tu habites Paris. De toute façon, rien ne t'interdit de prendre des rendez-vous avec tous les toubibs proches de chez toi, tu as la vie devant toi pour t'en sortir.
Tu verras tout de suite leur réaction lorsque tu parleras de ton problème : si le
doc a tout de suite un jugement moral tu t'en rendras compte à son attitude, observe-le bien, écoute ce qu'il te dit, puis barre-toi chez un autre.
S'il veut t'envoyer direct en cure, pareil : à ton âge, vu ta façon d'aborder le problème, tu n'as franchement pas besoin de foutre en l'air ton boulot et ta vie sociale pour être zombifié pendant des jours.
De toute façon, on te prescrira du
diazépam (ou
Valium) : tu trouveras des tas de témoignages sur ce forum sur le
Valium, qui crée une forte dépendance et rend un peu con. C'est vrai, mais ça aide à dormir, et ça remplace bien l'
alcool. Tu peux te permettre d'en prendre moins que ce qu'on te prescrira, tout dépend de ton ressenti, il faudra trouver un équilibre.
Dernier conseil : espace les prises ; un
valium le matin, une bière à midi (ou à 11h si c'est trop dur)... pareil le soir, si tu le peux, arête de picoler une heure avant d'aller au lit, bouquine, joue, tchat, va courir, occupe-toi comme tu peux, puis prend ta pilule et va dormir. Courir, se défouler, c'est indispensable si tu ne veux pas prendre trop de poids (valium ou non, d'ailleurs). Évite d'enchaîner l'
alcool et le
valium, j'ai testé (en HP... ils sont fous ces internes), ça te rend complètement délirant.
Bon, j'ai encore été trop bavarde, tu dois être reparti. Courage en tout cas. Et il y a plein de gens bien sur ce forum (je ne l'ai découvert aujourd'hui, mais tout ce que j'ai lu m'a aidée). Tu as bien fait de venir.
Tu vas le niquer, cet enculé qui veut foutre ta vie en l'air, tu le sais, ça, pas vrai ?