Le Sida, il y a 25 ans, vu d'un "étudiant en blouse blanche"...

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Alain Will homme
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Même si j'ai écris ce texte il y a longtemps, c'est une date anniversaire en ce qui me concerne avec une furieuse envie que le souvenir de ceux qui sont tombés reste présent dans la mémoire des jeunes d'aujourd'hui, ou, "comment c'était à  cette époque-là  ?".

Des mots pour le dire, un passage de ma vie...

Novembre 1984. Paris. Je viens juste d'avoir 20 ans. J'ai débarqué depuis plus d'un an de la province, plein centre de la France. J'aime Paris. Je suis arrivé là  pour faire mes études suite à  un concours "brillamment" réussi après un parcours scolaire plutôt chaotique. C'est une nouvelle vie qui s'offre à  moi, une revanche aussi.
Je crèche dans un hôtel. Pas un 5 étoiles, non, un hôtel-pension sans étoile ; un taudis presque, qui loue les chambres au mois, au semestre, à  l'année, avec les chiottes sur le palier pour tout le monde et un semblant de douche pour deux étages. Mais c'est pas cher. Et puis la famille qui habite au rez-de-chaussée et qui garde l'hôtel avait fait bonne impression à  mon père découragé de n'avoir rien trouver d'autre pour m'héberger.
Moi ça me convenait mieux que chez cette petite vieille qui avait proposé une chambre dans son appartement, une chambre sans fenêtre. Là  au moins, j'ai un lavabo et une fenêtre qui donne sur le boulevard Voltaire et le boulevard Richard Lenoir, au croisement des deux.
Idéal hôtel, c'est son nom. Pas si idéal que ça, mais j'y suis bien. J'y resterai quelques années. En bas de l'hôtel il y a un café brasserie, "Le liberté". J'y prends mon petit déjeuner tous les matins ; au fil du temps je reconnais un habitué qui habite juste à  côté et avec qui je sympathise. Au début  son visage me disait bien quelque chose mais sans plus. Jusqu'au jour où j'ai su qu'il s'appelait aussi Alain. Alain Baschung. Avec un c.
Nous deviendrons copains, et son appartement du boulevard Voltaire me sera bientôt aussi familier que ma propre chambre d'hôtel. J'y découvrirai sa musique, ses chansons, un peu de sa vie. Il vient de sortir deux tubes. Il est connu. Et porte déjà  des lunettes noires en permanence. Pour se protéger du regard des autres, de la lumière qui l'aveugle mais qu'il retire lorsque nous parlons ensemble pendant de longues heures.

Mais pour l'instant ce qui me préoccupe c'est le certificat que je dois passer. Il fait partie de mon cursus. Indispensable pour décrocher le premier diplôme en vue dans un an. Qui me permettra de commencer à  travailler et gagner ma vie. Même si je sais déjà  que je continuerai mes études ensuite.

Certificat d'aptitude à  effectuer les prélèvements sanguins au pli du coude et en région malléolaire ; plus tard viendra la formation en artériel. J'ai déjà  passé la théorie, avec succès. Il me reste la pratique et pour ça je dois suivre un stage d'apprentissage. Dans un service hospitalier.

Comme tous les matins depuis bientôt deux mois, je sors du métro Saint Marcel face à  l'entrée de la Pitié Salpétrière. Il est 6h30 du matin. Il fait froid, encore nuit et la neige va bientôt arriver. Je passe les barrières de l'entrée principale, emmitouflé dans un gros blouson. Je marche vite, parcours les allées du plus grand centre hospitalier européen en terme d'hectares. Dans 2 heures il faudra que je sois redescendu à  la Pitié pour rejoindre les amphis où je suis une partie de mes cours. Je m'engouffre dans un petit pavillon ; au dessus de la porte les néons blafards indiquent "Service d'endocrinologie".

J'enlève mon blouson, mon pull, enfile une blouse et ficelle un tablier autour de ma taille ; c'est le règlement de l'Assistance Publique, Hôpitaux de Paris. J'ai chaud tout à  coup. La chaleur du service, les fringues d'hiver sous la blouse, le tablier, je transpire un peu... Je croise M. dans le couloir, c'est l'infirmière en chef. Elle me salue. Ca va Alain ? Oui, merci et vous ? Oui, D. t'attend dans la salle de travail, tu fais les chambres 30 à  40, couloir B ce matin d'accord ? Nous on s'occupe du couloir A. D'accord dis-je sans surprise.

J'entre dans la salle de travail qui sert d'office. Bonjour D. Ca va ? Oui, tiens Alain, c'est pour toi dit-elle en me montrant, posés sur la paillasse, une  trentaine de dossiers plastifiés de patients sur lesquels sont posés des plateaux en inox prêts à  recevoir du matériel de prise de sang. Le tout avec un large sourire et un entrain merveilleux et encourageant. Plus je les côtoie, plus j'admire ces femmes, ces infirmières. Jamais je n'aurai pu faire ce qu'elles font. Confrontées à  la souffrance et à  la mort en permanence. Avec le moral, le meilleur moral possible pour ne pas craquer.

Moi, je ne fais que passer ;  pour apprendre à  faire des prises de sang. Je dois en faire 500 supervisées par l'infirmière en chef. Mais celle-ci ne m'a regardé pratiquer qu'une ou deux fois. Et a donné implicitement son aval pour que je pratique tout seul. J'ai déjà  largement dépassé mon quota des 500 prélèvements et pourtant malgré le froid, malgré l'hiver, la fatigue, je continue de venir et mes feuillets de stage se remplissent de signatures de validation. Je m'entête mais j'ai une raison que je garde au fond de moi.

Manches retroussées, je me lave soigneusement les mains, les avants-bras, me brosse les ongles. Je ne porte pas de gants. Je prépare mes plateaux. Nous avons des tubes sous vide. Déjà . Mais pas de système de prélèvement qui va avec. Il faut utiliser des seringues en verre. Stérilisées et réutilisées jour après jour. Emballées dans des sachets de stérilisation. Le corps de pompe séparé du piston. Parfois il y a eu un mélange et le piston n'est plus celui adapté au corps de seringue ; un poil trop gros, il ne rentre pas ; un poil trop petit et il glisse trop facilement ; dans ce cas-là , je dépose du bout du doigt un peu de vaseline dessus pour permettre au piston de bien coulisser sans glisser du corps de seringue.

