Débutant à  l'oxy

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nom_demprunt07 homme
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Bonjour à  tous, je prends mon courage à  deux mains pour ouvrir ce post et vous raconter mon problème.

Déjà  je peux commencer par vous dire que les personnes qui liront ce post sont les seules et uniques personnes à  qui je me suis jamais confié.

Donc pour faire un bref topo : après un accident (bras droigt HS) un médecin ma prescrit de l'oxynorm 5mg 4x /jour pour passer au dessus de la douleur. Aujourd'hui cela fait plus ou moins 6 mois que j'ai cette prescription à  renouveler tous les 28j. Au début le traitement m'a fait beaucoup de bien, je n'avais plus cette douleur de fond qui m'empêchait de travailler. Étant en profession libéral je ne peux pas vraiment m'arrêter de bosser, pas d'arrêt maladie possible, un post à  grande responsabilité, je dois serrer les dents et avancer.

Mais je ne suis pas une vierge effarouchée. J'ai expérimenté pas mal de drogues et je n'y ai pour la plupart jamais retouché, toujours une seule fois pour l'expérience, en usage récréatif et j'ai réussis à  m'y tenir, contexte social aidant. À part le cannabis. Cela fait maintenant 10 ans que je fume tout les soirs (quasi sans exception) deux ou trois pétards avant de m'endormir, un peu de coke le week end, des clopes, du café, rien de bien méchant en apparence.

Je vous précise, j'ai un peu moins de la trentaine et de grandes ambitions dans la vie, beaucoup de projets à  concrétiser. C'est l'âge me direz-vous punk2

Et là  je suis un peu pommé avec l'oxy (Oxynorm). Je n'allais pas super bien en décembre et j'avais énormément de boulot, j'ai augmenté les doses jusqu'au moment où je réalise que j'ai pris mes 112 cachets de 5mg en seulement 10jours au lieu de 30... j'avais 20 jours à  attendre avant la prochaine prescription et là  j'ai compris ma douleur. Je n'avais jamais ressenti cette sensation de manque aussi puissante. Irritabilité extrême, j'envoyais chier tout le monde, tout ce qui sortait de leur bouche me paraissait être un grand tas de conneries, je ne supportais plus personne. Au niveau physique je me sentais hyper tendu, impossible de me détendre comme d'habitude avec la weed, peu de sommeil, la chiasse 24h/24h, des idées noires, pas cool du tout.

Je me suis donc occupé de moi, j'ai recherché toutes les petites sources de plaisir que pouvais me procurer la vie : un bain chaud, de la bonne cuisine, un peu plus de sport, me rapprocher des amis (sains) et c'est passé. 10-15 jours pas faciles et ce n'étais qu'un mauvais souvenir. Au moment de refaire ma nouvelle prescription je n'y suis pas allé, j'ai laissé couler 10 jours de plus puis j'ai craqué. J'y suis retourné, le médecin a proposé d'augmenter les doses (je l'ai bien barratiné puisque la douleur avait presque disparue) mais j'ai refusé.

Aujourd'hui je continue de bosser comme une brute, j'ai 84 comprimés d'oxy 5mg dans mon placard. J'essaye d'en rester à  4 par jour ( 2x 5mg midi et soir) mais lorsque je dois finir plus tard mon boulot j'augmente les doses jusqu'à  un total de 60-70mg par jour. Le moment où je n'aurais plus de boites va arriver, j'appréhende, je culpabilise de vivre "sous influence", j'aimerais être libre d'agir comme je l'entends et ne pas avoir besoin de cette merde tous les jours.

Je sais que les doses ne représentent pas grand chose par rapport à  ce que j'ai pu lire mais je vous en parle maintenant avant que ça n'empire... qu'est ce que vous en pensez ?thinking

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Syam homme
गोविन्द राधे राधे श्याम गोपाल राधे राधे
Inscrit le 26 May 2015
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Les doses ne changent rien à  la réalité de l'addiction. C'est évidemment mieux de s'en occuper au plus tôt, avant qu'elles n'augmentent.

En général se forcer à  arrêter brusquement se termine de la même façon que pour toi : rechute. Le conseil qui me semble le plus avisé, est de se faire suivre par un addictologue (et si l'addiction a pour cause des problèmes personnels un psychologue en plus - vu la pression que tu subis, je suppose que tu auras du mal à  trouver le temps, d'un autre côté cela pourrait s'avérer un gain de temps à  la fin car ça peut être très utile mais c'est à  toi de voir).

