Salut,
Encore un excellent sujet! Le problème c'est qu'il y aurait tellement à dire, pas la place.
Du coup, je vais parler de mes deux dernières
stigmatisations institutionnelles car, pour une fois, je trouve que j'ai su gérer la situation. J'ai suffisamment était maltraitée par le milieu médical pour avoir bien plus de répartie face aux soignants, ma pratique a beaucoup aidé aussi.
Pour autant tout ce que j'ai vécu a eu un impact violent sur ma vie personnelle et professionnelle... j'ai vraiment failli tout perdre, c'est pour cette raison que je tiens à témoigner.
Après un cold turkey
méthadone en 2022, j'ai enchaîné les hospitalisations. J'ai d'abord voulu aller en addictologie mais en France le
PAWS n'est absolument pas reconnu donc ça n'existe pas. Cela sous entend qu'il n'y a qu'un trouble psychique qui peut expliquer cet état post
sevrage. Ma place était donc en HP.
La maltraitance médicamenteuse a commencé ;
abilify,
tercian à haute dose,
quetiapine,
zoloft,
valium haut dosage également. Pour sûre que j'étais moins triste, j'étais un zombie. J'avais des difficultés à articuler, j'enchaînais les chutes, les malaises jusqu'à ce que le syndrome malin des
neuroleptiques nous alerte de son arrivée imminente.
Hospitalisation au CHU pour
sevrage neuroleptiques qui m'a, pour le coup, vraiment aidée, j'ai réussi à arrêter les
neuroleptiques en l'espace de 4 mois sans grande difficulté. À côté je faisais du microdosage de
LSD pour être un peu plus alerte, juste pour moins me sentir dans le brouillard.
L'équipe me suivant à l'époque m'a proposée une post cure en clinique addictologie. Il était peut être temps m'enfin. Donc à peine sortie du CHU j'ai enchaîné avec la clinique addicto en HDJ. Étant accompagnée de façon intensive depuis 1 an je ne m'étais jamais occupée des ordonnances et là oups j'étais en rade.
Rdv CMP dans un mois, je me décide à en parler à mon addictologue qui me renvoie vers mon médecin traitant. Je lui explique que mon traitement a toujours été pris en charge à l'hôpital et que le généraliste allait forcément refuser. Il me rassure en me disant qu'il contacte le cabinet pour les prévenir.
J'y vais et là pas le choix, médecin remplaçant (qui à quand même accès à mon dossier), je lui explique la situation et avec un air méfiant il me répond "C'est suspect votre histoire". Je m'agace directement en lui demandant de bien vouloir expressément contacter la clinique.
Là il me dit "Vous savez Mme.. des cas comme le vôtre on a l'habitude. Et en général tous finissent avec la secu au cul et ayez conscience que si vous jouez vous allez perdre gros. On ne vous prendra plus au cabinet ".
À ce moment je tente de garder mon calme. Je le regarde en lui demandant "vous n'avez pas honte de traiter les gens de cette façon, vous croyez que c'est un kiff d'avoir une telle ordonnance ?". "Vous avez mon dossier sous les yeux et vous me parlez comme à une gamine délinquante?
Je vois que vous êtes remplaçant, je tiens à vous dire que c'est vous qui n'allez plus travailler ici.. moi ça va aller."
Ça a fonctionné, j'ai eu mon ordonnance et j'ai pu reprendre mon traitement avec un vrai suivi par la suite. Par ailleurs je n'ai plus revu cette personne..
Mon addictologue de la clinique a aussi été plus que limite par moment. Minimisation de la souffrance ressentie, pro abstinence.. tout ce qu'on aime. Dans les objectifs définis avec l'équipe l'arrêt des benzos était la priorité (et je suis toujours sous
valium ^^). Pour le
cannabis et le
LSD j'avais été parfaitement claire sur mon intention de ne pas aller sur ce terrain, je gère.
Une fois en consultation il me demande innocemment "Et le
lsd alors?, je lui réponds "ben comme d'habitude". Et là cricrise de monsieur "Non mais franchement quelle immaturité, tout le boulot qu'on fait depuis des mois et vous vous gâchez tout!"
La situation était tellement ambarassante que je me suis mise à le regarder, sourire aux lèvres, lui entrain de gesticuler dans tous les sens en me sortant les pires horreurs ; "En fait, vous avez envie de retourner en HP. Vous n'avez aucune ambition mis à part la drogue, d'ailleurs vous aimez tellement ça que vous bossez dedans. C'est comme mettre un enfant devant un gâteau et lui dire de ne pas y toucher....."
J'étais tellement gênée pour lui que mon unique répétition de réponse fût "Oui monsieur". Je l'ai rendu ouf, il a commencé à rougir en me disant que je me foutais complètement de sa gueule et j'ai répondu "Oui monsieur". Il m'a demandé de partir.
J'ai attendu une semaine ou deux qu'il revienne vers moi ce qu'il a fait. Il me reçoit et me demande de lui dire ce que je pensais de notre dernier entretien. J'ai été cash, je lui ai répondu " Monsieur, vous avez fait preuve de paternalisme. C'est vraiment pas terrible comme stratégie en addictologie."
Pas de réponse, fin de l'entretien. La semaine suivante il me convoque de nouveau et fini par s'excuser en me proposant même de changer d’addictologue si j'estimais qu'il n'avait pas les compétences pour me suivre. Renversement de situation total et jubilation tout autant notable. Je l'ai remercié et arrêté mon accompagnement peu de temps après.
Voilà pour moi même si j'en ai d'autres sous le coude j'avais envie de partager celle là.
Pour finir, quand j'étais sous
methadone, ce qui me rendait dingue c'est que quand j'étais malade (grippe..) on me refusait presque toujours des antidouleurs même
paracetamol. "Oh avec votre traitement vous n'en avez pas besoin mais on peut vous augmenter votre
TSO si vous voulez". Pour une grippe?
Désolée pour le pavé même moi je me saoule ^^!
À+ les psychos!
Dernière modification par Myozotis (Aujourd'hui à 19:18)