Je jette un oeil aux dossiers, prépare les tubes en fonction des bilans à  faire, remplis les étiquettes des noms des patients. Ajoute leur date de naissance et le numéro de leur dossier. Il n'y a que des hommes dans cette partie du service. De mémoire, la moyenne d'âge se situe vers 30-35 ans.

Garrot, coton alcoolisé, coton sec, sparadrap, plateau dans une main, je me dirige vers la première chambre. J'ouvre la porte, la veilleuse de nuit allumée éclaire faiblement le sol. L'odeur de la chambre est lourde de transpiration, d'haleine fétide, de médicaments. Odeur d'hôpital, odeur de corps humains en souffrance.
Il y a quatre lits tous occupés dans cette chambre. Parfois ils sont six. Parfois, deux seulement. Mais c'est le luxe. Ou alors les autres lits sont vides en attente de leur prochain occupant.

Je me dirige vers un des lits près d'une fenêtre. Il fait toujours nuit dehors. J'allume la lumière à  la tête du lit. Eclat blafard sur un visage a moitié endormi. Le regard un peu perdu, presque shooté, bienveillant, patient, il m'attendait. Je lui dis bonjour ;  vous êtes Monsieur ? pour vérifier son identité, que je ne me trompe pas de personne ; formalité indispensable.  Il me répond faiblement, mécaniquement.
Il me reconnaît et esquisse un léger sourire aux lèvres. Mal rasé. C'est un jeune homme que je connais déjà  ; il est là  depuis 15 jours environ. A son regard je vois de suite que ça ne va pas bien. Il a encore maigri du visage en l'espace de quelques jours. Ses joues sont creuses, je lui souris, ses lèvres gercées portent des petites croûtes. Il a des yeux d'un bleu-gris qui contraste avec son teint. Son visage est couvert de sueur,  des mèches de cheveux bruns collées à  son front humide.

Son lit est défait, il se contorsionne pour se redresser un peu. Vous avez bien dormi ? je lui demande. Pas très bien dit-il dans un souffle. Je suis fatigué. Oui je vois lui dis-je mais je dois vous faire une prise de sang. Encore ? Oui encore, il le faut. Ca va aller lui dis-je essayant de le réconforter et de le rassurer. Oui bien sûr, me dit-il, résigné, sortant son bras de sous son drap et le tendant à  plat sur le bord du lit. Je pose mon plateau près de son torse en prenant garde qu'il ne le renverse pas d'un mouvement brusque.

Je passe le garrot sous son maigre bras, j'en fait le tour et je coince une boucle du caoutchouc sur lui-même sans trop serrer. Ca va ? Oui, ça va... Je passe un coton d'alcool sur son avant-bras, ses veines sont très abîmées. Les impacts des piqûres sont innombrables. Je pose mon index et mon majeur côté à  côte sur le parcours d'une veine. Elle est assez grosse mais dure comme du carton ; elle roule sous mes doigts. Je regarde l'ensemble de son bras, j'ai déjà  fait mon choix, je sais où je vais piquer.

Je prends la seringue, jette un oeil aux étiquettes portant son nom et sa date de naissance, je passe encore un peu d'alcool à  l'endroit où je vais le piquer et retourne le coton pour sécher cet alcool qui risque de lui faire mal. Je prends son bras dans ma main gauche et avec le pouce de cette main je tire et maintiens la veine vers le bas. Inspirez fort lui dis-je. Pendant qu'il reprend son souffle j'enfonce l'aiguille dans la veine que je fais remonter suffisamment pour qu'elle n'éclate pas. Il n'a pas bronché. Je croise son regard et lui souris. Il me rend mon sourire pendant que j'aspire le sang. Foutu piston qui coulisse trop facilement. Il me faut le retenir et défaire en même temps le garrot. Ca ne dure pas plus d'une minute. Je saisis un coton sec, le pose sur l'aiguille enfoncée dans la veine sans trop appuyer et je retire la seringue d'un geste vif. Voilà , ça y est, vous pouvez appuyer sur le coton s'il vous plaît ? Oui bien sûr...

Je remplis les tubes pour le labo un par un, dans un ordre bien précis. Je repose la seringue dans le plateau et pendant que j'étiquette les tubes je l'entends dire dans un souffle : j'en ai marre, je n'en peux plus... Je le regarde. Il a encore beaucoup de charme. Il a été très beau. Ca ne fait aucun doute. La maladie l'a abîmé, les traits sont tirés, les yeux au fond des orbites, les joues sont creuses. Ses dents que j'aperçois entre les lèvres fissurées sont abîmées, mais les canines pointues. Une  prémolaire manque alors qu'il esquisse un vrai sourire pendant quelques secondes. Puis il lève les yeux vers le plafond, l'air abattu, exténué, découragé. Courage je lui dis en me redressant, il faut tenir bon. Je dépose un pansement sur son bras et l'enserre de ma main. Je sais que mon geste de réconfort n'est rien par rapport à  sa souffrance. Mais que puis-je faire de plus ? Je me sens impuissant. Son front perle de gouttes de sueur,  je déroge aux consignes de détachement, je passe ma main dessus pour remonter une de ses mèches de cheveux ; deux tâches violacées aux contours irréguliers maculent déjà  son front. D'autres plus prononcées s'étalent sur son cou. Sarcome de Kaposi...

Je reviens pour vos camarades de chambre lui dis-je en reprenant le plateau plein de tubes. Je retourne dans l'office. Dépose les tubes là  où il faut, dans une boîte prête à  partir pour le labo.
Je reprends le dossier du jeune homme. D. 29 ans. En ce mois de novembre 84, dans ce service les patients ne sont pas considérés comme séropositifs. Ils sont malades du Sida. Jusqu´en 1983 il n´y a pas d´agent pathogène, le diagnostic est clinique et annonce une mort à  court terme. Les tests de dépistage n'existent pas encore. Les trithérapies non plus évidemment. Un des responsables du service dont le nom m'est inconnu à  l'époque s'appelle Willy Rozenbaum. Il demande à  ce que soit effectués des prélèvements supplémentaires sur ses patients pour ses travaux. Dans quelques mois, on verra apparaître sur les étiquettes le code LAV (Lymphadenopathy Associated Virus).

