La stigmatisation institutionnelle subie par les PUD

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Agartha homme
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champi vert5champijaune0cxhampi rouge0
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Bonjour,

Poursuivant l'appel à témoignages sur la stigmatisation des PUD, nous cherchons des témoignages sur ce que nous appelons la stigmatisation institutionnelle.

La stigmatisation institutionnelle c'est lorsqu'on nous impose des normes médicales et de santé, en nous imposant des règles et en nous infligeant de la violence, souvent mis en lumière lorsqu'il y a une relation de pouvoir.
En gros c’est la stigmatisation qui est faite par des professionnels de santé.

Pour aller un peu plus loin, cela traduit l’intériorisation de pratiques, règles, ou normes issues d’institutions (système de soins, cadre légal, structures sociales) par les professionnels de soins. Distinguer ce type de stigmatisation permet de montrer que certaines politiques publiques, protocoles de soins ou encore dispositifs juridiques ou administratifs imposent des normes hiérarchisant les comportements ou créant des inégalités d’accès aux droits et aux soins.

C'est un élément qui revient très souvent dans les témoignages qui contiennent de la stigmatisation, ça peut être extrêmement violent, même si des fois on la subie sans même s'en rendre compte tout de suite, souvent même, on fini par l’accepter.


Concrètement, ça peut être de vous obliger à faire pisser dans un bocal pour vérifier si vous êtes abstinents, ça peut être refuser de délivrer un traitement adapté parce qu'on est PUD, ça peut être minimiser la douleur ressentie ou ne pas vous croire parce que vous êtes PUD, du mépris lors de la délivrance d'un traitement, le sujet est vaste et est assez libre d'interprétation, tant que cela reste dans le cadre institutionnel.

Parfois quand nous lisons des posts, il nous est difficile de qualifier les posts comme étant stigmatisants, ou de simples "fausses croyances", la ligne peut-être fine. Mais souvent dans le cadre institutionnel c’est ultra violent. Des fois c’est à se demander si la relation de pouvoir derrière cela est vecteur de cette violence.

Merci pour vote participation sur les autres topics, et nous l’espérons, sur celui-ci aussi!

lost inside the black hole
dropping down the edge
fade away in shadow
is this where it ends?

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psychodi homme
Pour ma santé :5 weed et j'les fume par jour
France
champi vert11champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 24 Jul 2013
1018 messages
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Bonjour Agartha
bonjour tout le monde

sujet intéressant, comme d'hab sur le forum j'ai envie d'dire...

alors moi j'ai un exemple très parlant, qui concerne un produit que tout le monde connait, qui est légal et qui constitue l'un si ce n'est LE plus gros problème de santé public dans notre pays : l'alcool

je travaille depuis de nombreuses années dans un service d'addictologie
notamment dans l'un des plus gros hôpitaux du sud est de la France

et bien figurez vous qu'il n'existe AUCUN lit dit "fléché" dans cette institution pour aider les personnes gravement dépendantes à l'alcool (un des rares produits, avec les benzo, dont vous pouvez décéder si vous cessez brutalement de consommer quand vous avez une dépendance sévère) ... c'est non seulement, de mon point de vue, une stigmatisation extrême mais ça confine carrément au déni institutionnalisé quand on sait à quel point il est important voire primordial d'aider les consommateurs gravement dépendants sur un versant médical pour ce produit spécifique lors des premiers jours de "sevrage" (j'aime pas trop ce mot, qui est en soi également une forme de stigmatisation langagière infantilisante ...après tout, n'est ce pas d'abord les nourrissons que l'on "sevre" ?)...

les gens sont donc obligés de se mettre sur des listes d'attente pour arrêter de consommer quand ils arrivent à bout, perdant la santé, les liens, l'argent, le travail et j'en passe...

n'étant pas médecin (et donc soumis à la confraternité qui ferait que je ne pourrais pas critiquer le monde médical, ce à quoi j'assiste régulièrement), j'ai toujours souligné cette incongruité aux médecins avec qui j'ai pu travailler...tout au plus sont-ils navrés...et puis voilà, on passe à autre chose...après tout, "ils n'avaient qu'à se contrôler" n'est-ce pas ? ...méconnaissance de la dépendance, stigmatisation délétère, violences symboliques et malheureusement réelles...

voilà pour mon témoignage

il y a des jours étranges
il y a des jours, j'm'étrangle
Surtout...ne pas se biler sur la route...
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miawallace222 femme
Nouveau Psycho
champi vert5champijaune1cxhampi rouge0
Inscrit le 15 Jan 2023
119 messages
Je ne sais pas si ça compte, je vais donner un exemple je suis dans un parcours "fertilité" car j'ai un sujet d'hormones.

Je n'arrive pas à communiquer facilement avec le spécialiste qui me suit, donc je demande à mon médecin de me prescrire des examens complémentaires sur mon immunité parce que j'ai lu des articles scientifiques sur le sujet.

Je vais la faire courte il me répond que mon problème est du à ma consommation d'alcool et cocaïne et que mon spécialiste a forcément checké ce paramètre au début.