Pour éviter les rechutes ma meilleure approche est le traitement par un TSO (traitement de substitution aux opiacés) ainsi tu évites l'angoisse du manque, et tu as un protocole que tu définis avec le médecin, pour arrêter en douceur. Les produits suppriment le manque, mais n'encouragent pas autant à  monter les doses que l'oxy qui est particulièrement redoutable à  ce propos.

Bienvenue sur PA et bonne chance pour tes démarches (si tu trouves un addicto avec qui ça passe bien, et si tu ne te précipites pas trop pour diminuer les doses façon "matcho" mais que tu es au contraire patient et compatissant avec toi-même, ce ne sera pas si difficile d'arrêter ou du moins déjà  à  court terme, de contrôler la consommation de façon raisonnable. Le vrai danger est d'essayer de faire ça tout seul, dans une sorte de combat à  vouloir être plus fort, c'est là  où les rechutes et les augmentations de doses arrivent trop vite.

Dernière modification par Syam (09 mars 2016 à  11:50)


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nom_demprunt07 homme
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Merci Syam de m'avoir répondu.

Tu as raison c'est sûrement par orgueil que j'ai cru être capable d'arrêter d'un coup. Bizarrement je ne me sens pas "légitime" face à  mon addiction mais la réalité est là  et je me demande comment faire une fois que je n'en aurai plus. Je sais instinctivement que je chercherai à  la remplacer par autre chose (codéine, alcool ou autre...)

Je peux trouver le temps pour consulter un addicto mais pour l'instant je voyage et bosse trop pour m'en tenir à  des consultations régulières. Je me suis un peu renseigné sur les TSO mais certains disent qu'ils ne peuvent plus se passer de la méthadone ou d'autres traitements de substitution et franchement ça me fait flipper. Il y a une chose aussi que je voudrais te demander, un des seuls membres de ma famille avec qui je suis très proche est un médecin généraliste. C'est lui qui me prescrit des médoc (non-addictogènes) pour la vie de tous les jours.

Est-ce qu'en suivant un TSO ça apparaîtra quelque part ? Je sais que si c'est le cas, ça blesserait profondément les personnes de ma famille avec qui je suis proche, ça changerait complètement le rapport qu'on entretient, déjà  sur un fil avec le métier que j'ai choisi, ils sont très très loin de se douter du dixième de ce que je raconte là . J'ai peur qu'ils ne comprennent pas et je voudrais vraiment que ça reste anonyme. Sans ça ce serait très dur sur un plan personnel et social.

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nom_demprunt07 homme
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Une dernière chose, plutôt essentielle, que j'ai oublié de préciser :

Les récents examens après mon accident indiquent que "la douleur viendra par crise" et qu'actuellement "ils ne sont pas en mesure de connaître la fréquence des crises", ça pourrait être tous les 6 mois comme tous les 10 ans. Et je peux vous dire que quand j'ai une crise c'est à  se défoncer la tête contre le mur tellement la douleur est profonde et puissante.

Seul l'oxynorm a réussi à  me soulager.

Aujourd'hui je ne souffre pas ou presque plus. La question est la suivante : si je suis en mesure d'arrêter l'oxy tant qu'il est encore temps étant donné que c'est la seule molécule qui me soulage, qu'est-ce qui se passera lorsque j'aurai une nouvelle crise, dans 6 mois ou dans 2ans, 10 ans ? Je devrai augmenter les doses vu que mon corps s'habitue (je le sens déjà ). Donc je suis condamné à  alterner TSO et oxy toute ma vie ?

Dernière modification par nom_demprunt07 (09 mars 2016 à  03:06)

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ItsMe
Illettré
Inscrit le 17 Jul 2014
455 messages
Bonjour.

Si c'est chronique, et douloureux au point de tapper dans les opis pour "vivre" .

Si je m'en fie à  mon expérience (et à  celle de bcp de gens et de la mécanique des opiacés)

Tu as 2 choix : arreter maintenant avant que tu ne le puisse plus. et trouver d'autres solutions vers la méditation, hypnose, accuponcture, psycholigues, et autre balnéos. (paracétamol en apoint, après, c'est des opiacés)

ou passer sous opis (et je conseille de changer l'oxy pour autre chose), de le passer en action longue (2cp par jours, prescripteurs confirmera ou pas)) et attendre que la tolérance monte, de façon INEXORABLE et passer ton temps à  tourner sur 3 ou 4 molécules pour éviter l'excalade des doses) à  ta disposition : morphine, oxy, sophidone et fentanyl (ou metha dans certains cas (de baisse ou d'antalgie, mais c'est un protocole lourd pour ça).