D. 29 ans sera mort dans 15 jours. Il sera mort sans savoir de quoi ni pourquoi. Pas plus que ses camarades dehors qui l'attendent ne sauront.

Moi je continuerai. A faire des prises de sang.
Trois ans plus tard, et deux premiers diplômes en poche, grâce à  un parcours au CNRS de Saint-Antoine en parallèle, je présenterai contre vents et marées un premier mémoire portant sur certains mécanismes lymphocytaires. Expérimentés à  partir... du rat. Pas vraiment par pure coïncidence. Mais sans savoir encore. Une microscopique goutte d'eau dans l'océan des recherches. Recherches menées de tout bord (*) proportionnellement aux moyens de l'époque, qui conduiront W. Rozenbaum et L. Montagnier à  identifier le virus du sida et à  développer indirectement les premiers tests de dépistage ; les thérapies suivront plus tard, beaucoup plus tard, bien trop tard.

En ce mois de novembre 84 le taux de mortalité des patients hospitalisés temporairement dans le pavillon d'endocrinologie est de 100%... (**)

Rares sont les patients de couleur. De mémoire, et ne valant pas statistique, sur 10 patients, 6 sont homosexuels, 4 sont des injecteurs d'héroïne.

Personne ne sait ou ne veux savoir. Personne ne parle. Les données scientifiques tombent au goutte à  goutte, même pour les futurs professionnels de la santé dont je fais partie. Je suis bien jeune... Bien trop jeune ?..

La mort est omniprésente. Inéluctable. Sur le trottoir d'en face, boulevard Saint Marcel, comme dans d'autres quartiers de Paris, je croise tous les jours quelques toxicos. Souvent "sans domicile fixe". Il me faudra parler, écouter, parfois provoquer, pour réaliser sans comprendre que chacune, chacun d'entre eux risque de finir dans le service d'où je sors. Dans la communauté gay, la mort plane dans toutes les conversations. Je ne peux pas être plus concerné.

Depuis un bon mois, désormais, je fume quasiment un paquet de cigarettes, tous les jours. D'autres services verront ma consommation augmenter prodigieusement. Mais c'est une autre histoire...

(*) Après avoir sollicité de l'Institut Pasteur la recherche d'un rétrovirus dans la biopsie ganglionnaire d'un patient atteint de "Lymphadénopathie généralisée", le Pr Willy Rosenbaum y fait parvenir le 5 janvier 1983, le premier prélèvement qui va permettre la découverte du VIH. Les équipes de recherche de l'AP-HP mettent alors au point les premiers tests de dépistage et démontrent l'affinité du virus avec certains globules blancs.

(**) A l'époque, ce service d'endocrinologie habituellement peu fréquenté s'est transformé... en  mouroir. J'aurai pu tomber dans un tout autre service. Je n'ai pas choisi. Je ne regrette pas.

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

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357magnum
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Et le temps passe , nous sommes bientôt en 2010 .
L'histoire fait son chemin et veillons que les erreurs du passé ne se reproduise plus .
Très bonne histoire Alain , j'ai appris qu'est ce qu'est le sida .

Tout ce qui provoque une montée , doit redescendre . Human trafic

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Alain Will homme
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magnum357 a écrit

L'histoire fait son chemin et veillons que les erreurs du passé ne se reproduise plus .
Très bonne histoire Alain , j'ai appris qu'est ce qu'est le sida.

Non ce n'est pas une "bonne histoire" et je n'ai pas décrit ce qu'est le Sida. J'ai voulu témoigner de ce qui se passait à  une certaine époque, et de comment je l'ai vécu.

Je vous invite à  écouter Fabrice Olivet et Maya qui parlent de cette époque dans cette interview en 2006 (bien que d'autres aspects thématiques soient évoqués) (*) :

http://lemegalodon.net/a6901-pourquoi-a … mines.html

Quant aux erreurs du passé, je crois qu'il est difficile de dire que l'on en commet pas d'autres à  l'heure actuelle. La répression est le pire ennemi de la réduction des risques.

Je pense aussi à  l'hépatite C. Jusqu'en 1989, date à  laquelle a été identifié précisément le virus VHC, on l'appelait hépatite non-A non B. Je pense à  celles et ceux qui ont été contaminés dans les années 80-90 (toxicos, homos, transfusés) et qui aujourd'hui doivent faire face à  l'évolution de leur hépatite.

Je pense aussi aux nouveaux usagers susceptibles de se contaminer. L'information doit circuler. Les salles de consommation ne doivent pas être réservées à  une certaine catégorie d'usagers comme les vieux routards toxicos (j'emploie le terme à  bon escient) qui auront peut-être, eux, le courage de franchir la porte. Comment protéger celles et ceux qui ne voudront ou ne pourront pas mettre les pieds dans ces salles dont j'encourage la mise en place, si tant est qu'elles voient le jour ?

Comment protéger ceux qui sont les plus "favorisés" d'entre nous ? Je n'oublie pas que la contamination par le VIH (au départ des homosexuels, puis des transfusés, puis des hétérosexuels) a touché toutes les catégories sociales. Y compris les plus "protégés" (voir les plus avertis) d'entre nous. Je pense aux zones rurales où le terme de réduction des risques est encore inconnu ou mal compris.

Il n'est pas toujours facile de se déclarer toxico face au public. Pas plus que de parler de sa sexualité. Ce sont des facettes de la vie privée, qui doivent rester personnelles. Certains d'entre-nous acceptent de franchir le pas pour pouvoir s'exprimer, alerter et agir dans la mesure de ses moyens. Certains en ont effectivement les moyens, d'autres pas.

Les drogues existent depuis toujours. Je pense que le combat contre la drogue est à  la fois stérile et dangereux. Si l'on avait permis aux toxicos (injecteurs d'héroïne ou autre) que je croisais à  cette époque de bénéficier de matériel stérile, nombre d'entre-eux n'auraient pas été contaminés. Aujourd'hui les kits d'injection existent. C'est une avancée considérable. Mais il a fallu batailler pour l'obtenir. Pour les plus jeunes d'entre nous, cela paraît sans doute "normal" que de disposer de matériel d'injection ou de sniff. Ca ne l'était pas à  l'époque dont je parlais précédemment.

A l'heure où les moyens de la recherche ont considérablement évolué, il n'existe toujours pas de vaccin préventif contre le virus de l'hépatite C, pas plus que pour celui du Sida.

