Hépatite C : l'arrivée des trithérapies élargira l'accès aux soins
De nouveaux traitements en voie d'autorisation permettront de traiter de 10.000à 15.000 patients en France dès 2012
Le Monde daté 23/4/11
Quelles seront, pour l'organisation des soins, les conséquences des nouveauxtraitements contre le virus de l'hépatite C (VHC), dont l'autorisationeuropéenne de mise sur le marché est prévue pour la fin de l'année ? Des
chercheurs français ont tenté, avec le soutien de l'Agence nationale derecherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), de modéliser cetteévolution. Présentée début avril, leur étude prévoit que le nombre de
malades pris en charge dans les services hospitaliers pour une infection par levirus de génotype 1 (VHC 1), responsable de plus de 50 % des hépatites C,pourrait tripler ou quadrupler en 2012 par rapport à 2010.
Maladie chronique facteur de risque élevé de cirrhose, voire de cancer dufoie, l'hépatite C touche 170 millions de personnes dans le monde, dont 237000 en France. Elle est la seule maladie virale chronique actuellement curable
par des médicaments. Le traitement standard (peg-interféron et de ribavirine)diminue la multiplication du virus et permet, dans le meilleur des cas,d'éliminer les cellules infectées.Mais ce traitement n'est pas dénué d'effets secondaires et laisse une
proportion élevée de patients en échec thérapeutique : plus de 50 % dans lecas du VHC 1. Il n'est donc administré qu'à une petite proportion de malades,présentant une fibrose hépatique assez avancée. D'où l'espoir suscité par
l'arrivée des trithérapies. Elles associeront aux deux moléculesactuellement administrées un inhibiteur de protéase, qui agira sur le cyclede multiplication du virus. L'Agence française de sécurité sanitaire et des
produits de santé (Afssaps) a délivré une autorisation temporaired'utilisation à deux de ces substances : le bocéprévir et le telaprévir,développés respectivement par les laboratoires Merck-Schering-Plough et
Janssen-Vertex-Tibotec.Les trithérapies menées avec l'un de ces inhibiteurs montrent de très bonsrésultats chez les porteurs du VHC 1 : " 70 % à 75 % de réponse à untraitement de première intention, et 30 % à 85 % de réponse après l'échec
du traitement standard ", selon l'ANRS. Une indication que confirment, dans leNew England Journal of Medicine du 31 mars, les résultats d'un essai cliniqueconduit sur plus d'un millier de patients dans plusieurs pays : la trithérapie
avec le bocéprévir augmentait très significativement le taux d'éradicationdurable du virus." Augmentation substantielle "" Compte tenu du nombre plus grand de personnes qui vont par là même être
motivées pour se faire dépister et soigner, et du fait que les médecinsprescriront plus volontiers qu'auparavant ce traitement contre le VHC 1, ilfaut s'attendre dès 2012 à une augmentation substantielle des patients
traités ", prédit Yazdan Yazdanpanah (Inserm U 995, université Lille-Nord deFrance), l'un des coauteurs de l'étude française.Les patients bénéficiant actuellement d'un traitement standard étant environ
5 100, quel sera le nombre de malades susceptibles de recevoir une trithérapieen 2012 ? Pour répondre, l'équipe du professeur Yazdanpanah s'est appuyéesur les données concernant le traitement des infections par les VHC 2 et 3,
contre lesquelles les médicaments standards sont nettement plus efficaces quecontre le VHC 1. Conclusion : le nombre de patients susceptibles d'êtretraités devrait être compris entre 15 000 et 19 400. Une évolution qui,
selon le directeur de l'ANRS, Jean-François Delfraissy, justifie de lancer denouvelles études, notamment " sur l'impact de ces traitements en santépublique et en économie de la santé ".Catherine Vincent
l angoisse est le vertige de la liberté