Mais qd l'oxy ne fonctionne pus sur les douleurs, CHANGE de molécule car sinon, tu risque d'escalader à  vitesse grand V.

4 fois 5 , tu est à  environ 40mg de morphine par jour, ce qui n'est pas négligeable déjà  (4000 mg de codéine, ça parle plus, déjà ...)

Tu es à  4gr de codéine juste avec ça.

Fais le bon choix.
Je regrette le mien, mais sans, la vie me serait impossible donc pese le por et le contre.

le premier conseil à  prendre en compte pour moi est : sera tu te tenir à  la posologie ? sinon, tu risque de déraper vite, tu as deplus un passé).
Et tu n'as qu'une vie, si celle ci n'est que douleur, à  t-elle un intérêt t . arrives tu à  concevoir de vivre avec des douleurs tout le temps. si pui, j'aimerai etre à  ta place, si non, demande toi si tu ne risque pas de la fgacher, non pas car tu es dépendant, mais car tu souffre.

Tu à  un "apercu" et j'inste sur le terme du sevrage.

Donc tu as les clefs en main et il n'y a que toi qui puisse y répondre, tu es bien conscient des dangers et avantagges des opiacés.

Juste que si tu décide l'oxy, tu n'y restera pas.


Et de tt les opis du marché (je ne me prononce pas pour les TSO), il est celui qui accroche le plus vite, le plus fort, et poss_de une spécificité qui es de générer une toloranc tres rapide.

pour infos, avant que je touche cette molécukle, je devais etre environ à  40mg de skenan/jour, quand j'ai "reswtitché" de l'oxy vers un autre opi, j'en étais rendu à  500mg d'oxy par jour (environ), soit 1 gr de morphine, soit, 10 gr de codéine.

EN MEME PAS 6 MOIS

celà  fait 3 ans et je n'arrive pas à  passer la barre des 70mg.
L'oxy m'a "repiégé " dans les opiacés.

donc à  prendre en compte également : une fois ben accroché, décrocher des opi en c&s de douleurs s'avere tr_s compliqué, meme baisser de qq mg  pour etre franc. la douleur couverte revenant Avant le manque des opis, elle peut etre plus difficile à  suporter que le sevrage en lui même.

Je ne veux pas t'effrayer alors je repete ma faççoin de voir les choses : on a que une vie. elle peux etre merveilleuse comme pourrie et, dans ce dernier cas, pourquoi s'infliger des souffrances inutiles ?
la dépendance est difficile à  gerer, c'est le seul pb dans la balance, oublie les grasses mat et compagnie.

sinon le fentanyl est option intéressante également.


amicalement

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bighorsse femme
Banni
Inscrit le 19 Mar 2007
8506 messages
comme il va me falloir du temps pour repondre à  ton post, excuses moi s il apparait par morceau

je suis dans un cas qui peut se comparer au tien, sauf que moi je ne peux absolument pas arreter l oxy car les douleurs que j ai sont constantes, aigues, harassantes, handicapantes, même si je baisse un tant soit peu mon dosage
voilà  donc 4 annees d oxy , avec une augmentation de la prescription tous les deux ans...à  peu près...

il s agit donc pour moi de gerer au mieux ce traitement si difficile à  stabiliser, surtout à  cause de sa presence constante et obligatoire

toi tu as un avantage non negligeable :celui de pouvoir suspendre ton traitement lorsque la douleur disparait

bien sur là  en ce moment tu t es engagé sur la pente glissant de l addiction; c etait presque inevitable mais ce n est pas une catastrophe; tu realises juste , apres cette experience, que l oxy ne s arrete pas comme ça, et que le sevrage brutal conduit à  une rechute

en fait il va te falloir apprendre à  gerer ton traitement, de façon a rester dans les limites de 28 jours sans rupture brutale ; ce sont ces ruptures qui sont les plus dangereuses finalement pour nous

j ai agi comme toi au debut ; prises intempestives , explosion de la tolerance, problemes de ruptures..un enfer dont je ne voyais pas le bout