Bref par le biais de ce récit, outre l'hommage que je voulais rendre à  celles et ceux qui sont morts du Sida dans le silence et l'inconnu, à  la veille des Egus dont la deuxième journée sera consacrée à  l'auto-support et aux changements politiques, je souhaite aussi faire réagir les usagers du forum sur la politique de réduction des risques... et sur l'auto-support.

(*) l'article évoqué dans l'interview sur "les Drogués et l'anti-France" correspond à  l'édito du Journal n° 30 d'Asud disponible ici : ftp://ftp2.asud.org/asud/asud_journal_30.pdf

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Je regrette de ne t’avoir connu, tu es un grand H. merci pour tout suf

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Alain Will homme
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Suite à  un mail reçu :

Je rappelle que c'est en 1987, que Michèle Barzach, ministre de la Santé, décide de libéraliser la vente de seringues dans les pharmacies. Le décret du 13 mai 1987 ne sera signé par le ministère de l'Intérieur et le ministère des Finances qu'après l'intervention de Michèle Barzach auprès du Premier ministre (*). L'année 1987 inaugure, selon Anne Coppel, par la mise en vente libre des seringues, la politique de réduction des risques en France.

Le décret de mise en vente libre des seringues est d'abord adopté à  titre provisoire pour une durée de un an. La mesure est prolongée en 1988, puis pérennisée en 1989.

Entre le 1er avril 1985, date à  laquelle Claude Olivienstein demande au gouvernement l'abrogation du décret de 1972 en raison des risques de propagation du VIH qu'il implique, et le 13 mai 1987, date du décret Barzach, le partage des seringues aurait causé la contamination directe de 16 800 personnes (**).

Le président de la Commission sur les stupéfiants écrit en octobre 1986 dans une note qu'il n'est pas « en mesure d'avancer un avis sur le plan scientifique et technique » et qu'il apparaît que « la solution est une décision d'opportunité politique ».

Combien y'a t-il eu de cas de contamination par le VIH entre 1981 (date de l'apparition d'affections inhabituelles et inexplicables aux Etats-Unis) et 1987 ? Beaucoup plus. Beaucoup trop. Ces années et celles qui ont suivi, pour bien des personnes qui les ont vécu comme moi, ont paru interminables et dévastatrices.

En 1990, la DGS charge deux centres et Médecins du Monde d'expérimenter des programmes d'échange de seringues (PES), et elle décide en 1992 de l'étendre à  l'ensemble des centres. Pourtant les PES ne se développent au sein des centres spécialisés, qui présentent de nombreuses réticences, qu'à  partir de 1994.

http://www.memoireonline.com/12/05/11/m … ues31.html

D'autre part, c'est l'équipe du Pr Gallo aux Etats-Unis qui a revendiqué la découverte d'un virus HTLV (Human T-cell Leukemia/lymphoma Virus). Le conflit scientifique sur l´autorité de la découverte a été tranché en faveur de l´équipe de l´institut Pasteur en France. Ce code HTLV est également utilisé en France.

Quant au VIH 2, il a été isolé en 1986.

(*) Michèle Barzach déclara d'ailleurs : « Ce que le dossier Sida-toxicomanie aura révélé, ce sont les dysfonctionnements de l'Etat, la lenteur de prise de décision, la lourdeur du temps administratif ».

(**) Costat, Gliola, Valleron, « Prévalence de l'infection au VIH en France avant l'introduction du traitement précoce : estimation par rétrocalcul » in Revue épidémiologique et santé publique, n°41, 1993, p.437, chiffres repris in Droits de la drogue, Francis Caballero, Yann Bisiou, p.593.

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supersego
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Alain Will a écrit

je souhaite aussi faire réagir les usagers du forum sur la politique de réduction des risques...

c'est marrant c'est un dossier sur lequel je bosse en ce moment en collaboration avec une autre personne wink

témoignage poignant de cette époque que je n'ai pas connu (j'étais encore bien innocente) mais qui m'a été relaté par des proches exerçant à  cette époque dans le milieu médical. sombre à  une certaine hauteur de ce qui pouvait se passer.
merci Alain pour le partage d'infos


" Le respect de la loi vient après celui du droit. La seule obligation que j'ai le droit d'adopter, c'est d'agir à  tout moment selon ce qui me paraît être juste. " H.D. Thoreau

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357magnum
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Alain Will a écrit

magnum357 a écrit

L'histoire fait son chemin et veillons que les erreurs du passé ne se reproduise plus .
Très bonne histoire Alain , j'ai appris qu'est ce qu'est le sida.

Non ce n'est pas une "bonne histoire" et je n'ai pas décrit ce qu'est le Sida. J'ai voulu témoigner de ce qui se passait à  une certaine époque, et de comment je l'ai vécu.
Quant aux erreurs du passé, je crois qu'il est difficile de dire que l'on en commet pas d'autres à  l'heure actuelle. La répression est le pire ennemi de la réduction des risques

Houla ça va , je me suis mal exprimé alors . OK c'est TON témoignage , pas une histoire mea culpa désolé . Si je peux me permettre , je sais ce qu'est le sida dans le fond ( et encore j'ai 27 ans et je n'ai pas connue de personne malade du sida ou seropositif(ve) , de plus j'etais un gamin quand j'entendait toute ces histoires " ouais c'est les PD refilent le sida , puis l'histoire des transfusés , enfin les premières heures de cette maladie quoi ! qui s'est mis a nos tête comme un nuage noir ) , mais tu peux me croire , ton témoignage m'a appris ce qu'est le sida dans LA FORME ... Ton ancien patient donc tu parles , j'ai appris ce qu'un malade du sida vie de ses derniers jours : entre souffrance et " l'envie de sourire au monde " si je puis dire . Je l'ignorais .
Et puis oui , la répression est notre pire ennemie , et c'est une des causes qui fait que je participe a ce fofo .

Dernière modification par 357magnum (22 novembre 2009 à  23:19)


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Alain Will homme
ancien Vice-Président
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Mais ne sois pas sur la défensive comme ça magnum wink Ca n'était pas une critique de ma part. Je suis content que tu aies remarqué "...un malade du sida vie de ses derniers jours : entre souffrance et " l'envie de sourire au monde"..." Je pense que c'est vrai pour bien des maladies à  l'issue fatale.