Alors je m'énerve et je lui réponds que non il n'a pas checké, rien à voir avec la cocaïne puisque j'ai régulé depuis 1 an ma consommation, que je n'ai rien consommé depuis 3 mois sauf un soir, que je ne bois même plus 2 verres entiers en soirée, et que j'ai rétabli tout mon corps, prises de sang régulières à l'appui, à tel point que les marqueurs "fertilité" me désignent comme "normale" maintenant et que donc le souci est ailleurs donc je lui demande de bien vouloir checker ce dernier paramètre.  Je termine en disant qu'il est plein de préjugés juste parce que je consommais bcp 3 ans plus tôt.

Ce *** me répond finalement  que je n'ai plus 20 ans et que ce n'est pas une science exacte et que finalement je devrais interroger un autre type de médecin que lui à ce sujet ...alors qu'il m'a prescrit ce même bilan 5 ans auparavant. Dingue...

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aidee femme
parachutiste
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champi vert2champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 15 Nov 2022
111 messages
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Hello !
Je me pose encore la question parfois mais il me semble globalement que c'est un peu "abusif" (même si je m'en sors globalement)

Si mon témoignage peut apporter ici, je me lance : en gros j'ai un TDAH et je suis sous medikinet. Lors d'un bilan de prédiagnostic d'une neuropsy d'il y a bien longtemps il a été mentionné un intérêt pour la RdR et les substances, que j'avais testé certains trucs occasionnellement mais rien de plus et qu'il n'était pas lieu d'addiction ou autre à l'époque, on avait convenu avec la neuropsy que pour que ca ne m'handicape pas si d'autres professionnels de santé lisent le papier, elle rajoutait que je ne consommais plus.

Suite à ce pré-diag j'ai vu un psychiatre mon but était d'être suivie pour le TDAH et tenter une médication au methylphenidate. D'office il m'a dit qu'un rdv cardiologue et des tests "bilan toxiques" sang + urines était indispensables avant de pouvoir se faire prescrire du MPH. En discutant avec d'autres personnes, il s'est avéré que ok le rdv avec le cardiologue est bien une démarche classique et obligatoire pour ce traitement mais pas spécialement le bilan sanguin/urines. Même si jusque là je me disais au pire c'est juste une formalité en plus qu'il demande pour s'assurer que je ne fasse pas de mélange/que je n'ai pas de dépendance.

Bon déjà même si je ne fume plus du tout de THC (c'était déjà rare) j'ai été surprise de constater que mon psychiatre se réservait donc le droit de me refuser le methylphenidate si j'avais la moindre substance en positif (THC, cocaïne, opiacés, MDMA, amphétamines, méthamphétamines, GHB/GBL, LSD, cathinones et je crois que j'ai fait le tour ? Forcément OUI il n'y a pas tout ce qu'il existe mais ils avaient fait un sacré tour). J'aurai compris niveau logique pour la C ou les amphet, limite la MD notamment niveau interaction mais pas d'explication rien, juste ce bilan à ramener négatif.

Donc même si ça m'a mis la "pression" de me dire qu'il me mettait ça alors que d'autres ne l'avaient pas, bah j'ai fait les tests qui ont donc été négatifs. Déjà il a presque eu l'air déçu ou étonné mais bon


Et inopinément au bout d'un an de traitement le psychiatre n'a pas redemandé le test chez la cardiologue en revanche il m'a re prescrit un bilan toxiques. Je n'ai jamais verbalement abordé ce sujet avec lui, je ne comprenais pas trop mais je me suis dit que si j'avais l'air offusquée, il aurait trouvé ça plus louche encore. Alors j'ai refait son test (même au labo ils étaient supris qu'on m'ai prescrit ça et donc deux fois en un an, petit écho à quand j'ai déjà précédemment dit que "je n'avais pas la tête de l'emploi" en tant que PUD) et je lui ai ramené encore une fois...négatif. Il a encore eu l'air déçu comme s'il essayait de me choper en flagrant délit. Disons que je considère maintenant après cette seconde mésaventure que ce n'est pas un hasard. Il m'a même soupçonné de l'avoir falsifié ou triché car sous méthylphénidate je suis négative aux amphet (sauf que d'après le personnel du labo ils font la différence entre les deux) mais bon le labo lui a directement envoyé les résultats et je sais que de toute façon j'ai tout fait comme il fallait.


il ne m'en a pas reparlé et continue de me prescrire mon traitement qui je le rappelle m'aide à mieux me concentrer et me poser, être productive et moins tenter de rechute niveau addiction, ce traitement contribue à me réguler et m'aide, je vis bien mieux avec alors me dire que si je fumais du THC ou consommais plus régulièrement une autre substance parmi celles contrôlées directement il aurait tout stoppé comme une punition ou un moyen de pression ? (

Et d'ailleurs il n'a jamais fait de prévention ou parlé de l'alcool et des interactions potentielles avec des traitements (benzo, MPH, hypnotiques etc) alors que les produits illicites direct il file un bilan. Voilà je considère ça comme un "abus" éventuel sachant que je dépends aussi de lui pour mon dossier MDPH et mon allocation adulte handicapé j'imagine pas les conséquences si il ne m'a pas à la bonne ou que je ne vais pas dans son sens. (Les prescripteurs de MPH étant rares et à force d'avoir des psychiatres pas adaptés je m'accroche à celui ci au moins j'en ai un et j'ai mon traitement)

(mon pseudo se prononce "aïdi" si jamais ~ )

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