ces derniers mois on a tenté un traitement composé de oxy, metha et tramadol ; le milieu medical commence à  comprendre que la douleur chez l usager regulier de drogue est differente de par son intensité des autres personnes; nos douleurs sont plus violentes et moins faciles à  traiter. L accusation de "ils simulent et veulent juste se defoncer" commence aussi à  tomber...on nous prend au serieux; notre plainte n etait pas liée à  une ruse...
j ai dû arreter la métha car elle ne comblait pas la douleur et m assoupissait trop...
mais je ne suis pas le monde! je pense que ces combinaisons d anti douleurs peuvent très bien fonctionner avec d autres et surtout selon le type de douleurs

en fait les ruptures de traitements sont souvent liées à  un sous dosage ; les medecins doivent accepter nos posologies plus elevées que la moyenne...

en fait ce traitement demande de notre part une "domestication"....

ah oui et pour le boulot aussi tu devrais lever le pied quand tu es fatigué (sinon tu tapes l oxy pour tenir le coup ..ce qui est un non sens !)

ton corps a subi un gros traumatisme ; il souffre et toi tu tires sur la corde...d ou le retour de baton

Dernière modification par bighorsse (09 mars 2016 à  11:12)


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Syam homme
गोविन्द राधे राधे श्याम गोपाल राधे राधे
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Je pense moi que ça vaut le coup d'essayer de décrocher en douceur (avec un TSO) ne serais-ce que pour pouvoir bénéficier des pleins effets de l'oxy sur ta douleur, au cas où une nouvelle crise se présente à  l'avenir. Et avec de l'aide c'est peut-être un objectif réaliste. C'est sans garantie : tout dépend de tes douleurs physiques et morales mais tu peux mettre toutes les chances de ton côté avec l'aide adéquate. Cela ne t'engage à  rien, si tu réussis à  baisser ou stopper tant mieux, sinon il n'y aura pas de mal. Tu peux trouver un addictologue par toi même ou dans un centre spécialisé (CSAPA) si tu veux essayer.

Pour répondre à  ta question sur le cas où tu arrêtes les opiacés (oxy et TSO compris et sans juger moralement de ce choix) :
En cas de crise dans plusieurs mois, l'oxy sera très probablement pleinement efficace comme au premier jour. Effectivement si tu n'arrêtes pas, il sera probablement bien moins efficace (ou plutôt nécessitera une plus grosse dose).
Reste que vouloir aller trop vite et choisir des ruptures peut s'avérer contreproductif, tu as pu lire des expériences. A la fin il s'agira peut-être simplement d'apprendre à  gérer comme dans le témoignage ci-dessus (la sagesse dans la voie du milieu).

Dernière modification par Syam (09 mars 2016 à  12:18)


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bighorsse femme
Banni
Inscrit le 19 Mar 2007
8506 messages
les tso c est bien...mais il faut savoir où on met les pieds
il n est pas anodin d aller en csappa, comme d etre sous tso de longues années....les gens dans le cas de ce forumer , bossant en liberal, ayant besoin de son image social, doivent reflechir à  la portée de cet acte...les benefices valent ils les sacrifices??? quoi qu on en dise le fichage social existe, et peut remettre en cause la vie professionnelle....

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Syam homme
गोविन्द राधे राधे श्याम गोपाल राधे राधे
Inscrit le 26 May 2015
3358 messages
Très juste BH, c'est à  prendre en considération oui! L'addicto cependant n'est pas nécessairement dans un CSAPA et le TSO n'est pas nécessairement plus fiché que l'oxy (si on évite la métha et peut-être la pubré?)
TSO signifierait alors la même chose que quand ItsMe parlait de changer de produit pour éviter certaines difficultés propres à  l'oxy *sur certains consommateurs*. Mais c'est compliqué, il faut un médecin avec qui le courant passe bien etc. Dans la pratique on voit que les patient tombent sur pas mal d'embûches. C'est pour ça que je fais attention de dire que ça peut se tenter (le jeu en vaut la chandelle si à  la fin les crises sont bien traitées et qu'il n'y a pas de manque le reste du temps), mais pas à  n'importe prix (donc dédramatiser la voie du milieu et enlever toute considération morale comme quoi ceci serait "mieux" que cela). Or tu as dit ce qu'il y avait à  dire au sujet de la voie du milieu qui demande d'avoir ton expérience (mais je peux pas te mettre plus d'une étoile verte par jour même si elle est mérité).

Dernière modification par Syam (09 mars 2016 à  12:49)


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