Ce qui était terrible dans la situation de l'époque c'est que nous ne savions pas de quelle maladie au juste il s'agissait. Ou plus exactement (et surtout) à  quoi elle était due.  La piste de la transmission d'un virus par voie sanguine ou sexuelle a été suggérée "rapidement". Mais le pourquoi du comment restait un mystère. C'était une piste floue avec beaucoup d'incertitudes et de questions.

J'ai toujours en mémoire comme lorsque j'ai écrit ce texte, le visage de ce patient. Pourtant j'en ai vu des dizaines d'autres, des centaines même. A l'époque, L'AP-HP comptait 51 hôpitaux (en comptant les deux établissements de province dont l'un dédié à  la mucoviscidose). Le nombre de décès a été terrible. Et tout le monde ne passait pas par l'hôpital.

En 1998, 14 ans plus tard, j'ai accompagné un copain à  Bichat pour une intervention bénigne. Dans un service où se trouvaient de nombreux séropositifs. L'un deux croisé au détour d'un couloir m'a reconnu. Nous nous connaissions depuis plusieurs années. J'ai failli ne pas le reconnaître. Il m'a dit, désespéré, en larmes : "Regardes ce qu'ils font de nous ; ne les laisses pas faire. Va dire ce que nous endurons, parles.". Je ne peux pas oublier son visage ravagé par la maladie et les traitements. Je me suis senti toujours aussi impuissant.

J'ai repensé au dérisoire que représentaient les actions de taggage sur les murs de Paris auxquelles je participais avec Act-Up (affaire du sang contaminé) quelques années auparavant. Je repensais au travail fourni par Aides, par les assos gay ou d'usagers. A toute la recherche au niveau médical et scientifique. A tout ce que nous faisions collectivement ou individuellement. Chacun à  notre niveau. Tout ce travail balayé de façon désarmante par une simple phrase, lancée comme un appel de détresse.

Des situations telles que celles-ci, je pourrais malheureusement en raconter des dizaines. Ce qui est fait, est fait. Le passé appartient au passé. Le présent et l'avenir en revanche "nous appartiennent".

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357magnum
Psycho sénior
Inscrit le 06 Aug 2009
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Et bien trinquons a " l'avenir " , parce qu'il y' a du boulot . Si au moins ils arreteraient d'abattre les arbres d'Amazonie , on aurai de l'oxigene ! De l'air ...
PS : je serai pas étonné que la plupart des gens de ma génération ne sache pas vraiment ce qu'est le sida .

Dernière modification par 357magnum (23 novembre 2009 à  10:59)


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Mammon Tobin homme
Modéranimateur à  la retraite
Inscrit le 07 Sep 2007
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Très beau texte, j'étais passé à  côté (je me suis dis "encore un lien chiant d'Alain lol" jme suis bien trompé).
Et... Tu connaissais Alain Baschung?? La classe big_smile

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Bruce Banner
Nouveau Psycho
Inscrit le 12 Aug 2009
182 messages
Il n'y a rien de plus véridique qu'un témoignage de vécu...merci Alain pour ces (quelques wink ) lignes.

Il est clair que la répression est le pire ennemi de la réduction des risques.....
Il y a des lois et pourtant les personnes sensées les faire appliquer font comme il l'entendent.
Grâce à  ces cow boys, on voit régulièrement des contrôles aux abords des distribox, des PES et CAARUD, les équipes de bénévoles comme ceux de médecins du monde se faire contrôler 5fois plus que la moyenne lorsqu'ils se rendent sur un tekos ou tout autre évènement festif.

Encore une fois se pose la dimension de comment sont appliquées les lois....

Dernière modification par Bruce Banner (23 novembre 2009 à  12:24)


Trouver des réponse et  apporter peut-être un coup de main de temps en temps autour des produits et des consommations en général, échanger au sens large....voilà  la raison de ma présence sur le forum
Peace

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estelle
Nouveau Psycho
Inscrit le 13 Mar 2007
54 messages
Ton texte me renvoie sur les "années sida", oùu tout était à  faire, dans la prévention, dans la mentalité... Combien de fois ai-je entendu le sida c'est une maladie de "PD, de "Toxico"... Discrimination pure, brute...
Face au sida, et devant les copains, copines, ami, amie, à  leur séroposivité, à  leur mal être devant tous les symptomes qu'ils développaient, j'ai commencé à  écrire des textes dans les journées, à  interpeller les uns et les autres... Personne ne souhaitait surtout s'ocuper des consommateurs de drogues touchés par le sida, personne ne voulait s'occuper de la prévention face aux UD... Et pourtant quelques dizaines de personnes en France avec leur volonté, leur courage ont décidé de se mobiliser, de rompre le tabou, d'interpeller, d'agir, de poser la réduction des risques....Et petit à  petit des échanges de seringues, la mise en place de traitements de substitution, des groupes d'usagers, ou d'anciens usagers tout autant que des groupes de parents d'usagers se sont crées ... jusqu'à  une salle d'injection propre à  montpellier (ouverture le 6 octobre 1994)... puis des boutiks, des prises en charges meilleures....
Je pense à  alain, à  jean-rené, à  gilles, à  phuong, à  gilles C, à  olivier, à  philippe, à  alain C, à  manu, à  franky, à  guy, à  scalpa, à  esther, à  mohamed, à  partick, à  fabienne G, à  rodolphe, à  andré, à  fabrice, à  jimmy, à  andré,  à  griselda, à  pascale, à  béa, à  lia, à  romolo, à  katia, à  philippe D, à  sophie, à  nadine, à  arnaud, à  patrice, à  christian, à  didier, à  valérie, à  pascaline, à  chantal.... à  tous ceux qui se sont mobilisés...
... Et au regard de toutes ces années, je constate simplement que rien n'est acquis, et que chaque jour des femmes, des hommes,, des enfants, de tout âge, de tout milieu sociale, vivent avec le VIH.

estelle

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alicorne
Nouveau Psycho
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Merci du texte.

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Alain Will homme
ancien Vice-Président
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De rien wink

Merci à  toi estelle...

Même si ce n'était pas la thématique des Egus de cette année, ces journées m'ont aussi permis (pendant les pauses) de parler du sujet des "années Sida" avec plusieurs personnes. J'en reparlerai à  l'occasion sur ce thread. Je pense entre autre au vécu et aux moyens d'action des homos et des usagers à  cette époque ; la légalité (faut pas s'en plaindre !) de l'homosexualité et l'illégalité (de fait) du statut d'usager de drogues ; un aspect qui est ressorti bien souvent dans les conversations sur le thème de la RdR à  cette époque.

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

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filousky homme
Modérateur
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Alain Will a écrit

Des mots pour le dire, un passage de ma vie...
Novembre 1984. Paris. Je viens juste d'avoir 20 ans.
En ce mois de novembre 84 le taux de mortalité des patients hospitalisés temporairement dans le pavillon d'endocrinologie est de 100%... (**)
Rares sont les patients de couleur. De mémoire, et ne valant pas statistique, sur 10 patients, 6 sont homosexuels, 4 sont des injecteurs d'héroïne.
Personne ne sait ou ne veux savoir. Personne ne parle. Les données scientifiques tombent au goutte à  goutte, même pour les futurs professionnels de la santé dont je fais partie. Je suis bien jeune... Bien trop jeune ?..
La mort est omniprésente. Inéluctable. Sur le trottoir d'en face, boulevard Saint Marcel, comme dans d'autres quartiers de Paris, je croise tous les jours quelques toxicos. Souvent "sans domicile fixe". Il me faudra parler, écouter, parfois provoquer, pour réaliser sans comprendre que chacune, chacun d'entre eux risque de finir dans le service d'où je sors. Dans la communauté gay, la mort plane dans toutes les conversations. Je ne peux pas être plus concerné.
Depuis un bon mois, désormais, je fume quasiment un paquet de cigarettes, tous les jours. D'autres services verront ma consommation augmenter prodigieusement. Mais c'est une autre histoire...

Novembre 1984 : je viens d'avoir trente ans, je suis papa de deux fils, je gagne beaucoup de sous et je suis malade comme un chien, en manque chez moi à  côté de mon épouse en manque aussi. Certains potes sont déjà  morts, d'autres malades.......... Je veux stopper, je rate mon suicide, je divorce et passe 4/5 ans à  shooter de temps en temps avec des seringues partagées, car ................... j'ai peur, mais j'ai envie.
Alain, merci d'avoir muri ton texte qui décrit si bien l'instant des années 80 avec ces matins gelés et noirs. 1984 a été mon année noire. A cette époque, je me suis senti bien seul vis à  vis de ma consommation et le parcours pour trouver de l'aide médicale demandait une énorme détermination. Des potes déclaraient une maladie mortelle inconnue, pas d'Aides, pas d'Asud, pas de CSST, Olivenstein, le bateau du père Jaouen, le Patriarche facho, Fernand Vidal, Ste Anne, mon psy Heidi (mal vu chez les addictologies pour être trop pote avec ses malades) et basta ! Pour essayer un sevrage moins dur, pour obtenir 15 jours de substitution en sevrage à  la méthadone belge ou au burgodin, on allait (je parle de moi et de mes potes qui étions insérés socialemet avec travail et enfants) jusqu'à  Bruxelles, ramer dans la salle d'attente du toubib belge qui acceptait de faire des ordonnances d'opiacés aux toxicomanes, surpeuplée de belges en manque haïssant les français en manque qui leur piquaient leur tour. Après, quand c'était jour de chance, c'était la course pour chopper la pharmacie avant la fermeture à  18 heures.
Alors, témoignage pour témoignage, merci pour l'immense travail réalisé par les militants. Mais, le paysage actuel est bien triste. Je ressens un grand Stop, retour en arrière dans la prévention "officielle"actuelle vis à  vis des U.D. Si les Egus de cette année ont permis des témoignages forts mais  une odeur de pas franc du collier règne dans le csst que je fréquente, avec un rejet raciste du cannabis en tant que thérapie.
Chapeau bas à  ceux qui ne sont plus là  et à  tous ceux qui se battent avec leur coeur pour que le cheumileubilique avance plus haut que si il était descendu moins bas.
Fil     à  la patte                              et merci pour le Grand Livre Addictions & Prévention qui fera des cadeaux bien utiles à  Noà«l (fille de 12 ans et petites filles de 3 et 1 an). Ca c'est de la prévention qui va permettre à  Pappy de raconter ses bétises aux petites filles !

Dernière modification par filousky (28 novembre 2009 à  10:29)

Reputation de ce post
 
Merci à vous les anciens, toi, Alain ect pour qu’auj on ai PES des ttt ect suf

Analysez vos drogues gratuitement et anonymement avec ATP-IDF et Psychoactif

Si tu pisses contre le vent, tu vas mouiller tes sandales !

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Papyfeelgood
Nouveau membre
Inscrit le 10 Nov 2009
7 messages
J ai aussi bossé dans le service des maladies infectieuses d un grand centre hospitailier, il y a fort longtemps.
C etait vraiment grave et assez sordide.
Les sero + etaint consideres comme des pestiferes et y avait pas bcp de volontaires pour les accompagner.
20 ans après des progrès ont été faits mais y a encore du boulot.
La politique de santé à  l egard des usagers a theoriquement bien evoluée mais sur le terrain, c est pas encore ça.
Il y a les decrets et lois, et la façon dont ils sont appliqués...
A l epoque, les usagers derangeaient, ils derangent tjs autant.

Je suis content de passer chez vous 1 fois de temps en temps.
Content de voir que des gens ne se laissent pas abattre et tentent de trouver des solutions pour gerer au mieux leur pb d addiction.
La came est difficile à  vivre et les pouvoirs publics sont loin de faire tout ce k'ils pourraient pour accompagner les personnes qui vivent cela au quotidien.
Rien n'est gagné et il faudra tjs se battre.

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bighorsse femme
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Inscrit le 19 Mar 2007
8506 messages
le plus horrible que j'ai pu voir en 82 ce fut le début au PATRIARCHE de ce qu'on appella rapidement le sida ; celui ci était déja connu dès 80 sinon meme encore avant ...mais un silence de plomb etait la règle de létat, du corps médical etc.....on commençait juste à  mesurer l'ampleur terrible de cette maladie mortelle, incurable, non encore traitable....imaginez l'effroi des familles face à  cet état de fait!!!
on fit venir dans le sud de la France des centaines et des centaines de tox atteints, tous isolés dans de grands batiments, appelés tout bas "mouroirs" par les non sidéens....bcp ont eu peur de leur congénères enfermés là  dedans...peur qu'un jour ce soit MOI, TOI, nous ...qui pourrions y ....mourir!
le pire de l'histoire c'est que le Patriarche s'est fait pas mal de tunes grace à  ceux ci!!!! car quels parents ne donneraient sa vie pour sauver son enfant?? là  en l'occurence ils ne pouvaient que donner...encore plus d'argent!
la plus belle choses visible dans l'enfer des mouroirs fut l'abnégation absolue des ex tox qui s'occupaient des malades! rien ne vaut un ex tox quand il s'investit dans quelque chose! car il le fait avec COEUR
il y a encore bcp à  dire sur le sujet du patriarche! mais c'est douloureux pour moi d'y repenser...
A C et JY

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maybe femme
Psycho junior
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410 messages
Nous sommes en 1980, des médecins californiens et new-yorkais s'aperçoivent que leurs patients homosexuels présentent des signes cliniques proches : amaigrissement, fièvre, pneumonie, différentes mycoses...

On confond ce mal mystérieux, au départ, avec un cancer appelé sarcome de Kaposi, puis on lui donne un autre nom le "cancer des gays". Mais on remarque que les signes dont souffrent ces malades sont typiques des personnes dont le système immunitaire est affaibli. On finit alors par lui donner un nom définitif : le Syndrome d'ImmunoDéficience Acquise (SIDA).

Les premiers signes de l'épidémie déclenchent une véritable psychose aux Etats-Unis, alimentée surtout par l'ignorance et les préjugées. Toutefois, très vite, on s'aperçoit que le sida peut atteindre tout le monde, sans aucune distinction. Mais les idées reçues ont malheureusement la vie dure...

Dès 1982, on évoque l'idée qu' un virus serait responsable du sida. On sait qu'il se transmet par le sang, le sperme et les sécrétions vaginales, la maladie devient vite honteuse, et les malades sont rejetés. Parallèlement à  l'affolement de la population, la course à  la découverte du virus du sida devient un enjeu politico-financier.

A la même époque, plusieurs personnes transfusées sont contaminées par des lots de sang contenant le virus du sida. C'est le début de "l'affaire du sang contaminé". C'était dans les années 1984-85.

Ce sont d'abord les personnes hémophiles qui sont contaminées. Leur sang ne pouvant pas coaguler, en cas de blessure, ils saignent beaucoup plus longtemps que les autres. C'est pour cela qu'ils ont besoin d'être régulièrement transfusés.

En avril 1991 (j'avais 22 ans), l'Evénement du jeudi révèle ce qui sera appelé par la suite le "scandale du sang contaminé".
Dans son article, la journaliste Anne-Marie Casteret dénonce cette affaire dramatique et retentissante. En effet, les contaminations auraient pu être évitées si le sang avait été mieux "sécurisé". Quatre personnages publics ont été mis en cause à  l'époque et condamnés par la justice : le docteur Michel Garretta, directeur du Centre national de transfusion sanguine ; Georgina Dufoix, ancienne ministre des Affaires sociales ; Edmond Hervé, secrétaire d'Etat chargé de la Santé, et Laurent Fabius, Premier ministre à  l'époque des faits.

Ils ont été soupçonnés d'avoir provoqué ou favorisé les contaminations en laissant en circulation des produits sanguins contaminés, en les prescrivant ou en retardant l'entrée en vigueur du dépistage obligatoire du sida pour les dons de sang. En 1999, la Cour de justice de la République innocente Laurent Fabius et Georgina Dufoix.

http://www.france5.fr/sante/histoires/W00476/14/

il y a une réelle chape de plomb qui a été coulée sur cette période surement trop de morts et trop de souffrance pour en parler ouvertement.
Avec le sida, c´est l´information scientifique, avec sa dureté, ses lacunes, mais avec aussi le traitement fantasmagorique qui l´a accompagnée, qui a largement devancé les symptômes.

La pire drogue, c'est l'amertume, elle empoisonne la vie, mais conserve son homme.   
                              [Pierre Baillargeon]

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bighorsse femme
Banni
Inscrit le 19 Mar 2007
8506 messages
il est sur que le fait qu'il y ait un lien entre sexe et maladie n'a pas aidé dans l'histoire! d'abord perçue comme maladie d'homo, donc qq part dans l'inconscient des gens punition "divine" pour cette perversion du sexe...puis maladie d'homo et de tox (idem tox donc responsable de sa maladie....)  les gens ont eu bien du mal à  se sentir concerné par le sida! il a fallu l'affaire du sang contaminé pour que les gens commencent à  se dire: mais on peut tous avoir le sida! et encore! cette prise de conscience a tendance à  se rendormir régulierement..et la vigilance diminuer...il suffit de regarder certains pays d'afrique pour comprendre l'extreme gravité du sida sur l'économie réelle d'un pays! quand il ne reste plus d'homme valide, que les 3/4 des enfants sont orphelins, élevés par les grand mères...on sait que ces pays là  n'ont pas d'avenir.....le manque d'info sur les modes de transmission, le manque de traitements, conduisent à  la disparition des etres humains , de l'espece ........si cela ne gêne pas certains racistes, moi perso cela me dérange profondément!

l angoisse est le vertige de la liberté

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357magnum
Psycho sénior
Inscrit le 06 Aug 2009
641 messages

bighorsse a écrit

il est sur que le fait qu'il y ait un lien entre sexe et maladie n'a pas aidé dans l'histoire! d'abord perçue comme maladie d'homo, donc qq part dans l'inconscient des gens punition "divine" pour cette perversion du sexe...puis maladie d'homo et de tox (idem tox donc responsable de sa maladie....)  les gens ont eu bien du mal à  se sentir concerné par le sida! il a fallu l'affaire du sang contaminé pour que les gens commencent à  se dire: mais on peut tous avoir le sida! et encore! cette prise de conscience a tendance à  se rendormir régulierement..et la vigilance diminuer...il suffit de regarder certains pays d'afrique pour comprendre l'extreme gravité du sida sur l'économie réelle d'un pays! quand il ne reste plus d'homme valide, que les 3/4 des enfants sont orphelins, élevés par les grand mères...on sait que ces pays là  n'ont pas d'avenir.....le manque d'info sur les modes de transmission, le manque de traitements, conduisent à  la disparition des etres humains , de l'espece ........si cela ne gêne pas certains racistes, moi perso cela me dérange profondément!

Oui , et c'est bien pour cela que j'espère que la world cup south Arfrica aura beaucoup d'impact sur le même continent Afriquain , en matière de prévention et et d'accessibilité aux soins .


Tout ce qui provoque une montée , doit redescendre . Human trafic

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The Turtle
Banni
Inscrit le 09 Dec 2009
615 messages
Une pensée pour mon ex qui m'a toujours dit que c'était une maladie inventée et conçue pour soulager les gouvernements des toxs, homosexuels, et puis des pauvres et des faibles.
Perso, aucunes connaissances comme vous des année meurtrières passées…
Tu as maintenant le HIV Reg, mais je t'enverrai ce lien pour tenir bon!!
Et puis tu sais que je t'aime profondément.

"Drôle de chemin, drôles de problèmes". Java

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Alain Will homme
ancien Vice-Président
Inscrit le 14 Oct 2008
9618 messages
Merci lolotte c'est gentil ; ne t'inquiètes pas, je tiens bon... On a dit beaucoup de choses sur le Sida. Tout et n'importe quoi. Ce qui me "gêne" à  l'heure actuelle, c'est que bien des jeunes n'y connaissent pas grand chose. Et ne prennent pas suffisamment de précautions, que ce soit au niveau de l'usage de drogues, ou de la sexualité. Je devrais avoir bientôt un peu plus de temps pour reprendre ce fil de discussion. Et pour alimenter la rubrique VIH-VHC car malheureusement le sujet est toujours d'actualité.

Merci aussi à  celles et ceux qui sont intervenus. Je n'ai pas l'intention de faire "pleurer dans les chaumières". Ce n'est pas le but. J'aurais bien des choses à  dire sur l'affaire du sang contaminé. Certains ont connu ça par les titres de la presse ; d'autres comme moi l'ont vécu au quotidien, professionnellement et-ou dans leur vie privée ; j'ai fait un stage peu après celui évoqué plus haut en hémobiologie au CTS (centre de transfusion sanguine) de Paris.

Je pense à  tous mes petits camarades qui sont passés par le même centre, ou d'autres, qui ont fait les mêmes choses que moi, sans savoir, sans être informés, sans pouvoir dire quoique ce soit, et qui n'ont eu que la culpabilité ensuite pour survivre avec le choix malgré tout de se battre ensuite pour que cela n'arrive plus et que ceux qui savaient pertinemment, de par leur position, de par leur profession, ou qui nous ont fait commettre des lacunes, ou qui en ont commis eux-mêmes, soient condamnés.

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

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behrthram
.
Inscrit le 21 Nov 2007
5989 messages
une "bonne histoire", merci ...
pour etre seropo depuis 25 ans je fais partie de ceux qui se sont bien marré en ecrivant ces pages sombres de la politique de santé française, il est tres triste de constater que parmis nous certains ont oubliés notre histoire et le respect de nos morts, desolé ... et je me retiens pour pas etre tres mal polis j'avais plutot envis de l'etre sur ce coup la, P..... C.. pour ceux qui ont plus de deux neuronnes en etats ça devrait pouvoir se traduire facile.

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Mammon Tobin homme
Modéranimateur à  la retraite
Inscrit le 07 Sep 2007
5574 messages

Bertrand a écrit

il est tres triste de constater que parmis nous certains ont oubliés notre histoire et le respect de nos morts, desolé ...

J'ai pas l'impression que quiconque sur ce topic soit coupable de cela...

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Alain Will homme
ancien Vice-Président
Inscrit le 14 Oct 2008
9618 messages
Non, moi non plus et je ne me suis pas marré en écrivant ces lignes ni en vivant cette période.

Alain Will a écrit

...
Je pense à  tous mes petits camarades qui sont passés par le même centre, ou d'autres, qui ont fait les mêmes choses que moi, sans savoir, sans être informés, sans pouvoir dire quoique ce soit, et qui n'ont eu que la culpabilité ensuite pour survivre ...

Je tiens à  préciser que je parle ici de culpabilité rétrograde ou à  posteriori. A l'époque, en 84, les tests de dépistage n'existaient pas encore, le séquençage du virus (LAV-1) n'étant pas encore complet. Les tests seront conçus et utilisés fin 85 et surtout à  partir de 86 (date du séquençage du virus LAV-2).

Mais ça fait mal d'apprendre quelques années après (précisément au moment de l'affaire du sang contaminé) que certains de nos gestes, par le passé, ont pu coûter la vie, sans que nous le sachions, à  d'autres personnes.

Quant à  "P..... C..", je présume, Bertrand, que cela signifie "Pauvre Con". Si c'est adressé à  l'auteur de ce thread (moi en l'occurrence) j'en prends bonne note roll Sinon j'ai pas tout compris neutral et tu ne m'a certainement pas compris non plus neutral Car loin de moi l'idée de bafouer la mémoire des morts du Sida ou de leur manquer de respect, j'ai au contraire voulu leur rendre un hommage appuyé et respectueux, teinté de révolte, ainsi que j'ai pu l'écrire.


Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

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behrthram
.
Inscrit le 21 Nov 2007
5989 messages
nan alain c'est toi qui a mal lu le pauvre con etait destiné à  357magnum... tu devrais relire attentivement, ton tread j'ai rien à  en redire

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Alain Will homme
ancien Vice-Président
Inscrit le 14 Oct 2008
9618 messages
Mea culpa (j'avais déjà  "rattrapé" magnum...) et bonne année à  toi wink

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

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behrthram
.
Inscrit le 21 Nov 2007
5989 messages
oui je sais bien mais perso ça m'a bléssé de lire ces conneries

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mikou
Psycho junior
Inscrit le 02 Feb 2008
231 messages
+1 ,excuse moi magnum mais des fois tes raisonnements sont plus que simplistes pour pas dire plus ..!!!!

Dernière modification par mikou (06 janvier 2010 à  15:03)

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alcaloX
Banni
Inscrit le 08 Jun 2007
998 messages
Slt mikou,

Je crois qu'il est banni le 357.

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mikou
Psycho junior
Inscrit le 02 Feb 2008
231 messages
ola ,je t enverrai mail avec ma nouvelle adresse car l autre marche plus depuis un moment (depuis 1 an ),a bientot alcalox ,ca a du bien neigé aussi vers chez toi car ici c est tout blanc et il fait vraiment froid , a bientot

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